Des chrétiens du village d’ouvriers agricoles répondant au doux nom de « 92/9-L », au sud de Sahiwal dans le Pendjab pakistanais, avaient entrepris de construire une chapelle sur un terrain (de… 21 m2) appartenant à l’un d’eux, Azeem Masih. Il y a 35 familles chrétiennes et 230 familles musulmanes dans le village. Les musulmans, apprenant qu’un chrétien construisait une « église », se plaignirent au commissariat local et au commissariat central de Sahiwal. Après enquête, la police ordonna d’arrêter cette construction. Alors Azeem Masih décida que ce serait une maison, et il en informa la police. Le 1er février, alors qu’il venait de terminer le mur extérieur de clôture et la porte, une quinzaine de musulmans firent savoir à la police que les chrétiens avaient repris la construction de leur église, et ils allèrent manifester leur colère aux chrétiens. Le ton monta, et la police vint séparer les deux parties. Elle arrêta 6 chrétiens et 6 musulmans. Les 12 hommes furent relâchés le lendemain, après avoir exprimé leurs regrets et promis qu’ils ne recommenceraient pas.
Mais le soir-même, vers 11 heures, une trentaine de musulmans, toujours menés par les mêmes, attaquèrent les maisons des chrétiens, les insultant et les menaçant. « Ils nous appelaient chouhras, nous disaient que les kaffir devaient être des nettoyeurs de chiottes et qu’ils allaient violer nos femmes devant nous. » (Chouhra est à l’origine la caste à laquelle appartiennent la grande majorité des chrétiens, caste d’intouchables vouée au nettoyage, et devenue l’insulte habituelle visant les chrétiens.) Certains chrétiens furent traînés dans la rue. Quand Azeem Masih et son cousin Sajid sortirent de chez eux, des musulmans leur tirèrent dessus, et tous deux furent blessés à la tête. Un autre chrétien fut blessé à la jambe par un coup de hache. Les chrétiens ayant téléphoné à la police dès le début de l’attaque, la police arriva rapidement, et les chrétiens blessés conduits à l’hôpital tandis que les musulmans se dispersaient. Ce 26 février, plus de trois semaines après, Azeem Masih est toujours à l’hôpital, dans un état critique.
L’enquête est, naturellement, au point mort, alors que tout le monde sait qui sont les meneurs.