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Liturgie - Page 184

  • Samedi de la deuxième semaine de carême

    Dans les antiennes du lever et du coucher du soleil, l’Église nous fait, pendant toute la journée, prendre part au drame de l’Enfant prodigue. Le matin, nous allons, pleins de repentir et de componction, « vers le Père », c’est-à-dire dans l’Église ; le soir, nous sommes revêtus de la dignité de fils de roi.

    Vadam ad patrem meum, et dicam ei : Pater, fac me sicut unum ex mercenáriis tuis.

    « Je me lèverai et j’irai vers mon père et je lui dirai : Père, fais de moi un de tes journaliers » (Ant. Bened.).

    Dixit autem pater ad servos suos: Cito proférte stolam primam, et indúite illum, et date ánulum in manu eius, et calceaménta in pédibus ejus.

    « Le père dit à ses serviteurs : Apportez vite la première robe et revêtez-l’en, mettez-lui un anneau à sa main et des chaussures à ses pieds » (Ant. Magn.).

    Il voulait, pour pénitence, devenir esclave — le père en fit un fils de roi. Remarquons la sublime scène liturgique de l’élévation à la dignité de fils de roi ; elle rappelle la vêture solennelle d’un évêque à qui on met ses vêtements pontificaux. Ainsi donc, ces deux antiennes constituent les termes essentiels de toute pénitence, mais nous y voyons aussi la pédagogie consolante de l’Église dans le temps de Carême et de Pâques.

    Dom Pius Parsch

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    Dans l’antienne de Benedictus, on remarque la très belle révérence sur « Pater », suivie de la montée de la prière, de l’espérance… d’être traité comme un journalier…

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    Dans l’antienne de Magnificat, le seul mélisme est sur « cito » : ça urge, dépêchez-vous de rétablir mon fils dans sa dignité, et bien plus encore. Ou peut-être c’est seulement une miniature illustrant le début du propos du père.

  • Vendredi de la deuxième semaine de carême

    La station de ce jour est à Saint-Vital, basilique construite à la fin du IVe siècle grâce à une riche Romaine nommée Vestine. C’est au « titulus Vestinae » que pendant la peste de Rome en 590 se réunissaient les veuves pour leur procession vers Saint-Pierre, au cours de la « Litanie septiforme » instituée par l’archidiacre Grégoire (saint Grégoire le Grand) pour conjurer le fléau.

    Chronique de Roger de Wendover « Fleurs de l’histoire » (début du XIIIe siècle) :

    L’an de grâce 591, il y eut en Italie un déluge presque au-delà de ce que chacun peut croire, et après un grand trouble lui succéda la peste, dite bubonique, qui ôta la vie d’abord au pape Pélage puis dévasta le peuple en faisant un monceau de cadavres. En ce temps-là remplissait les fonctions d’archidiacre de la ville de Rome le bienheureux Grégoire, qui face à une telle calamité ordonna de faire une litanie septiforme. Elle est dite en effet septiforme, parce qu’en premier lieu furent tous les clercs, en second les abbés avec leurs moines, en troisième toutes les abbesses avec leurs moniales, en quatrième tous les enfants, en cinquième tous les laïcs, en sixième toutes les veuves, en septième tous les couples mariés. Ayant disposé tout cela comme il faut, l’homme de Dieu purgea entièrement la ville de la peste susdite, ayant apaisé la colère de Dieu.

  • Saint Grégoire le Grand

    Dans le calendrier romain, depuis 1960, c’est la férie de carême qui prime. Mais dans le calendrier monastique c’est la fête de saint Grégoire le Grand. Il fut grand au carré et au cube et au-delà, car il fut un grand bénédictin, un grand pape, un grand docteur de l’Eglise, et le grand ordonnateur de la liturgie latine. Au moment de la « bataille de la messe » j’ai connu un moine qui parlait toujours de la « messe de saint Grégoire le Grand », et non de saint Pie V. Cela pour souligner que la messe traditionnelle n’est pas la messe « tridentine », mais qu’elle était déjà pour l’essentiel codifiée par saint Grégoire le Grand. De fait il aurait été bon de dire « la messe de saint Grégoire », comme les byzantins disent « la divine liturgie de saint Jean Chrysostome » (laquelle s’est fixée à peu près au même moment que se fixait la messe latine, aux XVe-XVIe siècles).

    Le bréviaire bénédictin a donc un office propre, avec une série d’antiennes et de répons, tirés de la Vie de saint Grégoire le Grand écrite par Paul Diacre (VIIIe siècle). L’un des répons, émouvant, est de saint Grégoire lui-même, regrettant le temps où il était moine.

    ℟. Ecce nunc magni maris fluctibus quatior, pastoralis curæ procellis illisus : * Et cum priorem vitam recolo, quasi post tergum reductis oculis, viso littore suspiro.
    . Immensis fluctibus turbatus feror, vix jam portum valeo videre quem reliqui. * Et cum priorem vitam recolo, quasi post tergum reductis oculis, viso littore suspiro.

    Me voici donc maintenant battu des flots de la grande mer, brisé des tempêtes de la charge pastorale. Et lorsque, au souvenir de ma vie antérieure, je jette mes regards derrière moi, à la vue du rivage qui s’éloigne, je soupire.
    Plein de trouble, je me sens emporté par des vagues immenses ; à peine aperçois-je encore le port que j’ai quitté. Et lorsque, au souvenir de ma vie antérieure, je jette mes regards derrière moi, à la vue du rivage qui s’éloigne, je soupire.

    C’est extrait du début de ses Dialogues, et Paul Diacre a également cité tout le passage au début de sa Vita. En voici la traduction par l’abbé Henry (1855) :

    Mon esprit, battu par les vagues de mes pénibles occupations, se rappelle le bonheur qu'il goûtait jadis au monastère, alors qu'il voyait à ses pieds tout ce qui passe, et qu'il planait au-dessus de ce monde éphémère. Les biens célestes étaient le seul objet de ses pensées ; dans l’élan de sa contemplation, il secouait les liens de sa mortalité et franchissait les barrières de sa prison de boue ; enfin la mort elle-même, que tous regardent comme un affreux supplice, il la chérissait comme le vestibule de la vie et la récompense de ses travaux. Mais maintenant la charge pastorale le force de subir les tracassantes affaires du siècle, et après avoir joui d'un si doux, d'un si magnifique repos, il lui faut se souiller de la poussière des choses de la terre. Une charitable condescendance l'a-t-elle obligé de se répandre au dehors, lorsqu'il veut rentrer en lui-même, incontestablement il se trouve moins d'aptitude pour ses exercices spirituels. Ainsi je pèse mes souffrances, je pèse mes pertes, et la considération des avantages dont je suis privé rend mon fardeau plus accablant encore. Les vagues de la grande mer me battent de toutes parts, et la tourmente d'une furieuse tempête brise la frêle nacelle de mon âme. Aux souvenirs de ma vie première, je soupire comme à la vue d'un tranquille rivage laissé derrière moi. Mais ce qu'il y a de plus fâcheux encore, c'est que, emporté par les vastes flots, je puis à peine, dans mon trouble, apercevoir le port que j'ai quitté.

    L’une des antiennes dit :

    Dum paginae sacrae mysteria panderet, columba nive candidior apparuit.

    Alors qu’il expliquait les mystères de la sainte Écriture, une colombe plus blanche que la neige apparut.

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    La colombe du Saint-Esprit explique l’Ecriture à Grégoire. Le diacre Pierre est prêt à écrire ce que le pape va lui dicter. Illustration du Registrum Gregorii de Trèves, recueil des lettres de saint Grégoire (fin du Xe siècle).

  • Mercredi de la deuxième semaine de carême

    ℟. Dixit Angelus ad Jacob: * Dimítte me, aurora est. Respóndit ei : Non dimíttam te, nisi benedíxeris mihi. Et benedíxit ei in eodem loco.
    ℣. Cumque surrexísset Jacob, ecce vir luctabátur cum eo usque mane: et cum vidéret quod eum superáre non posset, dixit ad eum :
    ℟. Dimítte me, aurora est. Respóndit ei : Non dimíttam te, nisi benedíxeris mihi. Et benedíxit ei in eodem loco.

    L’ange dit à Jacob : Laisse-moi, car déjà se lève l’aurore. Il lui répondit : Je ne te laisserai point si tu ne me bénis. Et il le bénit en ce même lieu.
    Lorsque Jacob se fut levé, voilà qu’un homme lutta avec lui jusqu’au matin ; or, comme cet homme vit qu’il ne pouvait le vaincre, il lui dit :
    Laisse-moi, car déjà se lève l’aurore. Il lui répondit : Je ne te laisserai pas si tu ne me bénis. Et il le bénit en ce même lieu.

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    Il y a très peu de représentations byzantines de la lutte entre Jacob et « l’ange ». L’une d’elles est celle de l’église de la Mère de Dieu peribleptos (admirée de tous) d’Ohrid en Macédoine (1295). Si les jambes des personnages peuvent faire penser à une lutte, ils ont plutôt l’air de s’embrasser. C’est sur quoi insisteront les miniatures médiévales.

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    Puis Rembrandt...

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    La mosaïque de Monreale (vers 1175) donnait déjà la solution : ce que montre l’iconographie, ce n’est pas d’abord la lutte, mais d’abord, puis uniquement, la bénédiction.

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    En attendant les romantiques qui vont montrer une lutte de plus en plus violente, jusqu’à un Jacob nu comme un lutteur antique. en oubliant la fin de l’histoire : le texte biblique devient un prétexte.

    Delacroix :

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    Et Maurice Denis en fera une danse (de deux personnages quasi identiques - mais c'était déjà le cas dans les miniatures, excepté les ailes):

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  • Mardi de la deuxième semaine de carême

    En ces jours-là, la parole du Seigneur fut adressée à Élie, lui disant : Lève-toi et va à Sarepta de Sidon, et demeures-y ; car j’ai commandé à une femme veuve de te nourrir. Il se leva et s’en alla à Sarepta. Lorsqu’il fut venu à la porte de la ville, il aperçut une femme veuve qui ramassait du bois ; il l’appela et lui dit : Donne-moi un peu d’eau dans un vase afin que je boive. Tandis qu’elle allait lui en chercher, il cria derrière son dos : Apporte-moi aussi, je te prie, une bouchée de pain dans ta main. Elle lui répondit : Vive le Seigneur ton Dieu, je n’ai pas de pain ; j’ai seulement une poignée de farine dans une hydrie, et un peu d’huile dans un lécythe. Eh bien, je ramasse deux bouts de bois pour entrer et l’apprêter pour moi et à mon fils, afin que nous mangions et mourions. Elie lui dit : Ne crains pas, mais va et fais comme tu as dit ; cependant fais d’abord pour moi, de ce reste de farine, un petit pain cuit sous la cendre, et apporte-le-moi, et tu en feras après cela pour toi et pour ton fils. Car voici ce que dit le Seigneur, Dieu d’Israël : L’hydrie de farine ne fera pas défaut, et le lécythe d’huile ne diminuera pas, jusqu’au jour où le Seigneur doit donner la pluie sur la terre. Elle s’en alla et fit selon la parole d’Elie. Et il mangea, lui, et elle, et sa maison ; et depuis ce jour l’hydrie de farine ne fit pas défaut, et le lécythe d’huile ne diminua pas, selon la parole du Seigneur qui avait été dite par la main d’Elie.

    Dans cet émouvant épisode, Elie est le prophète de la miséricorde divine, de la multiplication des pains et donc de l’eucharistie, et de la plénitude de la vie éternelle.

    Les traductions françaises ne respectent pas les particularités du texte. Saint Jérôme a traduit le mot hébreu kad par hydria. La Septante l’a également traduit par hydria. Pourtant le vase à anses et à col qui porte ce nom est, comme ce nom l’indique, davantage destiné à contenir de l’eau, et en tout cas un liquide, que de la farine. L’autre récipient est, dans le texte hébreu que nous avons, tsappakhath, un mot rarissime qu’on ne retrouve qu’en I Samuel 26. Saint Jérôme l’a aussi traduit par un mot grec, lecythus, vase a priori destiné à contenir de l’huile parfumée pour le corps. La Septante l’a traduit par kapsakis, un mot rarissime qu’on ne retrouve que dans le livre de Judith (pour un vase d’huile également, que saint Jérôme appelle simplement vas).

    A la fin du texte, on remarque « par la main d’Elie ». La Septante a aussi « par la main d’Elie ». Le texte hébreu ici a été manifestement modifié : « la parole du Seigneur qu’il avait dite par Elie ». Mais l’hébraïsme « par la main de » est une expression biblique importante, que l’on trouve quand il s’agit de Moïse, des commandements et préceptes que Dieu fait passer à son peuple « par la main de Moïse » (par l’entremise du médiateur). Là le texte hébreu dit bien « par la main » (be-yad). Il faut garder l’expression pour Elie : elle souligne qu’il est l’intermédiaire de Dieu, comme Moïse. Ce sont les deux personnages de la Transfiguration. Est-ce pour éviter ce rapprochement que l’expression a été supprimée du texte hébreu ?

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    Superbe tableau d’Abraham Van Dijck, où chaque personnage a la juste expression, mais le feu aussi, et le récipient de farine et la jarre d’huile. Le voir en grand ici.

  • Audi, benigne Conditor

    L’hymne des vêpres du carême, par les moines de l’abbaye de Silos, vers 1956-1959 - les deux premières strophes et la doxologie (On notera que la collection s’intitule « Discothèque catholique populaire »…).


    podcast

    Audi, benígne Cónditor,
    Nostras preces cum flétibus,
    In hoc sacro jejúnio
    Fusas quadragenário.

    Écoutez, Créateur bienveillant, nos prières accompagnées de larmes, répandues au milieu des jeûnes de cette sainte Quarantaine.

    Scrutátor alme córdium,
    Infírma tu scis vírium :
    Ad te revérsis éxhibe
    Remissiónis grátiam.

    Vous qui scrutez le fond des cœurs, vous connaissez notre faiblesse : nous revenons à vous ; donnez-nous la grâce du pardon.

    Multum quidem peccávimus,
    Sed parce confiténtibus :
    Ad laudem tui nóminis
    Confer medélam lánguidis.

    Nous avons beaucoup péché ; pardonnez-nous à cause de notre aveu : pour la gloire de votre Nom, apportez le remède à nos langueurs.

    Sic corpus extra cónteri
    Dona per abstinéntiam ;
    Jejúnet ut mens sóbria
    A labe prorsus
    críminum.

    Faites que la résistance de notre corps soit abattue par l’abstinence, et que notre esprit sobre jeûne de la souillure des péchés.

    Præsta, beáta Trínitas,
    Concéde, simplex Unitas ;
    Ut fructuósa sint tuis
    Jejuniórum múnera.
    Amen.

    Exaucez-nous, Trinité bienheureuse, accordez-nous, Unité simple, que soit profitables à vos fidèles les bienfaits du jeûne. Amen.

  • Deuxième dimanche de carême

    Confitémini Dómino, quóniam bonus : quóniam in sǽculum misericórdia ejus.

    Confessez le Seigneur, parce qu’il est bon, parce que sa miséricorde est éternelle.

    Quis loquétur poténtias Dómini : audítas fáciet omnes laudes ejus ?

    Qui racontera les puissances du Seigneur ? Qui fera entendre toutes ses louanges ?

    Beáti, qui custódiunt judícium et fáciunt justítiam in omni témpore.

    Heureux ceux qui gardent l’équité et qui pratiquent la justice en tout temps.

    Meménto nostri, Dómine, in beneplácito pópuli tui : vísita nos in salutári tuo.

    Souvenez-vous de nous, Seigneur, dans votre bienveillance pour votre peuple ; visitez-nous par votre salut.

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    Le trait de ce dimanche a les formules caractéristiques de ce genre de pièce, mais il a aussi une particularité remarquable, fort bien analysée par dom Baron :

    De la première à la dernière note il y a, par delà les fluctuations des incises, des phrases et des versets, une montée ininterrompue qui fait de tout le Trait une louange de plus en plus ample, de plus en plus éclatante, jusqu’à ce qu’elle s’achève, transformée en ardente supplication, dans les régions extrêmes du mode.

    Le premier verset débute en ré, et ne dépasse le fa que par quelques broderies.

    Le second part du ré mais s’établit sur le fa et le mouvement s’anime, avec le texte d’ailleurs. Notez le très beau motif de quis loquetur si bien adapté au mot, à l’idée et à l’interrogation.

    Le troisième s’établit dès le début sur fa et, en trois notes, il est sur le la ; mouvement rapide qui rend parfaitement le sentiment spontané d’admiration et de désir de Beati, lequel se développe très heureusement sur les formules de custodiunt judicium.

    Le quatrième est, dans toute sa première partie, nettement basé sur le la. Il se développe sur memento en une supplication qui, dans les régions élevées, prend une valeur peu commune. L’ardeur ne s’en manifeste pas par des élans impétueux mais par la redite paisible des mêmes motifs sur les mêmes notes. Il en résulte une insistance très poussée et, en même temps, très délicate et très intime. Une gracieuse ondulation sur nostri amène le mot Domine enveloppé de tendresse. Tui est bien à sa place, très en relief à la fin de la phrase ; et l’incise finale porte jusqu’au si bémol qui est le sommet de la mélodie, le mot visita nos qui est aussi le mot de la miséricorde et le sommet de la prière.

    Lent - Second Sunday: Tract from Corpus Christi Watershed on Vimeo.

  • Samedi des quatre temps

    Les samedis des quatre temps ont toujours été dans l’Eglise latine le jour des ordinations sacerdotales. Particulièrement celui-ci, avec cet évangile de la Transfiguration, comme le commente dom Guéranger :

    Cette lecture du saint Évangile, qui nous sera proposée demain encore, est destinée à accompagner aujourd’hui l’Ordination ; les anciens liturgistes, à la suite du savant Abbé Rupert, nous en donnent l’intelligence. L’Église veut porter notre pensée sur la sublime dignité dont viennent d’être honorés les Prêtres qui ont reçu aujourd’hui l’onction sacrée. Ils sont figurés dans ces trois Apôtres que Jésus conduit avec lui sur la montagne, et qui seuls contemplent sa gloire. Les autres disciples du Sauveur sont demeurés dans la plaine ; Pierre, Jacques et Jean sont seuls montés sur le Thabor. C’est d’eux que les autres disciples, que le monde entier apprendront, quand il en sera temps, de quelle gloire Jésus a paru environné, et avec quel éclat la voix du Père céleste a tonné sur le sommet de la montagne pour déclarer la grandeur et la divinité du Fils de l’homme. « Cette voix du ciel, nous l’avons entendue, dit saint Pierre, quand nous étions avec lui sur la sainte montagne. Elle disait : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai mis toutes mes complaisances ; écoutez-le. » De même, ces nouveaux Prêtres qui viennent d’être consacrés sous vos yeux, pour lesquels vous avez offert vos jeûnes et vos prières, ils entreront dans la nue où réside le Seigneur. Ils sacrifieront la victime de votre salut dans le silence du Canon sacré. Dieu descendra pour vous entre leurs mains ; et, sans cesser d’être mortels et pécheurs comme vous, ils seront chaque jour en communication avec la divinité. Le pardon que vous attendez de Dieu, en ce temps de réconciliation, passera par leurs mains ; leur pouvoir surhumain ira le chercher pour vous jusque dans le ciel. C’est ainsi que Dieu a apporté le remède à notre orgueil. Le serpent nous dit aux premiers jours : « Mangez ce fruit, et vous serez comme des dieux. » Nous avons eu le malheur d’adhérer à cette perfide suggestion ; et la mort a été le seul fruit de notre prévarication. Dieu cependant voulait nous sauver ; mais pour abattre nos prétentions, c’est par des hommes qu’il nous applique ce salut. Son Fils éternel s’est fait homme, et il a laissé d’autres hommes après lui, auxquels il a dit : « Comme mon Père m’a envoyé, ainsi je vous envoie ». Honorons donc Dieu en ces hommes qui viennent d’être aujourd’hui l’objet d’une si sublime distinction, et comprenons que le respect du sacerdoce fait partie de la religion de Jésus-Christ.

  • Vendredi des quatre temps

    Extrait de la liturgie byzantine au vendredi de la « première semaine des jeûnes », cité par dom Guéranger :

    Toi qui par tes souffrances as délivré l’homme des mauvaises passions, fais, Seigneur, que ta divine croix éloigne les penchants de ma chair, et que je contemple ta sainte Résurrection.

    Source de pureté, Seigneur miséricordieux, conserve-nous par le mérite de ce jeûne ; vois-nous prosternés à tes pieds, vois nos mains élevées vers toi qui as étendu les tiennes sur le bois pour tous les mortels, unique Seigneur des Anges.

    Les illusions de l’ennemi m’ont jeté dans les ténèbres ; éclaire-moi, ô mon Christ ! Toi qui, suspendu à la croix, as obscurci la lumière du soleil et fait luire sur tes fidèles la lumière du pardon. Que je marche à la lueur de tes préceptes, et que j’arrive purifié aux splendeurs salutaires de ta Résurrection.

    O Sauveur ! ô Christ ! Semblable à une vigne attachée au bois, tu as arrosé toute la terre du vin de l’immortalité. Je m’écrie : Déjà tu m’as versé, à moi aveuglé par mes péchés, le suc de la douce componction ; maintenant donne-moi la force de jeûner des plaisirs coupables, toi qui es bon et miséricordieux.

    O puissance de ta croix ! c’est elle qui a fait fleurir dans l’Église le germe de l’abstinence, en arrachant l’ancienne intempérance qui, dans Éden, fit tomber Adam ; celle-ci a été une source de mort pour les hommes ; celle-là est pour le monde un fleuve d’immortalité toujours pur, qui coule comme d’un autre paradis dans ton sang vivifiant uni avec l’eau ; c’est de là que tout a repris la vie ; par ce fleuve , fais-nous goûter des délices dans le jeûne, ô Dieu d’Israël ! Toi dont la miséricorde est si grande.

  • Attende, Domine

    Le chant de carême Attende Domine, par les moines de l’abbaye Saint-Paul hors les murs. Pour l’histoire de ce chant, voir ici.

    Attende, Domine, et miserere, quia peccavimus tibi.

    Écoute-nous, Seigneur, et prends pitié de nous, car nous avons péché contre toi.

    Ad te Rex summe, omnium Redemptor, oculos nostros sublevamus flentes ; exaudi, Christe, supplicantum preces.

    Vers toi, souverain Roi, Rédempteur de tous les hommes, nous élevons nos yeux pleins de larmes. Écoute, o Christ, nos prières suppliantes !

    Dextera Patris, lapis angularis, via salutis, janua caelestis, ablue nostri maculas delicti.

    Droite du Père, pierre angulaire, voie du salut, porte du ciel, Lave les souillures de notre péché.

    Rogamus, Deus, tuam majestatem ; auribus sacris gemitus exaudi ; crimina nostra placidus indulge.

    Nous prions, ô Dieu, ta Majesté ; que tes oreilles saintes entendent nos gémissements ; Dans ta bonté, pardonne-nous de nos crimes.

    Tibi fatemur crimina admissa ; contrito corde pandimus occulta ; tua Redemptor pietas ignoscat.

    Nous t’avouons les fautes commises ; d’un cœur contrit nous te dévoilons nos péchés ; Ô Rédempteur, que te clémence pardonne.

    Innocens captus, nec repugnans ductus, testibus falsis pro impiis damnatus ; quos redemisti, tu conserva, Christe.

    Arrêté innocent et emmené sans résistance, Tu as été condamné pour les pécheurs par de faux témoins ; Ô Christ, conserve ceux que tu as rachetés.