De fructu óperum tuórum, Dómine, satiábitur terra : ut edúcas panem de terra, et vinum lætíficet cor hóminis : ut exhílaret fáciem in oleo, et panis cor hóminis confírmet.
La terre, Seigneur, sera rassasiée du fruit de vos ouvrages ; vous tirez le pain de la terre, et le vin réjouit le cœur de l’homme ; l’huile répand sur son front l’allégresse, et le pain affermit son cœur.
L’antienne de communion de ce dimanche est comme celle de dimanche dernier une action de grâce pour les moissons et les autres récoltes, et elle est également en 6e mode. Elle est pourtant très différente. Celle de dimanche dernier était exubérante, celle-ci est beaucoup plus intime.
La première phrase est une variation quasi syllabique autour de la tonique (fa) suivant l’accent des mots, et procédant strictement par degrés conjoints. Un murmure de prière.
Après un neume qui souligne l’importance de la « terre », la deuxième phrase continue de la même façon, jusqu’à la mention du vin. Le vin fait grimper la mélodie, qui s’épanouit sur « laetificet cor hominis ». C’est comme si tout ce qui précède était une attente, un suspense. Le fruit de la terre, le fruit des œuvres du Seigneur, c’est d’abord le vin qui réjouit le cœur de l’homme. C’est ensuite l’huile qui rend souriant le visage de l’homme, dans une grand sourire musical qui monte de nouveau au do en brodant avec le la et le si bémol. C’est enfin le pain « qui fortifie le cœur de l’homme », avec un insolite mi-fa final qui paraît affirmer que nous sommes en un moderne et anachronique fa majeur et non en 6e mode de plain chant, comme paraît aussi le souligner l’insistant si bémol.
Bien sûr dans une antienne de communion le pain et le vin font référence à l’eucharistie, qui apporte la vraie joie et fortifie vraiment le cœur de l’homme. On voit aussi une allusion à l’évangile du jour, le bon Samaritain, avec la juxtaposition du vin et de l’huile (pour soigner les blessures) qui sont aussi des symboles des sacrements.