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Liturgie - Page 141

  • De la Sainte Vierge le samedi

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    Ave stella maris, karismata lucida prolis

    Ave Spiritui Sancto templum reservatum

    Ave porta Dei post partum clausa per evum.

    Evangéliaire de Bernwald d’Hildesheim, 1015, miniature de la « Vierge portière ».

    Porta hæc clausa erit, et non aperiétur. Pulchre quidam, portam clausam per quam solus Dóminus Deus Isræl ingréditur, et dux, cui porta clausa est, Maríam Vírginem intéllegunt, quæ et ante partum virgo permánsit. Etenim témpore, quo Angelus loquebátur: Spíritus Sanctus véniet super te, et virtus Altíssimi obumbrábit te; quod autem nascétur ex te Sanctum, vocábitur Fílius Dei; et quando natus est, virgo permánsit ætérna; ad confundéndos eos, qui arbitrántur eam post nativitátem Salvatóris habuísse de Ioseph fílios, ex occasióne fratrum eius, qui vocántur in Evangélio.

    « Cette porte sera fermé. On ne l’ouvrira pas. » Certains comprennent, et c’est beau, que la Vierge Marie, demeurée vierge avant l’enfantement, est cette porte fermée par où seul entre le Seigneur, le Dieu d’Israël, qui est aussi le prince, pour qui la porte est fermée. En effet, au moment où l’ange proférait : « L’Esprit-Saint viendra sur toi et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre, c’est pourquoi l’être saint qui naîtra de toi sera appelé Fils de Dieu » et aussi lorsqu’il est né, elle est demeurée éternellement vierge. Ceci pour confondre ceux qui tirent occasion de l’Evangile où l’on cite ses frères pour supposer qu’après la naissance du Sauveur Marie enfanta des fils à Joseph.

    Saint Jérôme, sur Ezéchiel, 13, 44, lecture des matines.

  • Ad cœnam Agni providi

    L’hymne des vêpres au temps pascal, chanté au Concert des Maîtres de Chœur à l’Abbaye de Fontevraud le 23 juillet 1989 sous la direction de Dom le Feuvre.


    podcast

    Ad cœnam Agni próvidi, .
    Et stolis albis cándidi,
    Post tránsitum maris Rubri
    Christo canámus Príncipi.

    Invités au repas de l’Agneau,
    revêtus de nos robes blanches,
    après avoir passé la mer rouge,
    chantons au Christ notre Chef.

    Cujus corpus sanctíssimum
    In ara crucis tórridum,
    Cruóre ejus róseo
    Gustándo vívimus Deo.

    En goûtant sa chair toute sainte
    brulée sur l’autel de la Croix,
    en goûtant le vin de son sang,
    nous vivons de la vie de Dieu.

    Protécti Paschæ véspere
    A devastánte Angelo,
    Erépti de duríssimo
    Pharaónis império.

    Protégés au soir de la Pâque
    contre l’Ange exterminateur,
    nous avons été arrachés
    au dur pouvoir de Pharaon.

    Jam pascha nostrum Christus est,
    Qui immolátus agnus est :
    Sinceritátis ázyma
    Caro eius obláta est.

    C’est le Christ qui est notre Pâque,
    qui est l’agneau immolé ;
    azyme de sincérité,
    c’est sa chair qui est livrée.

    O vere digna hóstia,
    Per quam fracta sunt tártara,
    Redémpta plebs captiváta,
    Réddita vitæ prǽmia.

    O victime vraiment digne
    brisant la porte des enfers :
    le peuple captif est racheté,
    les biens de la vie sont rendus.

    Consúrgit Christus túmulo,
    Victor redit de bárathro,
    Tyránnum trudens vínculo
    Et Paradísum réserans.

    Le Christ se lève de la tombe ;
    il revient de l’abîme en vainqueur,
    poussant le tyran enchaîné,
    rouvrant l’entrée du Paradis.

    [Quǽsumus, Auctor ómnium,
    In hoc pascháli gáudio,
    Ab omni mortis ímpetu
    Tuum defénde pópulum.

    Nous vous prions, Auteur de toute chose,
    en cette joie pascale
    de tout assaut de la mort
    défendez votre peuple.]

    Glória tibi Dómine,
    Qui surrexísti a mórtuis,
    Cum Patre et almo Spíritu,
    In sempitérna sǽcula. Amen.

    Gloire à Vous, Seigneur,
    ressuscité d’entre les morts ;
    avec le Père et l’Esprit bienfaisant,
    dans les siècles éternels.
    Ainsi soit-il.

  • Une première ?

     

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    Mgr Athanasius Schneider a célébré la messe traditionnelle en la cathédrale d’Astana (officiellement Nur-Sultan), capitale du Kazakhstan, le mercredi de Pâques, en présence de l’archevêque Mgr Tomasz Peta.

    New Liturgical Movement souligne que c’est la première fois qu’une messe traditionnelle est célébrée comme messe normale de la cathédrale en présence de l’ordinaire en Asie centrale. Mais je me demande si ce n’est pas une première mondiale, car je ne vois pas d’autre exemple d’un évêque (même auxiliaire) célébrant dans sa cathédrale une messe selon la forme extraordinaire. (Ceci est un appel à la mémoire de mes lecteurs…) C’était aussi le jour du 60e anniversaire de Mgr Schneider. "Sto lat !", comme on dit dans le pays natal de Mgr Peta…

     

    Addendum. Voir les commentaires.

  • La semaine de saint Thomas

    Dans la liturgie byzantine, l’incrédulité paradoxale de saint Thomas (« Ô merveille inouïe : le manque de foi rend plus ferme la foi »), est si importante que le premier dimanche après Pâques est le « dimanche de saint Thomas » et que toute la semaine est la « semaine de saint Thomas ».

    Si l’office souligne à l’envi l’invitation du Seigneur et surtout la réponse de Thomas qui « explore les plaies », la divine liturgie de ce dimanche n’y fait pas allusion (en dehors de l’évangile, naturellement) car elle reste fixée sur la Résurrection. Il y a toutefois un tropaire qui dit : « De sa main avide d’expérience, Thomas scruta ton côté vivifiant, ô Christ Dieu… » Mais il est réservé aux liturgies de la semaine.

    Quant au chant de communion, il est spécifique à cette semaine, bien que le texte, le premier verset du psaume 147, soit un simple appel à louer Dieu. Mais c’est bien sûr ce que chante saint Thomas.

    A Mezzojuso (Sicile), dimanche dernier :

    Ἐπαίνει Ἱερουσαλὴμ τὸν Κύριον, αἴνει τὸν Θεόν σου Σιών. Ἀλληλούϊα.

    Fête le Seigneur, Jérusalem, loue ton Dieu Sion, alléluia.

     

  • Le jésuite qui veut interdire la messe

    Le jésuite Thomas Reese, rédacteur en chef d’America Magazine de 1998 à 2005 (quand un certain Ratzinger le contraignit à démissionner) continue de distiller son venin ici et là, notamment dans « Religion News Service », où il tient une chronique « Signes des temps ». Dans la dernière il écrit notamment (merci à Rorate Caeli):

    Après les réformes pauliniennes de la liturgie, on supposait que la Messe "tridentine" ou latine disparaîtrait. Il fut donné aux évêques le pouvoir de la supprimer dans leurs diocèses, mais certaines personnes se sont accrochées à l'ancienne liturgie jusqu'au schisme.

    Benoît XVI a retiré ce pouvoir aux évêques et a ordonné que tout prêtre pouvait célébrer la Messe tridentine quand bon lui semble.

    Il est temps de rendre aux évêques l'autorité sur la liturgie tridentine dans leurs diocèses. L'Eglise doit être claire sur le fait qu'elle veut que la liturgie non réformée disparaisse et qu'elle ne l'autorise que par bonté pastorale envers les personnes âgées qui ne comprennent pas la nécessité du changement. Les enfants et les jeunes ne devraient pas être autorisés à assister à de telles messes.

    Juste une petite précision : le coup des personnes âgées qui n’y comprennent rien, c’était Paul VI il y a 50 ans… C'est curieux comme les vieux se reproduisent au point de procréer même des jeunes...

  • Saint Justin

    Apologie, 61 (vers l’an 150) :

    Nous vous exposerons maintenant comment, renouvelés par le Christ, nous nous consacrons à Dieu. Si nous omettions ce point dans notre exposition, nous paraîtrions être en faute. Ceux qui croient à la vérité de nos enseignements et de notre doctrine promettent d’abord de vivre selon cette doctrine. Alors nous leur apprenons à prier et à demander à Dieu, dans le jeûne, la rémission de leurs péchés, et nous-mêmes, nous prions et nous jeûnons avec eux. Ensuite, ils sont conduits par nous au lieu où est l’eau, et là, de la même manière que nous avons été régénérés nous-mêmes, ils sont régénérés à leur tour. Au nom de Dieu le père et le maître de toutes choses, et de Jésus-Christ, notre Sauveur, et du Saint-Esprit, ils sont alors lavés dans l’eau. Car le Christ a dit : « Si vous ne renaissez, vous n’entrerez pas dans le royaume des cieux. » Il est bien évident pour tout le monde que ceux qui sont nés une fois ne peuvent pas rentrer dans le sein de leur mère. Le prophète Isaïe, comme nous l’avons dit plus haut, enseigne de quelle manière les pécheurs repentants effaceront leurs péchés. Il s’exprime en ces termes : « Lavez-vous, purifiez-vous, enlevez le mal de vos cœurs, apprenez à bien faire, rendez justice à l’orphelin et défendez la veuve ; venez alors et comptons, dit le Seigneur. Vos péchés vous eussent-ils rendus rouges comme la pourpre, je vous rendrai blancs comme la laine ; fussiez-vous rouges comme l’écarlate, je vous rendrai blancs comme la neige. Mais si vous ne m’écoutez pas, le glaive vous dévorera. C’est la bouche du Seigneur qui a parlé. » Voici la doctrine que les apôtres nous ont transmise sur ce sujet. Dans notre première génération, nous naissons ignorants et selon la loi de la nécessité, d’une semence humide, dans l’union mutuelle de nos parents, et nous venons au monde avec des habitudes mauvaises et des inclinations perverses. Pour que nous ne restions pas ainsi les enfants de la nécessité et de l’ignorance, mais de l’élection et de la science, pour que nous obtenions la rémission de nos fautes passées, on invoque dans l’eau sur celui qui veut être régénéré et qui se repent de ses péchés le nom de Dieu le père et le maître de l’univers. Cette dénomination seule est précisément celle que prononce le ministre qui conduit au bain celui qui doit être lavé. Peut-on donner en effet un nom au Dieu ineffable, et ne serait-ce pas folie orgueilleuse que d’oser dire qu’il en a un ? Cette ablution s’appelle illumination, parce que ceux qui reçoivent cette doctrine ont l’esprit illuminé. Et aussi au nom de Jésus-Christ, qui fut crucifié sous Ponce-Pilate, et au nom de l’Esprit-Saint, qui prédit par les prophètes toute l’histoire de Jésus, est lavé celui qui est illuminé.

  • Saint Herménégilde

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    Eglise Saint-Ildefonse de Séville, retable de la confrérie des tailleurs : Notre Dame des Rois, flanquée de saint Ferdinand et de saint Herménégilde (par Pedro Roldan, 1674).

     

    Saint Grégoire le Grand :

    Le roi Herménégilde, fils de Léovigilde, roi des Visigoths, fut converti de l'hérésie arienne à la foi catholique par les instructions du vénérable Léandre, évêque de Séville, avec lequel je suis lié depuis longtemps d'une étroite amitié. Son père demeuré arien fit tout son possible, par caresses et par menaces, pour le faire retomber dans l'hérésie. Mais Herménégilde ayant répondu avec constance que jamais il n'abandonnerait la vraie foi qu'il avait enfin connue, son père irrité le priva de ses droits au trône, et le dépouilla de tous ses biens. Le jeune roi conçut alors un grand dégoût du royaume terrestre, et se mit à désirer ardemment celui du ciel. Déjà chargé de chaînes, il se couvrit d'un cilice ; il demanda au Dieu tout-puissant la force qui lui était nécessaire, et il regarda désormais les pompes de ce monde qui passe avec d'autant plus de mépris, qu'il reconnaissait par sa captivité même le néant d'une gloire qui avait pu lui être ravie.

    La fête de Pâques étant survenue, son perfide père lui envoya, durant le silence de la nuit, un évêque arien, afin qu'il reçût des mains de cet évêque la communion eucharistique, que celui-ci ne pouvait lui conférer que par un sacrilège, et qu'il rentrât ainsi dans les bonnes grâces du roi. Mais Herménégilde, tout dévoué à Dieu, voyant venir l'évêque arien, lui parla comme il devait, et repoussa par de justes reproches la perfidie qu'il venait lui proposer; car quoique étendu par terre sous le poids de ses chaînes, il n'en conservait pas moins tout le calme et toute l'élévation de son âme.

    L'évêque étant retourné auprès du père, ce prince arien frémit de rage, et envoya sur le champ quelques-uns de ses officiers chargés de faire périr ce très fidèle confesseur de Dieu dans sa prison: ce qui fut exécuté. Etant entrés, ils lui fendirent la tête d'un coup de hache; mais en lui ôtant ainsi la vie du corps, ils ne purent atteindre en lui que ce qu'il avait lui-même méprisé. Bientôt des miracles célestes éclatèrent pour manifester la véritable gloire dont il jouissait; car le silence de la nuit fut tout à coup interrompu par des chants harmonieux qui retentissaient près du corps de ce roi martyr, d'autant plus véritablement roi qu'il était martyr. Quelques-uns rapportent que des lampes allumées parurent aussi durant la nuit autour du corps ; ce qui porta tous les fidèles à le révérer comme celui d'un martyr.

    Le père infidèle et parricide se sentit enfin touché de repentir, et regretta sa faute ; mais ce regret n'alla pas jusqu'à lui faire obtenir le salut. Il reconnut que la foi catholique était la véritable ; mais la crainte que lui inspirait sa nation l'empêcha de la professer. Une maladie lui étant survenue, et se trouvant réduit à l'extrémité, il recommanda à l'évêque Léandre, qu'il avait vivement persécuté autrefois, le roi Reccarède son fils qu'il laissait dans son hérésie, afin que par ses instructions il rendit à ce prince le même service qu'à son frère. Après avoir fait cette recommandation, Léovigilde mourut : et après sa mort, le roi Reccarède voulant imiter, non son père infidèle, mais son frère le martyr, se convertit de l'hérésie arienne, et ramena si complètement à la vraie foi toute la nation des Visigoths qu'il refusa d'admettre dans ses armées quiconque oserait se déclarer ennemi de Dieu en professant l'hérésie. Il ne faut pas s'étonner qu'il soit devenu ainsi le prédicateur de la foi catholique, ce prince qui était le frère d'un martyr, par les mérites duquel il est aidé en ce moment même pour ramener tant d'âmes au sein du Dieu tout-puissant.

    (Dialogues, 3, 31).

  • Aurora lucis rutilat

    L’hymne des laudes au temps pascal, par les moines de Kergonan (sauf la dernière strophe avant la doxologie).

    Aurora lucis rutilat
    caelum laudibus intonat
    mundus exultans jubilat
    gemens infernus ululat

    L’aurore de la Lumière rutile
    Le ciel résonne de louanges
    Le monde exultant jubile
    L’enfer gémissant hulule

    Cum Rex ille fortissimus
    mortis confractis viribus
    pede conculcans tartara
    solvit a pœna miseros

    Quand ce Roi le très fort
    Ayant brisé les puissances de la mort
    Foulant du pied le tartare
    Délivre les malheureux de leur peine.

    Ille qui clausus lapide
    custoditur sub milite
    triumphans pompa nobili
    victor surgit de funere

    Lui qui enfermé par une pierre
    est gardé par des soldats
    Triomphant en noble pompe
    Vainqueur il surgit du tombeau.

    Solutis jam gemitibus
    et inferni doloribus
    Quia surrexit Dominus
    resplendens clamat angelus

    Sont maintenant anéantis les gémissements
    et les douleurs des enfers
    Puisqu’il est ressuscité le Seigneur
    Clame l’ange resplendissant.

    [Quæsumus, Auctor omnium
    in hoc Paschali gaudio
    ab omni mortis impetu
    tuum defende populum

    Nous te demandons, auteur de toutes choses
    Dans cette joie pascale
    De tout assaut de mort
    Défends ton peuple.]

    Gloria tibi Domine
    qui surrexisti a mortuis
    cum Patre et Sancto Spiritu
    in sempiterna sæcula. Amen.

    Gloire à toi Seigneur
    Qui es ressuscité des morts
    Avec le Père et le Saint-Esprit
    Dans les siècles éternels. Amen.

  • Dimanche in albis

    Quasi modo géniti infántes, allelúia, rationabiles, sine dolo lac concupíscite, allelúia, allelúia allelúia.

    Comme des enfants nouveaux-nés, alléluia, spirituels, désirez le lait sans tromperie, alléluia, alléluia.

    Au temps de la chrétienté il n’y avait plus de baptêmes d’adultes et l’on baptisait les enfants à la naissance. De ce fait le nom de ce dimanche, in albis depositis, « quand les vêtements blancs ont été déposés » par les nouveaux baptisés de Pâques, ne correspondait plus à rien concrètement. Et comme pour beaucoup d’autres dimanches, on l’a désigné par les premiers mots de l’introït : « Quasi modo geniti ». Paradoxalement, si vous cherchez « Quasi modo geniti » sur Youtube, la grande majorité des vidéos sont… protestantes. Parce que les luthériens continuent d’appeler ainsi ce dimanche. Même s’ils seraient bien en peine d’en chanter l’antienne d’introït... (En fait il suffit de dire « Quasi modo », mais si l’on n’ajoute pas « geniti » on se retrouve avec une avalanche de vidéos de Notre-Dame de Paris…)

    Le texte est le début d’un verset de la première épître de saint Pierre (2,2). Mais on ne le trouve… quasi nulle part sous cette forme. La quasi-totalité des manuscrits de la vieille latine et de la Vulgate ont : « Sicut modo geniti ». Ce qui est plus immédiatement compréhensible. Et pourtant c’est sous la plume de saint Jérôme qu’on voit « quasi modo ». Et trois fois de suite dans son commentaire d’Isaïe :

    Quasi modo nati parvuli, rationale lac desiderate.

    Quasi modo nati parvuli, rationabile et absque dolo lac desiderate.

    Quasi modo nati parvuli, rationabiles, et absque dolo lac desiderate.

    Saint Jérôme est ensuite le seul (puisque même la liturgie ne le suit pas) à dire : « nati parvuli » pour désigner les petits enfants nouveaux nés.

    Puis il évoque deux fois (de deux façons différentes) le « lait spirituel », et la troisième fois il reproduit curieusement la faute qui se trouve aussi dans le texte liturgique : « comme des petits enfants spirituels ». Le texte grec ne laisse aucun doute sur le fait que c’est le lait qui est spirituel. Mais l’erreur d’attribution de l’épithète, dans les textes latins, n’était pas rare. On la trouve notamment dans les manuscrits prestigieux de Fulda, de Saint-Gall et de Vérone, et dans le non moins prestigieux consensus des codex d’Alcuin. C’est une des nombreuses qualités de la Vulgate clémentine d’avoir imposé le texte authentique.

    La mélodie, qui est d’une noble simplicité, a une intéressante particularité. Elle est du 6e mode, donc la dominante est la. Mais elle ne s’établit jamais sur le la, qui n’est qu’une note de passage. En revanche la note qui est de très loin la plus importante est le fa, qui est la tonique. Certains spécialistes de plain chant ne veulent pas parler de tonique parce que ça renvoie à la musique tonale, et ils ne veulent voir qu’une « note finale ». Mais ici la « note finale » est celle qui sous-tend toute la mélodie…

    Voici une interprétation… tonique de cet introït par les Pères du Saint-Esprit de Chevilly (avant la révolution, en 1957…) :


    podcast

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  • Samedi in albis

    Benedíctus, qui venit in nómine Dómini : benedíximus vobis de domo Dómini : Deus Dóminus, et illúxit nobis, allelúia, allelúia.

    Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur. Nous vous bénissons de la maison du Seigneur. Le Seigneur est Dieu, et il a fait briller sur nous sa lumière, alléluia, alléluia.

    L’antienne d’offertoire paraît faire allusion aux Rameaux, mais le psaume 117 est d’abord un psaume de la Résurrection (c'est pourquoi dans le bréviaire c'est un psaume du dimanche). C’est notamment celui qui a fourni le verset qui a été répété à chaque heure depuis dimanche : « Hæc est dies quam fecit Dominus ; exsultemus, et lætemur in ea. » C’est le jour que fit le Seigneur, exultons et réjouissons-nous en lui. C’est aussi celui qui parle de la pierre rejetée par les bâtisseurs, qui est devenue la pierre d’angle. Et la lumière qui brille ici est bien celle de Pâques.

    La mélodie quant à elle est véritablement aimantée par la dominante do, qui est comme la source de lumière. On remarque que la troisième phrase commence exactement comme a fini la deuxième, sur la même broderie autour du do : sur « Seigneur », et sur « Dieu »…

    Par les moniales d’Argentan.

    podcast

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