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Liturgie - Page 185

  • Mercredi des quatre temps

    Les Quatre Temps de carême ont ceci de particulier qu’ils ne se distinguent guère des autres jours du carême. Les Quatre Temps sont des jours de jeûne, les jours du carême aussi. Les ornements des Quatre Temps sont violets, ceux du carême aussi. Aux matines des Quatre Temps il y a la lecture de l’évangile et d’un commentaire patristique, aux féries du carême aussi… La seule différence est qu’en la messe de ce mercredi des Quatre Temps il y a deux lectures avant l’évangile : le jeûne de 40 jours de Moïse, et le jeûne de 40 jours d’Elie, les deux personnages qu’on retrouvera avec Jésus à la Transfiguration, commémorée samedi et dimanche prochains.

    On remarque aussi que les chants de la messe de ce jour sont les mêmes que ceux de dimanche prochain, le deuxième dimanche de carême (sauf le trait, qui est celui des Rogations). En réalité c’est l’inverse. Aux premiers siècles la liturgie du samedi des Quatre Temps était une veillée qui se terminait le dimanche matin. Il n’y avait donc pas de formulaire de messe pour ce dimanche. Quand on institua la messe du deuxième dimanche, on reprit les chants du mercredi, et l’évangile de la veillée.

    L’évangile de ce jour est composite. Il est formé de trois péricopes, et dans la première Jésus évoque deux personnages : Jonas, et la reine de Saba. Or les antiennes du Benedictus et du Magnificat, qui sont un peu les axes de l’office du jour, n’évoquent que Jonas, ou plus exactement le signe de Jonas, autrement dit la prophétie pascale.

    Generátio hæc prava et pervérsa signum quærit : et signum non dábitur ei, nisi signum Jonæ prophétæ.

    Cette génération dépravée et perverse demande un signe : et il ne lui sera pas donné de signe, sinon celui de Jonas.

    Sicut fuit Jonas in ventre ceti tribus diébus et tribus nóctibus, ita erit Fílius hóminis in corde terræ.

    De même que Jonas a été trois jours et trois nuits dans le ventre du gros poisson, de même le Fils de l’Homme sera dans le cœur de la terre.

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    Pieter Lastman, 1621 (musée de Düsseldorf).

  • Paradisi portas

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    Antiphonaire de l’abbaye cistercienne de Lubiąż (Leubus), 1295.

    ℟. Paradísi portas apéruit nobis jejúnii tempus: suscipiámus illud orántes, et deprecántes: * Ut in die resurrectiónis cum Dómino gloriémur.
    ℣. In ómnibus exhibeámus nosmetípsos sicut Dei minístros in multa patiéntia.
    ℟. Ut in die resurrectiónis cum Dómino gloriémur.

    Le temps du jeûne nous ouvre les portes du paradis : accueillons-le en priant et suppliant, afin qu’au jour de la résurrection nous soyons glorifiés avec le Seigneur.
    Montrons-nous en toutes choses comme des ministres de Dieu, par une grande patience. (II Corinthiens 6,4)

    Comme il arrive souvent, dans les anciens manuscrits ce répons avait un autre verset, tiré lui aussi de la seconde épître aux Corinthiens (6,2) :

    ℣. Ecce nunc tempus acceptabile, ecce nunc dies salutis, nemini dantes ullam offensionem.

    Voici maintenant le temps favorable, voici maintenant le jour du salut, ne donnons à personne aucune occasion de chute.

    Dans l’antiphonaire reproduit ci-dessus, c’est encore un autre verset (6,7) :

    ℣. Per arma justitiae virtutis Dei, commendamus nosmetipsos in multa patientia.

    Par les armes de la justice venant de la puissance de Dieu, rendons-nous nous-mêmes recommandables par une grande endurance.

    Enfin,  cet antiphonaire cistercien, comme grosso modo la moitié des anciens manuscrits, a « aperiat » au lieu de « aperuit » : « Que le jeûne nous ouvre les portes de paradis ».

  • Lundi de la première semaine de carême

    Convérte nos, Deus, salutáris noster : et, ut nobis jejúnium quadragesimále profíciat, mentes nostras cæléstibus ínstrue disciplínis.

    Convertissez-nous, ô Dieu, notre Sauveur ; et, afin que le jeûne du Carême nous profite, instruisez nos âmes au moyen de célestes enseignements.

    Telle est la collecte du jour. Les célestes enseignements, c’est tout ce que la riche liturgie du carême nous propose. Et au-delà des mots et des chants, c’est la grâce ineffable qui pénètre en nos âmes par leur intermédiaire si nous en faisons notre prière.

    A la messe l’attention est d’abord frappée par ce qui ne peut apparaître que comme un paradoxe pour ceux qui croient que le Dieu de l’Ancien Testament est un juge terrible et que celui du Nouveau est un doux pasteur : en effet l’épître et l’évangile nous montrent le contraire… qui n’en est pas un non plus. J’en ai dit un mot ici.

    Selon le bienheureux cardinal Schuster, « la collecte conjure le Seigneur d’éclairer notre âme par sa céleste lumière ; afin que le jeûne soit quelque chose de plus qu’une simple affliction du corps, et s’élève au caractère d’un vrai sacrifice de l’esprit contrit et pieux ».

    On voit que « proficiat » l’inspire, pour en tirer un tel enseignement qui ne s’y trouve pas. Mais assurément c’est le sens du carême, donc aussi de la collecte…

  • Il y a 50 ans (16) : le carême (2)

    Dès la « prière sur les offrandes » du mercredi des Cendres, apparaît ce qui est une constante de la « réforme liturgique » : la valorisation des actes humains au détriment du rôle de la grâce, jusqu’à un néo-pélagianisme qui pour être implicite n’en est pas moins prégnant, comme on l’a vu dès l’Avent.

    Cette oraison est aussi un exemple de la tambouille des experts : on a pris le début d’une secrète du sacramentaire gélasien, et la fin d’une préface du sacramentaire ambrosien de Bergame. Puis on a dénaturé la secrète gélasienne, en lui donnant une tonalité pélagienne. Et enfin on y a accolé une expression de la préface ambrosienne en prenant soin de supprimer tout ce qui précédait et qui était une forte affirmation de la primauté de la grâce.

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  • Premier dimanche de carême

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    Graduel d’Albi, XIe siècle

    Invocábit me, et ego exáudiam eum : erípiam eum, et glorificábo eum : longitúdine diérum adimplébo eum.
    Qui hábitat in adiutório Altíssimi, in protectióne Dei cæli commorábitur

    Il m’invoquera et je l’exaucerai ; je le sauverai et je le glorifierai, je le comblerai de jours.
    Celui qui habite sous l’assistance du Très-Haut demeurera sous la protection du Dieu du ciel.

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    Cette antienne d’introït, comme tous les chants de cette messe, vient du psaume 90. C’est le Père qui parle, et en ce jour où l’évangile évoque les 40 jours de la tentation du Christ, c’est du Fils qu’il parle. Au-delà, il annonce aussi la crucifixion et la résurrection. Et ces versets s’appliquent également à tous les fidèles qui entrent dans le carême. Ils expriment la confiance que nous devons avoir de sortir nous aussi vainqueurs de l’épreuve des 40 jours, et c’est cette confiance que chante la mélodie, qui est douce et légère. La toute-puissance du Père se manifeste sur l’accent de « exaudiam », sa gloire se déploie sur « glorificabo », et l’arc tendu vers le haut se retourne en miroir vers le bas sur « adimplebo » : la gloire qui se déploie vers le haut à partir du sol (la note) se déploie vers le bas, pour nous « remplir », à partir du même sol. « Glorificabo » monte jusqu’au mi, « adimplebo » descend jusqu’au mi.

    (On remarque que le graduel d’Albi, comme quelques autres, commence par « invocavit » : il m'a invoqué. Plusieurs psautiers, dont celui de Corbie, un de Saint-Germain des Prés, et le mozarabe, avaient ce passé au lieu du futur.)

  • Samedi après les Cendres

    Le Samedi est un jour plein de mystères : c’est le jour du repos de Dieu ; c’est le symbole de la paix éternelle que nous goûterons au ciel après les labeurs de cette vie. L’Église aujourd’hui, en nous faisant lire ce passage d’Isaïe, veut nous apprendre à quelles conditions il nous sera donné de prendre part au Sabbat de l’éternité. Nous sommes à peine entrés dans la carrière de la pénitence que cette Mère tendre vient à nous, pleine de paroles consolatrices. Si nous remplissons de bonnes œuvres cette sainte Quarantaine durant laquelle sont suspendues les préoccupations du monde, la lumière de la grâce se lèvera du milieu même des ténèbres de notre âme. Cette âme trop longtemps obscurcie par le péché et par l’amour du monde et de nous-mêmes, deviendra éclatante comme les splendeurs du midi, la gloire du Christ ressuscité sera la nôtre ; et si nous sommes fidèles, la Pâque du temps nous introduira à la Pâque de l’éternité. Édifions donc ce qui en nous était désert, relevons les fondements, réparons les brèches ; retenons notre pied pour ne pas violer les saintes observances ; ne suivons plus nos voies, ne recherchons plus nos volontés, contrairement à celles du Seigneur ; et il nous donnera un repos qui n’aura pas de fin, et il remplira notre âme de ses propres splendeurs.

    La barque de la sainte Église est lancée sur la mer ; la traversée durera quarante jours. Les disciples du Christ rament à l’encontre du vent, et déjà l’inquiétude s’empare d’eux ; ils craignent de ne pas arriver au port. Mais Jésus vient à eux sur les flots ; il monte avec eux dans la barque ; leur navigation sera désormais heureuse. Les anciens interprètes de la Liturgie nous expliquent ainsi l’intention de l’Église dans le choix de ce passage du saint Évangile pour aujourd’hui. Quarante jours de pénitence sont bien peu de chose pour toute une vie qui n’a pas appartenu à Dieu ; mais quarante jours de pénitence pèseraient à notre lâcheté, si le Sauveur lui-même ne venait les passer avec nous. Rassurons-nous : c’est lui-même. Durant cette période salutaire, il prie avec nous, il jeûne avec nous, il exerce avec nous les œuvres de la miséricorde. N’a-t-il pas inauguré lui-même la Quarantaine des expiations ? Considérons-le, et prenons courage. Si nous sentons encore de la faiblesse, approchons de lui, comme ces malades dont il vient de nous être parlé. Le contact de ses vêtements suffisait à rendre la santé à ceux qui l’avaient perdue ; allons à lui dans son Sacrement, et la vie divine dont le germe est déjà en nous se développera de plus en plus, et l’énergie qui commençait à faiblir en nos cœurs se relèvera toujours croissante.

    Dom Guéranger

  • Vendredi après les Cendres

    Les dispositions dans lesquelles le jeûne doit être accompli, tel est l’objet de la lecture que nous venons de faire dans le prophète Isaïe. C’est le Seigneur lui-même qui parle, le Seigneur qui lui-même avait prescrit le jeûne à son peuple. Il déclare que le jeûne des aliments matériels n’est rien à ses yeux, si ceux qui s’y livrent n’arrêtent pas enfin le cours de leurs iniquités. Dieu exige le sacrifice du corps ; mais il ne peut l’accepter, si celui de l’âme n’est pas offert en même temps. Le Dieu vivant ne peut consentir à être traité comme les dieux de bois et de pierre qu’adoraient les Gentils. Des hommages purement extérieurs étaient tout ce qu’il leur fallait ; car ces dieux étaient aveugles et insensibles. Que l’hérétique cesse donc de reprocher à l’Église ses pratiques qu’il ose traiter de matérielles ; c’est lui-même qui, en voulant affranchir le corps de tout joug, s’est précipité dans la matière. Les enfants de l’Église jeûnent, parce que les saintes Écritures de l’Ancien et du Nouveau Testament recommandent le jeûne à chaque page, parce que Jésus-Christ lui-même a jeûné quarante jours ; mais ils n’estiment cette pratique qui leur est imposée de si haut, qu’autant qu’elle est relevée et complétée par l’hommage d’un cœur qui a résolu de réformer ses penchants vicieux. Il ne serait pas juste, en effet, que le corps, qui n’est devenu coupable que par la perversité de l’âme, lût dans la souffrance, tandis que celle-ci continuerait le cours de ses mauvaises œuvres. De même aussi, ceux que la faiblesse de leur santé empêche de se soumettre , en ce saint temps, aux satisfactions qui pèsent sur le corps, ne sont point dégagés de l’obligation d’imposer à leur âme ce jeûne spirituel qui consiste dans l’amendement de la vie, dans la fuite de tout ce qui est mal, dans la recherche de toute sorte de bonnes œuvres.

    Sœur de la prière et du jeûne, l’aumône est la troisième des œuvres fondamentales qui constituent la pénitence chrétienne. C’est pour cette raison que l’Église aujourd’hui nous propose les enseignements du Sauveur sur la manière dont nous devons accomplir les œuvres de miséricorde. Jésus-Christ nous impose l’amour de nos semblables, sans distinction d’amis et d’ennemis. Il nous suffit que Dieu, qui les a tous créés, les aime lui-même, pour que nous soyons dans le devoir d’être miséricordieux envers tous. S’il daigne les supporter, lors même qu’ils sont dans le mal, et attendre leur retour jusqu’à la fin de leur vie, en sorte que pas un ne périt si ce n’est par sa propre faute, que ferons-nous, nous qui sommes pécheurs et qui sommes leurs frères, tirés comme eux du néant ? C’est donc un hommage dont le cœur de Dieu est flatté, que de le servir et de l’assister dans les hommes dont il daigne se regarder comme le père. La reine des vertus, la Charité, renferme essentiellement l’amour du prochain, comme une application de l’amour même de Dieu ; et la Charité, en même temps qu’elle est un devoir sacré pour les membres de la grande famille humaine, est aux yeux de Dieu, dans les actes qu’elle inspire, une œuvre de pénitence, à raison des privations que l’on s’impose et des répugnances que l’on peut avoir à vaincre dans son accomplissement. Remarquons aussi comment le Sauveur nous répète, à propos de l’aumône, le conseil qu’il nous a donné sur le jeûne : celui de fuir l’éclat et l’ostentation. La pénitence est humble et silencieuse, elle ne cherche point les regards des hommes ; l’œil de celui qui voit dans le secret lui suffit pour témoin.

    Dom Guéranger

  • Jeudi après les Cendres

    Hier, l’Église nous remettait devant les yeux la certitude de la mort. Nous mourrons : la parole de Dieu y est engagée, et il ne saurait venir dans l’esprit à un homme raisonnable que sa personne puisse être l’objet d’une exception. Mais si le fait de notre mort est indubitable, le jour auquel il nous faudra mourir n’est pas moins déterminé. Dieu juge à propos de nous le cacher, dans les motifs de sa sagesse ; c’est à nous de vivre de manière à n’être pas surpris. Ce soir, peut-être, on viendra nous dire comme à Ézéchias : « Donne ordre aux affaires de ta maison ; car tu vas mourir ». Nous devons vivre dans cette attente ; et si Dieu nous accordait une prolongation de vie comme au saint Roi de Juda, il faudrait toujours en venir tôt ou tard à cette heure suprême, passé laquelle il n’y a plus de temps, mais l’éternité. En nous faisant ainsi sonder la vanité de notre existence, l’Église veut nous fortifier contre les séductions du présent, afin que nous soyons tout entiers à cette œuvre de régénération, pour laquelle elle nous prépare depuis bientôt trois semaines. Combien de chrétiens ont reçu hier la cendre sur la tête, et qui ne verront pas ici-bas les joies pascales ! La cendre a été pour eux une prédiction de ce qui doit leur arriver, avant un mois peut-être. Ils n’ont cependant pas entendu la sentence en d’autres termes que ceux qu’on a prononcés sur nous-mêmes. Ne sommes-nous pas du nombre de ces victimes vouées à une mort si prochaine ? Qui de nous oserait affirmer le contraire ? Dans cette incertitude, acceptons avec reconnaissance la parole du Sauveur qui est descendu du ciel pour nous dire : Faites pénitence ; car le Royaume de Dieu est proche.

    Les saintes Écritures, les Pères et les Théologiens catholiques distinguent trois sortes d’œuvres de pénitence : la prière, le jeûne et l’aumône. Dans les lectures qu’elle nous propose, durant ces trois jours qui sont comme l’entrée du Carême, la sainte Église veut nous instruire sur la manière d’accomplir ces différentes œuvres ; aujourd’hui, c’est la prière qu’elle nous recommande. Voyez ce centurion qui vient implorer auprès du Seigneur la guérison de son serviteur. Sa prière est humble ; c’est du fond de son cœur qu’il se juge indigne de recevoir la visite de Jésus. Sa prière est pleine de foi ; il ne doute pas un instant que le Seigneur ne puisse lui accorder l’objet de sa demande. Avec quelle ardeur il la présente ! La foi de ce gentil surpasse celle des enfants d’Israël, et mérite l’admiration du Fils de Dieu. Ainsi doit être notre prière, lorsque nous implorons la guérison de nos âmes. Reconnaissons que nous sommes indignes de parler à Dieu, et cependant insistons avec une foi inaltérable dans la puissance et dans la bonté de celui qui n’exige de notre part la prière qu’afin de la récompenser par l’effusion de ses miséricordes. Le temps où nous sommes est un temps de prière ; l’Église redouble ses supplications ; c’est pour nous qu’elle les offre ; ne la laissons pas prier seule. Déposons en ces jours cette tiédeur dans laquelle nous avons langui, et souvenons-nous que si nous péchons tous les jours, c’est la prière qui répare nos fautes, et qui nous préservera d’en commettre de nouvelles.

    Dom Guéranger

  • Il y a 50 ans (15) : le carême (1)

    Emmenés par les Français Martimort et Jounel, les membres de la commission chargée de la réforme du calendrier liturgique (coetus 1) votèrent par 14 voix contre 3 et 1 abstention pour la suppression du mercredi des Cendres. La commission chargée des « rites particuliers dans l’année liturgique » (coetus 17) vota à l’unanimité pour la suppression du mercredi des Cendres.

    Et pourtant le mercredi des Cendres figure toujours dans la néo-« liturgie ». Est-ce que Paul VI, déjà mécontent, dit-on, de la suppression de la Septuagésime, mit son veto ? La suppression du mercredi des Cendres entrait pourtant pleinement dans la logique de la « réforme liturgique ». Elle répondait à deux des grands faux principes de cette « réforme » : revenir à la « pureté » primitive des rites liturgiques, et les faire correspondre à la mentalité et au mode de vie de l’homme d’aujourd’hui (deux principes du reste contradictoires, mais on n’était pas à ça près…)

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  • Mercredi des Cendres

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    Graduel dit des séquences de Notker, Einsiedeln v. 960-970.

    Miseréris ómnium, Dómine, et nihil odísti eórum quæ fecísti, dissímulans peccáta hóminum propter pæniténtiam et parcens illis : quia tu es Dóminus, Deus noster.
    Miserére mei, Deus, miserére mei : quóniam in te confídit ánima mea.

    Vous avez pitié de tous, Seigneur, et vous ne haïssez rien de tout ce que vous avez fait, et vous dissimulez les péchés des hommes à cause du repentir et vous leur pardonnez, car vous êtes le Seigneur notre Dieu.
    Ayez pitié de moi, ô Dieu, ayez pitié de moi, car mon âme a confiance en vous.

    Le début de la mélodie de l’introït de ce jour est un récitatif humble et confiant qui se déroule essentiellement sur trois notes conjointes jusqu’à l’interpellation à Dieu : c’est toi qui nous a faits. La mélodie était descendue d’un cran dans l’humilité, elle fait un petit saut de quarte pour être sûre d’être entendue : ne nous laisse pas tomber, c’est toi qui nous as faits. La phrase suivante est plus animée, elle contient le sommet de toute l’antienne, sur paenitentiam, naturellement, le mot du jour, et des 40 jours à venir. On peut remarquer que c’est le même motif que l’on trouve à la fin de l’antienne, sur (De)us noster, mais une quinte plus bas. La tension du chant de paenitentiam, qui montait jusqu’à la limite supérieure du mode, disparaît ici dans le bas du mode pour chanter la confiance que Dieu nous pardonne.