Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

- Page 6

  • Saints Corneille et Cyprien

    Saint Corneille est élu pape en mars 251. Après un veuvage de quatorze mois, l'Eglise catholique retrouve un pape. Saint Fabien en effet, victime de l'atroce persécution de Dèce, avait subi le martyre le 20 janvier 250. Depuis, l'empereur avait de nouveau quitté Rome pour la frontière du Danube, où il soutient la guerre contre les Goths et où il périra d'ailleurs en juin.

    Les chrétiens de Rome jurent alors de réorganiser la Curie. Ils portent leur prêtre Corneille au souverain pontificat. Leur choix alla vers ce prêtre parce qu'il avait franchi régulièrement les degrés de la cléricature, mais surtout parce qu'il avait assumé ses différents offices avec un zèle et une modestie qui l'aidaient à considérer sagement le repentir des fidèles accusés d'avoir fléchi sous la persécution de l'empereur Dèce.

    Rome notifie l'élection à l'Eglise d'Afrique, la plus remarquable des Eglises catholiques par l'importance de son épiscopat et par la fréquence de ses conciles.

    Un autre prêtre romain, Novatianus, se trouve peu satisfait de cette élection et, à l'instigation d'un prêtre de Carthage, Novatus, ennemi de Cyprien, il envoie lui aussi une lettre à l'Eglise d'Afrique, mais pour mettre ses évêques en garde contre Corneille, accusé d'avoir acheté un certificat de sacrifice pendant la persécution, et d'avoir communiqué avec des apostats. Le primat de Carthage, saint Cyprien, reçoit donc ces deux documents. Pendant ce temps, Novatianus est sacré par trois évêques et organise une contre-Eglise.

    Saint Cyprien convoque un concile à Carthage, au cours duquel les évêques, refusant de s'en remettre aux différents rapports, décident, avec une grande sagesse, de ne pas se prononcer avant de prendre sur place de plus amples informations. A cet effet, ils envoient deux de leurs collègues à Rome. Vite convaincu de la sainteté de Corneille, Cyprien met alors sa grande influence au service du pape légitime. Luttant ensemble contre les mêmes adversaires, les deux pontifes se lient d'une étroite amitié.

    Le concile de Carthage (mars 252), qui réunit plus de 150 évêques, excommunie Novatus et Novatianus. Il définit les conditions imposées aux coupables pour leur réintégration dans l'Eglise. Leurs décisions, envoyées à Rome, sont approuvées par un concile de 60 évêques, et le Pape les expédie à toute la chrétienté comme lois officielles de l'Eglise. En cette conjoncture dramatique, la sagesse berbère a gouverné l'Eglise universelle.

    Une terrible peste s'abat sur l'empire romain en 252 et le peuple italien accuse les chrétiens d'avoir provoqué la colère des dieux. Alors les policiers arrêtent le pape Corneille, on l'exile à Civita Vecchia, petit port situé à 60 km de Rome et il y meurt en juin 253.

    Pendant son exil, il a la consolation de recevoir des lettres élogieuses de saint Cyprien qui le félicite de son courage.

    L'Eglise a inscrit dans le Canon de la messe Corneille et Cyprien à la suite des apôtres dont elle sollicite officiellement chaque jour l'intercession auprès de Dieu.

    (Abbé Vincent Serralda, Le Berbère lumière de l'Occident, NEL)

  • La Sainte Croix en Pologne

  • 14e dimanche après la Pentecôte

    Si l’herbe du champ,
    qui aujourd’hui est là, et demain jetée au four,
    Dieu l’habille ainsi,
    combien plus pour vous, minicroyants !

    Ainsi sœur Jeanne d’Arc traduit-elle littéralement « oligopistos », et elle a raison, car ce mot n’existe pas en dehors des évangiles, où il est toujours prononcé par le Christ, et vise toujours les apôtres : il ne faut donc pas le traduire par des mots ou des expressions qu’on rencontre ailleurs.

    C’est ici la première fois qu’il apparaît. Il est intéressant de noter que c’est dans une des pages les plus charmantes de l’évangile. Pour parler de la foi, Jésus fait goûter la beauté de la création. Il est assis sur la montagne, et il désigne à ses disciples les oiseaux qui volent au-dessus du lac, les fleurs qui émaillent les champs. Les oiseaux ne sèment pas et ne moissonnent pas et n’entassent pas, et pourtant ils mangent, parce que Dieu les nourrit. Les lis ne travaillent pas et ne filent pas, mais ils sont habillés de façon plus splendide que ne l’était Salomon dans toute sa gloire. Cette dernière notation est un cri de louange du Père qui a fait la nature plus belle que tout ce que l’homme peut inventer. Ce Père auquel il faut donc faire une absolue confiance. La leçon sur la foi est délivrée ici dans un cadre idyllique. Toutefois, c’est avec cette étrange précision que l’herbe somptueuse va être jetée au four. Littéralement ça n’a pas de sens : ni à son époque, ni jamais, on n’a récolté des fleurs des champs pour les faire brûler dans un four. Soit Jésus utilisait une expression populaire voulant dire que ces fleurs n’ont aucune valeur marchande, soit il s’agit d’un bref rappel du destin tragique de l’homme, qu’on ne doit pas oublier même en cette belle journée.

    On a trouvé sous la plume de Rabbi Eliézer ha-Modaï (Eléazar de Modin) un texte de la Mishna qui ressemble à celui-là. « Celui qui a créé la journée a également créé sa disposition; c'est pourquoi celui qui, tout en ayant suffisamment de nourriture pour la journée, dit: Que vais-je manger demain ? appartient à la catégorie des hommes de peu de foi, comme les Israélites quand ils reçurent la manne. » Cependant l’expression « de peu de foi » est en deux mots hébreux (voulant dire « petits de foi »), et non en un seul. D’autre part ce rabbi fait partie des « Sages » de la première génération après la destruction du Temple, il a donc pu être influencé par l’évangile.

    Cela pour souligner qu’on ne trouve nulle part ailleurs une telle expression.

    Saint Luc, dans le passage parallèle, reprend « oligopistos ». Jésus va employer ce mot trois autres fois, toujours dans saint Matthieu. Deux fois au cours d’une tempête. D’abord quand les disciples dans la barque le réveillent pour lui dire : « Seigneur, sauve-nous, nous périssons. » Et Jésus montre alors qu’il est le maître de la nature. Puis quand saint Pierre veut marcher sur l’eau et qu’il commence à couler. S’il avait eu la foi il aurait été lui aussi le maître des flots. Oligopistè ! Cette seule fois au vocatif, et c’est saint Pierre, le chef de l’Eglise, celui dont « la foi ne défaillira pas » qui est ainsi traité…

    Enfin c’est quand Jésus dit aux apôtres de prendre garde au levain des pharisiens et que les apôtres croient qu’il leur reproche de ne pas avoir emporté de pain : ces minicroyants ne se souviennent déjà plus de la double multiplication des pains (dont la seconde est semble-t-il toute récente). On retrouve ici la configuration du sermon sur la montagne : de même que Dieu nourrit les oiseaux, il nourrit les hommes qui lui font confiance, qui ont foi en lui. Et même les autres, d’ailleurs. Mais seuls ceux qui ont la foi reçoivent la vraie manne, le pain descendu du ciel.

  • Colloque sur la loi bioéthique

    Le colloque aura lieu au 23 rue Jean Goujon, Paris VIIIe.

    L'inscription est toujours impérative.

    2019_08_09_colloque.png

     

    2019_08_09_colloque_tract_droite.png

    N.B. Il est impératif de s'inscrire.

  • C'est le mien aussi

    sisiandtrumpg7.jpg

    Au sommet du G7 à Biarritz, une rencontre avait été organisée entre Donald Trump et le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi. Selon le Wall Street Journal, qui dit avoir recueilli plusieurs témoignages en ce sens, Donald Trump serait entré dans la salle en disant d'un ton enjoué: "Où est mon dictateur favori ?"

    Les anti-Trump tentent de faire monter la mayonnaise en incident diplomatique, mais ils perdent leur temps. On ne sait pas si Sissi a entendu le propos, mais on sait qu'il a accepté la nouvelle aide américaine d'1,3 milliard de dollars quelque jours après...

  • Routine anti-hongroise

    Les ministres des Affaires étrangères de l’UE tiendront une première réunion lundi dans le cadre de la procédure de l’article 7 lancée contre la Hongrie il y a exactement un an. Le rapport du Parlement européen (qui avait lancé la procédure) sera présenté par la présidence finlandaise de l’UE.

    Une procédure identique, la première du genre, a été lancée (par la Commission) contre la Pologne en décembre 2017. Elle paraît s’être quelque peu enlisée…

    (Qualifiée d’arme nucléaire par les idéologues européistes, l’article 7, qui vise à priver un Etat du droit de vote au Conseil européen, n’est en l’occurrence qu’un pétard mouillé, puisqu’il faut l’unanimité contre l’Etat incriminé, et que la Pologne et la Hongrie ont toujours dit qu’elles opposeraient réciproquement leur veto.)

  • Bonne nouvelle

    IRAQ_-_biblioteca_cristiana.jpg

    Il n’y a pas que les fausses fake news. Il y aussi de vraies bonnes nouvelles. La bibliothèque de Qaraqosh vient de rouvrir.

    Il y a cinq ans déjà, les habitants de Qaraqosh, dans la plaine de Ninive, tous chrétiens et en grande majorité syro-catholiques, avaient dû fuir l’avancée de l’Etat islamique. Tout avait été détruit ou dévasté, notamment les églises (dont une qui était toute neuve) et la bibliothèque.

    « Elle s’est levée des ruines noires et des débris de démolition pour devenir un centre culturel, dit le P. Duraid. Nous rêvons qu’elle devienne un espace où des intellectuels, des étudiants, des auteurs, des poètes et des lecteurs de notre village puissent se rencontrer ou faire des recherches. »

    La bibliothèque a pris le nom du P. Louis Qasar, le plus célèbre prêtre originaire de Qaraqosh. Ce n’est pas seulement une bibliothèque, c’est un symbole d’espérance. De renaissance.

    Elle a actuellement 650 ouvrages. « Nous manquons toujours de livres de philosophie, de psychologie et de religion, et de littérature, dit le P. Duraid. Nous avons aussi besoin de dictionnaires, et d’une plus grande diversité de livres en français et en anglais. Surtout dans cette dernière langue, parce que plusieurs familles sont revenues d’Europe et leurs enfants lisent l’anglais. »

    Quelques 5.100 familles seraient revenues dans le secteur.

    Le P. Duraid, c’est lui qui chante ici une antienne de la liturgie des martyrs :


    podcast

    et un chant de Pâques :


    podcast

    (enregistrement Ad Vitam de 2011)

  • Exaltation de la Sainte Croix

    Apostiches des grandes vêpres de la fête byzantine de l’"Exaltation universelle de la vénérable et vivifiante Croix", par Evgnios Hardabellas, protopsalte de l’église de l’Entrée de la Mère de Dieu à Koskinou (Rhodes).

    Χαίροις ὁ ζωηφόρος Σταυρός, τῆς εὐσεβείας τὸ ἀήττητον τρόπαιον, ἡ θύρα τοῦ Παραδείσου, ὁ τῶν πιστῶν στηριγμός, τὸ τῆς Ἐκκλησίας περιτείχισμα· δι᾿ οὗ ἐξηφάνισται, ἡ φθορὰ καὶ κατήργηται, καὶ κατεπόθη, τοῦ θανάτου ἡ δύναμις, καὶ ὑψώθημεν, ἀπὸ γῆς πρὸς οὐράνια. Ὅπλον ἀκαταμάχητον, δαιμόνων ἀντίπαλε, δόξα Μαρτύρων Ὁσίων, ὡς ἀληθῶς ἐγκαλλώπισμα, λιμὴν σωτηρίας, ὁ δωρούμενος τῷ κόσμῳ τὸ μέγα ἔλεος.

    Ὑψοῦτε Κύριον τὸν Θεὸν ἡμῶν καὶ προσκυνεῖτε τῷ ὑποποδίῳ τῶν ποδῶν αὐτοῦ.

    Χαίροις ὁ τοῦ Κυρίου Σταυρός, δι᾿ οὗ ἐλύθη τῆς ἀρᾶς τὸ ἀνθρώπινον, τῆς ὄντως χαρᾶς σημεῖον, ὁ καταράσσων ἐχθρούς, ἐν τῇ σῇ ὑψώσει πανσεβάσμιε· ἡμῶν ἡ βοήθεια, Βασιλέων κραταίωμα, σθένος δικαίων, ἱερέων εὐπρέπεια, ὁ τυπούμενος, καὶ δεινῶν ἐκλυτρούμενος, ῥάβδος ἡ τῆς δυνάμεως, ὑφ᾿ ἧς ποιμαινόμεθα, ὅπλον εἰρήνης ἐν φόβῳ, ὃ περιέπουσιν Ἄγγελοι, Χριστοῦ θεία δόξα, τοῦ παρέχοντος τῷ κόσμῳ τὸ μέγα ἔλεος.

    Ὁ δὲ Θεὸς Βασιλεὺς ἡμῶν πρὸ αἰῶνος εἰργάσατο σωτηρίαν ἐν μέσῳ τῆς γῆς.

    Χαίροις ὁ τῶν τυφλῶν ὁδηγός, τῶν ἀσθενούντων ἰατρός, ἡ ἀνάστασις, ἁπάντων τῶν τεθνεώτων, ὁ ἀνυψώσας ἡμᾶς, εἰς φθορὰν πεσόντας, Σταυρὲ τίμιε· δι᾿ οὗ διαλέλυται, ἡ φθορὰ καὶ ἐξήνθησεν, ἡ ἀφθαρσία, καὶ βροτοὶ ἐθεώθημεν, καὶ διάβολος, παντελῶς καταβέβληται. Σήμερον ἀνυψούμενον, χερσὶ καθορῶντές σε, Ἀρχιερέων ὑψοῦμεν, τὸν ὑψωθέντα ἐν μέσῳ σου, καὶ σὲ προσκυνοῦμεν, ἀρυόμενοι πλουσίως τὸ μέγα ἔλεος.

    Salut, vivifiante Croix du Seigneur, * invincible trophée de la foi, * porte du Paradis, rempart de l'Eglise et réconfort des croyants; * par toi fut abolie la puissance de la mort, * par toi disparaît l'antique malédiction, * par toi nous sommes élevés de terre jusqu'au ciel; * arme invincible qui chasses les démons, * havre de salut et gloire des Martyrs, * précieux ornement des Justes et des Saints, * au monde tu apportes la grâce du salut.

    Exaltez le Seigneur notre Dieu, prosternez-vous devant son trône, car il est saint. (Psaume 98,5: Exaltate Dominum Deum nostrum,et adorate scabellum pedum ejus, quoniam sanctum est.)

    Salut, vénérable Croix du Seigneur, * qui délivres de la malédiction le genre humain, * toi le signe d'où rayonne la vraie joie; * exaltée, tu renverses l'ennemi; * tu es notre secours et notre appui, * la force des justes, la splendeur des prêtres saints; * ton image nous arrache au malheur, * sceptre de puissance nous conduisant, * arme de paix, que les Anges escortent avec respect, * divine gloire du Christ * qui accorde au monde la grâce du salut.

    Dieu est notre Roi depuis toujours, au milieu de la terre il accomplit le salut. (Psaume 73,12: Deus autem rex noster ante sæcula : operatus est salutem in medio terræ.)

    Salut, guide des aveugles, précieuse Croix, * médecin des malades, résurrection de tous les morts, * nous relevant de la fosse où nous sommes tombés; * par toi cesse la corruption du tombeau, * par toi fleurit notre immortelle condition * et nous mortels, nous voici divinisés; * le diable s'en trouve terrassé; * et, voyant les mains des Pontifes t'élever, * nous exaltons celui qui sur toi fut hissé; * nous prosternant devant toi, nous puisons * en abondance la grâce du salut.

  • Job 38,36

    Dans le chapitre 38 du livre de Job, Dieu pose toute une série de questions destinées à montrer à l’homme qu’il ne sait rien de tout ce que Dieu fait et qu’il est incapable d’en donner des explications.

    On est intrigué dans la Vulgate par le verset 36 : « Qui a mis dans les entrailles de l’homme la sagesse, ou qui a donné au coq l’intelligence ? »

    En effet, le passage où se trouve ce verset brosse de façon poétique les divers phénomènes météorologiques qui échappent au contrôle de l’homme. Le verset précédent disait : « Est-ce que c’est toi qui envoies les éclairs, et ils iront, et revenant ils te disent ; Nous voilà ? »

    De nombreuses traductions juives et protestantes disent dans le contexte : « Qui a mis la sagesse dans la nuée (dans la brume sombre, aux sombres nuages), et qui a donné au météore l’intelligence ? » D’autres laissent tomber le contexte : « Qui a mis la sagesse dans les reins, ou qui donna l’intelligence à l’esprit ? »

    Les Bibles « catholiques » modernes en français (Pirot-Clamer, Osty, Jérusalem, TOB) traduisent : « Qui a mis dans l'ibis la sagesse, (qui a) donné au coq l'intelligence ? »

    En fait ce verset a deux mots dont on ne connaît pas la signification. Le deuxième, sekhvi,  est celui que saint Jérôme a traduit par « coq ». Et il est amusant de voir que nos très modernes exégètes catholiques, qui n’ont que mépris pour la Vulgate, ont gardé cette traduction, au motif qu’on la trouve… dans la Vulgate (et dans un targum).

    Quant au premier mot, il fallait trouver une traduction qui rende compte du parallélisme qui doit exister dans ce verset comme dans tant d'autres (ont-ils décidé). Alors on a trouvé l’ibis. Pourquoi ? Ici nous avons un bel exemple du caractère soi-disant scientifique de ces traductions. On a traduit « ibis » parce que le mot hébreu, toukhot, ressemble au nom du dieu Ibis des Egyptiens : Thot, ou Thoout, et l’ibis passait pour prévoir les crues du Nil. Sic. A condition, en outre, d’imaginer que l’auteur de Job connaissait les crues du Nil et ce talent de l’ibis, et, ne se souvenant plus du nom de l’oiseau, a mis un mot qui ressemble au nom du dieu. Ce n’est pas de la science, c’est du roman ! Ce mot se trouve une autre fois dans la Bible : dans le psaume 50,8, où il est question aussi de la sagesse, mais il veut dire ici ce qui, dans la sagesse divine, nous est caché, inaccessible, trop profond. Saint Jérôme a traduit par « absconditum (sapientiae) ». Le psautier de la Vulgate a « incerta (sapientiae) », ce qui est « incertain », confus, indiscernable pour les yeux de l’homme, traduction du grec adila. (C’est cette notion de profondeur qui dans Job a fait traduire « reins » par certains.)

    Mais la Septante dit tout autre chose. Cette version de l’Ecriture, réalisée au IIIe siècle avant Jésus-Christ par des rabbins d’Alexandrie qui connaissaient assurément l’ibis et les crues du Nil, et aussi… l’hébreu, dit littéralement : « Qui a donné aux femmes la sagesse du tissus, ou la science de la broderie ? » C’est ce que traduisaient les anciennes versions latines, et c’est ainsi que le texte est cité tant par saint Ambroise que par saint Augustin : « Quis dedit mulieribus texturae sapientiam, et varietatum scientiam ? »

    Cette (énorme) différence donne à saint Jérôme l’occasion d’un de ses plus brillants commentaires (dans son livre sur Job, chapitre 38). Il explique d’abord sa propre version en lui donnant un sens christique : Dieu le Père a mis la Sagesse, c’est-à-dire le Fils, dans des entrailles humaines, et l’intelligence du coq est celle des saints qui dans les ténèbres de ce monde demandent à Dieu d’envoyer sa lumière (Emitte lucem tuam et veritatem tuam – psaume 42), et celle des prophètes qui ont annoncé la venue du Christ, le vrai Soleil. Puis il passe au texte grec, dont il donne une plus longue explication. En bref, ce que dit Dieu ici paraît contredire ce qu’il dit dans l’Exode, où il confie à deux hommes, et non à des femmes, tous les travaux de couture et de broderie pour le Tabernacle. C’est qu’il faut (comme toujours) comprendre le texte biblique de façon spirituelle. Ces femmes, ce sont les âmes des saints, qui se tissent un vêtement de grand prix pour la vie éternelle, paré de broderies qui sont leurs bonnes œuvres.

    Addendum

    Je découvre qu'il paraît établi depuis longtemps que le commentaire sur Job n'est pas de saint Jérôme, et qu'il est désormais attribué de façon sûre au "prêtre Philippe", disciple de saint Jérôme. Ici le disciple vaut le maître (et lui ressemble étrangement)...