Notre Saint Père Paulin naquit à Bordeaux, vers 353, au sein d'une famille de la plus haute aristocratie romaine, qui possédait d'immenses domaines en Gaule, en Campanie et en Espagne. Il reçut une éducation raffinée auprès d'Ausone, le plus grand orateur de ce temps, et excella tant dans l'art poétique qu'il reste honoré comme l'un des plus grands poètes de la chrétienté latine. A peine parvenu à l'âge adulte, de hautes charges politiques lui furent confiées : il devint membre du Sénat, reçut la dignité de consul et même la charge de gouverneur de Campanie (380). Séjournant quelque temps en Espagne pour ses affaires, il y épousa la riche matrone Thérasia, puis revint s'établir sur ses terres d'Aquitaine, partageant son temps entre la gestion de ses affaires et les activités littéraires. La rencontre de Saint Victrice de Rouen (commémoré le 7 août) et de Saint Martin de Tours (commémoré le 11 novembre) qui le guérit d'une maladie à l'œil, ainsi qu'un pèlerinage au tombeau de Saint Félix à Nole, en Campanie, mais surtout la salutaire influence de Delphin, Évêque de Bordeaux, lui firent prendre conscience de la vanité de sa vie mondaine pour se tourner vers Dieu. Baptisé à Noël 389 par Delphin, il commença aussitôt à mener une vie ascétique et à se détacher des biens de ce monde.
Installé en Espagne pendant quatre années, il fut ordonné prêtre contre son gré, à Barcelone, à la suite des pressions du peuple qui admirait ses vertus (393). Pendant ce séjour, la perte de son fils nouveau-né approfondit sa conversion et son renoncement au monde, et il commença à liquider sa fortune pour acquérir les biens célestes. « Moyennant toutes mes richesses, écrit-il, j'achetai le droit de porter ma croix; de tous mes biens terrestres, je payai l'espoir du ciel; car l'espérance et la foi valent mieux que les richesses de la chair ». Puis, rentrant en Aquitaine, il rendit la liberté à ses esclaves, ouvrit ses greniers aux pauvres et employa l'argent qu'il tirait de la vente de ses terres et de ses maisons au rachat des captifs et à l'assistance des déshérités. De là, il se rendit à Milan, où il rencontra Saint Ambroise (commémoré le 7 décembre) qu'il considérait comme son père spirituel, puis à Rome où l'admiration que lui portait un grand nombre pour sa conversion lui attira la jalousie de certains membres du haut clergé, et le pape lui-même le reçut froidement. Quant aux membres de l'aristocratie qui étaient restés païens, ils considéraient cette vie de pénitence comme une extravagance et reprochaient à Paulin d'avoir privé l'État de ses services. Tandis que le saint était blâmé par tous les gens du siècle, il était loué par les hommes de Dieu : Saint Martin disait à son propos qu'il était presque le seul homme au monde à pratiquer tous les préceptes évangéliques, et Saint Jérôme lui écrivit pour lui prodiguer des conseils sur la vie ascétique.