Portrait anonyme de 1687 (et non de 1697 comme le laisse entendre l’inscription).
Traduction d’un extrait de l’article de l’encyclopédie Treccani.
Pour « rendre le peuple bon », il faut un excellent clergé. Et c'est ce que le séminaire produit. Grégoire trouve peu de choses lorsqu'il s'installe : un bâtiment minable avec un maigre groupe de seulement 12 étudiants, objet d'un enseignement minable et peu convaincant. Grégoire entreprit de refonder le séminaire, pour qu’il devienne une force d’impulsion de renouveau religieux et culturel à la fois.
Le séminaire fut transféré dans un ancien monastère réaménagé à cet effet ; il fut inauguré le 4 novembre 1670, et le nombre d'étudiants dépassa progressivement 80, 90 et 100. L'éventail des matières s'élargit : théologie, hébreu, logique, grammaire, humanité, géographie, grec, latin, physique, philosophie, histoire ecclésiastique, métaphysique, jurisprudence, écriture sainte, rhétorique, calligraphie. Mais comme la formation du personnel missionnaire était également dans ses plans, fut ajouté l'enseignement des langues orientales telles que l'arabe, le turc et le persan. Le séminaire était un lieu de recherche et pas seulement d’enseignement, doté d'une remarquable bibliothèque et d'un observatoire astronomique. Et, à partir de 1684, lorsqu’il commença à imprimer avec sa propre imprimerie, il devint un centre d'édition. Et - suscitant les protestations des imprimeurs vénitiens menacés dans leur monopole lucratif d'impression des "livres rouge et noir" - il imprima des textes liturgiques. L'imprimerie n'est pas non plus une entreprise parmi d'autres. Forte des poinçons et des matrices donnés par le grand-duc Cosme, le président de l'Ambrosiana, le duc Borromée et le cardinal Casanate, elle avait des caractères grecs, arabes et hébreux. Et, peut-être, son mérite le plus significatif est l'édition - dirigée par l'arabisant Ludovico Marracci - en 1698, en deux volumes, du Coran, où le texte, tiré "ex correctioribus [...] exemplaribus" de l'arabe, est d'une part traduit en latin, et d'autre part attaqué dans l'introduction et le commentaire par une constante "refutatio".
Il fut toujours et avant tout un évêque, ne ménageant pas ses forces, et non sans amertume : les "épines" furent nombreuses, parmi lesquelles la longue querelle avec les chanoines sur le "gouvernement épiscopal" ; la satisfaction la plus authentique lui vint du séminaire, sa créature préférée, qu'il éleva avec l'affection d'un père, son "seul plaisir", confia-t-il au grand-duc Cosme.
Cardinal, il fut à Rome pour les conclaves du 2 au 20 juin 1667, du 20 décembre 1669 au 29 avril 1670, du 23 août au 6 octobre 1689, du 12 février au 12 juillet 1691 et, par conséquent, absent de Padoue. Il est également présent au conclave de 1676, qui élit Innocent XI, mais cette fois il arrive à Rome le 27 juillet et est contraint d'y rester jusqu'en février 1680, non sans tourments - de "ius divinum" est selon lui l'obligation de résidence - et même remords. L'absence de Padoue pendant trois ans et demi était justifiée parce que c’était la volonté d'Innocent XI, mais il s'agissait tout de même de la lacération d'une action épiscopale qui ne pouvait être exercée in loco qu'avec une continuité systématique. Il en était ainsi, du moins, dans la perception angoissée de Grégoire, qui ne se sentait pas à sa place à Rome, un étranger de passage toujours prêt à partir. Si à Padoue - comme il le dit à son vieux père le 29 mai 1677 - "je travaille sans rendre de comptes à personne", ici, à Rome, "je travaille comme un ministre subordonné" ; visiteur actif de couvents et de monastères, membre de plusieurs congrégations, il s'efforce également d'apaiser les relations troubles entre la Vénétie et le Pontife. De toute façon, il ne pouvait pas décider de façon autonome ; cela lui pesait ; il se sentait diminué de moitié. Ne serait-ce que pour cette raison, son séjour à Rome était fatigant : il lui semble, confie-t-il à son père, "devoir travailler plus qu'à Padoue". En réalité, dans son évêché, son activité est fébrile. Seulement, il est animé d'un tel enthousiasme et d'une telle conviction qu'il ne ressent aucune fatigue. Mais de cette façon, il abuse de son physique déjà éprouvé, il surestime sa propre force. Après avoir visité, entre le 29 mai et le 5 juin 1697, les neuf paroisses du vicariat de Veggiano, le 6, jour de la Fête-Dieu, il tient l'ostensoir de la procession solennelle du matin vers Padoue ; puis, dans l'après-midi, il visite les cinq paroisses de Balduina et celles de Montegalda. Ayant achevé la visite le 11, le 12, il visita le Collège des Nobles, et, une fois à Padoue, il se précipita à l'imprimerie du séminaire pour vérifier où en était la composition de la Somme de saint Thomas et du Coran. Le lendemain, en la fête de saint Antoine, il célèbre la messe pontificale dans la basilique du même nom. Le 14, il avoue qu'il ne se sent pas bien ; le 15, il tombe malade. Et à ceux qui, à commencer par le médecin, en profitent pour lui recommander d'éviter tant d'efforts à l'avenir, de ne pas se dépenser de la sorte, il répond en citant saint Charles Borromée, selon lequel "l'évêque [...] doit mourir pour son église". Ce fut son cas car, son état s'aggravant progressivement, il mourut le 18 juin 1697 ; "il s'est envolé au ciel", écrivirent les recteurs au Sénat le même jour.