La Croix a titré : « A Auschwitz, l’exécutif polonais fait de l’histoire un instrument politique » (on notera le subtil jeu de mots sur exécuter à Auschwitz…). Et Euractiv : « Szydlo poursuit sa rhétorique anti-migrants jusqu’à Auschwitz » (message subliminal : elle poursuit les juifs jusqu’aux chambres à gaz). Voici le texte que m’envoie notre ami Bertrand.
Mercredi dernier, la Pologne a vécu sa "Journée Nationale de la Mémoire des Victimes des Camps de Concentration et des Camps d'exterminations de l'Allemagne Nazie". La date correspond à l'arrivée du premier contingent massif de prisonniers à Auschwitz le 14 juin 1940. A cette occasion, le premier ministre de la République de Pologne Mme Szydlo a fait un discours au camp d'extermination d'Auschwitz, dans lequel elle a rappelé le drame terrible que fut l'industrie des camps de la mort de l'Allemagne Nazie pendant la seconde guerre mondiale et l'importance de conserver la mémoire des victimes et de continuer sans relâche à affirmer avec force la vérité sur cette tragédie. Au coursde son allocution pleine d'émotion et de solennité (mais un peu convenue car il est difficile de dire de nouvelles choses 77 ans après), Mme Szydlo a prononcé la phrase suivante : « En cette époque troublée, Auschwitz est la grande leçon qu'il faut tout entreprendre afin d'assurer la sécurité et la vie de ses citoyens. »
Le quotidien de gauche "Gazeta Wyborcza" a titré "Etrange déclaration de Szydlo à propos d'Auschwitz : il faut tout faire pour protéger la vie de ses citoyens". Tous les médias d'opposition se sont déchaînés contre ces propos du Premier ministre. Donald Tusk, ancien Premier ministre polonais et actuel président du Conseil européen, déclare sur son compte Twitter privé que : "De telles paroles, dans un tel endroit, ne devraient pas sortir de la bouche d'un Premier ministre polonais". La tempête médiatique et politique n'a fait que redoubler d'ardeur. On ne parle plus que de cette phrase. Le Washington Post a publié un article de Vanessa Gera dans la journée. Des médias allemands reprennent l'information en critiquant le gouvernement polonais.
Toutes ces voix critiques et scandalisées accusent le Premier ministre d'avoir eu à l'esprit... les réfugiés syriens que la Pologne refuse de "relocaliser" (selon l'expression en vigueur à Bruxelles).
Le site "Forum des juifs Polonais" a publié un communiqué titré "Réaction au discours de Szydlo, ou comment l'aveuglement par la haine prive les gens de leur dignité". Le journaliste Pawel Jedrzejewski poursuit: « Les déclarations de Mme Szydlo aujourd'hui à Auschwitz sont sans équivoque : si un Etat démocratique ne protège pas ses citoyens, viendra alors un autre état totalitaire doté d'une idéologie meurtrière (voire même une idéologie seule) qui les assassinera. Ces paroles ont du sens particulièrement à Auschwitz : la Pologne de l'entre deux guerres n'a pas été en mesure de protéger ses citoyens (avant tout les Juifs) et le IIIe Reich en a exterminé des millions. Cela ne peut plus se reproduire ! » « La campagne menée contre Szydlo, basée sur une déformation consciente du sens de ses paroles, montre de façon exemplaire comme l'aveuglement par la haine (pour des raisons politiques) prive les gens de leur dignité. »