On pensait que le mot de « souveraineté » était banni à la Commission européenne. De fait on ne peut qu’être surpris d’entendre un porte-parole, en l’occurrence Michele Cercone, porte-parole du commissaire aux Affaires intérieures, invoquer la « pleine souveraineté » des Etats membres.
Il s’agit de l’affaire de Malte qui va vendre ses passeports aux étrangers 650.000 € pièce.
« Les Etats membres ont pleine souveraineté pour décider à qui et comment octroyer leur nationalité », a dit le porte-parole, soulignant que cela a été plusieurs fois confirmé par la Cour de Justice européenne.
Curieusement, le porte-parole ne fait aucune allusion au fait que si Malte vend sa nationalité, elle vend en même temps la citoyenneté européenne. Car depuis Maastricht, et c’est clairement indiqué sur les passeports, la nationalité d’un Etat de l’UE implique la citoyenneté de l’UE. Donc, pour une fois que la Commission parle de « pleine souveraineté », ce n’est même pas vrai.
Mais elle laisse faire. Pour une raison qui m’échappe, sa frénésie de réglementation et de contrôle ne s’étend pas à la vente et à l’achat de la citoyenneté européenne…
On découvre à cette occasion que d’autres pays vendent déjà, plus ou moins discrètement, leur nationalité. Mais c’est plus cher, voire beaucoup plus cher. Au Portugal, l’étranger qui investit plus d'1 million d’euros devient portugais au bout de cinq ans. En Autriche, l’étranger qui fait un don de 3 millions à une bonne œuvre ou fait un investissement de 10 millions obtient un passeport. A Chypre, on devient chypriote si on dépose plus de 17 millions d’euros à la banque. Mais depuis la faillite de l’Etat et le plan de renflouement, tout étranger qui a perdu plus de 3 millions dans l’affaire devient chypriote...