Président de la CSU depuis 2008, et président de la Bavière, qui vient d’être nommé ministre de l’Intérieur dans la nouvelle grande coalition de Merkel, Horst Seehofer est connu pour son ancrage à droite (CSU oblige, quand même), et ses critiques virulentes de la politique de Merkel concernant les « migrants ».
Il a accepté le poste de ministre de l’Intérieur à condition qu’on y ajoute « et de la Patrie ».
Et comme on pouvait s’en douter il n’a pas attendu longtemps pour montrer sa différence : deux jours. Le quotidien Bild a publié une interview du ministre et en a retiré ce propos pour en faire son gros titre : « L'islam n'appartient pas à l'Allemagne ! »
Seehofer répond à une question à propos de ce qu’avait dit en 2010 le président fédéral : « L’islam aujourd’hui fait partie de l’Allemagne », phrase reprise plusieurs fois par Angela Merkel :
Non. L'islam n'appartient pas à l'Allemagne. L'Allemagne est marquée par le christianisme. Le dimanche chômé, les jours fériés chrétiens et les rituels comme Pâques, la Pentecôte ou Noël en font partie. Mais les musulmans qui vivent chez nous appartiennent évidemment à l'Allemagne. Cela ne signifie naturellement pas que nous abandonnions pour de fausses considérations nos traditions et des usages typiquement de chez nous.
De quoi faire hurler dans les rangs du SPD, et même dans les rangs de la CDU fidèles à Angela Merkel.
Celle-ci vient de réitérer sa position, via un porte-parole :
Il y a aujourd'hui quatre millions de musulmans qui vivent en Allemagne et qui y pratiquent leur religion, ces musulmans appartiennent à l'Allemagne, tout comme leur religion, l'islam.
L’aveuglement sur cette "religion" est donc toujours complet. Peut-être Horst Seehofer pourra-t-il lui ouvrir les yeux ?
En attendant l’AfD proteste que Seehofer a repris textuellement un de ses slogans (ce qui est vrai: Der Islam gehört nicht zu Deutschland !), et certains pensent qu’il a parlé ainsi pour couper l’herbe sous le pied de l’AfD (aujourd’hui premier parti d’opposition), dans la perspective des élections en Bavière en octobre prochain.
Après la provocation du SPD voici donc la provocation de Seehofer. Dans un gouvernement qui a trois jours d’existence…
On s’intéressera surtout à ce que fera le Bavarois comme ministre de l’Intérieur, donc de l’immigration.