Les Quatre Temps de carême ont ceci de particulier qu’ils ne se distinguent guère des autres jours du carême. Les Quatre Temps sont des jours de jeûne, les jours du carême aussi. Les ornements des Quatre Temps sont violets, ceux du carême aussi. Aux matines des Quatre Temps il y a la lecture de l’évangile et d’un commentaire patristique, aux féries du carême aussi… La seule différence est qu’en la messe de ce mercredi des Quatre Temps il y a deux lectures avant l’évangile : le jeûne de 40 jours de Moïse, et le jeûne de 40 jours d’Elie, les deux personnages qu’on retrouvera avec Jésus à la Transfiguration, commémorée samedi et dimanche prochains.
On remarque aussi que les chants de la messe de ce jour sont les mêmes que ceux de dimanche prochain, le deuxième dimanche de carême (sauf le trait, qui est celui des Rogations). En réalité c’est l’inverse. Aux premiers siècles la liturgie du samedi des Quatre Temps était une veillée qui se terminait le dimanche matin. Il n’y avait donc pas de formulaire de messe pour ce dimanche. Quand on institua la messe du deuxième dimanche, on reprit les chants du mercredi, et l’évangile de la veillée.
L’évangile de ce jour est composite. Il est formé de trois péricopes, et dans la première Jésus évoque deux personnages : Jonas, et la reine de Saba. Or les antiennes du Benedictus et du Magnificat, qui sont un peu les axes de l’office du jour, n’évoquent que Jonas, ou plus exactement le signe de Jonas, autrement dit la prophétie pascale.
Generátio hæc prava et pervérsa signum quærit : et signum non dábitur ei, nisi signum Jonæ prophétæ.
Cette génération dépravée et perverse demande un signe : et il ne lui sera pas donné de signe, sinon celui de Jonas.
Sicut fuit Jonas in ventre ceti tribus diébus et tribus nóctibus, ita erit Fílius hóminis in corde terræ.
De même que Jonas a été trois jours et trois nuits dans le ventre du gros poisson, de même le Fils de l’Homme sera dans le cœur de la terre.
Pieter Lastman, 1621 (musée de Düsseldorf).