La Conférence de la famille n’aura pas lieu cette année. Elle devait être organisée début juillet, mais on n’a rien vu venir. Pourtant, en début d’année, les associations avaient été mobilisées sur les deux thèmes choisis par le gouvernement Villepin (temps périscolaire et temps extrascolaire), deux groupes de travail avaient été constitués par le ministre Philippe Bas, et deux rapports préparatoires lui avaient été remis le 10 avril. Depuis lors, plus rien. Silence radio.
Entre temps, il y a eu les élections, et la formation d’un nouveau gouvernement. Dans lequel le mot famille a disparu. Certes, dans le gouvernement précédent, il fallait avoir la patience de lire toutes les attributions de Philippe Bas pour la trouver, reléguée in fine : il était ministre de la Santé, des Solidarités, de la Sécurité sociale, des Personnes âgées, des Personnes handicapées... et de la Famille. Mais aujourd’hui, le mot famille a été rayé de l’organigramme gouvernemental.
S’il n’y a plus de ministre de la Famille, il est logique qu’il n’y ait plus de Conférence de la famille, même si le ministre du Travail Xavier Bertrand a prétendu qu’il « continuerait » à s’en occuper. Car Xavier Bertrand était le ministre de la Santé , etc., dont Philippe Bas était ministre délégué à la Sécurité sociale, etc., avant de quitter le gouvernement pour faire la campagne de Nicolas Sarkozy.
C’est donc au ministère du Travail qu’il faut s’adresser pour savoir de quoi il retourne. Et l’on apprend aujourd’hui que ce ministère (qui, rappelons-le, n’est pas officiellement en charge de la Famille) « travaille avec les associations familiales et la CNAF sur l ‘évolution de la Conférence de la famille, l’objectif étant de renforcer le pilotage de la politique de la famille, et de l’ancrer dans le concret ». L’une des hypothèses, selon le journal Les Echos, serait d’instaurer un Conseil d’orientation des politiques familiales, du type du Conseil d’orientation des retraites.
Bref, on enterre la Conférence de la famille.
Certes, cette grand-messe annuelle ne servait quasiment à rien, sinon que le gouvernement s’en servait pour montrer qu’il s’occupait de la famille, et annonçait à cette occasion une mesurette ou deux. Toutefois, on parlait encore de la famille. Désormais, on n’en parlera même plus.
Il convient de rappeler que la Conférence de la famille ne dépend pas du bon vouloir des gouvernements. La loi du 25 juillet 1994 stipule : « Le gouvernement organise chaque année une conférence annuelle de la famille à laquelle il convie le mouvement familial et les organismes qualifiés. » Si le gouvernement veut supprimer la Conférence de la famille, il lui faudra modifier la loi. Ce qui attirera l’attention de tous sur ce mauvais coup, au moins symbolique, contre la cellule de base de la société.