Margrethe II est reine du Danemark depuis… 1972. Elle n’intervient pas dans les débats politiques, car ce n’est pas son rôle. Néanmoins elle a déjà montré qu’elle n’avait pas sa langue dans sa poche, et elle récidive, dans un livre rédigé avec le journaliste danois Thomas Larsen. Pour parler de l’immigration. Et pour en parler de façon responsable, en harmonie avec son peuple.
Le gouvernement est exclusivement composé de membres du parti libéral du Premier ministre Rasmussen (34 sièges au Parlement), mais il doit s’appuyer notamment sur le parti du peuple danois (37 sièges) – le parti dit populiste qui a véritablement renversé la domination sociale-démocrate, pour avoir une majorité. C’est pourquoi les contrôles aux frontières ont été rétablis, une loi permet aux autorités de saisir les actifs des migrants pour payer leur séjour, et le pays n’a accueilli que moins de 15.000 « réfugiés ».
« Ce n’est pas une loi de la nature que l’on devienne danois en vivant au Danemark, dit la reine. Cela n’arrive pas nécessairement. Nous pensions que ces choses-là se faisaient d’elles-mêmes. Que si vous marchez dans les rues, de Copenhague et buvez l’eau municipale et prenez le bus municipal, vous devenez vite un Danois. C’était tellement évident pour nous que nous pensions que c’était évident aussi pour ceux qui s’installent pour vivre ici. Ce ne l’était pas. »
Il n’y a pas eu de problème avec les migrants d’Asie du Sud-Est, mais ceux qui viennent du Proche Orient « mettent longtemps à trouver leurs marques ».
Elle admet que l’ampleur des nouvelles arrivées à travers l’Europe ces 18 derniers mots ont changé son opinion sur l’immigration qu’elle trouvait « géniale », comme tous les Danois, dans les années 60 quand elle était jeune.
A propos des « valeurs culturelles » qu’apportent les nouveaux migrants elle dit : « Nous ne pouvons pas prétendre qu’elles vont s’estomper d’elles-mêmes. Elles ne le feront pas. Beaucoup d’entre nous pensaient que les gens qui viennent dans un lieu étranger sont une sorte de papier buvard qui absorbe tout ce qui est nouveau pour eux. Et la tâche devient plus difficile quand arrivent en même temps tant de gens avec des coutumes diverses et une religion particulière… »
Et elle accuse les personnalités politiques de trahir les valeurs européennes au nom du politiquement correct :
« Si vous ne pouvez pas formuler ce pour quoi vous vous battez, il est difficile de l’expliquer aux autres. Vous devez être convaincants et, chaque fois que c’est nécessaire, taper du poing sur la table et dire : “Hé, ça ne va pas !”. »
Le ministre de la Culture, Bertel Haarder, a déclaré que la reine exprimait les préoccupations de nombreux Danois. Il a ajouté : « La reine a décrit précisément le cheminement par lequel sont passés beaucoup d’entre nous. Je me rappelle que je disais, au début de mon mandat comme ministre de l’Intégration, que le nombre de migrants et de réfugiés n’avait pas d’importance tant qu’ils trouvaient du travail. Cela sonnait bien, mais malheureusement ce n’est pas vrai. C’est le nombre le problème. »