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Liturgie - Page 138

  • Saint Pascal Baylon

    L’hymne des vêpres de l’office franciscain de saint Pascal Baylon est devenu en Corse un chant de procession, dont on a trouvé la partition dans un manuscrit du XVIIIe siècle à Bastia. Jacky Micaelli, hélas morte à 62 ans à la suite d’un cancer en 2017, l’avait enregistré en 2003 dans son album Fiamma (avec Jean-Etienne et Marie Langianni).

    Læta devote celebret Minorum
    Turba Paschalem recolens fréquenter
    Quam pio, sanctam venerans Synaxim,
    Arsit amore.

    Que l’Ordre des Mineurs célèbre joyeusement Pascal et se rappelle de quel tendre amour il était embrasé quand il adorait le très Saint Sacrement.

    Dum puer pascit pecus iste seque
    Pane jam pasci cupit Angelorum,
    Hunc in excelsis meruit patente
    Cernere cælo.

    Alors qu’encore enfant il gardait son troupeau, il était plein de désir de recevoir le pain des anges, il vit les cieux s’ouvrir et lui présenter à découvert l’Hostie Sainte.

    Jugiter sacras inhians ad aras
    Dum cibum vitæ meditatur, haeret
    Totus et sancto liquefactus igne
    Lucet et ardet.

    Toujours soupirant au pied de l’autel, pendant qu’il médite sur le Pain de vie, il est ravi en extase et des rayons lumineux trahissent le feu dont il brûle.

    Increpans hostes Fidei fidelis :
    Pane, ait, Christum recipi sacrato,
    Matryrem non dat gladius, sed ipsum
    Prompta voluntas.

    S’adressant aux ennemis de notre Foi : « C’est Jésus-Christ, dit-il, qu’on reçoit sous le pain consacré !» Et si le glaive ne fit pas alors de lui un martyr, du moins sa volonté y était prête.

    Qui quoad vixit coluit supernum
    Tam pie Panem reserat beatos
    Morte jam clausos oculos velutque
    Vivus adorat.

    Lui qui toute sa vie vénéra si pieusement le Pain céleste, après sa mort il ouvrit encore les yeux et l’adora comme s’il eût été vivant.

    Christe, Paschalis meritis, ut omnes
    Corde nos mundo facias precamur,
    Cælica ut digne mereamur esca
    Saepe cibari. Amen.

    Seigneur Jésus, nous vous en prions par les mérites de Pascal, rendez notre cœur pur afin que nous puissions souvent nous nourrir de l’aliment céleste. Amen.

     

  • Dimanche après l’Ascension

    Exáudi, Dómine, vocem meam, qua clamávi ad te, allelúia : tibi dixit cor meum, quæsívi vultum tuum, vultum tuum, Dómine, requíram : ne avértas fáciem tuam a me, allelúia, allelúia.
    Dóminus illuminátio mea et salus mea : quem timébo ?

    Exauce, Seigneur, ma voix, par laquelle j’ai crié vers toi, alléluia ; mon cœur t’a dit : j’ai cherché ton visage, ton visage, Seigneur, je le rechercherai, ne détourne pas de moi ta face, alléluia, alléluia.
    Le Seigneur est ma lumière et mon salut, qui craindrai-je ?

    Cardinal Schuster :

    Ce magnifique introït où, avec tant d’insistance, on nous enseigne à chercher toujours le visage de Dieu, c’est-à-dire à l’avoir toujours présent dans nos pensées et dans nos désirs, a suggéré le choix de la station de ce jour à Sainte-Marie ad Martyres. Là en effet, au moyen âge, en un coffret fermé par treize clefs, l’on conservait l’image de la sainte Face, appelée par Dante la Veronica nostra [Paradis, chant 31]. De son temps, elle avait déjà été transportée à la basilique vaticane.

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    Par les moniales d’Argentan :

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    Il est insolite d’avoir la clef d’ut sur la deuxième ligne pour un premier mode. C’est que la mélodie est transposée à la quinte (la tonique ré devient la), et cela parce que… elle commence en 3e mode. Si elle était écrite comme on écrit normalement les mélodies du premier mode, la deuxième note serait un mi bémol, or il n’y a pas de mi bémol dans le plain chant. Mais c’est un troisième mode, et donc ce début est, en réalité, mi-fa-ré-sol : comme le début de l’introït du dimanche précédent (voir ci-dessous)… Ensuite la mélodie va migrer vers le sixième mode, avant de s’établir enfin sur le premier…

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  • Saint Jean-Baptiste de La Salle

    Méditation pour l’Ascension (des Méditations pour tous les dimanches de l'année)

    Jésus n’étant venu sur la terre que pour nous donner une nouvelle Loi et pour accomplir les mystères de notre rédemption, et s’étant entièrement acquitté de tout ce qui regardait les fonctions de son ministère de législateur et de rédempteur des hommes, il n’y avait plus rien qui le retînt en ce monde, et il semblait qu’il ne fût plus que dans un état violent, puisque le centre de son corps glorieux était le Ciel, et sa place, la droite de son Père (Mc 16, 19). Cependant le commerce qu’il devait avoir encore avec des hommes l’obligerait de voiler l’éclat de sa gloire dans ses apparitions.

    Vous, qui vous êtes retirés du monde, devez être tout à fait dégagés de toutes les inclinations humaines qui ne portent qu’à la terre. Vous devez n’aspirer qu’au Ciel et y élever toujours votre esprit et votre cœur (Col 3, 1-2), parce que vous n’êtes que pour le Ciel, et que vous ne devez travailler que pour le Ciel, et que vous ne trouverez de parfait repos que dans le Ciel.

    C’est en ce jour que Jésus-Christ quitte la terre pour s’élever au Ciel. C’est là qu’il a établi et fixé sa demeure pour toujours. C’est en ce jour que sa très sainte humanité s’y fait adorer de tous les anges et de tous les justes qui y sont entrés avec lui pour y posséder un bonheur éternel. Adorez avec tous les saints cette humanité sainte, à qui tout pouvoir a été donné dans le Ciel et sur la terre (Mt 28, 18) ; unissez-vous-y avec eux pour la reconnaître et respecter autant qu’elle le mérite ; regardez-la comme celle en qui, selon saint Paul (Col 2, 3), sont tous les trésors de la science et de la sagesse de Dieu. C’est là que le Sauveur puise, comme à la source, toutes les grâces qu’il répand sur les hommes qui, par leurs bonnes œuvres et par leur piété, se rendent dignes d’y participer.

    Quand sera-ce que vous direz, avec saint Étienne (Ac 7, 56), que vous voyez les Cieux ouverts, et Jésus-Christ qui y est prêt à vous communiquer ses grâces ? * Demandez-lui surtout celle de ne vous plus occuper que des choses du Ciel.

    Reconnaissez que c’est un grand avantage pour vous que Jésus-Christ soit monté dans le Ciel ; car c’est de là que viennent tous les dons qui doivent enrichir et orner votre âme. C’est en effet en vertu de la puissance que Jésus-Christ reçoit aujourd’hui sur toutes les créatures, tant du Ciel que de la terre (Mt 28, 18), qu’il se rend libéral envers les hommes : comme étant leur chef (Col 1, 18), il leur fait part de la vie de la grâce, dont il a la plénitude (Jn 1, 16). Et en qualité de médiateur, il présente vos prières et vos bonnes œuvres à Dieu son Père ; et il prie lui-même pour vous (He 7, 25) afin d’attirer sur vous sa miséricorde et l’empêcher de décharger sur vous sa colère, quand vous l’offensez.

    Dites donc, avec saint Augustin, que l’Ascension de Jésus-Christ est votre gloire, le motif de votre espérance et le gage de votre félicité. Rendez-vous dignes d’avoir Jésus-Christ pour votre souverain, votre chef et votre médiateur dans le Ciel.

  • Saint Boniface

    Du synaxaire du hiéromoine Macaire de Simonos Petra :

    Saint Boniface était esclave au service d’une riche dame romaine, nommée Aglaïs, fille du proconsul de la capitale, au temps de l’empereur Dioclétien (284-305). Intendant chargé de la gestion de la grande fortune de sa maîtresse, il menait une vie de débauche, conforme aux mœurs dissolues des Romains de cette époque. Tout adonné à l’ivrognerie et à la fornication, il était tombé dans le péché avec Aglaïs, et semblait ne pas en éprouver de remords. Mais il était toutefois bon et généreux, pratiquait avec largesse l’hospitalité pour les étrangers et distribuait avec compassion de nombreuses aumônes aux pauvres.

    Au bout de quelques années d’une telle conduite, Aglaïs, tourmentée par les reproches de sa conscience et par la crainte d’avoir à rendre un jour compte à Dieu de ses péchés, entendit dire par des chrétiens que celui qui sert et honore les reliques des saints martyrs bénéficiera de leur intercession auprès de Dieu et obtiendra le pardon de ses péchés. Remplie d’espérance, elle convoqua alors Boniface et le chargea de se rendre en Asie Mineure, là où les chrétiens souffraient la persécution, pour acquérir à prix d’argent des saintes reliques et les ramener à Rome. Encore insensible aux choses de Dieu, son serviteur et amant reprit en se moquant : « Et si je te ramène mon propre corps en guise de relique, m’honoreras‐tu comme un saint ? »

    « Le temps n’est plus à la plaisanterie, reprit Aglaïs sur un ton de reproche. Secoue ton ivresse et hâte‐toi de faire tes préparatifs pour ce voyage, car, moi la pécheresse, j’attends avec impatience ton retour pour obtenir de Dieu le pardon. »

    Parvenu à Tarse, en Cilicie, à la tête d’une nombreuse escorte qui emportait avec elle une grande quantité d’or et tout ce qui est nécessaire pour embaumer et transporter avec éclat les restes des saints, Boniface se rendit sur‐le‐champ à l’amphithéâtre, où il assista avec stupeur aux tourments d’une vingtaine de martyrs. L’un avait les membres écartelés entre quatre poteaux, l’autre était suspendu la tête en bas, sur d’autres les bourreaux s’acharnaient à coups de fouets ou leur déchiraient les côtes avec des crochets de fer. Mais tous restaient imperturbables et montraient une telle constance que le courtisan débauché sentit son cœur fondre en lui. Il tomba en pleurs à leurs pieds, baisa avec respects leurs liens et, après avoir demandé l’assistance de leurs prières, il déclara publiquement que lui aussi était désormais disciple du Christ. Traduit devant le tribunal du gouverneur, il repoussa avec dégoût le culte des idoles et confessa hardiment le Sauveur. Puis il fut ramené vers le cirque où, grâce à la prière des saints, il endura toutes sortes de supplices avec l’impassibilité de quelqu’un qui est déjà comme sorti du corps et étranger au monde. On lui enfonça des roseaux effilés sous les ongles, on lui fit couler du plomb fondu dans la bouche, on le plongea dans un chaudron rempli de goudron bouillant, mais il resta invincible dans tous ces supplices. Le lendemain, l’athlète du Christ reçut avec joie l’annonce de la sentence de mort. S’étant revêtu du signe de la Croix, il adressa au Seigneur, avant d’être décapité, une fervente prière pour l’affermissement du peuple chrétien affligé et pour que sa mort lui procure la rémission de ses péchés et l’entrée dans la joie éternelle.

    Ses compagnons de voyage, pensant tout d’abord que, selon son habitude, Boniface devait se trouver dans quelque taverne ou autre lieu de débauche, commencèrent à s’inquiéter de son absence prolongée, et ils partirent à sa recherche. Ils rencontrèrent en ville le frère du bourreau, qui leur apprit que, la veille, on avait exécuté un Romain qui semblait répondre au signalement de leur compagnon. Quoiqu’il leur semblât impossible que le martyr en question fût Boniface, ce ripailleur, ils se précipitèrent à l’amphithéâtre et trouvèrent avec stupéfaction son saint corps qu’ils achetèrent pour cinquante livres d’or et qu’ils transportèrent avec grands honneurs à Rome.

    Un ange du Seigneur apparut alors à Aglaïs et lui dit : « Lève-toi pour aller au-devant de celui qui était ton serviteur et ton compagnon de débauche, et qui maintenant est devenu notre frère. Reçois-le comme ton maître, car, grâce à lui, tous tes péchés vont être remis .» Au comble de la joie, elle rassembla un brillant cortège pour accueillir, conformément à sa prophétie involontaire, le corps de saint Boniface à quelque distance de Rome. Par la suite, elle fit édifier en ce lieu une belle et vaste église en son honneur, où se sont accomplis de nombreux miracles au cours des siècles. Quant à elle, renonçant au monde et à ses vains honneurs, elle distribua sa fortune aux pauvres et s’adonna dès lors à l’ascèse et à la prière, tant et si bien qu’elle acquit le pouvoir de faire des miracles. Elle s’endormit, treize années plus tard, dans la paix du Seigneur, avec l’assurance que les souillures de sa vie passée avaient été effacées grâce à l’intercession de saint Boniface.

  • L’Ascension du Seigneur

    Kondakion de la fête :

    Τὴν ὑπὲρ ἡμῶν πληρώσας οἰκονομίαν, καὶ τὰ ἐπὶ γῆς ἑνώσας τοῖς οὐρανίοις, ἀνελήφθης ἐν δόξῃ, Χριστε ὁ Θεὸς ἡμῶν, οὐδαμόθεν χωριζόμενος, ἀλλὰ μένων ἀδιάστατος, καὶ βοῶν τοῖς ἀγαπῶσί σε· Ἐγώ εἰμι μεθ' ὑμῶν, καὶ οὐδεὶς καθ' ὑμῶν.

    Ayant accompli pour nous l'Economie divine et ayant uni les habitants de la terre à ceux du ciel, Tu T'es élevé au ciel dans la gloire, Christ Dieu, sans Te séparer de nous, mais demeurant toujours parmi nous, et Tu dis à ceux qui T'aiment : « Je suis avec vous, et personne ne prévaudra contre vous. »

    Par l’ensemble Psaltikon, d’après le manuscrit Ashburnhamensis 64 de Florence, copié au monastère grec-catholique de Grottaferrata en 1289, transcrit par Ioannis Arvanitis, de la Bibliothèque nationale de Grèce. Soliste : Dimos Papatzalakis, professeur de musique byzantine à l’université Aristote de Thessalonique.

  • Vigile de l’Ascension

    Pater, venit hora, clarífica Fílium tuum claritáte quam hábui, priúsquam mundus esset, apud te, allelúia.

    Mon Père, l’heure est venue, glorifiez votre Fils de la gloire que j’ai eue en vous avant que le monde fût, alléluia.

    Dans l’antienne du Benedictus, aux laudes de ce jour, Jésus donne le sens de la vigile de l’Ascension, l’annonce de ce qui va se passer. Cette phrase paraît être prise telle quelle de l’évangile de ce jour, c’est-à-dire du début du chapitre 17 de saint Jean, sa dernière prière au Cénacle juste avant la Passion. En réalité, elle est composée de deux morceaux pris au premier verset et au cinquième verset, et c’est si parfaitement agencé que l’on ne peut pas savoir où l’on passe de l’un à l’autre sans se reporter au texte.

    (1) Pater, venit hora : clarifica Filium tuum, ut Filius tuus clarificet te 

    (5) et nunc clarifica me tu, Pater, apud temetipsum, claritate quam habui, priusquam mundus esset, apud te.

    L’antienne insiste sur la gloire qui attend le Christ ressuscité quand il va monter au ciel. Cette gloire est sa gloire divine, qu’il n’a jamais perdue et qu’il avait déjà avant la création du monde. La différence est que désormais elle rejaillit sur toute la nature humaine, et que c’est notre gloire qu’il va inaugurer au ciel.

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  • Saints Philippe et Jacques

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    "In Nat. Philippi et Iacobi". Graduel dit des séquences de Notker, Einsiedeln, Xe siècle.

    Exclamavérunt ad te, Dómine, in témpore afflictiónis suæ, et tu de cælo exaudísti eos, allelúia, allelúia.

    Au temps de leur affliction ils ont crié vers vous, et vous les avez écoutés du ciel, alléluia, alléluia.

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    L’antienne d’introït est propre à cette fête, ce qui est rare dans les fêtes d’apôtres, surtout qu’elle ne dit rien de l’un ou de l’autre… (Mais c’est là un signe parmi d’autres de sa haute antiquité.)

    Le texte, qui ressemble à un verset de psaume, ne se trouve pas tel quel dans la Bible. Il est inspiré de Néhémie 9,27-28. Dans chacun de ces deux versets il y a « clamaverunt ad te ». Et dans les missels, l’antienne commence ainsi. C’est seulement dans les livres de chant qu’elle commence par « Exclamaverunt ». C’est d’autant plus curieux que l’intonation serait l’intonation typique du premier mode s’il n’y avait pas le préfixe, lequel oblige à ajouter une note au début, qui est d’ailleurs fort bienvenue.

    D’autre part, ce début solennel, jusqu’à Domine, laisse entendre que l’antienne va se développer de la sorte pour célébrer les apôtres. Or il n’en est rien. La suite, quoique fort belle si on est attentif notamment à « afflictionis » et à « de caelo », est sur un mode quasi confidentiel, y compris les alléluias…

    Par le chœur de la cathédrale Saint-Rombaut de Malines, sous la direction de Flor Peeters (1958).

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    Graduel prémontré de Bellelay, XIIe siècle.

  • Rogations

    Pendant cette messe, nous demanderons au Seigneur de faire de nous de bons gérants de la création, de bons intendants de la nature humaine, toujours soucieux de bien connaître la loi naturelle pour qu’elle soit le véritable espace de liberté dans lequel nos vies pourront se développer dans l’harmonie. Mais l’homme n’est pas seulement le gérant de la création ; il en est aussi le Prêtre. C’est à lui qu’il appartient de présenter à Dieu les fruits de la terre et de son travail pour que Dieu les transforme en source de grâce. C’est à lui qu’il appartient d’assumer la louange silencieuse qui monte de la terre pour la présenter au Seigneur d’une manière rationnelle. C’est à lui qu’il appartient d’intercéder pour le monde animé et inanimé. C’est à lui qu’il appartient de rendre gloire à Dieu pour la beauté de l’ordre créé qui se découvre à son intelligence émerveillée pour l’heureuse alternance des saisons qui donne sa fécondité à la terre, pour le don de la vie qui ouvre un avenir. Et c’est tout le sens de la procession de ce jour. Ce rôle de prêtre, l’homme ne l’assume pas tout seul : Il l’assume dans la communion des saints. Et c’est la raison pour laquelle nous avons demandé leur intercession en chantant leurs litanies. Il l’assume en Eglise et c’est la raison pour laquelle nous sommes tous là aujourd’hui : évêque, prêtres, religieux, religieuses, Peuple fidèle. Il l’assume dans le Christ Jésus vrai Dieu et vrai homme et c’est la raison pour laquelle les prières des Rogations trouvent leur place dans les trois jours qui précèdent la fête de l’Ascension où Jésus introduit notre humanité auprès du Père. Alors que Jésus s’apprête à s’élever au-dessus de la terre pour retourner au Père dont il est venu, nous voulons le charger de toutes nos intentions de prière pour qu’il les lui présente. Nous voulons lui demander de ne pas oublier la terre sur laquelle il a vécu, l’humanité qu’il a voulu partager. Nous voulons lui dire avec le Bon Larron : « Seigneur, souviens-toi de nous quand tu viendras dans ton Royaume ! » Voilà, Frères et Sœurs, les quelques réflexions que nous inspire aujourd’hui la célébration des Rogations. Intériorisons-les dans le silence, faisons-les nôtres afin que notre existence soit conforme à notre prière et que notre façon de vivre soit en harmonie avec notre façon de célébrer. Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Amen.

    Mgr Raymond Centène (2013)

  • 5e dimanche après Pâques

    Cantáte Dómino, allelúia : cantáte Dómino et benedícite nomen eius : bene nuntiáte de die in diem salutáre eius, allelúia, allelúia.

    Chantez au Seigneur alléluia, chantez au Seigneur et bénissez son nom, annoncez de jour en jour son salut, alléluia, alléluia

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    L’antienne de communion est superbe et tout imprégnée de joie pascale. Comme le souligne Dom Johner après avoir remarqué que les alléluias de la fin sont plus caractéristiques d’un introït que d’une antienne de communion, souligne qu’ici « tout palpite et étincelle de vie ».

    Particulièrement admirable, et proprement original, est « bene », qui commence de façon abrupte une quinte au-dessus de la tonique qui concluait la phrase précédente. Et ce « bene » s’étale, il insiste : il faut l’annoncer « bien », mais pas seulement bien, le mieux possible, et encore mieux, ce salut que nous annoncerons chaque jour.

    Et les alléluias de la fin commencent par le même saut à la quinte, l’outrepassant même au ton supérieur. La partition a été transposée du ré au la afin d’éviter d’avoir à mettre un bémol sur cette note qui aurait été un si et qui, transposée, est un fa, et surtout de mettre un bémol à "salutare", un si me semble-t-il inusité et qui fait un curieux triton sur un tel mot. Mais aussi, comme on le voit sur ce graduel prémontré du XIIe siècle, qui est en clef d’ut sur la dernière ligne et qui a bien le si bémol, la transposition permet d’avoir une partition plus harmonieusement répartie sur la portée.

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  • De la Sainte Vierge le samedi

    Per féminam mors, per féminam vita: per Hevam intéritus, per Maríam salus. Illa, corrúpta, secúta est seductórem: hæc, intégra, péperit Salvatórem. Illa póculum a serpénte propinátum libénter accépit, et viro trádidit, ex quo simul mereréntur occídi: hæc, grátia cælésti désuper infúsa, vitam prótulit, per quam caro mórtua possit resuscitári. Quis est qui hæc operátus est, nisi Vírginis Fílius et vírginum Sponsus, qui áttulit Matri fecunditátem, sed non ábstulit integritátem ?

    Par une femme, la mort, par une femme, la vie. Par Ève, la perdition, par Marie, le salut. Corrompue, celle-là se mit à la suite du séducteur, intacte, celle-ci engendra le Sauveur. Volontiers, celle-là reçut la coupe présentée par le serpent, elle en offrit à l’homme : ainsi tous deux méritèrent ensemble de mourir. Celle-ci, toute pénétrée de la grâce céleste répandue d’en haut, apporta la vie par laquelle la chair morte peut ressusciter. Qui est-il celui qui accomplit cette œuvre ? Ce ne peut être que le Fils de la Vierge et l’Époux des vierges. A sa mère, il donna la fécondité, mais sans lui enlever l’intégrité.

    Ce texte est extrait d’un sermon aux catéchumènes sur le Symbole, qui était autrefois attribué à saint Augustin et qui est aujourd’hui attribué à saint Quodvultdeus, évêque de Carthage dans les années 430. (Comme ces quelques lignes le montrent, Quodvultdeus connaissait bien saint Augustin, qui venait prêcher à Carthage quand il était jeune. Et alors qu’il était diacre il avait demandé à l’évêque d’Hippone un texte sur les différentes hérésies : c’est le De Haeresibus ad Quodvultdeum.)