J’avais signalé que le Metropolitan Opera de New York accompagnait sa nouvelle production de Turandot, de Puccini, d’un très long texte sur les « insensibilités culturelles » de cet opéra horriblement raciste anti-chinois.
L’Opéra de Washington quant à lui a refait la fin de l’œuvre. On sait que Puccini a laissé son dernier opéra inachevé. C’est la version terminée par Franco Alfano à la demande de Toscanini qui est toujours représentée. Mais à Washington on a décidé de modifier la fin du livret et de demander à Christopher Tin de composer « quelque chose qui ressemble à du Puccini mais avec un filtre contemporain ».
La modification du livret est digne du wokisme me-too le plus stupide : alors qu’au second acte la princesse sanguinaire explique elle-même qu’elle venge son aïeule violée et tuée par un étranger, dans la nouvelle mouture c’est elle-même qui a été violée, car son attitude est « une réaction traumatique ». Et bien sûr, alors que dans l’original la princesse est radicalement transformée par le baiser forcé de Calaf, dans la nouvelle mouture c’est la princesse qui embrasse Calaf. Ce qui supprime l’odieuse agression sexuelle, car il ne peut y avoir d’agression sexuelle que de la part d’un homme.
Un mot tout de même aussi de Christopher Tin, compositeur de musiques de films et de jeux vidéo, et non d’opéras, qui est d’une prétention sans bornes : « Personne ne veut entendre du Puccini de second plan. En revanche, on peut avoir envie d’entendre du Christopher Tin de premier plan. » Euh, non, pas forcément, surtout à la fin d’un authentique chef-d’œuvre.
Commentaires
Le manque de compétences engendre des illusions !