Graduel d’Ekkehard Ier de Saint-Gall († 973).
Esto mihi in Deum protectórem, et in locum refúgii, ut salvum me fácias : quóniam firmaméntum meum et refúgium meum es tu : et propter nomen tuum dux mihi eris, et enútries me.
In te, Dómine, sperávi, non confúndar in ætérnum : in iustítia tua líbera me et éripe me.
Gloria Patri…
Sois pour moi un Dieu protecteur et un lieu de refuge afin que tu me sauves.
Car tu es mon firmament et mon refuge.
Et à cause de ton nom tu seras mon guide et tu me nourriras.
En toi, Seigneur, j'ai espéré, que je ne sois pas confondu.
« Atmosphère d'intimité, tendresse, douceur, pure merveille. Ici, nous sommes dans la sereine région où l'âme a fermé les yeux à toutes les choses créées et où elle est trop enveloppée de l'ineffable dilection de son Dieu pour faire un retour sur elle-même. Ce petit rien si faible est passé dans le Tout de l'Être et le tout de l'Amour. Bien loin des réalités terrestres, il ne sent plus rien que l'indicible caresse de Celui qui l'a fait, racheté, et dans les bras duquel il repose avec une inaltérable sécurité. Et dans ce tout, l'âme goûte un bonheur trop profond pour éclater en cris d'allégresse ou s'épancher dans une expansive jubilation. Elle chante, cependant, mais doucement, dans le charme d'un cœur à cœur et d'une confidence combien pénétrante à l'oreille de celui qui la tient enserrée dans sa tendresse infinie et qu'elle savoure avec délices comme son Dieu, son protecteur, son refuge, son sauveur, son rocher, son guide, sa nourriture. »
Dom Gajard
Commentaires
Magnifique commentaire de Dom Gajard!
Le Psaume 30, dont c'est un extrait, est aussi celui dont est tiré le célèbre Répons: "In manus tuas, Domine", de l'Office de Complies.
Ici la mélodie colle merveilleusement au texte, dans un repos en Dieu seul, comme dit aussi le Psaume 61 qui a inspiré le prologue des Confessions de saint Augustin: "inquietum est cor nostrum donec requiescat in Te".