Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Benoît XVI - Page 93

  • Un synode sur la Parole de Dieu

    Mgr Nikola Eterovic, secrétaire général du Synode des évêques, a présenté hier les Lineamenta du prochain synode, qui se déroulera du 5 au 26 octobre 2008 : "La Parole de Dieu dans la vie et la mission de l’Eglise".

    Ce document de travail préliminaire comprend aussi un questionnaire, adressé à tous les évêques et aux responsables d’ordres religieux.

    Le Synode de 2008 se propose de « contribuer à éclairer les aspects fondamentaux de la vérité de la Révélation, que sont la Parole de Dieu, la Tradition, la Bible et le Magistère ». Ces sources « motivent et garantissent un cheminement de foi correct et efficace, qui est en mesure de provoquer un attachement profond à l’Ecriture », à condition que les chrétiens puissent largement y avoir accès, de manière « à renouveler l’écoute dans la liturgie et la catéchèse, dans l’exercice notamment d’une Lectio Divina bien adaptée aux diverses circonstances, et à offrir au pauvre consolation et réconfort ».

    Le texte souligne que « Tradition et Ecriture dans l’Eglise sont un unique dépôt de la Parole divine », et que « l’écoute religieuse de la Parole de Dieu est l’élément fondamental de la rencontre de l’homme avec Dieu ».

    « Il faut admettre que la majorité des chrétiens n’a pas de contact effectif et personnel » avec l’Ecriture sainte, constate le texte, qui évoque « les graves phénomènes de l’ignorance et de l’incertitude de la doctrine », le « risque d’une interprétation arbitraire ou réductrice », le « détachement de nombreux chrétiens à l’égard de la Bible, ainsi que le risque d’un usage incorrect de celle-ci », en particulier face au relativisme.

    Pour en savoir plus, dans l’attente de la publication de ce texte sur le site du Vatican, on se reportera à VIS, APIC et Eucharistie miséricordieuse.

  • A propos des « points non négociables »

    Enfin c’en est fini des jongleries sur les « points non négociables » de Benoît XVI. Fini de comparer la carpe et le lapin, de multiplier les arguties et de bavarder sur le meilleur des mondes. Désormais il reste deux candidats, qui tous deux sont ouvertement des candidats de la culture de mort. De ce côté-là, on est donc tranquille avec ces bons cathos qui trouvaient que Le Pen était trop ceci ou pas assez cela, qui ont donc voté Villiers ou se sont abstenus, et qui ont donc gonflé le score de Villiers et celui de l’abstention à un point qui laisse pantois...

    C’en est fini jusqu’au 6 mai. Mais après, il y a les législatives. Et sans aucun doute ça va recommencer. Alors, si j’arrive en retard pour la présidentielle (pardonnez-moi, mes urgences n’étaient pas là), je prends les devants pour les législatives. Comme ça ce sera fait, une fois pour toutes.

    Les trois « points non négociables » (pas un de plus, pas un de moins) sont devenus une sorte de dogme électoral dans certains milieux. Mais ces dogmatiques des « trois points non négociables » oublient deux préalables qui sont des conditions sine qua non.

    Le premier préalable est ce qui fonde la légitimité des « points non négociables ». Ils ne peuvent pas exister légitimement en dehors de ce qui les fonde. Jean-Paul II était très clair là-dessus, et il est évident que Benoît XVI n’avait aucunement l’intention de le contredire. Au cœur de l’encyclique Evangelium vitae, il n’y a pas trois points non négociables, mais ceci :

    « En réalité, la démocratie ne peut être élevée au rang d'un mythe, au point de devenir un substitut de la moralité ou d'être la panacée de l'immoralité. Fondamentalement, elle est un « système » et, comme tel, un instrument et non pas une fin. Son caractère « moral » n'est pas automatique, mais dépend de la conformité à la loi morale, à laquelle la démocratie doit être soumise comme tout comportement humain: il dépend donc de la moralité des fins poursuivies et des moyens utilisés. Si l'on observe aujourd'hui un consensus presque universel sur la valeur de la démocratie, il faut considérer cela comme un « signe des temps » positif, ainsi que le Magistère de l'Eglise l'a plusieurs fois souligné. Mais la valeur de la démocratie se maintient ou disparaît en fonction des valeurs qu'elle incarne et promeut: sont certainement fondamentaux et indispensables la dignité de toute personne humaine, le respect de ses droits intangibles et inaliénables, ainsi que la reconnaissance du « bien commun » comme fin et comme critère régulateur de la vie politique. »

    La première condition du vote n’est donc pas le respect des « points non négociables » (on voit du reste que ceux que Jean-Paul II indique sont beaucoup plus larges) mais la conscience du candidat que la démocratie doit respecter des valeurs qui lui sont supérieures. Ce que Jean-Marie Le Pen a toujours professé, et encore le 15 avril dernier : « L'histoire des peuples du monde entier l'atteste: une civilisation ne peut durer sans se référer à des principes politiques, moraux et spirituels qui dépassent les individus, les vicissitudes humaines ou les soubresauts de l'histoire. »

    Il est clair qu’un candidat qui se prononcerait contre l’avortement pour des raisons de démographie et de retraites, tout en professant qu’il n’y a pas de loi morale qui puisse primer la loi civile, serait en contradiction radicale avec l’enseignement de l’Eglise : même en interdisant l’avortement, il serait un « tyran », comme le dit Jean-Paul II, en référence à Créon et à Antigone.

    Le second préalable est directement politique. Pour que les « points non négociables » s’inscrivent dans les lois et dans les faits, il est absolument nécessaire qu’il y ait un Etat souverain. Il s’agit politiquement d’une condition première. Avant même de savoir si un candidat respecte ou non, ou dans quelle mesure, les « points non négociables », il faut savoir s’il veut maintenir et rétablir la souveraineté nationale. Car si ce n’est pas le cas, il est inutile d’aller plus loin. Surtout dans la situation actuelle, où la construction européenne jette les nations dans les bras d’un pouvoir supranational de plus en plus tentaculaire qui est, de façon volontariste et arrogante, au service de la culture de mort.

    Les premiers points non négociables sont donc ceux-ci :

    1 – Rétablissement de la souveraineté nationale.

    2 – Reconnaissance de valeurs morales supérieures dont les élus doivent s’inspirer pour construire une démocratie digne de ce nom.

    Les « trois » viennent après. Ils ne peuvent pas être premiers.

  • Le document sur les limbes

    On a appris hier par les agences de presse et par Radio Vatican que la commission théologique internationale a publié un document, approuvé par le pape, intitulé « L’espérance du salut pour les enfants qui meurent sans baptême ». Il s’agit de la conclusion des travaux de la commission sur les limbes.

    Mais publié où ça ? On ne sait pas. Il n’est pas encore en ligne sur le site du Vatican. L’agence qui en dit le plus est CNS (Catholic News Service), et à la fin de la longue dépêche il est dit qu’on peut lire le document (en anglais) en ligne si l’on est abonné (99 dollars !) ou l’acheter pour 5 dollars en le commandant par téléphone (?)… CNS est l’agence de l’épiscopat américain…

    La commission conclut sans surprise que l’idée des limbes reflète « une vision indûment restrictive du salut ».

    L’Eglise continue évidemment d’enseigner qu’à cause du péché originel le baptême est la voie ordinaire du salut et que les parents doivent faire baptiser leurs enfants. Mais, dit la commission, il y a une plus grande conscience théologique aujourd’hui que Dieu est miséricordieux et « veut que tout être humain soit sauvé ». La grâce l’emporte sur le péché, et l’exclusion de bébés innocents du paradis ne paraît pas refléter l’amour particulier du Christ pour les petits enfants.

    « Notre conclusion est que les nombreux facteurs que nous avons considérés donnent de sérieuses bases théologiques et liturgiques pour espérer que les enfants non baptisés qui meurent seront sauvés et jouiront de la vision béatifique ». La commission souligne que ce sont des raisons qui fondent une espérance plutôt qu’une certitude.

    Le baptême est nécessaire au salut, mais on doit considérer aussi que les petits enfants ne mettent pas d’obstacle personnel à la grâce rédemptrice. Dans cette situation, la nécessité du baptême n’est pas absolue, et elle est secondaire par rapport au désir de Dieu de sauver toute personne. « Dieu peut de ce fait donner la grâce du baptême sans que le sacrement soit conféré, et ce fait doit particulièrement être rappelé quand il est impossible de conférer le baptême. »

    Le petit enfant peut être uni au Christ

    — par la conformité salvifique au Christ quand l’enfant souffre et meurt.

    — par la solidarité avec le Christ, quand l’enfant, né ou non né, est victime de violence, comme les saints Innoncents.

    — par le fait que Dieu peut simplement accorder aux enfants non baptisés le don du salut correspondant au don sacramentel du salut dans le baptême.

    La commission rappelle l’enseignement de saint Paul selon lequel les conjoints de chrétiens sont « consacrés » par leur femme ou leur mari. Cela indique que la sainteté de l’Eglise atteint les personnes en dehors des frontières visibles de l’Eglise, à travers les liens de la communion humaine.

    L’Eglise enseigne que l’homme naît dans l’état de péché, qui requiert un acte de la grâce rédemptrice pour être lavé. Mais l’Ecriture proclame aussi la surabondance de la grâce sur le péché. Ce qui semble maquer à l’idée des limbes, qui identifie davantage à l’état de péché d’Adam qu’à la rédemption du Christ : « La solidarité du Christ avec toute l’humanité doit avoir priorité sur la solidarité des êtres humains avec Adam. »

    On sait que Joseph Ratzinger s’était plusieurs fois déclaré, à titre personnel, favorable à l’abandon par l’Eglise de « l’hypothèse » des limbes.

    Je renvoie à ce que j’en disais, moi aussi à titre personnel, et à mon tout petit niveau de simple fidèle, sur ce blog, le 15 octobre dernier.

  • Bravo Mgr Franco

    Le nonce apostolique en Israël, Mgr Antonio Franco, refuse de participer la semaine prochaine aux commémorations de la Shoah à Yad Vashem. « Cela me fait mal d’aller à Yad Vashem et de voir comment y est présenté Pie XII », a-t-il déclaré, faisant savoir qu’il a informé le directeur du mémorial qu’il n’assisterait pas aux commémorations tant que la présentation de Pie XII ne serait pas modifiée.

    Depuis l’ouverture du nouveau musée en 2005, une photographie de Pie XII est exposée, avec une légende qui met le pape parmi ceux « dont on devrait avoir honte pour ce qu’ils ont fait contre les juifs ».

    « Cette photo offense toute l’Eglise catholique. C’est ce que j’ai voulu faire savoir », souligne Mgr Franco. Qui, naturellement, ambassadeur du pape, s’exprime au nom du Saint-Siège.

  • Le livre du pape sur Jésus

    Le livre de Benoît XVI « Jésus de Nazareth » sortira le 16 avril, jour des 80 ans du pape, en Italie, en Allemagne et en Pologne. Un journal italien et un journal allemand viennent de publier des « bonnes feuilles » de ce livre.

    La France est tenue à l’écart.

    Bien fait.

  • Analphabètes

    Une nouvelle preuve de l’ignorance encyclopédique des correspondants des agences de presse au Vatican (et de la plupart des prétendus « vaticanistes »).

    La dépêche de l’AFP relatant la messe célébrée par Benoît XVI pour le deuxième anniversaire de la mort de Jean-Paul II revient sur les « spéculations » (inventées par les journalistes) quant à une « possible canonisation rapide du pontife polonais ». Certains étaient allés jusqu’à dire que Benoît XVI proclamerait peut-être la canonisation de Jean-Paul II au cours de cette messe... Mais l’AFP constate que les cardinaux qui s’expriment à ce sujet ne vont pas dans ce sens. L’agence poursuit : « Dans son homélie, Benoît XVI a d’ailleurs donné à Jean-Paul II le titre modeste de serviteur de Dieu. “C’est ce qu’il était et c’est ainsi que nous l’appelons à présent dans l’Eglise“, a-t-il souligné. »

    Si c’est ainsi que nous l’appelons à présent dans l’Eglise, c’est tout simplement parce que le titre de « serviteur de Dieu » est celui qui est donné à toute personne dont on ouvre le procès en béatification (l’étape suivante étant la reconnaissance de l’héroïcité des vertus, qui confère le titre de vénérable). Benoît XVI faisait allusion à la cérémonie de clôture de l’enquête diocésaine, qui venait d’avoir lieu en la basilique Saint-Jean de Latran.

    Il ne s’agit donc pas du tout d’un titre « modeste », mais au contraire de la reconnaissance officielle par l’Eglise de ce qu’on pourrait appeler une présomption de sainteté.

    P.S. Cette homélie sur Jean-Paul II, qu'on peut lire ici ou sur Zenit, est aussi une magnifique méditation sur le parfum répandu sur le Christ à Béthanie.

  • Benoît XVI et les Rameaux

    Dans son homélie pour la fête des Rameaux, dont le site Eucharistie miséricordieuse a déjà donné une traduction, Benoît XVI souligne que dans l'Évangile de Luc, « le récit du début du cortège près de Jérusalem est composé en partie sur le modèle du rite du couronnement avec lequel, selon le Premier Livre des Rois, Salomon fut couronné comme héritier de la royauté de David. Ainsi la procession des Rameaux est aussi la procession du Christ Roi. » Il explique ensuite ce que veut dire « suivre le Christ » : « se donner librement à un Autre pour la vérité, pour l'amour, pour Dieu qui, en Jésus-Christ, me précède et me montre le chemin ». « En le suivant, j'entre au service de la vérité et de l'amour. En m'égarant, je me retrouve. » C’est le chemin unique et nécessaire de la désappropriation de soi, dont Joseph Ratzinger sait parler admirablement, et dont il a donné un bel exemple en acceptant de devenir pape.

    Le pape dit aussi :

    « Dans l'ancienne liturgie du dimanche des Rameaux, le prêtre, arrivé devant l'église, frappait fortement avec le bois de la croix de la procession au portail encore fermé, qui par la suite s'ouvrait. C'était une belle image pour le mystère de Jésus-Christ qui, avec le bois de sa croix, avec la force de son amour qui se donne, a frappé du côté du monde, à la porte de Dieu ; du côté d'un monde qui ne réussissait pas à trouver un accès auprès de Dieu. Avec la croix, Jésus a ouvert grand  la porte de Dieu, la porte entre Dieu et les hommes. »

    Pourquoi, si c’était « une belle image pour le mystère », l’avoir supprimée ?

    Pourquoi éprouver le besoin de faire (une fois de plus) référence à « l’ancienne liturgie », si la nouvelle est meilleure ?

  • Benoît XVI et l’identité de l’Europe

    Benoît XVI et l’identité de l’Europe

    L’agence Zenit a publié une traduction française du discours de Benoît XVI sur l’Europe. En voici quelques extraits.

    Sous l'aspect démographique, on doit malheureusement constater que l'Europe semble avoir emprunté une voie qui pourrait la conduire à disparaître de l'histoire.

    On ne peut pas penser édifier une authentique « maison commune » européenne en négligeant l'identité propre des peuples de notre continent. Il s'agit en effet d'une identité historique, culturelle et morale, avant même d'être géographique, économique ou politique; une identité constituée par un ensemble de valeurs universelles, que le christianisme a contribué à forger, acquérant ainsi un rôle non seulement historique, mais fondateur à l'égard de l'Europe. Ces valeurs, qui constituent l'âme du continent, doivent demeurer dans l'Europe du troisième millénaire comme un « ferment » de civilisation. Si elles devaient disparaître, comment le « vieux » continent pourrait-il continuer de jouer le rôle de « levain » pour le monde entier ?

    N'est-il pas surprenant que l'Europe d'aujourd'hui, tandis qu'elle vise à se présenter comme une communauté de valeurs, semble toujours plus souvent contester le fait qu'il existe des valeurs universelles et absolues. Cette forme singulière d'« apostasie » d'elle-même, avant même que de Dieu, ne la pousse-t-elle pas à douter de sa propre identité ? De cette façon, on finit par répandre la conviction selon laquelle la « pondération des biens » est l'unique voie pour le discernement moral et que le bien commun est synonyme de compromis. En réalité, si le compromis peut constituer un équilibre légitime d'intérêts particuliers différents, il se transforme en mal commun chaque fois qu'il comporte des accords qui nuisent à la nature de l'homme.

    Une communauté qui se construit sans respecter la dignité authentique de l'être humain, en oubliant que chaque personne est créée à l'image de Dieu, finit par n'accomplir le bien de personne. Voilà pourquoi il apparaît toujours plus indispensable que l'Europe se garde d'adopter un comportement pragmatique, aujourd'hui largement diffusé, qui justifie systématiquement le compromis sur les valeurs humaines essentielles, comme si celui-ci était l'inévitable acceptation d'un prétendu moindre mal. Ce pragmatisme, présenté comme équilibré et réaliste, au fond ne l'est pas, précisément parce qu'il nie la dimension de valeur et d'idéal qui est inhérente à la nature humaine. De plus, lorsque s'ajoutent à ce pragmatisme des tendances et des courants laïcistes et relativistes, on finit par nier aux chrétiens le droit même d'intervenir en tant que tels dans le débat public ou, tout au moins, on dévalorise leur contribution en les accusant de vouloir sauvegarder des privilèges injustifiés. A l'époque historique actuelle, et face aux nombreux défis qui la caractérisent, l'Union européenne, pour être le garant valide de l'Etat de droit et le promoteur efficace de valeurs universelles, ne peut manquer de reconnaître avec clarté l'existence certaine d'une nature humaine stable et permanente, source de droits communs à toutes les personnes, y compris celles-là mêmes qui les nient. Dans ce contexte, il faut sauvegarder le droit à l'objection de conscience, chaque fois que les droits humains fondamentaux sont violés.

  • Benoît XVI et l’Europe

    En attendant d’avoir le texte intégral, voici quelques citations, d’après les dépêches de l’AFP, du discours de Benoît XVI qualifié ici et là de « sévère » et « très dur », sur l’Union européenne.

    « On ne peut pas penser construire une vraie maison commune européenne en négligeant l'identité propre des peuples de notre continent (...), une identité historique, culturelle et morale (...) constituée d'un ensemble de valeurs que le christianisme a aidé à forger », a dit le pape en recevant au Vatican les participants à une conférence organisée par les évêques européens à l'occasion de la célébration du 50e anniversaire des Traités de Rome.Ce faisant, le christianisme « a acquis non seulement un rôle historique » mais aussi un rôle « de fondateur ». « Ces valeurs qui représentent l'âme du continent doivent rester dans l'Europe du troisième millénaire » si celle-ci souhaite rester un exemple pour le reste du monde. »

    « Si à l'occasion du 50e anniversaire des Traités de Rome les gouvernements de l'Union désirent se “rapprocher“ de leurs citoyens, comment pourraient-ils exclure un élément essentiel de l'identité européenne tel que le christianisme dans lequel une large majorité d'entre eux continue de se reconnaître ? »

    Benoît XVI a ainsi dénoncé une « singulière forme d'apostasie » de l'Europe qui, tout en souhaitant se présenter « comme une communauté de valeurs, semble de plus en plus souvent contester l'existence de valeurs universelles et absolues ».

    Le pape a mis en garde l'Europe « contre cette attitude pragmatique, largement présente aujourd'hui, qui justifie systématiquement le compromis sur les valeurs humaines essentielles, comme si c'était l'inévitable acceptation d'un mal mineur ».

    Si « les courants laïcistes et relativistes » viennent se greffer sur ce pragmatisme, « on finit par dénier aux chrétiens le droit même d'intervenir en tant que tels dans le débat public ».

    Benoît XVI a insisté une fois de plus sur le droit à « l'objection de conscience » des chrétiens « chaque fois que les droits humains fondamentaux » pourraient être violés, comme par exemple avec les lois permettant l'avortement ou l'euthanasie.

    Dans un discours sévère et critique envers l'Union, à laquelle il reconnaît tout de même des succès économiques et « la réconciliation de l'Orient et de l'Occident » du continent, Benoît XVI a estimé qu'« on pourrait presque penser que l'Europe perd confiance dans son propre avenir ».

    Il a ainsi dénoncé la perte de poids démographique qui pourrait la porter « à dire adieu à l'histoire », la défense de l'environnement ou de la solidarité sociale qui avancent « avec fatigue », ou « l'unification européenne qui n'est pas partagée par tous » car certains « chapitres du projet européen ont été écrits sans tenir comte des attentes des citoyens ».

    Le pape s'est adressé finalement aux croyants, leur demandant de construire une nouvelle Europe : « Vous savez que vous avez le devoir de contribuer à l'édification, avec l'aide de Dieu, d'une nouvelle Europe, réaliste mais non cynique (...) inspirée de la vérité pérenne de l'Evangile. Soyez présent de manière active dans le débat public au niveau européen. »

  • Philosophie, religion et vérité

    Lors de son audience d’hier, le pape Benoît XVI, évoquant saint Justin, a traité de façon brève mais profonde des rapports entre philosophie, religion et vérité, dans la ligne de son discours de Ratisbonne (et de quelques autres). Cela mérite d’être lu et médité. En voici la fin.

    « La religion païenne ne parcourait pas les voies du Logos mais s'obstinait sur celles du mythe, même si celui-ci était reconnu par la philosophie grecque comme privé de consistance dans la vérité. C'est pourquoi le crépuscule de la religion païenne était inéluctable : il découlait comme une conséquence logique du détachement de la religion – réduite à un ensemble artificiel de cérémonies, de conventions et de coutumes – de la vérité de l'être. Justin, et avec lui les autres apologistes, marquèrent la prise de position nette de la foi chrétienne pour le Dieu des philosophes contre les faux dieux de la religion païenne. C'était le choix pour la vérité de l'être, contre le mythe de la coutume. Quelques décennies après Justin, Tertullien définit le même choix des chrétiens avec la sentence lapidaire et toujours valable : « Dominus noster Christus veritatem se, non consuetudinem, cognominavit — le Christ a affirmé être la vérité, non la coutume ». On notera à ce propos que le terme consuetudo, ici employé par Tertullien en référence à la religion païenne, peut être traduit dans les langues modernes par les expressions « habitude culturelle », « mode du temps ». A une époque comme la nôtre, marquée par le relativisme dans le débat sur les valeurs et sur la religion – tout comme dans le dialogue interreligieux –, il s'agit là d'une leçon à ne pas oublier. Dans ce but, je vous propose à nouveau – et je conclus ainsi – les dernières paroles du mystérieux vieillard rencontré par le philosophe Justin au bord de la mer : Prie avant tout pour que les portes de la lumière te soient ouvertes, parce que personne ne peut voir et comprendre, si Dieu et son Christ ne lui concèdent pas de comprendre. »

    A noter tout particulièrement aussi ce propos sur une citation de saint Justin : « Etant donné que le christianisme est la manifestation historique et personnelle du Logos dans sa totalité, il en découle que « tout ce qui a été exprimé de beau par quiconque, nous appartient à nous chrétiens ». »