Sur RT, l'emblématique affaire des héros de l'Île aux serpents.
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"La destinée spirituelle de Poutine"
Ce titre est celui d’un article de Giles Fraser, publié sur UnHerd, dont voici une traduction. L’auteur est un pasteur anglican qui est président de "Inclusive Church" (qui milite pour l’inclusion des LGBT exclusivement, quoiqu’il ne soit pas pratiquant lui-même puisqu’il a été marié à une femme dont il a eu des enfants et dont il a divorcé pour se remarier avec une autre femme…) et il dut démissionner en 2011 de son poste de « chancelor » des chanoines de la cathédrale Saint-Paul pour avoir refusé d’entreprendre quoi que ce soit contre les gauchistes de Occupy London qui squattaient le parvis de la cathédrale. Inutile donc de préciser qu’il est viscéralement hostile à Poutine et à toute tradition. Ce qui rend son article (remarquablement informé) encore plus intéressant.
Menacé par un soulèvement de ses généraux déloyaux, l'empereur chrétien Basile II, installé dans la glorieuse cité de Byzance, tendit la main à ses ennemis, les païens du pays de la Rus. Basile II était un habile négociateur. Si Vladimir de la Rus l'aidait à réprimer la révolte, il lui offrait la main de sa sœur en mariage. Voilà qui changeait le statut de Vladimir : le mariage d'un païen avec une princesse impériale était sans précédent. Mais Vladimir devait d'abord se convertir au christianisme.
De retour triomphal à Kiev, Vladimir convoque la ville entière sur les rives du Dniepr pour un baptême de masse. Nous sommes en 988. C'est l'acte fondateur, emblématique du christianisme orthodoxe russe. C'est à partir de cet acte que le christianisme s'est répandu et a fusionné avec l'amour des Russes pour leur patrie, créant ainsi un puissant mélange de nationalisme et de spiritualité. Dans la mythologie de 988, c'est comme si le peuple russe tout entier avait été baptisé. Vladimir est déclaré saint. Lorsque l'empire byzantin est tombé, les Russes se sont vus comme son successeur naturel. Ils étaient une "troisième Rome".
Le communisme soviétique a essayé de briser tout cela, mais il a échoué. Et dans la période post-soviétique des milliers d'églises ont été construites et reconstruites. Bien que l'Occident pense au christianisme comme à quelque chose d’affaibli et en déclin, il est en plein essor à l'Est. En 2019, le patriarche Kirill, chef de l'Église orthodoxe russe, se vantait de construire trois églises par jour. L'année dernière a été ouverte une cathédrale pour les forces armées à une heure de Moscou. L'imagerie religieuse se confond avec la glorification militaire. Des médailles de guerre sont placées dans des vitraux, rappelant aux visiteurs le martyre russe. Dans une grande mosaïque, des victoires plus récentes - dont le « retour de la Crimée » en 2014 - sont célébrées. Ce n'est pas « Heureux les artisans de paix ».
Au cœur de ce renouveau post-soviétique du christianisme se trouve un autre Vladimir. Vladimir Poutine. Beaucoup de gens ne mesurent pas à quel point l'invasion de l'Ukraine est une quête spirituelle pour lui. Le baptême de la Rus est l'événement fondateur de la formation de la psyché religieuse russe, l'église orthodoxe russe fait remonter ses origines jusque-là. C'est pourquoi Poutine n'est pas tellement intéressé par quelques districts à tendance russe à l'est de l'Ukraine. Son objectif, terrifiant, est Kiev lui-même.
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Une réflexion
Celle de Marcello Veneziani (La Verità). C’est ici. Extrait :
La solution idéale aurait été celle-là: l’OTAN renonce à ses bases en Ukraine, le processus d’intégration européenne ne peut pas prévoir une intégration rapide de l’Ukraine. Et la Russie renonce à envahir l’Ukraine et à la soumettre à son diktat, se limitant à demander le respect du monde pour une puissance aussi importante dans la région et des garanties pour la minorité pro-russe et le Donbass. La diplomatie est complexe, mais un équilibre peut être trouvé s’il y a cette volonté. Mais si vous partez du principe que mon élargissement se fait au nom de la liberté et du progrès et que le vôtre n’est qu’agressif et régressif, aucun accord ne peut être trouvé. Que diraient les États-Unis si le Mexique déployait des bases russes en face d’eux ?
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Ursule s’en va-t-en guerre
« Nous allons interdire dans l'UE la machine médiatique du Kremlin. Les médias d'État Russia Today (RT) et Sputnik, ainsi que leurs filiales, ne pourront plus diffuser leurs mensonges pour justifier la guerre de Poutine et pour semer la division dans notre Union. »
Ainsi parlait hier Ursule, chef de l’Europe unie. Cette même Ursule qui n’a que « l’état de droit » à la bouche pour condamner en permanence la Pologne ou la Hongrie, donnait un exemple spectaculaire de violation de l’état de droit.
Car il n’entre absolument pas dans ses fonctions de présidente de la Commission européenne d’interdire quelque média que ce soit.
Et il va être intéressant de voir ce que Macron va sortir de sa manche pour interdire un média français qui emploie cent journalistes français titulaires de la carte de presse française et qui n’a jamais eu le moindre ennui judiciaire malgré les lois liberticides en vigueur.
On remarquera surtout les derniers mots de la sortie d’Ursule : « pour semer la division dans notre Union ».
Voilà un exemple particulièrement clair de la dictature de l’UE. L’information doit être à sens unique. Et strictement unitaire. Les médias n’ont pas le droit de donner des opinions divergentes. Les médias qui ne répercuteraient pas fidèlement la propagande de la pensée unique totalitaire dirigée de Bruxelles doivent être interdits.
En ce qui me concerne je regarde tous les jours le fil de RT. On y trouve comme sur les autres fils des dépêches de l’AFP, mais aussi des informations qu’on ne trouve pas ailleurs, et aussi des papiers qui reflètent l’opinion du Kremlin. Et c’est précisément ce qui est intéressant, même et surtout quand c’est quelque peu « asymétrique » par rapport à nos façons de raisonner.
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Les hystériques
Le concert de l’orchestre philharmonique de Zagreb, vendredi dernier, était composé de trois œuvres de Tchaïkovski. En raison de la guerre en Ukraine, deux des trois œuvres ont été remplacées, l’une par une œuvre de Beethoven.
Il ne vient pas à l’idée du directeur de l’orchestre que Beeethoven est tout autant responsable de l’invasion de l’Europe par les nazis que Tchaïkovski est responsable de l’invasion de l’Ukraine par les Russes…
Il est amusant de constater que l’on a quand même gardé le concerto pour violon de Tchaïkovski. Pourquoi ? Parce que le soliste invité aurait pu faire payer cher cette rupture de contrat et que la politique héroïquement vertueuse passe après les picaillons ?
Il est encore plus amusant de constater que le soliste en question, Roman Simović, premier violon de l’Orchestre symphonique de Londres, a en tête de sa page Facebook cet éloge : « M. Simović est le violoniste le plus prometteur de sa génération. » C’est signé… Valéry Guerguiev.
Alors que les annulations d’invitations de Guerguiev continuent en cascade, son agent artistique (depuis 2020 seulement), Marcus Felsner, a pondu une longue déclaration pour expliquer qu’il est obligé de se séparer de l’artiste le plus célèbre de son écurie à cause de ce qui se passe en Ukraine. Il ne tarit pas d’éloges sur Guerguiev, qui est « le plus grand chef d’orchestre vivant » et « un être humain extraordinaire », que « l’œuvre de sa vie est le Mariinsky dont il se sent responsable comme d’une famille », que « ses mérites artistiques sont sans équivalent »… Mais, « le cœur brisé », il doit se séparer de lui parce qu’il ne dit rien sur la guerre en Ukraine… Il espère que bientôt Guerguiev aura « la liberté de représenter une nation qui soit fière (…) de l'adhésion de ses dirigeants à la paix, à la société ouverte et à l'État de droit. » Société ouverte : « open society » dans le texte.
Hier je voyais un concert en direct au Mariinsky, donné pour l’anniversaire de Larissa Guerguieva, la sœur de Valéry Guerguiev, qui est depuis longtemps la directrice de l’école de chant du Mariinsky (et aussi directrice de l’Opéra d’Ossétie du Nord). C’était un festival de superbes voix. Je savais que Valéry Guerguiev était « artiste du peuple de Russie » et « artiste du peuple d’Ukraine ». J’ai découvert que sa sœur est artiste du peuple de Russie, artiste du peuple d’Ukraine, artiste du peuple d’Ossétie du Nord, artiste du peuple d’Ossétie du Sud (les Guerguiev sont ossètes), et décorée de l’ordre de sainte Anne de l’Eglise orthodoxe d’Ukraine…
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Abraham leva sa tente
℟. Movens Abram tabernáculum suum, venit et habitávit iuxta convállem Mambre : * Ædificavítque ibi altáre Dómino.
℣. Dixit autem Dóminus ad eum : Leva óculos tuos, et vide : omnem terram, quam cónspicis tibi dabo, et sémini tuo in sempitérnum.
℟. Ædificavítque ibi altáre Dómino.℟. Levant sa tente, Abram vint et habita près de la vallée de Mambré, * Et il bâtit là un autel au Seigneur.
℣. Or le Seigneur lui dit : Lève les yeux et vois ; tout le pays que tu aperçois, je te le donnerai, à toi et à ta postérité pour toujours.
℟. Et il bâtit là un autel au Seigneur.La lecture biblique de cette semaine est l’histoire d’Abraham. Le premier répons des matines de ce jour rappelle la promesse de Dieu à Abraham revenu d’Egypte et qui vient de se séparer de Lot. Le texte est celui de la Vulgate, sans la précision du lieu : « la vallée de Mambré qui est à Hébron ».
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Quinquagésime
Benedíctus es, Dómine, doce me justificatiónes tuas ; in lábiis meis pronuntiávi ómnia judícia oris tui.
Tu es béni, Seigneur, enseigne-moi tes justifications, de mes lèvres j’ai prononcé tous les jugements de ta bouche.
L’offertoire de la messe de ce jour répète la première phrase, mais à la fin de la répétition elle s’élargit considérablement tant en longueur qu’en hauteur, constituant le sommet de toute la mélodie. L’essentiel est donc le mot « tuas » : tes préceptes. Le même adjectif possessif termine aussi l’antienne. Ces versets viennent du psaume 118, et chacun des huit mots désignant la Parole et les préceptes de Dieu dans le psaume 118 (cent-dix-huit, apparenté au psaume dix-huit, constitué de 22 strophes de huit versets, 8 est le nombre des béatitudes et du Christ resssuscité) est accompagné du possessif : ta parole, tes jugements, tes commandements… C’est donc le mot qui revient le plus souvent dans le psaume (plus de 200 fois). C’est pourquoi la mélodie le souligne ici, dans une élévation joyeuse qui se termine en une grande révérence. On remarque aussi le chant sur le mot « oris » : la parole sort de la bouche de Dieu comme un coup de clairon.
Par les moines de Ligugé en 1959 :
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De la Sainte Vierge le samedi
Lætáre, pater Adam, sed magis tu, o Heva mater, exsúlta; ambo, inquam, consolámini super fília, et tali fília. Instat namque tempus, quo iam tollátur oppróbrium, nec hábeat vir quid causétur advérsus féminam: qui útique, dum se imprudénter excusáre conarétur, crudéliter illam accusáre non cunctátus est, dicens: Múlier quam dedísti mihi, dedit mihi de ligno, et comédi. Proptérea curre, Heva, ad Maríam; curre, mater, ad fíliam; fília pro matre respóndeat; ipsa matris oppróbrium áuferat; ipsa patri pro matre satisfáciat: quia ecce si vir cécidit per féminam, iam non erígitur nisi per féminam.
Réjouis-toi, Adam notre Père, et toi surtout exulte, Ève notre mère. Tous deux, dis-je, tirez consolation de votre fille – et d’une telle fille ! – Car le temps est venu où désormais la honte est effacée et où l’homme n’a plus matière à porter plainte contre la femme, lui qui, essayant imprudemment de s’excuser, n’a pas hésité à l’accuser cruellement en ces termes : « C’est la femme que tu as mise auprès de moi qui m’a donné de l’arbre, et j’ai mangé ! » Accours donc, Ève, auprès de Marie ; accours, mère, auprès de ta fille. Que la fille réponde pour la mère ; qu’elle efface la honte de sa mère ; qu’elle disculpe sa mère auprès de son père. Voilà que l’homme, tombé jadis par la femme, ne peut plus se relever que par la femme.
Saint Bernard, deuxième homélie sur Missus est (« De laudibus de Virginis Matris »).
Ci-dessus un dessin au crayon et à la craie d’une cistercienne trappistine de l’abbaye Notre-Dame du Mississippi (Dubuque). Il date de 2005 et il est reproduit sur une carte qui est devenue le grand succès d’édition du monastère. C’est loin d’être un chef-d’œuvre, mais il illustre parfaitement le propos de saint Bernard. Le regard est attiré par le double mouvement de Marie mais il faut voir aussi les pieds d’Eve empêtrés dans le serpent dont Marie écrase la tête : joli raccourci.
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Juste une phrase
trouvée sur le Forum catholique:
La situation est inquiétante mais à force d'écraser le Donbass et sa population, faire ami-ami avec les Américains juste pour leur servir de base avec fenêtre sur la Russie, cela devait arriver.
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Chasse aux sorcières
C’est la Scala de Milan qui a ouvert le bal contre Valéry Guerguiev, hier, lui intimant l’ordre de plaider pour une solution pacifique en Ukraine, faute de quoi il ne pourrait pas diriger les représentations de l’opéra La dame de Pique début mars.
Puis c’est le Carnegie Hall de New York qui, ce matin, invoquant ce qui se passe dans le monde (sic), a décommandé Guerguiev pour les trois concerts qu’il devait donner à la tête du Philharmonique de Vienne, le premier étant ce soir même.
Puis c’est la Philharmonie de l’Elbe qui a lancé un ultimatum à Guerguiev, qui doit se prononcer contre Poutine s’il veut diriger l’orchestre. Puis la Philharmonie de Rotterdam. Puis la Philharmonie de Munich, dont Guerguiev est le directeur musical en titre…
Ainsi la musique est-elle aux ordres de la propagande politique. Pas en Russie. En Occident. Valéry Guerguiev, l’un des plus grands chefs d’orchestre de notre temps (comme son actualité le montre assez) est soumis à des ultimatums sous prétexte qu’il est plus ou moins proche de Poutine.
Ah oui. Et on lui reproche notamment, de façon récurrente, de ne pas avoir pris position contre les lois russes interdisant la propagande LGBT…
Valéry Guerguiev est l’homme qui restera en Russie comme celui qui a rétabli le théâtre Mariinsky dans toute sa splendeur. Ce théâtre que Staline avait rebaptisé Kirov était en décadence depuis la révolution bolchevique. En 1977 le jeune Valéry Guerguiev entre au Kirov comme chef d’orchestre stagiaire. Il fait peu à peu la preuve de son génie, et en 1988, quand le chef principal Iouri Temirkanov prend la direction de l’orchestre philharmonique de Leningrad, c’est Guerguiev qui doit logiquement lui succéder. Mais ce n’est pas possible. Pourquoi ? Parce qu’il n’a pas sa carte du parti communiste. Voilà l’homme qui subit aujourd’hui les foudres des bien-pensants. Guerguiev l’homme libre était prêt à sacrifier sa carrière. Mais, par un vote, le personnel du Kirov fit de Guerguiev le chef principal de l’institution. Et Guerguiev s’attela à la refondation du Kirov.
En 1991 est élu maire de Leningrad Anatoly Sobtchak, avec comme premier adjoint un certain Vladimir Poutine. Trois mois plus tard, la ville redevient Saint-Pétersbourg. L’année suivante le Kirov redevient le Mariinsky. Vladimir Poutine va soutenir Valéry Guerguiev dans ses projets de développement du Mariinsky, dont il devient directeur artistique en 1994, puis directeur général en 1998. Une nouvelle salle de concert est inaugurée en 2006, un nouvel opéra en 2013.
Grâce à Guerguiev… et à Poutine, Saint-Pétersbourg est redevenue une des capitales musicales du monde. Au nom de quoi devrait-on obliger le chef d’orchestre Guerguiev à condamner le président Poutine ?
Quelques minutes de musique russe, avec Guerguiev... à la Scala…
La peinture de Viktor Alexandrovich Hartmann qui a inspiré cette musique : Projet pour la porte de la ville à Kiev (Проэктъ городскихъ воротъ въ Кіевѣ):