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Saints Hippolyte et Cassien

La légende en a pris à son aise avec Hippolyte, et elle en a fait successivement un disciple de Novat, un martyr d’Antioche, un évêque de Porto, finalement un soldat et le geôlier de saint Laurent.

Il s’agit, au contraire, du célèbre Hippolyte, disciple de saint Irénée, prêtre et docteur de l’Église de Rome, qui, à l’occasion de l’élection papale de Callixte, consomma le schisme et devint ainsi le premier antipape. Il est l’auteur d’un grand nombre d’ouvrages théologiques, et sous le titre d’évêque de Rome il jouit, même en Orient, d’une indiscutable autorité. Heureusement d’ailleurs, cette division fut de courte durée, car Hippolyte, ayant été condamné pour la foi, en même temps que Pontien, deuxième successeur de Callixte, rentra dans l’unité de l’Église avant de laisser Rome pour le bagne de Sardaigne, et il mourut martyr catholique en 236.

Pontien avait succédé, en 230, au pape Urbain. En 235, l’empereur Maximin envoya en exil en Sardaigne, in insula nociva, l’un et l’autre chefs des deux communautés chrétiennes de Rome ; cependant comme l’exil comportait, dans le droit romain, la mort civile, Pontien, ne pouvant plus gouverner l’Église, donna sa démission : discinctus est, selon le catalogue Libérien. Si Hippolyte était encore à la tête de la faction schismatique de la Ville, il dut faire de même ; et ainsi, du commun accord de tout le clergé, l’unité fut rétablie par l’élection du pape Antère, tandis que les deux confesseurs de la foi voguaient vers l’insula nociva. Là, en peu de mois, la malignité de l’air et les souffrances de l’exil brisèrent leurs forces, si bien qu’en cette année même, Pontien mourut, et si Hippolyte ne le précéda pas dans la tombe, il l’y suivit à peu de distance. Antère y était descendu lui aussi après quarante jours seulement de pontificat, et Fabien avait déjà été élu à sa place.

Quand arriva à Rome la nouvelle de la mort de Pontien et d’Hippolyte, le nouveau pape se rendit lui-même avec un nombreux clergé en Sardaigne, pour recueillir leurs corps et les transporter à Rome.

Le jour de leur déposition dans le sépulcre est le 13 août, date indiquée par le Calendrier Philocalien. Pontien fut enseveli dans la crypte papale de Callixte ; Hippolyte au contraire qui, officiellement, continua à porter à Rome le simple titre de prêtre, eut un sépulcre somptueux dans un cimetière spécial sur la voie Tiburtine, près de celui de saint Laurent. Rien n’empêche de croire que l’initiative de l’honneur insolite avec lequel furent transportés de Sardaigne les deux corps, revînt surtout à l’ancien groupe des disciples d’Hippolyte.

(…)

L’étendue et la variété de la production littéraire d’Hippolyte impressionnèrent vivement toute l’antiquité chrétienne, à ce point que le lointain Orient attribua au Docteur romain — qui, probablement, était de bonne foi — une autorité si indiscutable que nous trouvons des fragments de ses œuvres dans d’anciennes versions latines, syriaques, coptes, arabes, éthiopiques, arméniennes et slaves.

Nous éprouvons une impression pénible en pensant au schisme qui sépara un certain temps Hippolyte du pape Callixte ; mais nous appliquerons à son cas ce que disait saint Augustin au sujet du désaccord survenu entre saint Cyprien et le pape Étienne : Tout ce qu’il y avait dans l’arbre de trop fécond et de luxuriant dans les branches, le céleste Agriculteur l’a émondé avec la faux du martyre. Ou, comme dit de son côté saint Jérôme, à propos d’un autre grand docteur de l’antiquité, Origène, avec lequel Hippolyte a de nombreux points de ressemblance : « Non imitemur eius vitia, cujus virtutes assequi non possumus » [N’imitons pas les vices de celui dont nous ne sommes pas capables de suivre les vertus]

Dans le Sacramentaire Léonien, le titre de la messe de ce jour est commun à saint Hippolyte et à saint Pontien ; cependant la préface ne concerne que le premier. Les Sacramentaires postérieurs, au contraire, ont oublié complètement le Pontife mort exilé in insula nociva, pour ne conserver que la mémoire du grand Docteur romain, à la fête de qui, plus tard seulement, fut associée aussi celle de saint Cassien d’Imola.

[Le martyre de saint Pontien a ensuite été placé en tête du martyrologe romain du 30 octobre, avec renvoi pour sa fête au 19 novembre, où elle a été supplantée par celle de sainte Elisabeth de Hongrie.]

Bienheureux cardinal Schuster

Commentaires

  • Passionnant!
    " En 235, l’empereur Maximin envoya en exil en Sardaigne, in insula nociva,"
    D'autres manuscrits portent "in Sardinia in insula bucina". Dans l'Antiquité "Buccina" désignait un archipel d' îles sardes, en relation avec l'extraction de la pourpre de coquillages du genre "buccinum". Ce sont les mauvais traitements et les travaux forcés des exilés qui étaient "nocifs". On ne voit pas la Sardaigne mériter ce qualificatif à part les quelques rares régions marécageuses comme partout ailleurs à cause du paludisme.
    Page 166
    https://www.persee.fr/doc/mefr_1123-9883_2008_num_120_1_9475

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