Hymne des vêpres au temps de la Passion, traduction Lemaître de Sacy :
Vexilla Regis prodeunt,
fulget Crucis mysterium :
quo carne carnis conditor,
suspensus est patibulo.
Voici du roi des cieux l'étendard vénérable,
Le grand mystère de la croix,
L'homme Dieu, juste et saint meurt pour l'homme coupable,
Et meurt percé de clous qui l'attachent au bois.
Quo, vulneratus insuper
mucrone diro lanceæ,
ut nos lavaret crimine,
manavit unda et sanguine.
Une lance cruelle après son trépas même
Déchire son corps de nouveau
Et, pour laver le monde en l'eau du saint baptême,
Son sang divinement coule entremêlé d'eau.
Impleta sunt quæ concinit
David fideli carmine,
dicens: In nationibus
regnavit a ligno Deus.
Nous voyons accomplis les fidèles oracles
Qu'un prince a traceś dans ses vers
Lorsqu'il chante, éclairé du plus grand des miracles
Dieu, régnant par le bois, domptera l'univers.
Arbor decora et fulgida,
ornata Regis purpura,
electa digno stipite,
tam sancta membra tangere.
Arbre illustre enrichi de la pourpre sanglante,
De ce roi divin mort en toi,
Que cette chair sacrée en tes bras languissante,
Rend infiniment saint aux yeux de notre foi.
Beata, cujus brachiis
sæcli pependit pretium,
statera facta corporis,
prædamque tulit tartari.
Heureux arbre où le Père en sa balance juste
A le prix du monde pesé,
Le poids de nos péchés cède à ton poids auguste;
L'enfer perd ses captifs, et son joug est brisé.
O Crux, ave, spes unica,
hoc Passionis tempore,
auge piis justitiam,
reisque dona veniam.
Ô croix d'un Dieu mourant, notre unique espérance,
Nous t'adorons en ce saint temps;
De vertus en vertus fais que le juste avance
Convertis les pécheurs, pardonne aux pénitents.
Te, summa, Deus Trinitas,
collaudet omnis spiritus:
quos per Crucis mysterium
salvas, rege per sæcula. Amen.
Qu'en la terre et qu'au ciel tout esprit te révère,
Dieu seul, suprême Trinité,
Et, nous ayant sauvés par un si haut mystère,
Conduis-nous jusqu'au port de ton éternité.
La première strophe, la strophe « O Crux ave » (qui se chante à genoux), et la doxologie, par les moines de Solesmes (1953) :