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A propos des « pélagiens »

Je crois avoir trouvé une réponse à la question qui me poursuit depuis que François a traité de « pélagiens », à plusieurs reprises, tous ceux que l’on peut étiqueter « traditionalistes » au sens le plus large.

C’est dans un livre de… Joseph Ratzinger : Regarder le Christ, publié en 1992.

Dans le chapitre « Espérance et amour », page 96, le cardinal Ratzinger évoque « le pélagianisme des pieux » : « Ils ne veulent pas de “par-don” et, d’une façon générale, ils ne veulent recevoir aucun don de Dieu. Ils veulent être en règle, et obtenir non le pardon, mais le juste salaire. Ce n’est pas l’espérance qu’ils voudraient, mais la sécurité. Ils veulent se procurer un droit à la béatitude à force de rigorisme dans les exercices religieux, à force de prières et d’actions. Il leur manque l’humilité nécessaire à toute espèce d’amour, l’humilité de recevoir un cadeau qui dépasse leurs mérites et leurs actions. Nous trouvons là un refus de l’espérance au profit de la sécurité, qui repose sur l’incapacité à supporter la tension vers ce qui doit venir, et à s’abandonner à la bonté de Dieu. »

J’ai rencontré des gens qui en effet ressemblent à cela. Ils croient qu’ils « font » leur salut alors que le salut se reçoit. Mais il est extravagant de voir ainsi tous les « traditionalistes ». Et cela pour une raison très précise qui distingue les traditionalistes d’aujourd’hui des « pélagiens pieux » des deux ou trois siècles passés : c’est qu’ils s’intéressent de près à la liturgie (à cause de la révolution liturgique). Or la liturgie est au moins un correctif, et si l’on vit de la liturgie un remède radical, car la liturgie fait du fidèle un suppliant, un mendiant de la miséricorde, du pardon, de l’amour de Dieu. Voilà pourquoi même ceux qui ressemblent à des « pélagiens pieux » aujourd’hui ne le sont pas, ou ne le sont que par un reste de spiritualité déviée encore véhiculée par certains prêtres qui la croient traditionnelle.

D’autre part, il n’est pas indifférent que le cardinal Ratzinger n’évoque le « pélagianisme des pieux » qu’après avoir évoqué un autre pélagianisme, qu’il appelle (à la suite de Joseph Pieper, précise-t-il) « le pélagianisme bourgeois ». (Ce sont les deux variantes de la « présomption ».)

Le pélagien bourgeois est celui qui se dit que Dieu « ne peut pas être aussi terriblement exigeant que me le laisse entendre la foi de l’Eglise ». Ça ne vous rappelle rien ?

Commentaires

  • Notre cher François, à fond dans la caricature, piégeur, piégé?
    M'est idée que ça ne lui plairait guère...

  • Les pélagiens niaient la réalité du Péché originel. Et je n'ai jamais rencontré un seul traditionaliste niant le Péché originel. Par contre j'ai rencontré des wagons de progressistes et de modernistes qui le nient. Ce sont eux, les pélagiens...

  • Je retiens de cette lecture que les "pélagiens" si le terme vise les "tradis" lorsqu'il est employé par le Pape François sont l'exception de l'exception car en général les "tradis" connaissent bien le magister et si l'on peut les considérer comme sévères dans leur jugement ils sont tout sauf des ignorants, et savent parfaitement que le Salut est bien le problème, tout comme la miséricorde est divine!
    Par contre les "pélagiens" bourgeois, là c'est autre chose.
    Moralité de l'affaire, merci à François d'avoir mis en avant ce terme qui fait référence à une hérésie des premiers temps de l'Eglise et à laquelle bien peu de catholiques lambda d'aujourd'hui avaient souvenir, mais qui surtout permet de mieux découvrir l'importance de la richesse et de la précision de l'enseignement de son prédécesseur, l'actuel Pape émérite Benoît XVI, et d'y porter encore plus attention et avec quel profit!

  • Ne soyons pas si critique envers celui que Dieu a choisi pour nous enseigner la foi sur terre . Remettons nous en question NOUS avant de juger le pape vicaire du Christ .
    Vive le Christ Roi

  • "A leurs fruits, vous les reconnaîtrez"
    Paroles du fondateur de l'Eglise, notre Seigneur Jésus-Christ, chef de l'Eglise.
    "reconnaître" implique d'exercer un jugement sur les "fruits". S'ils sont mauvais, l'arbre est mauvais. Si le Christ nous demande d'exercer un discernement, c'est qu'il nous donnera les moyens d'exercer ce jugement.
    Les légalistes se jetteront dans les bras de l'Antéchrist, qu'ils prendront pour un restaurateur et un sauveur.
    La liquidation des anciennes chrétientés des pays non-occidentaux est un passage obligé: nous y sommes.

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