Une interview de François a été diffusée par la radio FM 88.1 dans un bidonville de Buenos Aires hier jeudi, jour du premier anniversaire de son pontificat (cf. ici ou là).
Dans cette interview, il fait l’éloge des prêtres qui se sont dévoués auprès des plus pauvres, et particulièrement de ceux du « Mouvement des prêtres pour le tiers monde » : « Ils n’étaient pas communistes, mais de grands prêtres qui luttaient pour la vie : ils travaillaient pour apporter la parole de Dieu aux laissés-pour-compte. Ils étaient des prêtres qui écoutaient le peuple de Dieu et luttaient pour la justice. » Et d’insister que le Mouvement des prêtres pour le tiers monde (Sacerdotes para el III Mundo, Chrétiens révolutionnaires - cliquer sur la couverture de la revue ci-dessus) n’était pas influencé par l’idéologie marxiste de la théologie de la libération qui avait conduit Rome à la condamner.
Le héros et martyr (assassiné alors qu’il montait dans sa Renault 4…) du Mouvement était le prêtre jésuite Carlos Mugica, dont un bidonville de Buenos Aires a pris le nom.
Un site éphémère (août 2008 – janvier 2009) à sa gloire a publié un texte de Carlos Mugica, dont il suffit de citer quelques phrases pour comprendre de quoi il s’agit :
« En tant que Mouvement des prêtres pour le tiers monde, nous nous battons pour le socialisme en Argentine comme étant le seul système qui puisse donner des relations fraternelles entre les hommes. »
« Si aujourd’hui ceux qui se disent catholiques en Argentine avaient mis toutes leurs terres en commun, toutes leurs maisons en commun, il n’y aurait pas besoin de réforme agraire. »
« Au fond les divergences idéologique se résument en deux alternatives : l’une est l’alternative capitaliste, qui est basée fondamentalement sur le fait que quelques-uns sont propriétaires des moyens de production, c’est-à-dire les biens qui produisent les biens, à savoir les machines dont on tire le profit. (…) L’autre alternative est le socialisme, dans lequel la communauté a le contrôle et la propriété des moyens de production. Ils ne sont pas à un seul ou à quelques-uns, mais à tous. Le contrôle populaire des moyens de production conduit à ce que les biens ne sont pas à quelques-uns mais à tous. »
« Les hommes sont conditionnés, déterminés par les structures dans lesquelles ils vivent. »
« La libération doit être réalisée dans tous les secteurs où il y a oppression. Dans l’ordre juridique, politique, culturel, économique et social. »
« Le problème de la violence n’est pas un problème virginal : « Je n’aime pas la violence… » Il faut être dénaturé pour être favorable à la violence si l’option est violence-non-violence. Le problème est que je ne peux pas rester passivement silencieux devant la situation de terrible violence institutionnelle que je vis, parce que si je le fais, je suis un meurtrier de mon peuple qui meurt de faim. »
Ce qui est amusant est que si vous retirez du texte ces phrases clairement marxistes-léninistes, vous obtenez un discours standard de François…
(Les référence aux Prêtres pour le tiers monde et à Carlos Mugica viennent de messages du Forum catholique.)