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Le blog d'Yves Daoudal - Page 689

  • Saint Grégoire VII

    Le Pape Grégoire VII, connu d’abord sous le nom d’Hildebrand, était né à Sovana en Toscane. Se distinguant au plus haut degré par sa science, sa sainteté et par tous les genres de vertus, il illustra merveilleusement l’Église de Dieu toute entière. Dans sa petite enfance, alors qu’il ne connaissait pas encore ses lettres, jouant un jour aux pieds d’un ouvrier qui travaillait le bois, il forma, dit-on, comme par hasard, avec des copeaux, cette parole prophétique de David : « Il dominera d’une mer à l’autre ». Dieu conduisait la main de l’enfant et voulait montrer par là qu’il posséderait plus tard la plus haute autorité qui soit au monde. S’étant rendu à Rome, il y fut élevé sous la protection de saint Pierre.

    Dans sa jeunesse, s’affligeant profondément de voir la liberté de l’Église gênée par l’oppression laïque, et les mœurs du clergé tendre à la dépravation, il se retira à l’abbaye de Cluny, où l’observance et l’austérité de la vie monastique étaient alors en pleine vigueur sous la règle de saint Benoît. Une fois revêtu de l’habit monastique, il se consacra au service de la majesté divine avec une piété si ardente, que bientôt les saints religieux de ce monastère le choisirent comme prieur ; mais la divine Providence le destinait au salut d’un plus grand nombre. Hildebrand fut enlevé au monastère de Cluny, et d’abord élu Abbé du monastère de Saint-Paul-hors-les-murs, puis créé Cardinal de l’Église romaine et chargé des missions les plus importantes, sous les Pontifes Léon IX, Victor II, Etienne IX, Nicolas II et Alexandre II. Saint Pierre Damien l’appelait l’homme du conseil très saint et très pur. Envoyé en France, comme légat a latere, par le pape Victor II, il amena miraculeusement l’Évêque de Lyon, coupable de simonie, à reconnaître son crime ; et, dans le concile de Tours, contraignit Bérenger à abjurer une seconde fois son hérésie ; son énergie arrêta l’essor du schisme de Cadaloüs

    Alexandre II étant mort, le moine Hildebrand fut élu souverain pontife à l’unanimité, malgré sa résistance et ses larmes, le dix des calendes de mai de l’an du Christ mil soixante-treize. Resplendissant alors comme un soleil dans la maison de Dieu, puissant en œuvres et en paroles, il travailla avec tant de zèle à affermir la discipline ecclésiastique, à répandre la foi, à reconquérir la liberté pour l’Église, à extirper les erreurs et les vices, que, depuis le temps des Apôtres, aucun Pontife, assure-t-on, ne soutint de plus grands travaux pour l’Église de Dieu, ou ne lutta plus fortement pour son indépendance, il délivra plusieurs provinces de la lèpre de la simonie. S’opposant avec constance, comme un athlète intrépide, aux entreprises sacrilèges de l’empereur Henri, Grégoire ne craignit pas de se placer comme un mur de protection devant la maison d’Israël : et quand ce même Henri fut tombé tout à fait dans le crime, il l’excommunia, le déclara privé de son royaume, et releva ses peuples du serment de fidélité.

    Pendant qu’il célébrait le saint Sacrifice, de pieux personnages virent une colombe descendre du ciel, se reposer sur son épaule droite et voiler sa tête de ses ailes étendues : prodige signifiant que l’Esprit-Saint lui-même, et non la sagesse humaine, le guidait dans le gouvernement de l’Église.

    Rome se trouvant serrée de près par les troupes du criminel Henri, le Saint Pontife éteignit d’un signe de croix un incendie allumé par l’ennemi. Quand Robert Guiscard, chef des Normands, l’eut arraché aux mains de son persécuteur, il gagna le mont Cassin, et de là se rendit à Salerne pour y dédier une église en l’honneur de saint Matthieu. Épuisé par tant d’épreuves, il se vit, un jour que dans cette ville, il parlait au peuple, saisi d’un mal qu’il sut d’avance être mortel. Les dernières paroles de Grégoire expirant, furent : « J’ai aimé la justice et j’ai haï l’iniquité : voilà pourquoi je meurs en exil »*. Innombrables furent, et les contradictions qu’eut à souffrir, et les sages décrets que porta, dans beaucoup de conciles qu’il tint à Rome, cet homme véritablement saint, ce vengeur des crimes et ce très vaillant défenseur de l’Église. Il avait passé douze années dans le souverain pontificat, lorsqu’il partit pour le ciel, l’an du salut mil quatre-vingt-cinq. Beaucoup de miracles illustrèrent sa vie et sa mort, et sa sainte dépouille fut ensevelie avec honneur dans l’église principale de Salerne.

    Bréviaire

    * Dilexi justitiam et odivi iniquitatem, propterea morior in exilio. La première partie de la phrase est une citation du psaume 44 (mise à la première personne), utilisée dans la liturgie notamment comme introït de la messe des vierges.

  • Kirsten Gillibrand

    Kirsten Gillibrand est sénatrice de New York et candidate à l’investiture démocrate pour l’élection présidentielle de 2020. Militante acharnée de l’avortement, elle prétend qu’il y a eu « plus de 250 lois » limitant l’avortement « rien que cette année », elle déclare que les lois qui prohibent l’avortement à partir du premier battement de cœur du fœtus sont « terrifiantes », et plus généralement que toutes ces lois sont « contre la foi chrétienne ». Exemple de la prose de la dame :

    « Si vous êtes une personne qui a la foi chrétienne, l'un des fondements de notre foi est le libre arbitre. L’un des fondements de notre démocratie est la séparation de l’Église et de l’État et nous ne sommes en aucun cas censés imposer notre foi à d’autres personnes. »

    Kirsten Gillibrand a évidemment un score de 100% dans le classement du Planning familial. Mais elle tourne autour de 1% dans les intentions de vote à la primaire démocrate.

  • Au Brésil

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    A l’initiative du député Eros Biondini et du Front parlementaire catholique, le Brésil a été consacré mardi 21 mai au Cœur Immaculé de Marie. La proclamation a été faite au palais présidentiel par Mgr Fernando Areas Rifan, supérieur de l'Administration apostolique personnelle Saint Jean-Marie Vianney (dédiée à la messe traditionnelle), et signée par le président Jair Bolsonaro, le général Floriano Peixoto, ministre-chef du secrétariat général de la présidence de la République, Eros Biondini, Mgr Rifan, et Mgr João Evangelista Martins Terra, évêque auxiliaire émérite de Brasilia.

    La statue de Notre Dame de Fatima devant laquelle la consécration a eu lieu sera installée au palais présidentiel.

    Le Brésil avait déjà été consacré au Cœur Immaculé de Marie en 1948 par tous les évêques du Brésil et le président de l’époque. Mais aujourd’hui les évêques sont ouvertement de gauche et violemment opposés à Bolsonaro : aucun évêque de la conférence épiscopale n’a donc participé à la cérémonie…

    Il va falloir s’habituer à tout faire sans les évêques, ou contre les évêques. Il est vrai que sur le plan liturgique ou catéchétique on en a une désormais longue expérience…

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    Jair Bolsonaro, Eros Biondini, Mgr Rifan, Mgr Martins Terra.

  • Aux Etats-Unis

    Alors que de nombreux Etats adoptent des lois restreignant l’avortement, et même commencent à l’interdire, d’autres veulent à toute force sauvegarder le « droit » de tuer les enfants à naître. Ainsi, dans le Vermont les députés ont adopté le 7 mai, par 106 voix contre 38, un amendement constitutionnel garantissant « le droit fondamental de toute personne devenant enceinte de choisir de mener sa grossesse à son terme, de donner naissance à un enfant, ou d’avorter ». Les sénateurs avaient déjà adopté ce texte par 28 voix contre 2.

    Le gouverneur pourtant républicain, Phillip Scott, a déclaré qu’il n’opposerait pas son veto : « Je crois au droit de la femme de choisir. Je crois que le gouvernement doit rester en dehors de cela. »

    Pour être inscrit dans la Constitution, le texte devra être voté de nouveau par les deux chambres lors de la session de 2021, et adopté par référendum lors des élections de 2022.

  • En Centrafrique

    Témoignage de Mgr Juan José Aguirre Muños, évêque de Bagassou, sur la progression des Peuls (Fulani) dans tous les pays sud-sahariens.

    Dans l’ensemble du Sahel, le déplacement des Peuls (ou Fulanis) avec des millions de bovins déstabilise actuellement des zones entières du Nigeria, du Niger, du Burkina Faso, du Cameroun, du Tchad et maintenant de République centrafricaine, suite aux conflits qu’ils suscitent entre cette population de bergers nomades et les populations locales d’agriculteurs sédentaires. La cause de ce mouvement est la désertification qui contraint les Peuls à aller à la recherche continuelle de nouveaux pâturages et de sources d’eau. Malheureusement, les Peuls, qui sont bien armés, laissent sur leur passage une traînée de sang qui s’allonge de jour en jour. En Centrafrique, des milliers d’entre eux sont déjà arrivés. Ils ont créé un couloir qui descend du Tchad et arrive en Centrafrique dans la zone de N'Délé, au nord du pays. De là, ils descendent vers Bangassou, dans le sud-est, en traversant les missions de Zémio, Boqui et Obo. Il s’agit de milliers d’hommes, de femmes et d’enfants avec leurs troupeaux qui se dirigent actuellement dans notre zone. Si les flux devaient se perpétuer à ce rythme, d’ici quelques années seulement, au sud-est de la Centrafrique pourraient vivre jusqu’à 2 millions de Peuls. Les populations locales sont alarmées pour leur avenir. Ce qui est certain est que tout est fait pour ouvrir des couloirs au travers desquels passent les Peuls à la recherche d’eau et de pâtures. Les seigneurs de guerre ont avancé leurs requêtes visant à transformer une partie de la zone de la mission d’Obo en parc naturel de manière à chasser les agriculteurs et à permettre l’installation des Peuls avec des millions de têtes de cheptel. Cela fait partie de la guerre que nous connaissons actuellement en Centrafrique. Un des seigneurs de guerre lié aux Peuls est Ali Darassa, un Peul (Fulani) nigérian. Il s’agit du principal organisateur de ces couloirs. Nous comprenons le drame des Peuls, victimes de la désertification, mais personne n’a demandé la permission des populations centrafricaines qui vivent déjà dans des conditions très dures. En outre, les Peuls sont musulmans et les populations locales sont chrétiennes, ce qui accentue les tensions interreligieuses déjà présentes en Centrafrique.

    On remarquera que l’évêque attend la fin pour signaler un point essentiel : les Peul « bien armés » qui « laissent sur leur passage une traînée de sang qui s’allonge de jour en jour » sont musulmans, et les paysans qu’ils massacrent sont chrétiens. Mais enfin il le dit.

  • Au Pakistan

    PAKISTAN_-_0521_-_Cristiano_2.jpgJaved Masih, de Nalka Kohala, près de Faisalabad, avait 36 ans, il était marié et père d’un enfant. Et chrétien comme son nom l’indique.

    Il y a environ quatre mois il avait accepté de travailler dans une ferme pour 10.000 roupies par mois (moins de 60 €) – le salaire minimum étant de 16.500 roupies. Non seulement il était mal payé mais il devait supporter les vexations constantes de ses patrons musulmans. Il l’acceptait pour faire vivre sa femme et son enfant handicapé.

    Puis il a trouvé mieux. Un emploi payé 20.000 roupies, un mois payé d’avance.

    Son employeur lui a alors fait savoir que s’il voulait quitter son poste il devait lui rembourser les 6.000 roupies dont il lui avait fait avance lors de l’embauche. Le nouvel employeur de Javed Masih lui a fourni ces 6.000 roupies. Et Javed est allé donner cet argent à l’ancien employeur. Lequel, avec son beau-frère, un cousin et un ami, ont torturé Javed à mort et ont balancé son corps dans un canal.

    Les funérailles ont eu lieu le 19 mai. Le même jour, le ministre du Pendjab pour les droits de l’homme et les minorités, Ejaz Augustine (lui-même chrétien, donc) a rendu visite à la famille et a promis que les coupables seraient traduits en justice. Mais pour l’heure personne n’a été arrêté.

  • Une messe en Ecosse

    Pour la première fois depuis l’interdiction de la foi catholique en Ecosse (1560), une messe a été célébrée, le 18 mai, dans les ruines de la cathédrale d’Elgin, la « lanterne du Nord », grâce à l’action incessante de la Confraternité Saint-Ninian, qui tenait une retraite non loin de là à l’abbaye de Pluscarden.

    La messe a été célébrée selon l’usus antiquior, comme disent élégamment les Britanniques, par le P. Ross Crichton, curé d’Eriskay, petite île des Hébrides (133 habitants). Moi qui croyais que les Hébrides étaient calvinistes…

    Ce qui est stupéfiant est que les sites catholiques plutôt tradis qui rapportent le fait recopient sans sourciller le propos du journal local disant que la cathédrale est en ruine parce qu’elle a été « abandonnée » par l’Eglise catholique en 1560…

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    (Photos de Maciej Zurawski, via New Liturgical Movement)

  • L’ange cria à la pleine de grâce

    Juste après la consécration, dans la divine liturgie de saint Jean Chrysostome, on chante une hymne à la Mère de Dieu. Au temps pascal c’est celle-ci :

    Ὁ Ἄγγελος ἐβόα τῇ Κεχαριτωμένῃ· Ἁγνὴ Παρθένε, χαῖρε, καί πάλιν ἐρῶ, χαῖρε· ὁ σὸς Υἱὸς ἀνέστη τριήμερος ἐκ τάφου. Φωτίζου, φωτίζου, ἡ νέα Ἱερουσαλήμ, ἡ γὰρ δόξα Κυρίου ἐπὶ σὲ ἀνέτειλε· χόρευε νῦν, καὶ ἀγάλλου Σιών. Σὺ δὲ ἁγνή, τέρπου, Θεοτόκε, ἐν τῇ ἐγέρσει τοῦ τόκου σου.

    L’ange cria à la pleine de grâce : Pure Vierge, réjouis-toi, je le répète, réjouis-toi, car ton Fils est ressuscité le troisième jour. Illumine, illumine, Jérusalem nouvelle, car la gloire du Seigneur s’est levée sur toi. Exulte maintenant et réjouis-toi, Sion. Et toi, toute pure, Mère de Dieu, réjouis-toi en la résurrection de ton Fils.

    Par Charalambos Symeonidis, le protopsalte de l’église Saint-Eleuthère d’Athènes, le 22 avril dernier, selon la mélodie établie par l’ancien chef protopsalte du patriarcat œcuménique Thrasyvoulos Stanitsas.

    On l’entendra en arabe ici.

  • Si oblitus fuero tui

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    ℟. Si oblítus fúero tui, allelúia, obliviscátur mei déxtera mea:
    * Adhǽreat lingua mea fáucibus meis, si non memínero tui, allelúia, allelúia.
    . Super flúmina Babylónis illic sédimus et flévimus, dum recordarémur tui, Sion.
    ℟. Adhǽreat lingua mea fáucibus meis, si non memínero tui, allelúia, allelúia.

    Si je t’oublie, alléluia, que ma droite t’oublie. Que ma langue se colle à mon palais, si je ne me souviens pas de toi, alléluia, alléluia.
    Sur les fleuves de Babylone, là nous nous sommes assis et nous avons pleuré, en nous souvenant de toi, Sion.

    Le psaume d’où est tiré ce répons de matines est l’un des plus célèbres (il a donné un « tube » : « By the rivers of Babylon », et a inspiré le chœur le plus connu de Verdi : « Va pensiero »), et surtout c’est l’un des plus tristes du psautier : les Hébreux en exil pleurent leur patrie perdue. Mais on y ajoute des alléluias, et ça fait un chant pascal : car notre exil dans cette vallée de larmes ne durera pas, le Seigneur est ressuscité et il nous emmène dans son Royaume qui est notre vraie patrie…

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    Antiphonaire des cordeliers de Fribourg, autour de 1300