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Le blog d'Yves Daoudal - Page 1361

  • Sainte Radegonde

    Radegonde était fille de Berthaire, roi des Thuringiens. A dix ans, elle fut emmenée captive par les Francs dont les rois se la disputèrent pour son insigne et royale beauté. Le sort la donna à Clotaire de Soissons qui confia son éducation à d’excellents maîtres. Plus que toutes sciences l’enfant reçut avidement les notions de la foi chrétienne, et abjurant le culte des fausses divinités qu’elle avait reçu de ses pères, elle résolut d’observer non seulement les préceptes de l’Évangile, mais aussi ses conseils.

    Lorsqu’elle eut grandi, Clotaire, dont c’était depuis longtemps l’intention, la voulut pour épouse. Malgré son refus, malgré ses tentatives de fuite, elle fut donc aux applaudissements de tous proclamée reine. Élevée aux honneurs du trône, la dignité royale dut se plier à ses charités, à ses continuelles oraisons, à ses veilles fréquentes, à ses jeûnes, à ses autres macérations, si bien que, par dérision pour une telle piété, les courtisans disaient d’elle que c’était, non une reine, mais une nonne que le roi avait épousée.

    Les dures épreuves, les chagrins de plus d’une sorte que lui infligeait le prince, firent briller grandement sa patience. Mais ayant un jour appris que son frère germain venait d’être par ordre de Clotaire injustement mis à mort, elle quitta aussitôt la cour, du consentement du roi lui-même, et se rendant auprès du bienheureux évêque Médard, elle le supplia instamment de la consacrer au Seigneur. Or les grands s’opposaient vivement à ce que le pontife donnât le voile à celle que le roi s’était solennellement unie. Elle donc aussitôt pénétrant dans la sacristie, se revêt elle-même du vêtement monastique, et de là se rendant à l’autel interpelle ainsi l’évêque : « Si vous différez de me consacrer, craignant plus un homme que Dieu, il y aura quelqu’un pour vous demander compte de mon âme ». Médard, ému de ces paroles, mit le voile sacré sur la tête de la reine, et par l’imposition de la main la consacra diaconesse.

    Elle alla ensuite à Poitiers, où elle fonda un monastère de vierges qui fut plus tard appelé de Sainte-Croix. L’éclat de ses vertus éminentes y attira, pour embrasser la vie de la sainte religion, des vierges presque innombrables. A cause des témoignages singuliers de la divine grâce qui était en elle, le désir de toutes la mettait à la tête ; mais elle aimait mieux servir que commander.

    Bien que la multitude de ses miracles, eût répandu au loin sa renommée, cependant oublieuse de la première dignité, elle ambitionnait les plus vils et les plus abjects offices. Le soin des malades, des pauvres, des lépreux surtout, faisait ses principales délices ; souvent ils étaient miraculeusement guéris par elle. Telle était sa piété envers le divin sacrifice de l’autel, qu’elle faisait de ses mains les pains à consacrer, et en fournissait diverses églises. Mais si parmi les délices royales elle s’était toute adonnée à mortifier sa chair, si dès son adolescence elle avait brûlé du désir du martyre : maintenant qu’elle menait la vie monastique, de quelles rigueurs ne devait-elle pas affliger son corps ? Ceignant ses reins de chaînes de fer, elle allait jusqu’à poser ses membres sur des charbons ardents pour les mieux tourmenter, à fixer intrépidement sur sa chair des lames incandescentes, pour qu’ainsi cette chair elle-même fût à sa manière embrasée par l’amour du Christ.

    Clotaire ayant résolu de la reprendre et de l’enlever à son cloître, étant même déjà en marche pour venir à Sainte-Croix, elle sut si bien l’en détourner par des lettres adressées à saint Germain évêque de Paris, que le prince, prosterné aux pieds du saint prélat, le supplia d’implorer de la pieuse reine pardon pour son roi et son époux.

    Elle enrichit son monastère de reliques saintes apportées de divers pays. Ayant même envoyé dans ce but des clercs à l’empereur Justin, elle en obtint une partie insigne du bois de la Croix du Seigneur, qui fut reçue en grande solennité par la ville de Poitiers, le clergé et le peuple entier tressaillant d’allégresse. On chanta en cette occasion les hymnes composées à la louange de la Croix auguste par Venance Fortunat, qui fut depuis évêque, et jouissait alors de l’intimité sainte de Radegonde, dont il administrait le monastère.

    Enfin la très sainte reine étant mûre pour le ciel, peu de jours avant qu’elle ne sortit de cette vie, le Seigneur daigna lui apparaître sous les traits d’un jeune homme éclatant de beauté, et elle mérita d’entendre de sa bouche ces mots : « Pourquoi ce désir insatiable de jouir ? Pourquoi te répandre en tant de gémissements et de larmes ? Pourquoi ces supplications répétées à mes autels ? Pourquoi sous tant de travaux briser ton pauvre corps ? Quand je te suis uni toujours ! Ma noble perle, sache qu’entre les pierres sans prix du diadème de ma tête tu es une des premières ». L’année donc 587, elle exhala son âme très pure dans le sein du céleste Époux qu’elle avait uniquement aimé. Elle fut ensevelie, selon son désir, dans la basilique de la bienheureuse Marie par saint Grégoire de Tours.

    (Bréviaire bénédictin cité dans L’Année liturgique)

  • Sainte Claire

    En ce temps-là, la sainte Eglise était secouée parles guerres du schismatique empereur Frédéric et le val de Spolète but le calice amer de sa fureur plus souvent que les autres pays. Le dit monarque avait envoyé dans cette vallée plusieurs escadrons et compagnies de gens armés, parmi lesquels se trouvaient beaucoup de Sarrazins et de nombreux archers; ils fourmillaient comme un essaim d'abeilles et couvraient toute la terre. Ils brûlaient et démolissaient villes, forteresses et châteaux, coupaient les arbres, rasaient les vignes et les jardins, prenaient hommes, femmes et enfants pour les tuer ou les jeter en prison. Les habitants d'Assise, épouvantés, s'étaient enfuis à leur approche, à l'exception d'un très petit nombre. Bientôt, en effet, la rage des ennemis se tourna vers la cité qui était spécialement chère au Seigneur. Les Sarrazins, gens pleins de malice et de cruauté, toujours prêts à répandre le sang chrétien, coururent d'abord au monastère des Pauvres Dames. Avec une frénétique et bestiale audace, ils entrèrent dans le cloître en escaladant les murs. Les pauvres Sœurs eurent tant d'effroi que leurs cœurs tremblaient dans leurs corps. Tout en larmes, elles se pressèrent au chevet de leur bonne Mère, qui était alors couchée et gravement malade, et lui dirent la raison de leur épouvante. Sans aucune crainte, la douce vierge Claire réconforta ses filles en disant :

    « — Mes Sœurs et filles, ne craignez rien, si Dieu est avec nous, que pourront nous faire ses ennemis ? Confiez-vous en Notre Seigneur Jésus-Christ, car il vous délivrera. »

    Elle se fit alors conduire jusqu'à la porte et mettre devant les barbares. Puis elle ordonna d'apporter le corps de Notre Seigneur, lequel était précieusement enfermé dans une petite cassette d'argent, recouverte d'une autre en ivoire. La séraphique Claire recommanda à la Fleur de la virginité, Notre Seigneur Jésus-Christ, celle de ses filles, et, se prosternant à terre, le pria avec beaucoup de larmes, disant :

    « — Te plaira-t-il, mon doux Jésus, que tes servantes sans défense, que j'ai toujours nourries du lait savoureux de ton très doux amour, tombent maintenant aux mains de ces païens ? O mon Seigneur Jésus ! qu'il te plaise de garder tes pauvres servantes, car je ne les puis sauver maintenant ! »

    Lorsqu'elle eut dit ces paroles, Madame Sainte Claire et les deux Sœurs qui la soutenaient, sœur Françoise de Colle di Mezzo et sœur Illuminata, de Pise, ouïrent une voix d'enfant qui répondit avec une infinie douceur.

    « — Je vous garderai toujours. »

    Claire répliqua :

    « — Je te prie, mon Seigneur, s'il te plaît, de garder aussi cette ville, car pour ton amour elle nous donne de quoi vivre. »

    Et Notre Seigneur répondit encore :

    « — La ville n'aura aucun mal par ma grâce, et pour ton amour, je la délivrerai. »

    A cette voix merveilleuse, le visage de la sainte fut irradié de lumière, de sorte que les Sœurs étaient en grande admiration ; la séraphique vierge, levant vers le ciel ses yeux pleins de larmes, commença à réconforter ses filles, leur disant :

    « — Je vous commande, mes belles filles, de vous consoler et de n'avoir aucune peur, ayez confiance et espérance en Dieu, car les Sarrazins ne vous feront pas de mal. »

    Chose admirable, soudain tous ces méchants chiens qui étaient entrés avec tant de férocité dans le cloître furent saisis d'un si grand effroi que, remontant par-dessus les murs, ils s'enfuirent en hâte. Et c'est ainsi qu'ils furent chassés par la vertu de l'oraison de Madame Sainte Claire. Ni les Sœurs, ni le moutier, ni le jardin ne subirent aucun dommage, et peu après les Sarrazins partirent sans troubler la cité d'Assise.

    Cette invasion de Saint-Damien eut lieu au mois de septembre [1242], un vendredi, à trois heures environ, et la très douce vierge Claire, ce soir-là, dans sa profonde humilité, appela les deux Sœurs qui seules avaient ouï la voix et leur commanda de n'en parler à personne tant qu'elle vivrait.

    Thomas de Celano, Vie de sainte Claire, ch. 16

  • Saint Tiburce et sainte Suzanne

    Saint Tiburce, selon les Actes, était le fils du préfet Chromatius, et il fut mis à mort sous Dioclétien. Son corps fut enseveli dans le cimetière ad duas Lauros, non loin de ce qui devint plus tard la villa impériale de Constantin sur la voie Labicane.

    Damase y plaça l’inscription suivante :

    TEMPORE • QVO • GLADIVS • SECVIT • PIA • VISCERA • MATRIS
    EGREGIVS • MARTYR • CONTEMPTO • PRINCIPE • MVNDI
    AETHERIS • ALTA • PETIT • CHRISTO • COMITANTE • BEATVS
    HAEC • TIBI • SANCTVS • HONOR • SEMPER • LAVDESQVE • MANEBVNT
    CARE • DEO • VT • FOVEAS • DAMASVM • PRECOR • ALME • TIBVRTI

    Quand le glaive du persécuteur transperçait le sein de la Mère Église,
    ce noble martyr, méprisant les ordres du prince temporel,
    suivit, bienheureux, le Christ au royaume céleste.
    Cela t’a mérité les honneurs de la liturgie sacrée et une louange impérissable.
    O saint martyr Tiburce, cher à Dieu, je te supplie de protéger Damase.

    Grégoire IV transféra le corps de Tiburce à Saint-Pierre, et, dans l’Ordo Romanus XI, nous lisons que le Pape, avant de commencer les vigiles solennelles au Vatican, allait encenser l’autel de saint Tiburce.

    La liste des Évangiles de Würzbourg, d’accord avec la plus ancienne tradition romaine, n’indique que la seule messe de saint Tiburce, avec la lecture évangélique : Hoc est praeceptum meum, comme pour la vigile des Apôtres. Sainte Susanne est venue plus tard.

    Bienheureux cardinal Schuster

  • 9e dimanche après la Pentecôte

    Et comme il approchait de Jérusalem, voyant la cité, Jésus pleura sur elle.

    Jésus vient de Béthanie, par le mont des Oliviers. Béthanie, où il a pleuré la mort de son ami Lazare avant de le ressusciter. Le mont des Oliviers, où il sera triste à en mourir, et où son corps lui-même tout entier pleurera des larmes de sang.

    Jésus descend du mont des Oliviers, du mont de l’Agonie, pour remonter, au-delà du Cédron, vers Jérusalem, vers le Temple du Dieu vivant.

    C’est le triomphe des Rameaux, mais Jésus descend dans la mort. Puis il ressuscite et entre dans le Temple de sa gloire, maison de prière qu’il débarrasse de tout négoce du monde des mortels.

    Pleurant sur Jérusalem, Jésus annonce de façon précise la destruction de la ville sainte par les Romains. Parce qu’elle n’a pas connu le temps où elle a été visitée. Jésus ne pleure pas sur les pierres mais sur les âmes. Or une autre Jérusalem va succéder à la première : l’Eglise. Dont nous sommes les membres. Origène : « Nous sommes nous-mêmes la Jérusalem sur laquelle le Seigneur pleure : quand malgré la connaissance de l’Evangile, l’enseignement de l’Eglise et ses sacrements, l’un de nous vient à pécher, il y a lieu de gémir et de pleurer sur lui. »

    C’est sur nous que pleure Jésus. Mais nous pouvons encore connaître le temps de sa visitation. Nous pouvons connaître aujourd’hui, in hac die, ce qui nous donnera la Paix, Celui qui est notre paix.

  • Les Américains défendent les Américains

    Les Américains ont lancé des raids aériens contre les jihadistes de l’Etat islamique.

    Non, ce n’est pas pour protéger les chrétiens.

    Oui, c’est protéger les Américains : leurs agents installés à Erbil. Le Pentagone l’a dit ouvertement dès la première frappe, et Obama l’a redit officiellement.

    Les Américains soutiennent les Kurdes d’Irak depuis très longtemps (c’est à partir du Kurdistan qu’il avaient essayé de monter des attentats contre Saddam Hussein, puis ils s’étaient établi sur place dès la première guerre du Golfe.) Il y a donc de nombreux Américains à Erbil, et il ne faut pas que l’Etat islamique arrive à Erbil.

    Ce n’est pas une bonne nouvelle. Car cela veut dire – comme on commençait déjà à le comprendre et comme l’avait dit le patriarche chaldéen – que les peshmergas ne font plus le poids face à l’armée de l’Etat islamique, et que non seulement ils ont dû abandonner les chrétiens, mais qu’ils reculent dans la défense de leur capitale.

    C’est ainsi que se trouve confirmée l’information qu’avait donnée l’agence Fides : ce sont les Amércains qui ont demandé aux peshmergas d’abandonner Qaraqosh, la ville entièrement chrétienne (syro-catholique), sans combattre. Sous-entendu : parce que vous devez défendre les Américains à Erbil et non les chrétiens à Qaraqosh.

    Autrement dit c’est Obama qui est responsable de l’exode de Qaraqosh et de tous les chrétiens de la plaine de Ninive.

    Il y a dans cette horreur une bonne nouvelle, néanmoins. C’est que si les Américains veulent rester implantés à Erbil, ils ont les moyens de permettre aux Kurdes de rester maîtres de leur territoire. Et donc de pouvoir accueillir les chrétiens. Puisque nous sommes providentiellement dans une phase où les Kurdes accueillent les chrétiens…

  • 3.000 euros pour avoir dit que l’islam est une « saloperie »

    Christine Tasin, qui s’était fait connaître notamment à Riposte laïque et a fondé Résistance républicaine, a été condamnée à 3.000 euros d’amende dont la moitié avec sursis pour avoir dit que « l’islam est une saloperie ».

    Il paraît que c’est de l’incitation à la haine raciale.

    En fait on devrait condamner les haineux racistes islamophobes à des séances de rééducation. Où ils apprendraient par cœur : « L’islam est un bienfait pour Mossoul », « L’islam est un bienfait pour Qaraqosh », « L’islam est un bienfait pour Alep », « L’islam est un bienfait pour les chrétiens du Pakistan », « L’islam est un bienfait pour les coptes ». Etc. En plus, ça leur ferait apprendre la géographie.

  • Laos : les cinq chrétiens acquittés

    Les cinq chrétiens qui avaient été accusés de meurtre pour avoir rendu visite à une chrétienne mourante ont été acquittés mercredi. Le bureau du procureur a établi qu’ils n’avaient « commis aucun acte criminel ».

    Mais… ils restent en prison. Parce que ce sont les autorités du district qui ont le pouvoir de les relâcher…

  • La vérité sur Ciudad del Este

    513e0f46a15d90bea9c2968c604895d6_XL.jpgSuite à diverses accusations contre l’évêque « ultra-conservateur » de Ciudad del Este (Paraguay), Mgr Rogelio Livieres Plano, et son vicaire général Mgr Carlos Urrutigoity, le pape avait décidé une visite apostolique du diocèse. Le but était de destituer cet évêque prévaricateur et son vicaire général pédophile, et bien sûr de fermer le séminaire ultra-florissant que l’évêque avait osé ouvrir et qui brisait le monolithisme progressiste du séminaire national du Paraguay. En bref il fallait mettre un terme à cette insupportable exception de Ciudad del Este, où la doctrine catholique est enseignée, où la messe de saint Pie V est partout honorée (à commencer par le séminaire diocésain), où une vie vraiment catholique fait honte aux autres évêques.

    Mais l’affaire a fait pschitt. Le seul résultat de la visite apostolique est que les ordinations prévues pour le 15 août ont été « suspendues » - sans doute pour donner un os à ronger aux distingués diffamateurs épiscopaux et médiatiques. On a dit que le vicaire général avait été lui aussi suspendu, mais en fait c’est l’évêque qui l’avait suspendu, par esprit d’apaisement, en attendant la fin de l’histoire.

    Les très graves accusations lancées contre l’évêque et contre son vicaire général n’ont pas été retenues par les visiteurs parce qu’elles sont purement calomnieuses. Néanmoins on continue et on continuera de les voir répétées par tous ceux qui appellent « ultra-conservateur » un pasteur simplement catholique. Sur le site du diocèse on trouve un texte qui démonte point par point les accusations. J’ai entrepris de le traduire et on le trouvera ci-dessous. Il est long, mais je crois qu’il est utile de le connaître. Je précise que chacune des affirmations de ce texte est appuyée par des documents indiqués en note et qu’on peut consulter (il y a 57 documents en lien sur le texte original).

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  • De la Sainte Vierge le samedi

    Fuit vir unus de Ramáthaim Sophim, de monte Ephraim. Potest, huius montis nómine, beatíssima semper Virgo Maria, Dei Génitrix, designari. Mons quippe fuit, quæ omnem electæ creaturæ altitúdinem, electiónis suæ dignitate, transcéndit. An non mons sublimis Maria, quæ, ut ad conceptiónem æterni Verbi pertingeret, meritórum vérticem, supra omnes Angelórum choros, usque ad sólium Deitátis eréxit? Huius enim montis præcellentíssimam dignitátem Isaías vatícinans, ait: Erit in novíssimis diébus præparátus mons domus Dómini in vértice móntium. Mons quippe in vértice móntium fuit, quia altitúdo Maríæ supra omnes Sanctos refulsit.

    « Il y avait un homme de Ramathaïm-Sophim, dans la montagne d’Ephraïm… » (1 Rois, 1). La bienheureuse Vierge Marie mère de Dieu peut bien être désignée par le nom de cette montagne. Elle a été en effet comme une montagne, puisque par la dignité du choix qui en a été fait elle a surpassé tout ce qu’il y a de grandeur dans les créatures les plus excellentes. Ne peut-on pas dire que Marie est une montagne élevée, puisque pour être élevée à la dignité de mère du Verbe éternel, ses mérites l’ont élevée au-dessus de tous les chœurs des anges, et l’ont comme portée jusqu’au trône de la divinité. C’est de cette montagne dont par un esprit prophétique Isaïe relève l’éminente dignité, et dit : « Dans les derniers temps, la montagne sur laquelle sera bâtie la maison du Seigneur sera fondée sur le haut des monts. » Elle a été vraiment fondée sur le haut des montagnes, puisqu’elle a été élevée au-dessus de tous les saints.

    Saint Grégoire le Grand, commentaire des livres des Rois, lecture des matines. Traduction du bréviaire bénédictin latin-français de 1725.

  • Saint Jean-Marie Vianney

    C'est en 1921 seulement, à quatre-vingt-trois ans sonnés, que Mme Barrois, une paroissienne de Saint-Pierre-du-Gros-Caillou, confia à l'un des vicaires, M. l'abbé Laminette, ses souvenirs d'Ars, qui remontaient à 1847. « Soixante-quinze ans après, c'est bien tard ! » se récriera-t-on peut-être. Mais, outre qu'il n'est jamais trop tard pour révéler des choses intéressantes, ajoutons, avec l'abbé Laminette, que Mme Barrois était encore en 1921 « une personne à l'intelligence très lucide ». Du reste, plus d'une fois déjà elle avait raconté son histoire sans qu'on en communiquât le détail au presbytère d'Ars. Heureusement, M. le vicaire de Saint-Pierre-du-Gros-Caillou y a pensé. « Il fallait observer, dans la narratrice, rapporte-t-il, la vivacité du regard qui semblait contempler le saint Curé et revivre la scène lointaine. »

    En 1847, dans la région d'Ars, il y avait une famille dont la mère n'était pas heureuse parce que le père se comportait comme un homme sans foi. Leur fille, qui avait neuf ans, était malheureuse aussi, parce que son papa faisait pleurer sa maman. « Oh ! ma petite, disait souvent celle-ci, il faut bien prier pour le papa. Le papa n'est pas gentil ! »

    Ce que ces paroles signifiaient, l'enfant avait peine à le comprendre. Tout ce qu'elle savait, c'est que sa mère avait de grands chagrins. On parlait beaucoup du Curé d'Ars à l'école où allait l'enfant. On disait qu'il « consolait les affligés ». Elle demanda ce que ces mots-là, au juste, voulaient dire. Une maîtresse les lui expliqua. Elle comprit. Alors, il se fit dans sa petite tête tout un travail : oui, elle aussi, puisqu'elle était une affligée, elle irait demander au bon Curé d'Ars de la consoler !

    Un beau soir, toute seule, à la sortie de l'école, elle partit. Ars, où était-ce ? Elle l'ignorait. Elle marcha sur une route qui devait l'y mener, pensait-elle. A force de marcher, elle arriva dans un grand village inconnu. La nuit tombait.

    « C'est ici Ars, madame ? demanda l'enfant à une femme qu'elle rencontra.

    — Tu vas à Ars, ma petite ? Mais ce n'est pas tout à fait le chemin ici.

    — Oh ! moi qui voudrais tant parler à M. le Curé !... »

    La pauvrette avait une telle sincérité dans la voix, une telle candeur dans le regard, que la femme en fut touchée.

    « Ma petite, lui dit-elle maternellement, tu dois avoir faim. Et il fait noir. Viens à la maison. »

    La jeune voyageuse fut donc hospitalisée, restaurée et logée pour la nuit. Le lendemain, les gens de foi qui l'avaient recueillie, au lieu de la renvoyer chez elle, la firent conduire à Ars en voiture.

    L'impression qu'éprouva en pénétrant dans l'église du saint cette enfant de neuf ans fut si forte que, soixante-quinze années plus tard, elle semblait la ressentir encore. Elle se crut perdue dans cette foule. Ah ! songeait-elle, il ne me verra pas, et je ne lui parlerai jamais !

    Pauvre petit cœur endolori ! Tout au fond de l'église, la tête dans ses mains, la fillette pleurait, secouée par les sanglots... Or la porte de la sacristie s'était ouverte et là-bas, sous l'arcade sombre du clocher, le Curé d'Ars faisait un geste d'appel.

    « Moi, mon Père ?... Vous m'appelez, mon Père ?... » questionnaient des pèlerins que paraissait désigner la main tremblante. Mais le saint leur faisait signe que non. Cependant, il insistait.

    « Mais c'est vous, ma petite fille, c'est vous qu'il appelle ! Allez donc ! » dirent soudain à l'enfant de charitables voisines.

    Et tout le monde fut étonné de voir s'avancer vers le Curé d'Ars, toute seule comme elle était venue, cette chétive gamine aux yeux pleins de larmes.

    Dès qu'elle fut agenouillée au confessionnal de la sacristie, M. Vianney lui dit avec une grande douceur :

    « Mon enfant, vous allez vous confesser bien vite, car chez vous on est inquiet et l'on vous cherche... Aimez bien le bon Dieu !... Vous vivrez longtemps, ma petite... Oh ! vous aurez des croix, beaucoup de croix... Mais ne vous tourmentez plus : le papa fera une mort bien chrétienne... Écoutez, mon enfant, la prière que vous réciterez chaque jour : Mon Dieu, venez en moi, pour que vous demeuriez en moi et que je demeure en vous... ».

    Que de fois la fillette devenue jeune fille, puis épouse, puis veuve, se les redit, ces paroles du saint restées si profondément gravées dans sa mémoire ! Fidèle à la recommandation de M. Vianney, elle répétait, dans ses prières quotidiennes, la belle invocation qu'il lui avait apprise.

    « Hélas ! confiait-elle à M. l'abbé Laminette, à neuf ans je ne comprenais guère ce que c'était que des croix. Je ne l'ai que trop bien compris plus tard !... Mais enfin, mon père fit une mort très chrétienne, et moi, me voilà bien vieille. Toutes les prédictions du saint Curé d'Ars à mon endroit se sont réalisées. »