L’Université d’al-Azhar est aujourd’hui, comme chacun le sait, en faveur d’un Etat « moderne et démocratique ». Et pour donner une preuve de sa propre évolution « moderne et démocratique », son numéro 2, le cheikh Abbas Shuman, déclare que l’université islamique n’exclut pas d’ouvrir les portes de ses facultés « civiles »… aux coptes.
A condition bien sûr qu’ils remplissent les conditions d’admission.
Parmi les épreuves de l’examen d’entrée, il y a la récitation par cœur d’une partie du Coran…
La déclaration d’Abbas Shuman n’est évidemment qu’un attrape-nigaud à destination des journalistes occidentaux, comme toutes les déclarations de ce genre faites par les dirigeants d’Al-Azhar. (C’est aussi chaque fois une marque verbale d’allégeance au pouvoir égyptien.)
Dans le cas présent, il se trouve que le même Abbas Shuman avait évoqué la question il y a un peu moins d’un an. Le député Mohammed Abu Hamed avait alors annoncé son intention de présenter une proposition de loi visant à permettre aux chrétiens de fréquenter les cours d’Al-Azhar et d’en obtenir les diplômes. Le propos avait fait polémique, et Abbas Shuman avait fait remarquer que les cours donnés par l’université n’étaient « pas adaptés aux chrétiens » puisque pour y être admis il faut connaître de manière approfondie et mémoriser de larges sections du Coran…
Quant au doyen de la faculté d’études islamiques, il avait déclaré que la proposition n’était qu’une inutile provocation, dans la mesure où l’éventuelle entrée d’un étudiant chrétien présupposerait de sa part une familiarité avec le Coran de facto impraticable de la part de ceux qui n’appartiennent pas à la communauté islamique…
N.B. Mohammed Abu Hamed fut un actif participant de la première heure de la « révolution du 25 janvier » qui renversa Moubarak. Il fut alors l’un des fondateurs du « parti des Egyptiens libres », fut élu député et devint président de son groupe parlementaire. Il est toujours membre de ce parti, tout en étant porte-parole du Front des partisans de Sissi… qui a restauré le système Moubarak après l’épisode de dictature islamique installée grâce à la… démocratie.