Petit extrait de son célèbre catéchisme, qui eut plus de 200 éditions dans les pays germaniques de son vivant.
Liturgie - Page 140
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Saint Pierre Canisius
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Saints Clet et Marcellin
Priez pour nous, saints Pontifes, et jetez un regard paternel sur l’Église de la terre qui fut si agitée en vos temps, et qui est si loin de jouir du calme en ceux où nous vivons. Le culte des idoles a reparu, et si elles ne sont pas aujourd’hui de pierre ou de métal, la violence de ceux qui les adorent n’est pas moindre que celle dont étaient animés les païens des premiers siècles. Les dieux et les déesses devant lesquels on veut voir le monde entier se prosterner, on les appelle Liberté, Progrès, Civilisation moderne. Pour établir le culte de ces nouvelles divinités, on décrète la persécution contre ceux qui refusent de les adorer, on renverse la constitution chrétienne des États, on altère les principes de l’éducation de l’enfance, on rompt l’équilibre des éléments sociaux, et un grand nombre de fidèles sont entraînés par l’attrait de ces nouveautés funestes. Préservez-nous de cette séduction, bienheureux martyrs ! Ce n’est pas en vainque Jésus a souffert ici-bas et qu’il est ressuscité d’entre les morts. Sa royauté était à ce prix ; mais nul n’échappe à son sceptre souverain. C’est afin de lui obéir que nous ne voulons d’autre Liberté que celle qu’il a fondée par son Évangile, d’autre Progrès que celui qui s’accomplit dans la voie qu’il a tracée, d’autre Civilisation que celle qui résulte de l’accomplissement des devoirs qu’il a établis entre les hommes. C’est lui qui a créé l’humanité, qui en a posé les lois et les conditions ; c’est lui qui l’a rachetée et rétablie sur ses bases. Devant lui seul nous fléchissons le genou ; ne permettez pas, bienheureux martyrs, que jamais nous ayons le malheur de nous abaisser devant les rêves de l’orgueil humain, quand bien même ceux qui les exploitent auraient la force matérielle à leur service.
On notera que le propos de dom Guéranger est encore plus d’actualité aujourd’hui qu’en son temps, car de nouvelles idoles sont apparues, et si elles sont les filles ou les avatars de celles qui régnaient au XIXe siècle, elles sont encore plus tyranniques, et plus destructrices : c'est désormais la nature humaine qui est niée.
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3e dimanche après Pâques
Módicum, et non vidébitis me, allelúia : íterum módicum, et vidébitis me, quia vado ad Patrem, allelúia, allelúia.
Encore un peu de temps et vous ne me verrez plus, alléluia ; et encore un peu de temps et vous me verrez, parce que je m’en vais auprès du Père, alléluia, alléluia
L’antienne de communion reprend des paroles de Jésus dans l’évangile de ce jour. C’est, dit dom Baron, « le Christ glorieux qui, dans l’intimité de la communion, les redit à ceux qui le reçoivent en leur donnant un sens particulier d’intimité : Vous qui me recevez dans votre âme, vous ne me voyez pas de vos yeux de chair car je suis remonté vers mon Père, mais vous me reverrez, parce que celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle, je me manifesterai à lui et je le ressusciterai au dernier jour, car là où je suis, je veux qu’il soit aussi. »
Solesmes 1960 :
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Saint Fidèle de Sigmaringen
Saint Fidèle de Sigmaringen terrassant l'hérésie (calviniste), par Tiepolo (années 1750). En compagnie de saint Joseph de Leonessa, canonisé le même jour par Benoît XIV, le 29 juin 1746. Ça c'était avant...
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Saint Georges
Tropaire de saint Georges le Tropaiophore, par Dimitrios Papagiannopoulos.
Ὡς τῶν αἰχμαλώτων ἐλευθερωτής, καὶ τῶν πτωχῶν ὑπερασπιστής, ἀσθενούντων ἰατρός, βασιλέων ὑπέρμαχος, Τροπαιοφόρε Μεγαλομάρτυς Γεώργιε, πρέσβευε Χριστῷ τῷ Θεῷ, σωθῆναι τὰς ψυχὰς ἡμῶν.
Libérateur des captifs, toi qui assures aux pauvres ta protection, en qui les malades trouvent aussi leur médecin et les rois leur défenseur, saint Georges, victorieux et grand martyr, prie le Christ Dieu de sauver nos âmes.
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Saints Soter et Caius
Voici les collectes de la messe de jour avant l’invention par Pie XII d’un commun des papes. C’est le type même des anciennes collectes romaines, sobres, concises, qui ne racontent pas la vie de saints mais disent l’essentiel de ce que leur culte doit nous apporter.
Beatórum Mártyrum paritérque Pontíficum Sotéris et Caii nos, quǽsumus, Dómine, festa tueántur : et eórum comméndet orátio veneránda. Per Dóminum.
Nous vous en prions, Seigneur, faites qu’en célébrant les fêtes de vos bienheureux Martyrs et Pontifes Soter et Caïus, nous obtenions leur protection, et que leur sainte prière nous serve de recommandation auprès de vous.
Adésto, Dómine, supplicatiónibus nostris, quas in Sanctórum tuórum commemoratióne deférimus : ut, qui nostræ iustítiæ fidúciam non habémus, eórum, qui tibi placuérunt, méritis adiuvémur. Per Dóminum.
Prêtez attention, Seigneur, aux supplications que nous vous adressons en faisant mémoire de vos saints, afin que nous, qui n’avons point de confiance en notre propre justice, nous soyons aidés par les mérites de ceux qui vous ont plu.
Quǽsumus, Dómine, salutáribus repléti mystériis : ut, quorum sollémnia celebrámus, eórum oratiónibus adiuvémur. Per Dóminum.
Rassasiés par la participation à ces mystères de salut, nous vous demandons, Seigneur, d’être aidés grâce aux prières de ceux dont nous célébrons la solennité.
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Saint Anselme
Dans mon bréviaire il y a deux offices de saint Anselme, un qui renvoie au commun des pontifes docteurs de l’Eglise, et un autre qui contient des textes propres, notamment cette hymne. Comme dom Guéranger la cite dans son Année liturgique et qu’il dit qu’elle a été « approuvée par le Saint-Siège », il est probable qu’elle soit de dom Le Bannier.
Ici telle qu’elle se trouve dans le Liber sacramentorum du cardinal bénédictin Alfredo Ildefonso Schuster :
N.B. Ayant mis dans ma petite tête qu’il y avait une « théologie monastique » et une « théologie scolastique », et étant imperméable à la seconde, je me réjouissais d’avoir trouvé un livre de saint Anselme : « Pourquoi Dieu s’est fait homme », aux Sources chrétiennes, dans la collection « Textes monastiques d’Occident ». Stupéfaction : c’est un livre d’un rationalisme à faire pâlir d’envie saint Thomas d’Aquin lui-même. Une caricature de rationalisme : chapitre après chapitre, il part d’un élément de la foi et prétend y aboutir au terme d’un raisonnement purement rationnel. Pas un mot de mystique, pas un mot de prière, pas un mot d’admiration du mystère, et d’ailleurs pas un mot du mystère, puisque tout est soi-disant démontré… (A vrai dire j'aurais dû faire attention au fait que saint Anselme est partout présenté comme un précurseur des scolastiques, et aussi au fait que dans l'office propre il y a pas moins de sept fois le mot "ratio" dans la lecture du troisième nocturne, un texte sans doute choisi par dom Guéranger comme une discrète mise en garde...)
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Rex sempiterne Domine
L’hymne des matines au temps pascal, par les moines de Ligugé (strophes 1, 2, 6, 8, 9) :
Rex sempiterne, Domine,
Rerum Creator omnium,
Qui eras ante sæcula
Semper cum Patre Filius :Roi éternel, Seigneur, Créateur de toutes choses, qui étais avant les siècles, Fils toujours avec le Père.
Qui mundi in primordio
Adam plasmasti hominem :
Cui tuæ imagini
Vultum dedisti similem :Toi qui au commencement du monde as façonné l’homme Adam, à qui tu as donné un visage semblable à ton image.
Quem diabolus deceperat,
Hostis humani generis :
Cujus tu formam corporis
Assumere dignatus es :Lui que trompa le diable, l’ennemi du genre humain, lui dont tu as daigné assumer la forme de son corps.
Ut hominem redimeres
Quem ante jam plasmaveras :
Et nos Deo conjungeres
Per carnis contubernium.Afin de racheter l’homme que tu avais façonné auparavant, et nous unir à Dieu par le commerce de la chair.
Quem editum ex Virgine
Pavescit omnis anima :
Per quem et nos resurgere
Devota mente credimus :Toi qui enfanté de la Vierge nourrit toute âme, par qui nous croyons en esprit de piété que nous aussi nous ressusciterons.
Qui nobis in baptismate
Donasti indulgentiam,
qui tenebamur vinculis
Ligati conscientiæ :Toi qui nous as donné l’indulgence dans le baptême, à nous qui étions tenus ligotés par les liens de la conscience.
Qui crucem propter hominem
Suscipere dignatus es :
Dedisti tuum Sanguinem,
Nostræ salutis pretium.Toi qui as daigné porté la croix pour l’homme ; tu as donné ton sang comme prix de notre salut.
Quæsumus, Auctor omnium,
In hoc Paschali gaudio,
Ab omni mortis impetu
Tuum defende populum.Nous te demandons, Auteur de tout, dans cette joie pascale, défends ton peuple de tout assaut de mort.
Gloria tibi, Domine,
Qui surrexisti a mortuis,
Cum Patre et Sancto Spiritu,
In sempiterna sæcula. Amen.Gloire à toi, Seigneur, qui es ressuscité des morts, avec le Père et le Saint-Esprit, dans les siècles éternels. Amen.
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De ore prudentis
℟. De ore prudéntis procédit mel, allelúia : dulcédo mellis est sub língua ejus, allelúia : * Favus distíllans lábia ejus, allelúia, allelúia.
℣. Sapiéntia requiéscit in corde ejus, et prudéntia in sermóne oris illíus.
℟. Favus distíllans lábia ejus, allelúia, allelúia.De la bouche du sage sort le miel, alléluia ; la douceur du miel est sous sa langue, alléluia : rayon de miel perlant que ses lèvres, alléluia, alléluia.
La sagesse se repose dans son cœur, et la prudence dans la parole de sa bouche.Répons des matines. Le corps du répons s’inspire du Cantique des cantiques (4, 11) et le début du verset de Proverbes 14, 33. Mais aucune expression ne se trouve telle quelle dans la Bible. On trouve presque « Favus distillans labia… », mais c’est « tua », et non « ejus » : il s’agit des lèvres de la bien-aimée, non du Seigneur… (Mais il est vrai que nombre des expressions du Cantique des cantiques sont ambivalentes, puisqu'il s'agit d'un chant d'union, où tout ce qui est à moi est à toi...)
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2e dimanche après Pâques
(Graduel de Johannes von Johannes von Valkenburg, 1299, Cologne)
L’antienne d’offertoire
Deus, Deus meus, ad te de luce vígilo : et in nómine tuo levábo manus meas, allelúia.
O Dieu, mon Dieu, je veille aspirant à vous dès l’aurore et je lève mes mains en votre nom, alléluia.
Solesmes, 1959 :
Le Christ est le berger et l'évêque de nos âmes, comme l'appelle l'épître de cette messe. Il veille fidèlement sur ses brebis, sans jamais se reposer, sans jamais sommeiller. Il convient donc que ma première pensée éveillée soit dirigée vers Lui, que mon cœur se tourne vers Lui dès les premières lueurs de l'aube (de luce). D'autant plus qu'en ce matin, Il désire à nouveau être entièrement à moi, et veut me faire participer à sa vie divine dans le banquet eucharistique. De même qu'à l'Offertoire le prêtre lève les mains avec les dons sacrificiels du pain et du vin, de même je lèverai les mains et je m'offrirai en oblation, en chantant mon Alléluia dans la joie de l'Esprit Saint et en me confiant à la toute-puissance de sa grâce (in nomine tuo). Dans les temps anciens, ces sentiments étaient exprimés par ces versets : « Je me présente devant toi, pour voir ta puissance et ta gloire. Tu as été mon aide. Et je me réjouis sous le couvert de tes ailes. »* A l'Offertoire, le divin Rédempteur prie son Père céleste et proteste de sa disponibilité à être sacrifié. Il devient ici et maintenant l'Agneau qui est offert pour nous sur l'autel.
Dans la première phrase, tranquille, luce est le seul mot qui prend un peu plus d'importance. Peut-être est-ce pour nous rappeler l'éclat soudain de la lumière ? La séquence tonale sur la deuxième syllabe est entendue à différents moments : dans le Vidi aquam, où il est question d'eau qui coule avec aqua ista ; dans l'offertoire Inveni David, où il est question d'huile qui coule avec les mots oleo sancto. Presque toutes les pièces du mode 2 ferment la première phrase sur do. Mais ici les secondes, sans pressus, n'ont pas cette forte puissance modulatoire que nous trouvons, par exemple, dans l'introït Mihi autem pour les Apôtres. Dans sa première moitié, la deuxième phrase est un peu plus vivante, se plaçant immédiatement sur la dominante et prenant une mélodie plus ornée avec in nomine tuo, sur laquelle est placée une quarte en antithèse de celle de la première phrase. La deuxième partie revient au style pastoral simple de la première phrase, sentiment renforcé par la tierce mineure ré-fa, combinaison habituelle de la dominante et de la tonique dans les pièces en mode 2.
* Les versets étaient, soigneusement découpés du même psaume 62 :
1. Sitivit in te anima mea, quam multipliciter et caro mea, ut viderem virtutem tuam et gloriam tuam.
Mon âme a soif de vous ; comme encore et encore aussi ma chair, pour que je contemple votre puissance et votre gloire.
2. In matutinis, Domine, meditabor in te. Quia factus es adjutor meus et in velamento alarum tuarum exsultabo.
Aux matines, Seigneur, je méditerai sur vous. Car vous vous êtes fait mon secours, et sous le couvert de vos ailes je tressaillirai d’allégresse.