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Liturgie - Page 2

  • Saint Jean Eudes

    Être chrétien, c'est être enfant de Dieu et avoir un même Père avec Jésus- Christ, son Fils unique : à ceux qui l'ont reçu il a donné pouvoir de devenir enfants de Dieu (Jn 1, 12). Je m'en vais à mon Père, et à votre Père, dit notre Sauveur (Jn 20, 17). Voyez quel amour de notre Père vers nous, qui veut que nous soyons appelés, et que nous soyons en effet enfants de Dieu, dit saint Jean (I Jn 3, I). Par la création, Dieu est notre créateur, notre principe, notre cause efficiente, notre roi, notre souverain; et nous sommes sa créature, son ouvrage, ses  sujets et ses serviteurs. Mais par notre régénération et nouvelle naissance qui se fait au Baptême, et en laquelle nous recevons un nouvel être et une nouvelle vie toute divine, Dieu est notre Père, et nous sommes ses enfants, et nous pouvons lui dire : Notre Père qui es aux cieux.

    En suite de quoi :

    1. Comme nous sommes sortis, par cette nouvelle naissance, du sein de Dieu notre Père, aussi nous y demeurons toujours, et il est nécessaire qu'il nous porte continuellement dans son sein. Autrement, s'il était un moment sans nous y porter, nous perdrions au même temps le nouvel être et la nouvelle vie que nous avons reçue de lui au Baptême.

    2. Nous sommes frères de Jésus-Christ, de son sang et de sa race royale et divine, et nous entrons dans sa généalogie. De là vient que le chrétien, le nouvel homme et la nouvelle créature qui n'est née que de Dieu, ne connaît point d'autre généalogie que celle de Jésus-Christ, ni d'autre Père que Dieu : N'appelez personne votre «Père» sur la terre (Mt 23, 9). Nous ne connaissons plus personne selon la chair, dit saint Paul (2 Co 5, 16). Et Notre Seigneur : Ce qui est né de l'Esprit est esprit (Jn 3, 6).

    3. Nous sommes cohéritiers du Fils de Dieu, et héritiers de Dieu. Ô merveilles ! Ô dignité ! Ô noblesse ! Ô grandeur du chrétien ! Renonçons à Satan, donnons-nous à Dieu avec un grand désir de vivre désormais comme vrais enfants de Dieu, de ne pas dégénérer de la noblesse de notre naissance, de ne pas faire tort à notre race, et de ne pas déshonorer notre Père.

    Un chrétien, c'est un membre de Jésus-Christ. À raison de quoi nous avons une alliance et union avec Jésus-Christ beaucoup plus noble, plus étroite et plus parfaite que les membres d'un corps humain et naturel n'ont avec leur chef. D'où il s'ensuit : 1. que nous appartenons à Jésus-Christ, comme les membres à leur chef ;- 2. que nous sommes en sa dépendance et en sa conduite, comme les membres sont en la dépendance et en la conduite de leur chef ; -3. que nous ne sommes qu'un avec lui, comme les membres ne sont qu'un avec leur chef. Donnons-nous à Jésus-Christ comme ses membres, et faisons profession désormais de vivre de sa vie. Car ce serait une chose bien monstrueuse de voir un membre vivre d'une autre vie que de la vie de son chef. À raison de quoi saint Grégoire de Nysse dit que le christianisme, c'est faire profession de vivre de la vie de Jésus-Christ.

    Entretiens intérieurs, 9.

    (Dans un autre texte, saint Jean Eudes donne même la citation de saint Grégoire de Nysse en latin : Christianismus est professio vitae Christi. Mais on ne trouve rien de tel chez saint Grégoire de Nysse, même si l’idée évidemment se trouve chez lui comme chez les autres pères. La vraie citation, dans la lettre sur « la profession chrétienne », est : « Le christianisme est l’imitation – mimèsis – de la nature divine » χριστιανισμός ἐστι τῆς θείας φύσεως μίμησις. « Mimèsis » est à prendre au sens platonicien le plus fort, qui contient une idée de participation et de relation vivante.)

  • A Iekaterinbourg

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    Soyouz retransmettait ce matin la divine liturgie depuis l’église de l’Annonciation de Iekaterinbourg. Elle a été construite entre 2010 et 2015 d’après le modèle des églises de la région de la fin du XVIIe et du début du XVIIIe siècle (baroque ouralien ou sibérien). « L'iconostase en porcelaine, d'une beauté unique et décorée de près de 8 kilogrammes d'or, a été réalisée par les maîtres ouraliens d'Ouralmachzavod. » Il reste à réaliser les peintures murales, et à aménager le parc de la Transfiguration qui lui permettra de « revendiquer le titre d’église la plus spectaculaire de Iekaterinbourg ». L'église possède une icône de la Mère de Dieu de Tikhvine du XVIIe siècle (don de Viktor Maslakov, maître d'œuvre au niveau politique de l'aménagement du quartier, « l'un des plus grands projets intégrés d'aménagement du territoire en Russie ») et une icône de la Mère de Dieu de Kazan du XVIIIe. (On voit Viktor Maslakov à partir de 2h19, c'est le laïc à gauche ; il est vice-président de l'Assemblée législative régionale. L'autre est Alexis Vorobyev, le promoteur du quartier, qui a donné l'idée de la construction de l'église ; il est aussi secrétaire régional de "Russie Unie".)

    Une minute de paradis liturgique : le chant pendant l’épiclèse, entre 1h26’40 et 1h28’19. (Nous te chantons, nous te bénissons, nous te rendons grâce, Seigneur, et nous te prions, ô notre Dieu.)

  • 13e dimanche après la Pentecôte

    La présentation de l’épître et de l’évangile par le bienheureux cardinal Schuster :

    Dans l’épître aux Galates (3, 16-22), l’Apôtre fait observer que la loi donnée à Moïse quatre cent trente ans après la divine promesse faite à Abraham et à sa postérité, ne put en abolir les effets, celle-ci étant antérieure, gratuite et absolue, tandis que celle-là eut le caractère d’un contrat temporaire, bilatéral et sujet à annulation du fait de l’une et de l’autre parties. Israël a, le premier, annulé le contrat en reniant le Messie ; il est donc juste que Dieu, lui aussi, abroge la Loi, la remplaçant par l’Évangile. En conséquence, tout monopole religieux cesse dès lors pour les Hébreux, et tous les croyants sont appelés à avoir part à l’héritage de foi promis à Abraham.

    La lecture de saint Luc (17, 11-19) avec le récit de la guérison des dix lépreux, dont un seul, le Samaritain, se montra reconnaissant envers Jésus, prélude à l’orientation future des apôtres qui, chassés par la perfide Judée, se tourneront vers les Samaritains et les Gentils pour leur annoncer l’Évangile avec un grand succès. Ainsi par un secret mais juste jugement de Dieu, les parias de la religiosité juive, qu’étaient les schismatiques de la Samarie et les païens, deviennent les prémices du nouveau royaume messianique, tandis que les héritiers d’Abraham et de David renoncent avec mépris à l’héritage de la Foi.

    Le propre grégorien.

    L'introït.

    Le graduel.

    L'alléluia.

    L'offertoire.

    La communion.

  • Saint Hyacinthe

    Hyacinthe était Polonais ; il naquit de parents nobles et chrétiens au château de Kamin, dans le diocèse de Breslau. Instruit dès l’enfance dans les lettres, il étudia plus tard la sainte Écriture. Mis au nombre des Chanoines de Cracovie, il brilla plus que tous les autres par l’insigne piété de sa vie et sa profonde érudition. Reçu à Rome dans l’Ordre des Frères Prêcheurs par le fondateur même, saint Dominique, il pratiqua avec la plus grande sainteté, jusqu’à la fin de sa vie, la règle parfaite qu’il en avait reçue. Il conserva une perpétuelle chasteté, fit ses délices de la modestie, de la patience, de l’humilité, de l’abstinence et des autres vertus, comme du patrimoine assuré d’un religieux.

    Son brûlant amour pour Dieu le portait souvent à passer des nuits entières à prier et à châtier son corps, auquel il n’accordait d’autre soulagement que l’appui d’une pierre et d’autre couche que la terre nue. Renvoyé dans sa patrie, il fonda à Frisac d’abord, un très grand couvent de son Ordre, puis un second à Cracovie. Après en avoir élevé quatre dans les autres provinces du royaume de Pologne, il y fit d’incroyables fruits de salut par la prédication de la parole divine et la pureté de sa vie. Il ne passa pas de jour sans donner quelque preuve éclatante de sa foi, de sa piété et de sa sainteté.

    Le zèle de ce très saint homme pour le salut du prochain fut divinement signalé par les plus grands miracles. L’un des plus éclatants eut lieu lorsque, près de Wisgrade, il traversa sans bateau la Vistule débordée et fit passer ses compagnons sur les flots en y étendant son manteau. Ayant persévéré, depuis sa profession, près de quarante années dans un genre de vie admirable et annoncé d’avance à ses frères le jour de sa mort, il rendit son âme à Dieu en la fête même de l’Assomption de la Vierge, après avoir récité les Heures canoniales, et reçu avec le plus profond respect, les sacrements de l’Église. Ce fut en prononçant ces paroles : « Entre vos mains, Seigneur, je remets mon esprit », l’an du salut douze cent cinquante-sept. De nouveaux miracles le rendirent illustre après sa mort, et le Pape Clément VIII le mit au nombre des saints.

    Bréviaire

    Les deux noms de lieux sont à préciser. « Frisac » est Friesach en Carinthie. Le premier monastère qu'il fonda dans sa patrie, ce fut à Gdansk. Quant à « Wisgrade », il s’agit de Wyszogród, au nord-ouest de Varsovie.

  • Saint Joachim

    Collecte

    Deus, qui præ ómnibus Sanctis tuis beátum Jóachim Genetrícis Fílii tui patrem esse voluísti : concéde, quǽsumus ; ut, cujus festa venerámur, ejus quoque perpétuo patrocínia sentiámus.

    Dieu, de préférence à tous vos saints, vous avez choisi le bienheureux Joachim pour qu’il fût le père de la Mère de votre Fils : accordez-nous, s’il vous plaît, la grâce d’être constamment protégés par celui dont nous célébrons la fête.

    Secrète

    Súscipe, clementíssime Deus, sacrifícium in honórem sancti Patriarchæ Jóachim, patris Maríæ Vírginis, majestáti tuæ oblátum : ut, ipso cum cónjuge sua et beatíssima prole intercedénte, perféctam cónsequi mereámur remissiónem peccatórum et glóriam sempitérnam.

    Dieu très clément, recevez le Sacrifice offert à votre majesté en l’honneur du saint patriarche Joachim, père de la Vierge Marie ; afin que, lui-même intercédant avec son épouse et sa bienheureuse fille, nous méritions d’obtenir la parfaite rémission de nos péchés et la gloire éternelle.

    Postcommunion

    Quæsumus, omnípotens Deus : ut per hæc sacraménta, quæ súmpsimus, intercedéntibus méritis et précibus beáti Jóachim patris Genetrícis dilécti Fílii tui, Dómini nostri Jesu Christi, tuæ grátiæ in præsénti et ætérnæ glóriæ in futúro partícipes esse mereámur.

    Dieu tout-puissant, exaucez notre demande : par l’intervention des mérites et prières du bienheureux Joachim, père de la Mère de votre Fils bien-aimé notre Seigneur Jésus-Christ, puisse le Sacrement que nous venons de recevoir nous faire participer à votre grâce en ce monde et à la gloire éternelle dans l’autre.

    L’alléluia.

    Saint Joachim selon le protévangile de Jacques.

  • Trisagion

    Un superbe trisagion, au cours de la divine liturgie de la Dormition de la Mère de Dieu ce matin en l'église Saint-Bessarion de Pyli, en Thessalie. A 1h30'38".

  • L’Assomption

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    Allelúia, allelúia.  Assumpta est María in cælum : gaudet exércitus Angelórum. Allelúia.

    Allelúia, allelúia. Marie a été élevée dans les Cieux : l’armée des Anges se réjouit. Alléluia.

    L'Alleluia, bien que riche en neumes, pourrait passer pour un hymne populaire. Il devient rapidement le favori des chanteurs, en particulier des jeunes chanteurs. Chant de jubilation lumineuse imitant celle des anges, il sonne moderne dans sa tonalité majeure et proche du do. Il s'agit pourtant de l'une des plus anciennes mélodies de chant que nous ayons. A l'origine, elle était chantée sur le texte Te gloriosus Apostolorum chorus (cf. l'Alléluia de la fête de saint Barthélemy, apôtre, et de saint Matthieu, évangéliste), et a finalement été adaptée pour être utilisée lors de la Dédicace d'une église pendant le temps pascal. Son adaptation au texte de la fête de l'Assomption est si heureuse qu'on pourrait la considérer comme une composition originale.

    Dom Dominic Johner

    C’est la seule pièce de la messe d’avant 1950 qui ait été gardée après la promulgation du dogme. La voici sous la direction de Dom Joseph Pothier à Rome en 1904, quand il fut nommé par saint Pie X président de la Commission pontificale pour l’édition des livres liturgiques grégoriens :

    Par Solesmes sous la direction de Dom Joseph Gajard en 1930 :

    Et par Solesmes sous la direction de dom Jean Claire en 1972 :

  • Les martyrs de Petrograd

    Tous les jours, l’Eglise orthodoxe russe commémore un ou plusieurs martyrs de la révolution bolchevique. Le 13 août, c’est le métropolite Benjamin de Petrograd et ses compagnons les archimandrites Serge, Jean et Iouri, fusillés lors des procès de Petrograd en 1922. L’Église de Saint-Pétersbourg les célébrait hier de façon particulièrement solennelle.

    La journée a commencé en la cathédrale Saint-Isaac par une divine liturgie présidée par le métropolite Barsanuphe de Saint-Pétersbourg. Le « programme » indiquait qu’« à la fin du service divin la cathédrale Saint-Isaac recevra les pièces des vêtements de saint Tikhon, patriarche de Moscou et de toutes les Russies », dont le centenaire de la mort sera célébré l’année prochaine. Mais on ne voit pas cela sur la vidéo (ou peut-être ce sont les ornements que porte le métropolite Barsanuphe, qui apparaissent moins riches et plus anciens que ceux des évêques concélébrants).

    Le soir a eu lieu un concert spécial à la Philharmonie de la ville, avec la création d’un oratorio de Mikhaïl Malevitch, basé sur la lettre testamentaire envoyée de prison par le métropolite à un prêtre ami. Malevitch, né en 1957, a pris conscience à la chute du communisme que sa vocation était de composer de la musique religieuse. Il donne ici un bel exemple de son talent, même si la lettre elle-même est lue, à la manière de ce qu’on appelait au XIXe siècle un mélodrame. Derrière l’orchestre et le chœur défilent des photos d’époque. Parmi les solistes on remarque la « basse profonde » vedette de la Capella de Saint-Pétersbourg Vladimir Mille. L’oratorio était précédé de la cantate Béni soit celui qui se souvient, de Serge Liapounov, orchestrée par Mikhaïl Malevitch. Cette pièce a été composée par Liapounov pendant les procès de Petrograd. Il était lui-même sur le banc des accusés, mais échappa à la condamnation à mort grâce à sa réputation internationale (il est néanmoins condamné à six mois de prison puis s’exile à Paris, où il meurt peu après).

  • Vigile de l’Assomption

    Stichères du Lucernaire

    Au son des cymbales entonnons des cantiques d'ovation comme prélude à la fête des adieux ; élevons la voix pour chanter près du sépulcre un brillant choral ; car la Mère de Dieu, cette arche dorée, se prépare maintenant à passer de la terre vers les hauteurs, vers la nouvelle vie et la divine splendeur.

    En chœur assemblez-vous de merveilleuse façon en ce jour, saints Apôtres, depuis les confins de l'univers ; car la cité vivante de celui qui domine le monde entier va bientôt s'élever dans la gloire vers le ciel pour exulter comme reine près de son Fils ; et pour sa divine sépulture chantez d'un même cœur avec les armées célestes un chant d'adieu.

    Cortège des prêtres saints, tous les princes et les rois, chœurs des vierges, hâtez-vous maintenant, avec tout le peuple accourez pour chanter ensemble près du tombeau ; la souveraine de l'univers est à la veille, en effet, de gagner le logis éternel pour y remettre son esprit entre les mains de son Fils.

    Vierge toute-sainte, immaculée, avec la multitude des Anges dans le ciel et l'ensemble des humains sur terre nous célébrons ta bienheureuse Dormition, car tu fus la Mère du Créateur de toutes choses, le Christ notre Dieu ; ne cesse pas de l'implorer pour nous qui t'en supplions et mettons en toi notre espérance après Dieu, divine Mère inépousée, toute-digne de nos chants.

    Tropaire

    Peuples, d'avance exultez, fidèlement battez des mains, avec amour rassemblez-vous dans l'allégresse de ce jour, tous ensemble criant de joie, car de terre va s'élever jusqu'en la gloire des cieux la Mère de Dieu qu'en nos hymnes nous glorifions.

  • Saints Hippolyte et Cassien

    La légende en a pris à son aise avec Hippolyte, et elle en a fait successivement un disciple de Novat, un martyr d’Antioche, un évêque de Porto, finalement un soldat et le geôlier de saint Laurent.

    Il s’agit, au contraire, du célèbre Hippolyte, disciple de saint Irénée, prêtre et docteur de l’Église de Rome, qui, à l’occasion de l’élection papale de Callixte, consomma le schisme et devint ainsi le premier antipape. Il est l’auteur d’un grand nombre d’ouvrages théologiques, et sous le titre d’évêque de Rome il jouit, même en Orient, d’une indiscutable autorité. Heureusement d’ailleurs, cette division fut de courte durée, car Hippolyte, ayant été condamné pour la foi, en même temps que Pontien, deuxième successeur de Callixte, rentra dans l’unité de l’Église avant de laisser Rome pour le bagne de Sardaigne, et il mourut martyr catholique en 236.

    Pontien avait succédé, en 230, au pape Urbain. En 235, l’empereur Maximin envoya en exil en Sardaigne, in insula nociva, l’un et l’autre chefs des deux communautés chrétiennes de Rome ; cependant comme l’exil comportait, dans le droit romain, la mort civile, Pontien, ne pouvant plus gouverner l’Église, donna sa démission : discinctus est, selon le catalogue Libérien. Si Hippolyte était encore à la tête de la faction schismatique de la Ville, il dut faire de même ; et ainsi, du commun accord de tout le clergé, l’unité fut rétablie par l’élection du pape Antère, tandis que les deux confesseurs de la foi voguaient vers l’insula nociva. Là, en peu de mois, la malignité de l’air et les souffrances de l’exil brisèrent leurs forces, si bien qu’en cette année même, Pontien mourut, et si Hippolyte ne le précéda pas dans la tombe, il l’y suivit à peu de distance. Antère y était descendu lui aussi après quarante jours seulement de pontificat, et Fabien avait déjà été élu à sa place.

    Quand arriva à Rome la nouvelle de la mort de Pontien et d’Hippolyte, le nouveau pape se rendit lui-même avec un nombreux clergé en Sardaigne, pour recueillir leurs corps et les transporter à Rome.

    Le jour de leur déposition dans le sépulcre est le 13 août, date indiquée par le Calendrier Philocalien. Pontien fut enseveli dans la crypte papale de Callixte ; Hippolyte au contraire qui, officiellement, continua à porter à Rome le simple titre de prêtre, eut un sépulcre somptueux dans un cimetière spécial sur la voie Tiburtine, près de celui de saint Laurent. Rien n’empêche de croire que l’initiative de l’honneur insolite avec lequel furent transportés de Sardaigne les deux corps, revînt surtout à l’ancien groupe des disciples d’Hippolyte.

    (…)

    L’étendue et la variété de la production littéraire d’Hippolyte impressionnèrent vivement toute l’antiquité chrétienne, à ce point que le lointain Orient attribua au Docteur romain — qui, probablement, était de bonne foi — une autorité si indiscutable que nous trouvons des fragments de ses œuvres dans d’anciennes versions latines, syriaques, coptes, arabes, éthiopiques, arméniennes et slaves.

    Nous éprouvons une impression pénible en pensant au schisme qui sépara un certain temps Hippolyte du pape Callixte ; mais nous appliquerons à son cas ce que disait saint Augustin au sujet du désaccord survenu entre saint Cyprien et le pape Étienne : Tout ce qu’il y avait dans l’arbre de trop fécond et de luxuriant dans les branches, le céleste Agriculteur l’a émondé avec la faux du martyre. Ou, comme dit de son côté saint Jérôme, à propos d’un autre grand docteur de l’antiquité, Origène, avec lequel Hippolyte a de nombreux points de ressemblance : « Non imitemur eius vitia, cujus virtutes assequi non possumus » [N’imitons pas les vices de celui dont nous ne sommes pas capables de suivre les vertus]

    Dans le Sacramentaire Léonien, le titre de la messe de ce jour est commun à saint Hippolyte et à saint Pontien ; cependant la préface ne concerne que le premier. Les Sacramentaires postérieurs, au contraire, ont oublié complètement le Pontife mort exilé in insula nociva, pour ne conserver que la mémoire du grand Docteur romain, à la fête de qui, plus tard seulement, fut associée aussi celle de saint Cassien d’Imola.

    [Le martyre de saint Pontien a ensuite été placé en tête du martyrologe romain du 30 octobre, avec renvoi pour sa fête au 19 novembre, où elle a été supplantée par celle de sainte Elisabeth de Hongrie.]

    Bienheureux cardinal Schuster