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  • 11e dimanche après la Pentecôte

    La Vulgate, donc la liturgie romaine, dit que l’on amène à Jésus un homme « sourd et muet ». La traduction n’est pas tout à fait exacte. Certes, le mot grec mogilalos, ici, est à prendre en son sens le plus fort, comme dans son unique autre emploi biblique, chez Isaïe. Et le dernier verset évoque bien les muets, ou plus précisément a-lalous, ceux qui ne parlent pas. Mais saint Marc utilise deux mots différents, et il eût été bon de les distinguer aussi en latin. A cause des références et des résonances.

    Mogilalos renvoie donc à Isaïe (35, 5-6), dans le texte de la Septante, qui est très explicitement une prophétie christique : « Consolez-vous l'un l'autre, cœurs défaillants ; prenez courage, n'ayez pas peur ; voici notre Dieu, il vous rend et il vous rendra justice ; il viendra lui-même, et il nous sauvera. Alors s'ouvriront les yeux des aveugles, et les oreilles des sourds ouïront. Alors le boiteux sautera comme un cerf, la langue des “mogilalon” sera facile, parce que l'onde aura jailli dans le désert, et un torrent sur une terre altérée. »

    Marc et Isaïe parlent de vrais sourds, or les vrais sourds ne peuvent pas parler naturellement, ils peuvent seulement grogner, donc ils sont muets : des sourds-muets.

    Mais le sens littéral de « mogilalos » est : qui a de la peine à parler, qui parle avec peine. Et cela nous renvoie de façon quasi évidente à Moïse. Ce n’est pas ce mot-là qui est utilisé dans l’Exode, mais le sens est bien là. Quand Dieu envoie Moïse parler au pharaon, celui-ci répond littéralement : « Je suis faible de la voix et lourd de la langue. » Et Dieu lui répond : « Qui a donné une bouche à l’homme ? Qui l’a fait muet et sourd, voyant et aveugle ? N’est-ce pas moi ? Va donc, et je t’ouvrirai la bouche. »

    C’est Dieu qui peut ouvrir les yeux de l’aveugle, les oreilles du sourd, la bouche du muet. Donc Jésus est Dieu. Et Marc attire notre attention sur le mot « ouvrir », mis en araméen. Pour signifier que cette ouverture miraculeuse des sens est une ouverture, par Dieu, de l’âme à la grâce, au monde surnaturel.

    C’est la signification obvie de ce miracle réalisé sous forme sacramentelle et dont les gestes et le mot essentiel passeront dans le sacrement de baptême.

    Rappel

    Les doctes exégètes soulignent que le parcours de Jésus, tel que Marc le narre dans le premier verset, est aberrant, puisque partant de Tyr il se rend à Sidon, à 30 km au nord, alors qu’il va au sud. Les pieux exégètes disent qu’il ne faut pas tout prendre au pied de la lettre et que Marc a mis en vrac les mots Tyr, Sidon et Décapole pour indiquer que Jésus était toujours en terre païenne. Or les Libanais savent depuis toujours pourquoi Jésus devait passer par Sidon pour retourner en Palestine.

  • Mort d'un émir niçois

    Omar Omsen, l’émir des jihadistes niçois, est mort en Syrie.

    Il est remplacé par le Savoyard Abu Waqqas.

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  • L’évêque qui passe les bornes de l’ignoble

    Mgr Blase Cupich, qui a été nommé archevêque de Chicago directement par François sans consultation des évêques américains ni de la Congrégation pour les évêques, est connu pour ses positions « progressistes » et a déjà défrayé la chronique, notamment quand il a expliqué qu’il ne critiquerait pas la décision de la Cour suprême imposant le soi-disant mariage homosexuel sur tout le territoire des Etats-Unis, parce qu’il « respecte les exigences politiques d’égalité ».

    Mais cette fois il est allé beaucoup plus loin, franchissant allègrement, ou plutôt sinistrement, les bornes de l’ignoble.

    Interrogé sur les vidéos prouvant que le Planning familial vend des tissus et des organes de fœtus avortés, et même des fœtus de 20 semaines « intacts », il a répondu :

    « Si le commerce de restes d’enfants sans défense est particulièrement répugnant, nous ne devons pas être moins consternés par l’indifférence envers les milliers de personnes qui meurent chaque jour par manque de soins médicaux convenables, ceux à qui un système d’immigration détraqué et le racisme refusent des droits, ceux qui souffrent de la faim, du chômage et du besoin, ceux qui payent le prix de la violence dans des banlieues saturées d’armes, ou ceux qui sont exécutés par l’Etat au nom de la justice. »

    Vous avez bien lu. Tous ces problèmes disparates sont mis sur le même plan, y compris des faits qui résultent de l’application normale de la loi, et nous devons être au moins aussi « consternés » (appalled, ce qui peut presque se traduire par atterrés, choqués, horrifiés) par le chômage, le sort des clandestins, l’exécution des tueurs en série, que par « le commerce de restes d’enfants sans défense »…

    On vient d’apprendre que Mgr Cupich, qui n’avait été élu par ses pairs que comme « remplaçant » pour le prochain synode, en sera membre à part entière. Décision de François, pour qu’il y ait quand même un évêque américain qui ne défende pas la doctrine traditionnelle du mariage.

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    De gauche à droite, le Révérend Dale Cockrum, superintendant du district méthodiste de Spokane, “Mgr” James Waggoner, “évêque” épiscopalien de Spokane, Mgr Blase Cupich, alors évêque formellement catholique de Spokane, la Révérende Sheryl Kinder-Pyle, presbyter exécutive (sic) des presbytériens de Spokane, à l’issue d’une « liturgie » (?) du vendredi saint… en la “cathédrale” épiscopalienne Saint-Jean.

  • Communitas Missae Latinae Taiwanensis

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    Le 19 juillet dernier a été formellement constituée la « Communitas Missae Latinae Taiwanensis » : communauté de la messe latine de Taiwan (la « Latin mass society » locale, en quelque sorte), par une messe selon la forme extraordinaire au sanctuaire marial Notre-Dame du Carmel de Hsinchu, tenu par les carmes déchaussés. En présence de l’évêque émérite du diocèse Mgr James Tan-kuei Liu. Les chants étaient assurés par le département de musique de l’université catholique Fujen et la communauté de liturgie tridentine de Hong Kong.

    En réalité c’était la première messe « publique » selon la forme extraordinaire organisée par la CMLT. Le groupe existait déjà à l’université catholique Fujen. Le samedi 28 mars, il avait réussi à obtenir une messe des Rameaux… selon la forme ordinaire, en latin, ad orientem. Le 20 juin il faisait célébrer sa première messe chantée selon la forme extraordinaire, celle du 4e dimanche après la Pentecôte. Désormais la messe sera célébrée chaque 3e samedi du mois. Reste à la CMLT de persuader les autorités de l’université… catholique que la messe du dimanche se célèbre le dimanche… (A moins qu’il n’y ait plus aucun étudiant à l’université le dimanche ?)

    Mais le 19 juillet était bien un dimanche, et je vois qu’il y aura une messe (basse) le dimanche 23 août en l’église Saint-Antoine de Taipei...

    En tout cas bravo à ce petit groupe pour sa ténacité…

  • Saint Jean-Marie Vianney

    Le Saint Curé enseignait surtout ses paroissiens par le témoignage de sa vie. A son exemple, les fidèles apprenaient à prier, s’arrêtant volontiers devant le tabernacle pour faire une visite à Jésus Eucharistie. « On n’a pas besoin de tant parler pour bien prier – leur expliquait le Curé – On sait que le bon Dieu est là, dans le saint Tabernacle ; on lui ouvre son cœur ; on se complaît en sa présence. C’est la meilleure prière, celle-là. » Et il les exhortait : « Venez à la communion, venez à Jésus, venez vivre de lui, afin de vivre pour lui. » « C’est vrai, vous n’en êtes pas dignes, mais vous en avez besoin ! » Cette éducation des fidèles à la présence eucharistique et à la communion revêtait une efficacité toute particulière, quand les fidèles le voyaient célébrer le saint sacrifice de la Messe. Ceux qui y assistaient disaient « qu’il n’était pas possible de voir un visage qui exprime à ce point l’adoration… Il contemplait l’Hostie avec tant d’amour. » « Toutes les bonnes œuvres réunies – disait-il – n’équivalent pas au sacrifice de la messe, parce qu’elles sont les œuvres des hommes, et la sainte messe est l’œuvre de Dieu. » Il était convaincu que toute la ferveur de la vie d’un prêtre dépendait de la Messe : « La cause du relâchement du prêtre, c’est qu’on ne fait pas attention à la messe ! Hélas ! Mon Dieu ! qu’un prêtre est à plaindre quand il fait cela comme une chose ordinaire ! » Et il avait pris l’habitude, quand il célébrait, d’offrir toujours le sacrifice de sa propre vie : « Oh ! qu’un prêtre fait bien de s’offrir à Dieu en sacrifice tous les matins. »

    Cette identification personnelle au sacrifice de la Croix le conduisait – d’un seul mouvement intérieur – de l’autel au confessionnal. Les prêtres ne devraient jamais se résigner à voir les confessionnaux désertés ni se contenter de constater la désaffection des fidèles pour ce sacrement. Au temps du Saint Curé, en France, la confession n’était pas plus facile ni plus fréquente que de nos jours, compte tenu du fait que la tourmente de la Révolution avait étouffé pendant longtemps la pratique religieuse. Mais il s’est efforcé, de toutes les manières : par la prédication, en cherchant à persuader par ses conseils, à faire redécouvrir à ses paroissiens le sens et la beauté de la Pénitence sacramentelle, en montrant comment elle est une exigence intime de la Présence eucharistique. Il sut ainsi donner vie à un cercle vertueux. Par ses longues permanences à l’église, devant le tabernacle, il fit en sorte que les fidèles commencent à l’imiter, s’y rendant pour rendre visite à Jésus, et qu’ils soient en même temps sûrs d’y trouver leur curé, disponible pour l’écoute et le pardon. Par la suite, la foule croissante des pénitents qui venaient de la France entière, le retint au confessionnal jusqu’à 16 heures par jour. On disait alors qu’Ars était devenu « le grand hôpital des âmes ». « La grâce qu’il obtenait [pour la conversion des pécheurs] était si puissante qu’elle allait à leur recherche sans leur laisser un moment de répit » dit le premier biographe. C’est bien ce que pensait le Saint Curé quand il disait : « Ce n’est pas le pécheur qui revient à Dieu pour lui demander pardon ; mais c’est Dieu lui-même qui court après le pécheur et qui le fait revenir à lui. » « Ce bon sauveur est si rempli d’amour pour nous qu’il nous cherche partout ! »

    (…) Le Curé d’Ars avait une manière différente de se comporter avec les divers pénitents. Celui qui s’approchait de son confessionnal attiré par un besoin intime et humble du pardon de Dieu, trouvait en lui l’encouragement à se plonger dans « le torrent de la divine miséricorde » qui emporte tout dans son élan. Et si quelqu’un s’affligeait de sa faiblesse et de son inconstance, craignant les rechutes à venir, le Curé lui révélait le secret de Dieu par une expression d’une touchante beauté : « Le bon Dieu sait toutes choses. D’avance, il sait qu’après vous être confessé, vous pécherez de nouveau et cependant il vous pardonne. Quel amour que celui de notre Dieu qui va jusqu’à oublier volontairement l’avenir pour nous pardonner ! » A celui qui, à l’inverse, s’accusait avec tiédeur et de manière presque indifférente, il offrait, par ses larmes, la preuve de la souffrance et de la gravité que causait cette attitude « abominable » : « Je pleure de ce que vous ne pleurez pas », disait-il. « Encore, si le bon Dieu n’était si bon, mais il est si bon. Faut-il que l’homme soit barbare pour un si bon Père. » Il faisait naître le repentir dans le cœur des tièdes, en les obligeant à voir, de leurs propres yeux et presque « incarnée » sur le visage du prêtre qui les confessait, la souffrance de Dieu devant les péchés. Par contre, si quelqu’un se présentait avec un désir déjà éveillé d’une vie spirituelle plus profonde et qu’il en était capable, il l’introduisait dans les profondeurs de l’amour, exposant l’indicible beauté que représente le fait de pouvoir vivre unis à Dieu et en sa présence : « Tout sous les yeux de Dieu, tout avec Dieu, tout pour plaire à Dieu… Oh ! que c’est beau ! » A ceux-là, il enseignait à prier : « Mon Dieu, faites-moi la grâce de vous aimer autant qu’il est possible que je vous aime. »

    Benoît XVI, Lettre aux prêtres pour l’indiction d’une année sacerdotale à l’occasion du 150e anniversaire du dies natalis du saint Curé d’Ars, 16 juin 2009.

  • A al-Qaryatayn, Syrie

    Plutôt que de répercuter à mon tour les « informations » que l’on trouve partout, du Syrien de Londres qui se fait appeler « Observatoire syrien des droits de l’homme » (même s’il a souvent de véritables informations), voici une traduction de la lettre envoyée hier par l’évêque syriaque orthodoxe de Homs et Hama sur la situation à al-Qaryatayn et dans la région (qui est un désert avec des oasis) :

     

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    photo.jpgChers sœurs et frères de l’Eglise et des organisations humanitaires,

    Salut et paix au nom de Jésus-Christ.

    Le 22 mai 2015 le père Jacques Mourad, le prêtre de l’église Saint-Elie d’al-Qaryatayn, était kidnappé, et après cet incident des familles chrétiennes vivant là ont pris peur et ont commencé à partir pour aller vivre dans des secteurs plus sûrs comme Fairouzah, Zaidal, Saddad, et Homs.

    Le 4 août 2015 l’Etat islamique a attaqué le village d’al-Qaryatayn et en a pris le contrôle après avoir tué des membres de l’Armée arabe syrienne. L’Etat islamique a également tenu captives toutes les familles et a commencé des négociations pour en libérer certaines. Quelque 200 familles ont été relâchées, et 100 autres sont toujours détenues dans les maisons des groupes terroristes. Nous avons reçu ces familles déplacées au siège de notre archidiocèse et leur avons fourni les biens de première nécessité parce qu’elles étaient parties de chez elles sans rien prendre avec elles, ni vêtements ni biens personnels. Ainsi nous nous occupons de leur fournir des vêtements, un logement, et des médicaments.

    Au même moment une attaque a été lancée sur le village de Hawarin qui se trouve à peu près à 10 km de la ville de Saddad, ce qui a conduit de nombreuses familles à s’enfuir devant le danger, et environ 2.000 personnes sont allées à Saddad, et les prêtres les ont reçues et les conseils ont commencé à leur ouvrir des églises et des salles pour qu’elles y dorment, afin de leur fournir de la nourriture et des soins médicaux et d’hygiène. Beaucoup de familles de Saddad ont pris peur et ont décidé de partir, surtout les femmes et les enfants, mais les hommes sont restés pour protéger les maisons. Tous ces événements sont un lourd fardeau financier pour nous car nous avons fourni le transport des familles, l’eau et la nourriture pour un grand nombre de familles d’al-Qaryatayn, et d’Harawin à Saddad, et d’al-Qaratayn et Saddad vers d’autres villages plus sûrs.

    Nous vous écrivons cette lettre pour vous informer à propos du besoin que nous avons de votre soutien à ces familles afin de leur fournir ce dont elles ont besoin, nous espérons que vous pourrez contacter des donateurs pour une aide financière ou matérielle afin que nous puissions :

    - Evacuer les gens de Saddad et al-Qaryatayn vers des zones sûres.

    - Payer les loyers d’environ 100 familles.

    - Fournir des médicaments.

    - Fournir de la nourriture et des paniers de produits d’hygiène.

    - Fournir du lait et des couches pour les bébés.

    - Fournir des traitements aux blessés.

    - Fournir une aide financière aux familles qui n’ont aucune ressource.

    Prenant en considération que le nombre estimé de gens déplacés de Saddad et al-Qaryatayn et d’environ 1500 familles.

    Merci beaucoup d’avance, et s’il vous plaît priez pour nous ici en Syrie.

    Homs, le 6 août 2015.

    Selwanos Boutros Alnemeh

    Métropolite de Homs et Hama pour l’Eglise syriaque orthodoxe

    *

    Voici une carte de la région de l’ouest de Homs, censée représenter la situation au 5 août, mais elle est malheureusement périmée car la veille l’Etat islamique avait pris al-Qaryatayn (en bas à gauche, avec la flèche qui montre l’offensive) et Hawarin (écrit Hawarini, non loin de là au nord-ouest, et un peu plus loin Saddad écrit Sadad).

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  • La Prime qui vaut trois millions

    La jeune femme qu’on voit à droite, Isabelle Prime, était une otage française au Yemen. Elle vient d’être libérée. Selon son interprète (l’autre jeune femme de la photo), la rançon versée par la France dépasse les trois millions de dollars.

  • “Incompréhensible” et “inacceptable”

    A l’occasion du premier anniversaire de l’exode des chrétiens de la plaine de Ninive chassés par l’Etat islamique, François fait parvenir une lettre à Mgr Maroun Lahham, évêque auxiliaire de Jérusalem des Latins et vicaire patriarcal pour la Jordanie, par l’intermédiaire de Mgr Nunzio Galantino, le secrétaire général de la Conférence épiscopale italienne, qui est à Amman du 6 au 9 août.

    Dans cette lettre, le pape dénonce des « persécutions atroces, inhumaines et inexplicables ».

    Inexplicables, vraiment ? Je suis sûr que Mgr Lahham lui donnerait l’explication, s’il la lui demandait…

    Mais il est certain qu’on ne peut pas trouver d’explication quand on écrit une lettre sur les persécutions des chrétiens au Proche Orient sans employer une seule fois un des mots suivants : islam, islamisme, jihad, jihadistes, ni même “Daech”… ou terrorisme !

    Les chrétiens sont « victimes du fanatisme et de l’intolérance ». De qui ? De quoi ? On ne sait pas.

    Donc c’est inexplicable.

    Vers la fin de la lettre, François dénonce dans cette mystérieuse persécution des chrétiens un « crime inacceptable ».

    Mais il ne précise pas ce qu’est un crime acceptable.