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Saint Jean Eudes

Être chrétien, c'est être enfant de Dieu et avoir un même Père avec Jésus- Christ, son Fils unique : à ceux qui l'ont reçu il a donné pouvoir de devenir enfants de Dieu (Jn 1, 12). Je m'en vais à mon Père, et à votre Père, dit notre Sauveur (Jn 20, 17). Voyez quel amour de notre Père vers nous, qui veut que nous soyons appelés, et que nous soyons en effet enfants de Dieu, dit saint Jean (I Jn 3, I). Par la création, Dieu est notre créateur, notre principe, notre cause efficiente, notre roi, notre souverain; et nous sommes sa créature, son ouvrage, ses  sujets et ses serviteurs. Mais par notre régénération et nouvelle naissance qui se fait au Baptême, et en laquelle nous recevons un nouvel être et une nouvelle vie toute divine, Dieu est notre Père, et nous sommes ses enfants, et nous pouvons lui dire : Notre Père qui es aux cieux.

En suite de quoi :

1. Comme nous sommes sortis, par cette nouvelle naissance, du sein de Dieu notre Père, aussi nous y demeurons toujours, et il est nécessaire qu'il nous porte continuellement dans son sein. Autrement, s'il était un moment sans nous y porter, nous perdrions au même temps le nouvel être et la nouvelle vie que nous avons reçue de lui au Baptême.

2. Nous sommes frères de Jésus-Christ, de son sang et de sa race royale et divine, et nous entrons dans sa généalogie. De là vient que le chrétien, le nouvel homme et la nouvelle créature qui n'est née que de Dieu, ne connaît point d'autre généalogie que celle de Jésus-Christ, ni d'autre Père que Dieu : N'appelez personne votre «Père» sur la terre (Mt 23, 9). Nous ne connaissons plus personne selon la chair, dit saint Paul (2 Co 5, 16). Et Notre Seigneur : Ce qui est né de l'Esprit est esprit (Jn 3, 6).

3. Nous sommes cohéritiers du Fils de Dieu, et héritiers de Dieu. Ô merveilles ! Ô dignité ! Ô noblesse ! Ô grandeur du chrétien ! Renonçons à Satan, donnons-nous à Dieu avec un grand désir de vivre désormais comme vrais enfants de Dieu, de ne pas dégénérer de la noblesse de notre naissance, de ne pas faire tort à notre race, et de ne pas déshonorer notre Père.

Un chrétien, c'est un membre de Jésus-Christ. À raison de quoi nous avons une alliance et union avec Jésus-Christ beaucoup plus noble, plus étroite et plus parfaite que les membres d'un corps humain et naturel n'ont avec leur chef. D'où il s'ensuit : 1. que nous appartenons à Jésus-Christ, comme les membres à leur chef ;- 2. que nous sommes en sa dépendance et en sa conduite, comme les membres sont en la dépendance et en la conduite de leur chef ; -3. que nous ne sommes qu'un avec lui, comme les membres ne sont qu'un avec leur chef. Donnons-nous à Jésus-Christ comme ses membres, et faisons profession désormais de vivre de sa vie. Car ce serait une chose bien monstrueuse de voir un membre vivre d'une autre vie que de la vie de son chef. À raison de quoi saint Grégoire de Nysse dit que le christianisme, c'est faire profession de vivre de la vie de Jésus-Christ.

Entretiens intérieurs, 9.

(Dans un autre texte, saint Jean Eudes donne même la citation de saint Grégoire de Nysse en latin : Christianismus est professio vitae Christi. Mais on ne trouve rien de tel chez saint Grégoire de Nysse, même si l’idée évidemment se trouve chez lui comme chez les autres pères. La vraie citation, dans la lettre sur « la profession chrétienne », est : « Le christianisme est l’imitation – mimèsis – de la nature divine » χριστιανισμός ἐστι τῆς θείας φύσεως μίμησις. « Mimèsis » est à prendre au sens platonicien le plus fort, qui contient une idée de participation et de relation vivante.)

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