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  • Au Mexique

    La Cour suprême du Mexique, à l’unanimité des 10 juges présents, a décrété que les articles du code pénal de l'État de Coahuila qui sanctionnent l’avortement sont inconstitutionnels.

    Ce jugement décriminalise ipso facto l’avortement sur tout le territoire. Même dans les Etats où l’avortement reste interdit, une femme pourra exiger d’un juge qu’il ordonne l’avortement…

    L’Etat de Coahuila a une frontière de 512 km (le Rio Grande) avec le Texas, qui vient quasiment d’interdire l’avortement…

  • Le synode sur le synode

    Le document préparatoire du synode pour une Eglise synodale est publié. Extraits :

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    (En vrai c’est pas drôle du tout.)

    Addendum: dans les commentaires, ne pas rater celui de Frère Maximilien-Marie du Sacré-Cœur.

  • Nativité de la Sainte Vierge

    Voici les stichères des laudes de la liturgie byzantine, dans un enregistrement historique de Spyros Peristeris et Evangelos Tzelas, qui furent entre 1952 et 1992 protopsalte et lampadarios (chefs des deux chœurs, à droite et à gauche) de la cathédrale orthodoxe d’Athènes.

    Ὢ τοῦ παραδόξου θαύματος! ἡ πηγὴ τῆς ζωῆς, ἐκ τῆς στείρας τίκτεται, ἡ χάρις καρπογονεῖν, λαμπρῶς ἀπάρχεται. Εὐφραίνου Ἰωακείμ, τῆς Θεοτόκου γεννήτωρ γενόμενος, οὐκ ἔστιν ἄλλος ὡς σύ, τῶν γηγενῶν γεννητόρων θεόληπτε· ἡ γὰρ θεοδόχος Κόρη, τοῦ Θεοῦ τὸ σκήνωμα, τὸ πανάγιον ὀρος, διὰ σοῦ ἡμῖν δεδώρηται.

    Merveille inouïe ! La source de la Vie est enfantée par la stérile ; la grâce commence à produire son fruit splendide. Réjouis-toi, Joachim, toi qui es devenu le géniteur de la Mère de Dieu ; nul père terrestre, en effet, n'est semblable à toi, divinement inspiré, car c’est par toi que nous est donnée la Vierge porteuse de Dieu, la demeure de Dieu, sa très sainte montagne.

     

    Αἰνεῖτε αὐτὸν ἐν κυμβάλοις εὐήχοις, αἰνεῖτε αὐτὸν ἐν κυμβάλοις ἀλαλαγμοῦ. Πᾶσα πνοὴ αἰνεσάτω τὸν Κύριον.

    Louez-le sur les cymbales retentissantes ; louez-le sur les cymbales de joie. Que tout ce qui respire loue le Seigneur. (Psaume 150)

     

    Στήλη σωφροσύνης ἔμψυχος, καὶ λαμπρὸν δοχεῖον, ἀποστίλβον χάριτι, ἡ Ἄννα ἡ εὐκλεής, φανεῖσα τέτοκε, τὴν πρόβολον ἀληθῶς, τῆς παρθενίας τὸ θεῖον ἀπάνθισμα, τὴν πάσαις παρθενικαῖς, καὶ παρθενίας ποθούσαις τὸ χάρισμα, τὸ τῆς παρθενίας κάλλος, ἐμφανῶς βραβεύουσαν, καὶ παρέχουσαν πᾶσι, τοῖς πιστοῖς τὸ μέγα ἔλεος.

    Colonne vivante de chasteté, urne resplendissante de grâce, en vérité l'illustre sainte Anne a mis au monde celle qui est vraiment le sommet de la virginité, sa divine floraison, celle qui en accorde visiblement la beauté à toute vierge, et à celles qui désirent le don de la virginité, et procure à tout fidèle la grande miséricorde.

    Ὢ τοῦ παραδόξου θαυματος! ὁ ἐκ στείρας καρπός, ἀναλάμψας νεύματι, τοῦ πάντων Δημιουργοῦ, καὶ παντοκράτορος, εὐτόνως τὴν κοσμικήν, τῶν ἀγαθῶν διαλέλυκε στείρωσιν. Μητέρες σὺν τῇ Μητρί, τῆς Θεοτόκου χορεύσατε κράζουσαι· Κεχαριτωμένη χαῖρε, μετὰ σοῦ ὁ Κύριος, ὁ παρέχων τῷ κόσμῳ, διὰ σοῦ τὸ μέγα ἔλεος.

    Merveille inouïe ! Le fruit de la stérile, qui resplendit sur un signe du Créateur universel et tout-puissant, a délivré vigoureusement le monde qui était stérile de tout bien. Mères, exultez avec la Mère de Dieu, en disant : Réjouis-toi, Pleine de grâce, le Seigneur est avec toi, qui par toi donne au monde la grande miséricorde.

     

    Ὢ τοῦ παραδόξου θαύματος! ἡ πηγὴ τῆς ζωῆς…

    Merveille inouïe ! La source de la Vie est enfantée par la stérile…

     

    Doxastikon à 7:06

    Δόξα Πατρὶ καὶ Υἱῷ καὶ Ἁγίῳ Πνεύματι, καὶ νῦν καὶ ἀεὶ καὶ εἰς τοὺς αἰῶνας τῶν αἰώνων. Ἀμήν.

    Gloire au Père et au Fils et au Saint-Esprit, maintenant et toujours et dans les siècles des siècles.

    Αὕτη ἡμέρα Κυρίου, ἀγαλλιᾶσθε λαοί· ἰδοὺ γὰρ τοῦ φωτὸς ὁ νυμφών, καὶ ἡ βίβλος τοῦ λόγου τῆς ζωῆς, ἐκ γαστρὸς προελήλυθε· καὶ ἡ κατὰ ἀνατολὰς πύλη ἀποκυηθεῖσα, προσμένει τὴν εἴσοδον, τοῦ Ἱερέως τοῦ μεγάλου, μόνη καὶ μόνον εἰσάγουσα Χριστὸν εἰς τὴν οἰκουμένην, πρὸς σωτηρίαν τῶν ψυχῶν ἡμῶν.

    Voici le jour du Seigneur ; exultez, peuples : voici que la chambre nuptiale de la lumière, le livre du Verbe de vie est sorti d’un ventre ; et la Porte qui regarde vers l'Orient, mise au monde, attend l’entrée du Grand Prêtre, elle qui seule introduit le seul Christ dans le monde, pour le salut de nos âmes.

  • Routine anti-polak

    • La Commission européenne a envoyé une lettre à cinq régions de Pologne pour leur demander instamment de retirer leurs « déclarations anti-LGBT ». Elles ont jusqu’au 15 septembre pour répondre. Ça n’attend pas, ces choses-là…

    • La Commission européenne demande à la Cour de Justice de l’UE d’ordonner des sanctions financières (une astreinte journalière !) contre la Pologne, dans le cadre de la procédure en cours contre les réformes de la Justice dans ce pays. Le 14 juillet la Cour avait ordonné au gouvernement polonais d’arrêter immédiatement les activités de la chambre disciplinaire de la Cour suprême. Or il y a aujourd’hui une enquête de la chambre disciplinaire contre un juge… qui a appliqué l’ordonnance du 14 juillet. Il y a un mois, Jaroslaw Kaczynski avait indiqué qu’il ne reconnaissait pas le jugement de la CJUE mais qu’ils allaient supprimer la chambre disciplinaire dans sa forme actuelle et que l’objet du litige allait donc disparaître. Mais depuis lors aucune précision n’a été donnée sur la suite…

    Qu’on me pardonne d’être très peu au fait des bons usages « démocratiques », mais chaque fois que j’entends parler de ce principe absolu de l’indépendance de la Justice je pense à ça :

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  • Recommandé

    Par l’Ordre de Malte

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    « Tout au long de sa carrière elle ouvrira la voie aux femmes. » « un destin unique marqué par un souci constant de la dignité humaine »…

  • Saint Cloud

    Le dernier saint nommé dans le martyrologe, ce jour, est saint Clodoald, saint Cloud : « In território Parisiénsi sancti Clodoáldi, Presbyteri et Confessóris. » Mais il ne figure pas dans le calendrier liturgique. Sauf aux endroits où on le célèbre particulièrement, notamment à Saint-Cloud, là où ce prince échappé au poignard de ses oncles, renonçant volontairement à son héritage royal, construisit un monastère, où il mourut le 7 septembre 560.

    En 1689 Jean-Baptiste de Santeul (ou Santeuil), chanoine de Saint-Victor à Paris, publia sous son nom latin de Santolius Victorinus (Santeuil de Saint-Victor), un recueil d’hymnes latines pour un grand nombre de saints du calendrier parisien. Dont trois pour l’office de saint Cloud, le 7 septembre, qui fut adopté dans la liturgie parisienne comme en atteste le livre ci-dessous, avec l’approbation du cardinal de Noailles, « archevêque de Paris, duc de Saint-Cloud, Pair de France, commandeur de l’ordre royal du Saint-Esprit ».

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    Voici le texte de cette hymne, suivi d’une de ses traductions (il y en a eu au moins trois), dans les « Hymnes de Santeuil traduites en vers françois par I.P.C.P.D. » (1760).

    Ut Deus nostræ vigilat saluti!
    E malis ipsis bona nostra ducit.
    Martyres cælo tulit impotentis
    Ira Tyranni.

    Sanctitas debet tua se furori,
    Una spes Franci, Clodoalde, regni.
    Si minus duri Patrui fuissent,
    Nunc minor esses.

    Dum bonis, regno spoliavit hostis,
    Fecit heredem patriæ supernæ;
    Quid mali fecit? rapuit caduca
    Æterna rependit.

    Ipse Rex reges numeratus inter
    Nunc locum chartæ brevis occupares,
    Cælites inter modo qui triumphas,
    Addite Divis.

    Te Patris numquam diadema cinxit,
    Ecce cælestes radii coronant;
    Purpuram regum tuus ille vincit
    Lucis amictus.

    E die quo nunc frueris, vides nos
    Nocte sub quanta iaceamus omnes;
    Vana quam mundi simulacra rides,
    Tutus Olympo.

    Huius exemplo, fugiamus altos,
    Qui brevi fato fugient, honores;
    Quæque sors sæcli male blandientis
    Munera spondet.

    Summa laus summo super astra Regi,
    Regibus qui dat, repetitque regna;
    Prona cui soli famulatur omnis
    Curia divum.

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  • (Saint Michel à Colosses)

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    Dans le calendrier romain c’est aujourd’hui une férie. Le martyrologe commence par évoquer le prophète Zacharie, mais à Rome on n’a jamais célébré les fêtes des prophètes. Et il faut attendre la fin du martyrologe pour trouver un saint romain, l’abbé Eleuthère, dont on ne sait rien d’autre que ce qu’en dit saint Grégoire que « par sa prière et ses larmes il ressuscita un mort ».

    Dans le calendrier byzantin c’est aujourd’hui la fête de l’apparition de l’archange saint Michel. Sa première apparition en Orient, à côté de Colosses (détruite par un tremblement de terre sous Néron). Il y avait là une fontaine miraculeuse, et auprès d’elle une église dédiée à « l’archistratège » Michel, car la fontaine avait jailli après que saint Jean, de passage en ce lieu, eut annoncé que saint Michel allait visiter l’endroit. Longtemps après, un homme appelé Archippe s’installa près de l’église, vivant comme un ermite et servant de sacristain. Les païens tentèrent souvent, mais en vain, de le chasser, car il était connu pour sa sainteté et faisait des miracles. Un jour ils voulurent boucher la source (qui continuait à faire des miracles, elle aussi), mais ils n’y arrivèrent pas, car sans aucun doute saint Michel les en empêcha. Finalement ils détournèrent deux rivières qui coulaient plus haut, afin que leurs flots emportent l’église et son sacristain. Mais saint Michel apparut à Archippe et le rassura. Au moment où les eaux arrivèrent, il frappa la pierre, et le torrent fut comme absorbé par le rocher. C’est pourquoi le lieu fut appelé Chonè (entonnoir). C’est aujourd’hui la ville turque de Honaz.

    L'apolytikion, par le P. Grigorios Karalis:

    Τῶν οὐρανίων στρατιῶν Ἀρχιστράτηγε, δυσωποῦμέν σε ἀεὶ ἡμεῖς οἱ ἀνάξιοι, ἵνα ταῖς σαῖς δεήσεσι τειχίσῃς ἡμᾶς, σκέπη τῶν πτερύγων, τῆς ἀΰλου σου δόξης, φρουρῶν ἡμᾶς προσπίπτοντας, ἐκτενῶς καὶ βοῶντας· Ἐκ τῶν κινδύνων λύτρωσαι ἡμᾶς, ὡς ταξιάρχης τῶν ἄνω Δυνάμεων.

    Archistratège des célestes armées, nous te supplions, malgré notre indignité, de nous protéger par tes prières et de nous garder à l'ombre des ailes de ta gloire immatérielle, nous qui nous prosternons devant toi et te crions instamment : Délivre-nous des dangers, ô Prince des Puissances d'en-haut.

    Le doxastikon des vêpres, par Theodoros Kokkorikos :


    Συγχάρητε ἡμῖν, ἅπασαι αἱ τῶν Ἀγγέλων ταξιαρχίαι· ὁ πρωτοστάτης γὰρ ὑμῶν, καὶ ἡμέτερος προστάτης, ὁ μέγας Ἀρχιστράτηγος, τὴν σήμερον ἡμέραν, ἐν τῷ σεπτῷ αὐτοῦ τεμένει, παραδόξως ἐποπτανόμενος ἁγιάζει· ὅθεν κατὰ χρέος, ἀνυμνοῦντες αὐτόν, βοήσωμεν· Σκέπασον ἡμᾶς, ἐν τῇ σκέπῃ τῶν πτερύγων σου, μέγιστε Μιχαήλ Ἀρχάγγελε.

    Réjouissez-vous avec nous, toutes les angéliques divisions : celui qui est votre chef, en effet, en même temps que notre protecteur, le grand archistratège Michel, sanctifie la présente journée en apparaissant de merveilleuse façon dans son temple sacré ; c'est pourquoi, le célébrant comme il se doit, nous lui crions : Protège-nous à l'ombre de tes ailes, suprême archange Michel.

  • 15e dimanche après la Pentecôte

    Bonum est confitéri Dómino : et psallere nómini tuo, Altíssime. ℣. Ad annuntiándum mane misericórdiam tuam, et veritátem tuam per noctem.

    Il est bon de louer le Seigneur et de chanter des hymnes à votre nom, ô Très Haut, pour annoncer dès le matin votre miséricorde et votre vérité durant la nuit.

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    Le texte de ce graduel est le début du psaume 91. La mélodie est entièrement constituée, de la première à la dernière note, de formules qu’on rencontre dans d’autres graduels. Et pourtant elle est originale: on remarque qu’en dehors de la première elles sont toutes focalisées sur le do, la dominante du 5e mode, qui a rarement mérité son nom à ce point. On a ainsi une louange qui plane en permanence sur cette note, avec diverses broderies autour. Et une montée jusqu’au sol qui outrepasse l’octave, sur « annuntiandum mane » : l’annonce de la miséricorde, dès le matin, à la façon du coq.

    Par les Cantores in Ecclesia, de Portland dans l’Oregon.

  • De la Sainte Vierge le samedi

    Sacraméntum reconciliatiónis nostræ, ante témpora ætérna dispósitum, nullæ implébant figúræ; quia nondum supervénerat Spíritus Sanctus in Vírginem, nec virtus Altíssimi obumbráverat ei, ut, et intra intemeráta víscera, ædificánte sibi Sapiéntia domum, Verbum caro fíeret, et, forma Dei ac forma servi in unam conveniénte persónam, Creátor témporum nascerétur in témpore, et, per quem facta sunt ómnia, ipse inter ómnia gignerétur. Nisi enim novus homo, factus in similitúdinem carnis peccáti, nostram suscíperet vetustátem, et, consubstantiális Patri, consubstantiális esse dignarétur et matri, naturámque sibi nostram solus a peccáto liber uníret: sub jugo diáboli generáliter tenerétur humána captívitas.

    Aucune figure n’accomplissait le mystère de notre réconciliation, décidé de toute éternité, car l’Esprit n’était pas encore venu sur la Vierge et la puissance du Très-Haut ne l’avait pas prise encore sous son ombre. Alors, la Sagesse se construisit une demeure : le Verbe se fit chair en un sein virginal ; unissant en une seule personne la condition de Dieu et celle d’esclave, le Créateur des temps naquit dans le temps, et celui-là même par qui tout avait été fait pris naissance au sein de l’univers. En effet, si l’homme nouveau, créé dans une chair semblable à celle du péché, n’assumait notre vétusté, si, lui, consubstantiel au Père, ne daignait devenir aussi consubstantiel à sa mère, et s’il ne s’unissait notre nature, lui qui seul est exempt du péché, toute l’humanité était retenue captive sous le joug du diable.

    Lettre de saint Léon à l’impératrice Pulchérie.

    Sainte Pulchérie (inscrite au martyrologe romain le 10 septembre, et au calendrier byzantin les 10 octobre, 17 février et 7 août) est l’impératrice qui (avec son mari l’empereur Marcien) convoqua le concile de Chalcédoine, au cours duquel saint Léon fut acclamé pour sa lettre au patriarche Flavien contre Eutychès (« C'est Pierre qui parle par la bouche de Léon »). Cette lettre à Pulchérie (13 juin 449, le même jour que celle à Flavien), est le premier texte où saint Léon utilise l’expression « consubstantiel à sa mère ». Le concile de Chalcédoine (451) définira le Christ « consubstantiel au Père selon la divinité et le même consubstantiel à nous selon l’humanité », formule qu’on trouvait chez les théologiens des écoles antagonistes d’Antioche et d’Alexandrie (et en occident chez Jean Cassien).

  • Saint Pie X

    Discours de Pie XII pour la canonisation de Pie X, 2 :

    Pie X se révèle aussi champion convaincu de l'Eglise et Saint providentiel de nos temps dans la seconde entreprise qui distingue son œuvre et ressembla, par ses épisodes parfois dramatiques, à la lutte engagée par un géant pour la défense d'un trésor inestimable : l'unité intérieure de l'Eglise dans son fondement intime : la foi. Déjà depuis son enfance, la Providence divine avait préparé son élu dans son humble famille, édifiée sur l'autorité, les bonnes mœurs et sur la foi elle-même vécue scrupuleusement. Sans doute tout autre Pontife, en vertu de la grâce d'état, aurait combattu et rejeté les assauts destinés à frapper l'Eglise à la base. Il faut cependant reconnaître que la lucidité et la fermeté avec lesquelles Pie X conduisit la lutte victorieuse contre les erreurs du modernisme, attestent à quel degré héroïque la vertu de foi brûlait dans son cœur de saint. Uniquement soucieux de garder intact l'héritage de Dieu au troupeau qui lui était confié, le grand Pontife ne connut de faiblesse en face de quiconque, quelle que fût sa dignité ou son autorité, pas d'hésitations devant des doctrines séduisantes mais fausses, dans l'Eglise et au dehors, ni aucune crainte de s'attirer des offenses personnelles et de voir méconnaître injustement la pureté de ses intentions. Il eut la conscience claire de lutter pour la cause la plus sainte de Dieu et des âmes. A la lettre, se vérifièrent en lui les paroles du Seigneur à l'Apôtre Pierre : « J'ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille point, et toi... confirme tes frères ». La promesse et l'ordre du Christ suscitèrent encore une fois, dans la fermeté indéfectible d'un de ses Vicaires, la trempe indomptable d'un athlète. Il est juste que l'Eglise, en lui décernant à cette heure la gloire suprême à l'endroit même où depuis des siècles brille sans se ternir celle de Pierre et en confondant ainsi l'un et l'autre dans une seule apothéose, chante à Pie X sa reconnaissance et invoque en même temps son intercession pour se voir épargner de nouvelles luttes du même genre. Mais ce dont il s'agissait précisément alors, c'est-à-dire la conservation de l'union intime de la foi et de la science, est un bien si grand pour toute l'humanité que cette seconde grande œuvre du Pontife est, elle aussi, d'une importance telle qu'elle dépasse largement les frontières du monde catholique.

    Lorsque, comme le modernisme, on sépare, en les opposant, la foi et la science dans leur source et leur objet, on provoque entres ces deux domaines vitaux, une scission tellement funeste que « la mort l'est à peine plus ». On l'a vu en pratique : au tournant du siècle, on a vu l'homme divisé au fond de lui-même, et gardant cependant encore l'illusion de conserver son unité dans une apparence fragile d'harmonie et de bonheur basés sur un progrès purement humain, se briser pour ainsi dire sous le poids d'une réalité bien différente.

    Le regard vigilant de Pie X vit s'approcher cette catastrophe spirituelle du monde moderne, cette déception spécialement amère dans les milieux cultivés. Il comprit qu'une foi apparente de ce genre, c'est-à-dire une foi qui au lieu de se fonder sur Dieu révélateur s'enracine dans un terrain purement humain, se dissoudrait pour beaucoup dans l'athéisme ; il perçut également le destin fatal d'une science qui, à l'encontre de la nature et par une limitation volontaire, s'interdisait de marcher vers le Vrai et le Bien absolus et ne laissait ainsi à l'homme sans Dieu, devant l'invincible obscurité où gisait pour lui tout l'être, que l'attitude de l'angoisse ou de l'arrogance.

    Le Saint opposa à un tel mal le seul moyen de salut possible et réel : la vérité catholique, biblique, de la foi acceptée comme « un hommage raisonnable » rendu à Dieu et à sa révélation. Coordonnant ainsi foi et science, la première en tant qu'extension surnaturelle et parfois confirmation de la seconde, et la seconde comme voie d'accès à la première, il rendit au chrétien l'unité et la paix de l'esprit, conditions imprescriptibles de la vie.

    Si beaucoup aujourd'hui se tournent à nouveau vers cette vérité, poussés vers elle en quelque sorte par l'impression de vide et l'angoisse de leur abandon, et s'ils ont ainsi le bonheur de pouvoir la trouver fermement possédée par l'Eglise, ils doivent en être reconnaissants à l'action clairvoyante de Pie X. C'est à lui en effet que revient le mérite d'avoir préservé la vérité de l'erreur, soit chez ceux qui jouissent de toute sa lumière, c'est-à-dire les croyants, soit chez ceux qui la cherchent sincèrement. Pour les autres, sa fermeté envers l'erreur peut encore demeurer un scandale ; en réalité, c'est un service d'une extrême charité, rendu par un Saint, en tant que Chef de l'Eglise, à toute l'humanité.