Frère prêcheur, saint Antonin fut prieur de divers couvents dominicains, particulièrement celui de Saint-Marc à Florence, qu’il reconstruisit sous l’impulsion de Cosme et Laurent de Médicis, et fit décorer par son ami Fra Angelico. Puis il devint archevêque de Florence, continuant de mener une vie d’austérité et de parfaite rectitude en ce temps où Florence était à l’apogée de son opulence et où la renaissance païenne enterrait la chrétienté médiévale. Il composa divers ouvrages, dont une Summa theologica qui est surtout une somme morale, économique et sociale, et une Summa historialis qui retrace l’histoire du monde depuis la création jusqu’à son temps. Il s’agit d’une vaste compilation, dont la dernière partie est toutefois une chronique en petite partie personnelle. On y trouve d’intéressantes notations, dont celle qui permet de voir quel écho avait à Florence l’histoire de la pucelle d’Orléans (XVI, 7)…
Tunc autem obtulit se regi Francie quedam puella, filia rustici, assueta gregem pascere, dicens se missam ad adiuvandum exercitum eius, etatis XVIII annorum vel circa, que in multis eos instrueret in bellando et civitates capiendo. Hec equitabat apte, ut miles ; in exercitu ibat eum eis, insidias inimicorum detegebat et multa alia admiratione digna agebat: quo autem spiritu ducta, vix sciebatur. Credebatur magis spiritu Dei et hoc ex operibus suis patuit. Nichil enim inhonestum in ea videbatur, nichil superstitiosum ; in nullo a veritate fidei discrepabat ; sacramenta confessionis et communionis frequentabat et orationes. Et post multas victorias regis Francie, in uno conflictu cum Burgundionibus copiarum regis Francie capta, ab eis occisa est.
Alors se présenta au roi de France une Pucelle, fille de paysans, bergère de son état, qui se disait envoyée pour aider son armée, âgée de dix-huit ans ou environ. Elle fut d'un grand secours tant dans les batailles que dans la prise des villes. Elle maniait le cheval comme un bon chevalier, et se trouvait dans les rangs de l'armée avec ceux qui la composaient. Elle découvrait les embûches des ennemis, enseignait la manière de forcer les cités, et faisait bien d'autres choses dignes d’admiration. On avait peine à savoir l'esprit qui la dirigeait. On croyait cependant plus généralement que c'était l'esprit de Dieu. Ses œuvres en furent la preuve manifeste. On ne remarquait en elle rien qui ne fût honnête, pas l'ombre de superstition, elle ne s'écartait en rien de la vérité de la foi ; elle recourait fréquemment aux sacrements de confession et d'eucharistie, et à la prière. Et après de nombreuses victoires du roi de France, dans un combat des soldats du roi de France avec les Bourguignons, elle fut prise par ces derniers, et par eux fut mise à mort.