Lætáre, pater Adam, sed magis tu, o Heva mater, exsúlta; ambo, inquam, consolámini super fília, et tali fília. Instat namque tempus, quo iam tollátur oppróbrium, nec hábeat vir quid causétur advérsus féminam: qui útique, dum se imprudénter excusáre conarétur, crudéliter illam accusáre non cunctátus est, dicens: Múlier quam dedísti mihi, dedit mihi de ligno, et comédi. Proptérea curre, Heva, ad Maríam; curre, mater, ad fíliam; fília pro matre respóndeat; ipsa matris oppróbrium áuferat; ipsa patri pro matre satisfáciat: quia ecce si vir cécidit per féminam, iam non erígitur nisi per féminam.
Réjouis-toi, Adam notre Père, et toi surtout exulte, Ève notre mère. Tous deux, dis-je, tirez consolation de votre fille – et d’une telle fille ! – Car le temps est venu où désormais la honte est effacée et où l’homme n’a plus matière à porter plainte contre la femme, lui qui, essayant imprudemment de s’excuser, n’a pas hésité à l’accuser cruellement en ces termes : « C’est la femme que tu as mise auprès de moi qui m’a donné de l’arbre, et j’ai mangé ! » Accours donc, Ève, auprès de Marie ; accours, mère, auprès de ta fille. Que la fille réponde pour la mère ; qu’elle efface la honte de sa mère ; qu’elle disculpe sa mère auprès de son père. Voilà que l’homme, tombé jadis par la femme, ne peut plus se relever que par la femme.
Saint Bernard, deuxième homélie sur Missus est (« De laudibus de Virginis Matris »).
Ci-dessus un dessin au crayon et à la craie d’une cistercienne trappistine de l’abbaye Notre-Dame du Mississippi (Dubuque). Il date de 2005 et il est reproduit sur une carte qui est devenue le grand succès d’édition du monastère. C’est loin d’être un chef-d’œuvre, mais il illustre parfaitement le propos de saint Bernard. Le regard est attiré par le double mouvement de Marie mais il faut voir aussi les pieds d’Eve empêtrés dans le serpent dont Marie écrase la tête : joli raccourci.
Commentaires
Très "art nouveau". Et l'idée d'associer les complémentaires (le bleu et l'orange) est intéressante.
C'est une gamine charmante, charmante, charmante...
J'ai d'abord voulu prendre cette image pour illustrer Péguy, mais l'Eve de Péguy est une "aïeule", tandis que celle-ci est une gamine charmante, char....
Cette image légèrement naïve me tourne irrésistiblement vers la mère du Sauveur. D'un côté, voici la femme terrestre (en rouge-brun), couverte seulement par ses cheveux jusqu'à mi-cuisse, à la gorge légèrement bombée en signe de vieillissement, au regard triste et au visage rougi de honte, ayant déjà croqué le fruit, gardant le fruit pour elle-même et le plaisir qu'il donne pour lui-même. Tout ceci comme l'effet d'un enlacement par le fait du serpent.
D'un autre côté, voici la femme en abondance habillée de blanc et de bleu de la tête aux pieds, à la stature un peu plus grande, au visage très jeune, sans aucune trace de honte, tenant la main de la pécheresse en même temps que le fruit de son ventre et simultanément, apportant la consolation de sa main droite. Par sa main, la femme abondante ne résiste ni à son fruit ni à l'autre femme, trouvant ainsi en elle-même la raison de garder pour donner. C'est l'eros paisible qui ne peut se vivre humainement qu'en se prolongeant en Agapé sous l'action de la grâce (v. Benoît XVI, Caritas in vérité).
Derrière la scène de rencontre figure une ouverture béante et dorée dans le maillage inextricable des feuillages et des fruits. Le Dieu invisible se manifeste par la femme arrondie et dont le bras salutaire apporte ce que l'autre bras protège paisiblement et simultanément, à savoir le Sauveur et le pécheur.
Je vénère cette Femme qui me garde et me console et j'adore son Fruit, à la fois intime et donné. En Elle, la morale humaine achevée véhicule le mode proprement humain du salut de Dieu et m'ouvre l'espace doré du Ciel par ma coopération oblative de chaque jour.
Ce qu'il y a de plus charnel en Elle est ce qu'il y a de plus spirituel. L'ensemble de son corps, de ses vêtements, de ses bras ne cessent de dire et d'offrir le Fruit divinement humain qui me sauve et me console, depuis le cœur de son cœur et l'évidente simplicité de son ventre arrondi.
Cette image tombe à point nommé alors que nos lois hideuses détruisent ensemble le mystère de la femme et le mystère consolateur de la bienheureuse Marie toujours vierge, intimement solidaire des autres femmes et bénie entre toutes les femmes.
"Cette image légèrement naïve me tourne irrésistiblement vers la mère du Sauveur. D'un côté, voici la femme terrestre (en rouge-brun), couverte seulement par ses cheveux jusqu'à mi-cuisse, à la gorge légèrement bombée en signe de vieillissement, au regard triste et au visage rougi de honte, ayant déjà croqué le fruit, gardant le fruit pour elle-même et le plaisir qu'il donne pour lui-même. Tout ceci comme l'effet d'un enlacement par le fait du serpent."
Oh, mon Père ! J'espère que vous ne faites pas partie de ces "théologiens" qui pensent que le fruit de l'arbre du Bien et du Mal serait "golo-golo" !
En tout cas, Michel-Ange le pensait lui, il suffit de voir la fresque adéquate dans la Sixtine
Si je savais ce qu'il y avait dans la tête de Michel-Ange, je serais un génie, mais ces histoires de "croquer la pomme", etc, ç'a un côté puceau.
Et la donzelle m'a tout l'air d'une anorexique pleurnicharde dans le style Greta Thumberg. J'aurais préféré une ancêtre à la Rubens :
https://www.franceculture.fr/emissions/une-histoire-particuliere-un-recit-documentaire-en-deux-parties/phenomenes-12-clementine-delait-la-femme-a-barbe-de-thaon-les-vosges
Oh flute, pardonnez-moi, je vous ai mis la grand-mère de Théofrède !
je ne comprends pas que le propriétaire de cez lieux permette à un pervers sexuel alcoolique d'injurier quotidiennement ma famille sur ce site cet individu répugnant a déjà prétendu que je m'occupais d'un BMC en afrique déguisé en femme alors qu'il n'y a visiblement jamaid mis les pieds
qu'il fiche la paix à ma grand-mère !
Signé : Théofrède
Désolé, je me situe avec Benoît XVI, aux antipodes d'un jansénisme "cul coincé" et d'un manichéisme masqué pour appréhender la chair comme espace possible d'un enfermement moral ou au contraire d'une ouverture au salut par le Verbe incarné. Celui-ci dit et donne un Dieu et un salut intrinsèquement oblatifs par sa venue charnelle dans le ventre de sa Mère, qui est Mère de Dieu. C'est dans l'absence d'oblativite et non dans la chair et ses tendances naturelles que vient se nicher la réalité et la notion du péché. Lisez Caritas in veritate de Benoît XVI, avec la lecture positive qu'il donne de l'eros en tant que tel. Il faut faire la différence entre les actes de l'homme et les actes humains, en tenant compte de la blessure originelle rendant difficile la régulation des tendances par l'intelligence et la volonté, même sous l'action de la grâce. A la Messe, c'est pour obtenir la grâce de rester oblatifs dans les dangers qui nous cernent, que nous demandons le pardon des péchés et la force de lutter, par la vertu du Sacrifice propitiatoire de la Croix, représenté et rendu présent dans l'action sacramentelle du Christ et de l'Eglise. Notre religion n'est pas un jansénisme "cul coincé", ni un gnosticisme manichéen, mais une religion physique autour de l'identité de Dieu et de son salut véritable. En Jn 1,14, l'apôtre adopte le mot "Sarx", pour parler crûment de la venue du Verbe dans la chair. De même, à partir de Jn 6,51-57, l'apôtre, à travers le verbe "Trogo", dit qu'il faut mastiquer le Corps du Christ, et même le mastiquer pour vivre par Lui. Le christianisme n'est pas la religion d'une sectouille pudibonde ou bien pensante, mais une religion physique crue et vécue par l'affirmation chaste de la chair comme Temple de Dieu, demeure maternelle du Verbe, espace de vie chrétienne et d'accomplissement au Ciel. Dans ma réflexion, je me demande même si les péchés purement spirituels, en chassant Dieu de la régulation intime de la conscience, n'aboutissent pas mécaniquement à des désordres proprement charnels. Question à poser ou à se poser dès lors que, purs comme des anges, les hommes deviennent orgueilleux comme des démons. Mais Dieu, dans le ventre de sa Mère, a choisi une condescendance d'amour, par laquelle il se présente charnellement et de ce fait, nous rejoint et nous sauve.
Vous prêchez un converti, mais sans répondre à ma question qui était d'ailleurs une boutade. Dans mon cas, la lumière serait plutôt venue de Veritatis Splendor, bien que je ne sois pas un thuriféraire de Jean-Paul II.
Je veux dire que vous avez raison de mettre en avant le côté "viande rouge" du catholicisme. Plus incarné, on fait pas. D'ailleurs le prêtre sépare le corps et le sang, on ne sait pas pourquoi, enfin si, c'est une réminiscence des sacrifices anciens. Les paroles : "Ceci est mon corps, Ceci est mon sang." On n'y comprend rien. Il aurait pu dire : "Ceci est ma divinité, mon âme, incarnées dans ce morceau de pain."
Non, non, mon corps et mon sang. Débrouillez-vous avec ça. C'est tout le problème des protestants quand vous discutez avec eux. Et vous savez quoi ? Les anges n'y comprennent rien non plus.
La tunique de cheveux c'est aussi un élément de l'iconographie canonique de S. Marie-Madeleine , ça fait un rapprochement intéressant.