La fête de saint Raphaël n’est entrée au calendrier romain qu’en 1921. Dans les bagages, curieusement, de la « sainte Famille ».
En effet, le 26 octobre 1921, Benoît XV décrétait que l’on célébrerait désormais partout la « fête de la sainte Famille de Jésus, Marie, Joseph » le dimanche dans l’octave de l’Epiphanie. Ceci entraînait l’arrivée au calendrier de l’archange saint Gabriel, le 24 mars, veille de l’Annonciation. Et puisqu’on mettait saint Gabriel, on mit aussi saint Raphaël, pour qu’il ne soit pas jaloux, sans doute. Aucune raison ne fut donnée pour la date du 24 octobre, mais on souligna que ses « bienfaits envers la famille de Tobie sont décrits dans nos Saints Livres ». Donc, seul lien ténu, il est encore question de la famille…
Le décret disait :
Tout le monde se rend compte qu'il est juste et salutaire pour la famille domestique et pour la société elle-même de favoriser et de propager l'Association de la Sainte-Famille que le Saint-Siège a fondée, munie de lois, enrichie d'indulgences et de privilèges en faveur spécialement des associés et des curés; qu'il convient à cette même fin d'honorer la sainte Famille de Nazareth et d'en célébrer la fête dans toute l'Eglise par un rite liturgique spécial, accompagné d'une fructueuse méditation de ses bienfaits et de l'imitation de ses vertus. Il n'est pas moins opportun, pour l'accroissement de la piété et de la dévotion envers la sainte Famille elle-même, de commémorer par une solennité religieuse la divine mission des deux archanges : de saint Gabriel, messager du mystère de l'Incarnation du Seigneur, et de saint Raphaël, dont les bienfaits envers la famille de Tobie sont décrits dans nos Saints Livres.
Le décret instituait également la fête de saint Irénée, le 28 juin. Là, aucun rapport avec quelque famille que ce soit, mais un hommage à un père d’origine orientale qui exalta l’autorité de l’Eglise de Rome :
Profitant de cette occasion, Notre Saint-Père a jugé bon d'honorer par un acte de gratitude, consigné dans la liturgie, l'illustre disciple de saint Polycarpe, évoque de Smyrne, l'évoque et martyr de Lyon qui, dans son ouvrage Contre les hérésies,1. III, a transmis à la mémoire des siècles un si magnifique témoignage en faveur de l'Eglise romaine. « A cette Eglise, écrit-il, en raison de son éminente suprématie, doit nécessairement se réunir toute Eglise, c'est-à-dire les fidèles de tout l'univers... C'est grâce à cette disposition, à cette succession régulière (des pontifes romains), qu'a pu parvenir jusqu'à nous la tradition et la proclamation de la vérité que l'Eglise tient des apôtres. »
Selon le décret, « tout le clergé séculier et régulier » et « tous ceux qui, par précepte, sont tenus à la récitation de l'Office divin » étaient désormais tenus de célébrer ces fêtes.
Pourtant elles n’entrèrent jamais dans le bréviaire monastique…