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Jeudi de la Passion

L’évangile de ce jour (Luc 7,36-50) raconte comment une pécheresse vint chez un pharisien où Jésus était en train de manger et « elle se mit à arroser ses pieds de ses larmes, et elle les essuyait avec les cheveux de sa tête, et elle baisait ses pieds et les oignait de parfum ». Nous sommes une semaine avant le Jeudi Saint.

Cette « pécheresse », ou cette « courtisane », bref cette prostituée, que les Orientaux ne nomment pas davantage que saint Luc et qu’ils n’assimilent ni à Marie Madeleine ni à Marie de Béthanie, est célébrée dans la liturgie byzantine aux matines du "Grand Mercredi", le Mercredi Saint, comme modèle de la pénitence. On chante notamment un tropaire dit de Cassienne, du nom d’une sainte hymnographe du IXe siècle, et son histoire est touchante.

Cassienne était une jeune fille d’une immense beauté. Lorsque l’empereur Théophile résolut de se marier, elle fut l’une des six vierges qu’on lui présenta. Son choix se porta sur une autre. Ce qui convint fort bien à Cassienne, qui avait la vocation religieuse. En outre, Théophile était un empereur iconoclaste, et Cassienne vénérait les icônes. Pendant sa vie de religieuse, elle se distinguera dans la défense des icônes et des partisans des icônes, n’hésitant pas à braver les persécutions.

Un jour, elle était en train de composer ce tropaire du mercredi saint :

« Seigneur, la femme qui était tombée dans une multitude de péchés, ayant reconnu votre divinité, prit le rôle d’une myrophore et, tout en larmes, vous offrit du nard avant votre sépulture et dit : Malheur à moi ! La tyrannie de la débauche et la passion du péché m’ont fait sombrer dans une nuit noire. Recevez donc les flots de mes larmes, vous qui attirez les eaux de la mer dans les nuages, et penchez-vous sur les sanglots de mon cœur, vous qui abaissez les cieux par votre indicible abaissement. J’embrasse et je sèche, avec les boucles de mes cheveux, vos pieds immaculés…

A ce moment-là, elle apprit que l’empereur arrivait au couvent. Ne voulant pas le voir, elle alla se cacher. Lorsque l’empereur fut parti, elle revint à son travail, et elle découvrit que l’empereur avait poursuivi en écrivant :

… alors que, lorsqu’Eve entendit au paradis les pas redoutables de ces mêmes pieds, elle se cacha de peur.

Cassienne conserva les mots de l’empereur et conclut son hymne :

O mon Sauveur et le salut de mon âme, qui sondera le gouffre de la multitude de mes péchés et l’abîme de vos jugements ? Ne vous détournez pas de moi, qui suis votre servante, vous dont la miséricorde est incommensurable. »

Voici le tropaire de Cassienne chanté en arabe par le P. Maximos Fahmé (d'Alep).
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