Le sauvetage de civils d’Azovstal pose un gros problème aux grands médias dont le travail est de répercuter la propagande ukrainienne. En effet, ils expliquent que les rescapés sont escortés par des soldats ukrainiens qui sont leurs sauveurs (avec l’ONU et la Croix Rouge, grâce à Zelensky), mais les images montrent qu’il s’agit de soldats russes, et de blindés russes. Il ne peut d’ailleurs pas en être autrement, dans une région entièrement sous contrôle russe.
Et puis on attend bien sûr les déclarations des rescapés. Et là il faut manier les ciseaux avec virtuosité, pour ne garder que la terrible expérience de la vie dans des sous-sols, sous les bombes, etc. Il faut couper tout ce qui accuse le régiment nazi Azov qui utilisait les civils comme boucliers humains, tout ce qui accuse le gouvernement Zelensky d’avoir laissé sciemment pourrir la situation.
La presse anglaise et américaine a pris comme témoin vedette Natalia Ousmanova, employée de l’aciérie et qui s’y était donc retrouvée coincée. Le New York Times, la BBC, le Guardian, publient ses confidences : celles qui sont politiquement correctes. On n’y trouvera pas ce qui suit, qu’elle dit pourtant, ici, et là :
« Ne vous en faites pas, ils pensent à vous, ils vont négocier votre libération. » Nous n’y croyions plus. De temps en temps on entendait à la radio : il y a un couloir vert, ce qui voulait dire qu’on pouvait être évacués. Mais ils restaient assis dans le bunker, faisant comme si rien n’était arrivé. Et ils gardaient les issues, de sorte que personne ne puisse s’échapper. Certains autour de nous disaient : Est-ce que vous voulez ceci ou cela ? (en faisant des gestes amicaux), mais en réalité il nous surveillait pour que nous ne nous échappions pas, puis il retournait à son poste.
« Disons-le comme ça : L'Ukraine en tant qu'État (je le dis en tant que citoyenne ukrainienne) est morte pour moi. L'État, ainsi que les politiciens, et ces gens qui nous ont fait ça. »
Elle dit aussi quelque chose d’aussi confus que mystérieux et dont on saura sans doute davantage dans les prochains jours :
« Les soldats sont venus et ont dit : nous avons un général dans le bunker quelque part, il a été nommé, c’est un Azov. C’est quelque chose comme un mercenaire, et il est personnellement en contact direct avec Zelensky. Peut-être que Zelensky a donné ces ordres, je ne sais pas. »
Zelensky a dit avant-hier que les personnes rescapées d’Azovstal allaient être conduites hier à Zaporijjia, en zone contrôlée par l’Ukraine. Mais on a vu le convoi aller à Bezimenne, qui se trouve à l’est de Marioupol : dans la direction opposée.
Hier matin à 9h, le soi-disant « gouverneur de la région de Donetsk » affirmait (sur LCI !) que les rescapés étaient attendus à Zaporijjia « d’une minute à l’autre ». Sur les réseaux sociaux on voyait une vidéo d’un grand parking vide avec la presse internationale attendant les rescapés.
Mais il n’y a rien eu depuis lors… Pour tromper l’attente, certains montraient un bus arrivant à Zaporijjia le… 21 avril, ou des gens arrivant en voiture… et une série de photos d’anciennes évacuations…
Et certaines chaînes de télévision (dont CNBC) osaient montrer un autocar arrivant à Bezimenne, ce qui se voyait à l’écran, en faisant croire qu’il arrivait à Zaporijjia…
Ce matin, même scénario. On nous a montré la presse internationale attendant toujours les autocars… Ils allaient arriver vers midi… Mais ils ne sont toujours pas arrivés…
Autre chose qu’on ne nous montre pas : dans chacun des convois il y a deux prêtres. Ici, et là. (Les journaux qui ont repris la photo ci-dessous ont cadré uniquement sur la mère et son fils...)
C’est tellement difficile de comprendre que les gens de Marioupol (région de Donetsk), terrorisés par l’armée ukrainienne et son régiment nazi, sauvés par des soldats russes et de Donetsk (escortant l’ONU et la Croix Rouge), choisissent de rester… dans la province de Donetsk ?
Addendum
Cinq autocars sont arrivés vers 15h40. Quatre, vides, sont repartis aussitôt (tous les autocars étaient de Zaporijjia, donc ils revenaient à leur base). Puis on a vu trois personnes sortir en catimini du cinquième... C'était ici en direct. (Quelques autres sont sorties des bus sans qu'on les voie, on les a aperçues ensuite, mais les trois jeunes avec leurs drapeaux Azov, pourtant bien placés devant les autocars, étaient bien dépités de ne pouvoir accueillir personne...)
Addendum 2
A 17h le direct dure toujours. On voit une immense tente destinée à recevoir les rescapés qui ne sont pas venus. Peut-être attend-on d'autres autocars vides...
Addendum 3
18h: le direct continue. Le soir tombe, il n'y a quasiment plus personne. Le gars de Reuters a dû oublier sa caméra...
Addendum 4
18h10: fin du direct. Le gars de Reuters est venu reprendre sa caméra...