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Le blog d'Yves Daoudal - Page 1081

  • Chrétiens acquittés

    Au Pakistan, cinq chrétiens accusés de blasphème ont été acquittés. Ce qui est surprenant, et personnellement je ne donnais pas cher de leur peau… Il s’agissait d’un pasteur protestant, Aftab Gill, et de ses amis, qui avaient apposé une affiche qualifiant le fondateur de la communauté, le père d’Aftab, de « rassoul », à savoir d’apôtre. Mais pour l’islam ce titre ne peut être donné qu’aux grands prophètes, et d’abord à Mahomet ainsi qualifié dans la chahada. Difficile de ne pas voir chez le pasteur une once de provocation… ou d’inconscience. (C’est pourquoi j’avais omis d’en parler, jugeant le pasteur indéfendable dans le contexte pakistanais.)

    L’affaire avait éclaté en août 2015. Le mois suivant, le tribunal antiterroriste (sic) de Gujranwala avait refusé la libération sous caution des accusés.

    Les avocats ont fait valoir que le terme de « rassoul » se trouve dans la Bible en ourdou et que donc les chrétiens peuvent l’utiliser. Et le tribunal antiterroriste de Lahore les a acquittés...

  • Du grabuge chez les melkites

    Le synode de l’Eglise grecque melkite catholique, qui s’est ouvert lundi, a été interrompu hier et reporté sine die. Décision due au défaut de quorum. Il doit y avoir au moins la moitié des évêques plus un, à savoir, actuellement, 12, or ils étaient 11 à avoir fait le déplacement.

    Cet incident met en évidence le conflit qui secoue l’Eglise melkite catholique depuis des mois. Les frondeurs, dont le plus connu est l’archevêque de Beyrouth Mgr Boustros, réclament la démission du patriarche S.B. Grégoire III Laham, pour des motifs peu clairs. Ils sont allés chercher un appui à Rome, mais la Congrégation pour les Eglises orientales s’est contentée de les renvoyer à leur code de droit canonique : on ne peut changer de patriarche qu’en cas de mort ou de renonciation du titulaire, personne ne peut forcer un patriarche à démissionner, et Rome n’a rien à dire dans une affaire interne à l’Eglise melkite. Non sans ajouter que la présence des évêques au synode est obligatoire.

    En dehors de la dépêche de Fides, tout ce que j’ai trouvé sont les articles de L’Orient le Jour d’hier et d’aujourd’hui.

  • Saint Paulin de Nole

    En 2007 j’avais résumé la vie étonnante de saint Paulin de Bordeaux, l’un des plus riches et puissants personnages de l’empire romain, se dépouillant de tout pour vivre en ermite à Nole. Voici la fin d’une lettre à Sulpice Sévère, où il raconte son ordination sacerdotale. La traduction, anonyme, serait de Claude Santeul (le frère de Jean-Baptiste Santeul qui se fait étriller par dom Guéranger dans ses Institutions liturgiques). Le livre est paru en 1703. Je garde l’orthographe, parce qu’elle correspond au style.

    Nous nous sommes arrêtez depuis quelque tems à Barcelone, comme je vous l'ai déja mandé ; mais vous sçaurez que depuis vôtre réponse à ma derniere Lettre, le jour même de Noël, je fus enlevé tout-à-coup par une foule de peuple , qui me fit ordonner Prêtre sur le champ. J'eus beau résister, il fallut céder à la violence de cette multitude , ou plutôt, comme je crois, à l’ordre secret de la Providence. J’avoüe que ç’a esté contre mon gré ; non que j’eusse de l’aversion, ou du mépris pour une dignité si sublime. Dieu m'est témoin, que je souhaitois d'entrer à son service, mais ce n'estoit que par les premiers degrez des Ordres saints, en faisant l'office de portier de l'Eglise. Les engagemens que j'avois resolu de prendre ailleurs, me faisoient regarder avec surprise cette maniere imprévûë, dont il plaisoit au Seigneur de disposer de moi. J'ai donc baissé le cou sous le joug de Jesus-Christ, & je me vois presentement engagé dans des emplois infiniment au dessus de mes forces, & de la portée de mon esprit.

    Il me semble que je suis comme élevé jusques au sein de Dieu, pour y estre éclairé des lumieres du Ciel, & pour y entrer en communication de l'esprit, du corps, & de la gloire du Fils de Dieu. Quelque effort que je fasse , je reconnois que mon esprit est encore trop foible, & trop borné pour pouvoir comprendre la pesanteur du joug que l'on a imposé sur mes épaules, & persuadé de ma foiblesse, & de mon indignité, je me sens saisi d'une sainte horreur, quand je pense aux obligations du sacré ministère qui m'a esté confié ; il n'y a qu'une seule chose qui puisse me rassurer, c'est que ce lui qui rend sages les petits, & qui tire une loüange parfaite de la bouche des enfans, & de ceux qui sont à la mammelle, a assez de puissance pour porter, s'il veut, jusqu'au comble de la perfection, l’ouvrage qu'il a lui-même commencé en moi, & relever l’éclat & la grandeur du ministere qu'il m'a confié en m'en rendant digne, de peu disposé que j'estois quand il m'y a appellé.

    Toutefois vous sçaurez que mon Ordination n'empêchera pas l'execution du dessein que Dieu nous a inspiré. Car je n'ai consenti au choix qu'a fait de moi l'Eglise de Barcelone, qu'à condition de n'estre point obligé de m'associer à son Clergé. Ainsi, j'ai reçû le sacré caractere du Sacerdoce de Jesus-Christ, sans me dévoüer au service d'aucune Eglise particuliere.

    Venez-donc nous voir, je vous en conjure, que ce soit avant Pâques, comme je le desire avec ardeur, afin que vous puissiez avec nous celebrer la Semaine Sainte, & participer au Sacrifice que j'y offrirai. Si vous croyez pourtant qu'il vous soit plus avantageux de ne partir qu'aprés avoir imploré la protection de Dieu pendant la Solemnite du Tems Pascal, ne venez qu'aprés qu'elle sera passée. J'espere néanmoins que Nôtre-Seigneur vous inspirant un violent désir de me voir, vous partirez incontinent aprés les Fêtes. Celui qui m'est venu voir de vôtre part, vous informera du chemin, & jugez-en par avance, puis qu'il n'a mis que huit jours à venir d'Alzonne icy. Il ira vous dire qu'il n'y a rien de plus court & de plus aisé que cette route ; les Pyrennées mêmes que l'on nous représente comme des montagnes affreuses, ne font que de petites collines dans l’endroit qui sépare la Gaule Narbonoise d'avec l'Espagne. Mais pourquoi m'arresterai-je à vous parler du chemin ? Si vous avez quelque empressement de nous voir, le chemin vous semblera court, & vous le trouverez toujours trop long, si vous n'en avez pas grande envie.

  • En Chine

    La Commission centrale pour l’inspection de la discipline du Parti communiste chinois (CCIDP) a pondu un rapport qui critique vertement l’Administration d’Etat pour les Affaires religieuses (AEAR, ex-Bureau des Affaires religieuses).

    Cette commission a été mise en place pour lutter contre la corruption. Elle souligne donc aussi des cas de favoritisme et d’abus de biens sociaux. Mais le rapport a surtout pour but de dénoncer (une fois de plus) le manque d’autorité de l’Administration pour les Affaires religieuses à cause d’une direction « trop faible », ce qui fait que la politique religieuse du Parti n’est pas appliquée correctement et que les groupes religieux ne sont pas assez contrôlés.

    Le directeur des Affaires religieuses Wang Zuoan a indiqué que son administration acceptait sincèrement les remarques formulées par cet « examen politique » et allait mettre en place un bureau chargé spécifiquement de remédier aux problèmes cités. On peut s’attendre à un nouveau tour de vis.

    (Eglises d’Asie)

  • Saint Louis de Gonzague

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    Charles Péguy, Cahiers de la Quinzaine, VII-8 (Vœux pour 1906)

  • Il n’a pas honte...

    On sait que Jean Quatremer est un extrémiste de l’européisme, et que ces gens-là sont prêts à tout. Mais je ne pensais pas que ce « tout » impliquait qu’ils étaient même prêts à se déshonorer. C’est pourtant le cas. Jean Quatremer ose publier le dessin ci-dessous (qui est laid, en plus), et commenter qu’il « résume parfaitement (sic) l’état du débat britannique ».

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    Cela a été défini depuis longtemps comme la « reductio ad Hitilerum », qui vise précisément à éviter le débat en diabolisant l’adversaire. Et ici c’est à un premier degré caricatural.

  • Génocide assyrien

    Trois personnes ont trouvé la mort dans l’attentat suicide perpétré hier au cours d’une assemblée religieuse organisée à Qamishli, dans le nord de la Syrie, pour commémorer le génocide assyrien de 1915. Selon des sources locales de Fides, l’auteur de l’attentat a cherché à entrer dans la salle où les personnes étaient réunies mais a été arrêté par les forces de sécurité locales et s’est fait exploser au moment de son arrestation.

    A la cérémonie était notamment présent le Patriarche de l’Eglise orthodoxe syriaque, Ignace Ephrem II. La sécurité était assurée par les forces de sécurité Sotoro, milices chrétiennes nées dans le nord-est de la Syrie. L’attentat, qui n’est pas le premier dans la ville de Qamishli, n’a pas été revendiqué.

  • François et Vézelay

    Dans le torrent de grossièretés contre la foi que fut le discours de François en ouverture du congrès du diocèse de Rome à Saint Jean de Latran (là il se souvient que c’est la cathédrale de l’évêque de Rome, alors qu’il l’oublie chaque jeudi saint), on a relevé ses propos justifiant le divorce pour tous et le concubinage qui est un vrai mariage. Antonio Socci en a relevé d’autres. Dont ceci :

    Et là je fais une parenthèse. J’ai eu entre les mains – vous la connaissez certainement – l’image de ce chapiteau de la basilique de Sainte Marie Madeleine à Vézelay, dans le sud de la France (sic), où commence le chemin de Saint-Jacques de Compostelle : d’un côté il y a Juda, pendu, avec la langue dehors, et de l’autre côté du chapiteau c’est le Bon Pasteur qui le porte sur ses épaules, l’emporte avec lui. C’est un mystère, cela. Mais ces hommes du moyen âge, qui enseignaient par l’image, avaient compris le mystère de Juda. Et don Primo Mazzolari eut un bon discours, un jeudi saint, sur ce point. Un bon discours. Ce n’est pas un prêtre de ce diocèse, mais d’Italie. Un prêtre d’Italie qui a bien compris cette complexité de la logique de l’Evangile. Et celui qui s’est le plus sali les mains est Jésus. Jésus s’est sali le plus. Il n’était pas « propre », mais il allait avec les gens, parmi les gens et il prenait les gens comme ils étaient, non comme ils devraient être.

    Comme d’habitude, il est difficile de démêler le discours de François. Quand il parle de dom Primo Mazzolari (1890-1959), sorte de pré-Bergoglio (Eglise des pauvres, pacifisme contre la guerre juste, etc., qualifié de « prophète » par Paul VI, et que François va sans doute béatifier), c’est ici à travers le sermon du P. Cantalamessa prononcé devant le pape le vendredi saint 2014. Le prédicateur avait longuement évoqué le sermon de dom Primo Mazzolari pour souligner qu’il ne fallait pas porter de jugement hâtif sur Judas : « Jésus n’a jamais abandonné Judas et personne ne sait où il est tombé au moment il s’est lancé de l’arbre, la corde au cou: si c’est dans les mains de Satan ou dans celles de Dieu. Qui peut dire ce qui s’est passé dans son âme à ces derniers instants ? "Ami" avait été le dernier mot de Jésus à son égard dans le jardin des oliviers et il ne pouvait l’avoir oublié, tout comme il ne pouvait avoir oublié son regard. »

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    Quant au chapiteau de Vézelay, il a fallu attendre le XXe siècle pour que des historiens de l’art, à la recherche de nouveautés incongrues, décident d’y voir « le bon pasteur ». Ce qui a été repris par Eugen Drewermann, théologien hétérodoxe d’extrême gauche condamné par Rome en 1992 (curieuse référence pour un pape). Jésus prend sur lui le corps de Judas : l’artiste de Vézelay a voulu montrer que Jésus n’a pas condamné Judas mais au contraire l’a sauvé.

    Vouloir donner à un artiste du XIIe siècle les pensées d’un théologien déviant du XXe, c’est assez fascinant. Mais évidemment ça ne tient pas debout.

    Car ce qui est clair est que le mystérieux personnage du chapiteau n’est pas le Christ. Premièrement à cette époque-là il n’y avait guère de représentations du « Bon Pasteur » (il n’y en a ni à Vézelay ni à Autun). Deuxièmement le Christ est toujours représenté avec une barbe (ce qui n’était pas le cas du Bon Pasteur… au IVe siècle). Troisièmement il aurait été incongru de représenter le Christ imberbe, vêtu d’une simple tunique, pieds nus, et avec une telle tête, la bouche de travers…

    A vrai dire il n’y a rien qui n’indique non plus qu’il s’agisse du diable, comme l’affirme Socci. Il me semble qu’il s’agit d’un anonyme qui va enterrer Judas parce que tout le monde, même le pire salopard, doit avoir une sépulture.

    Et si l’on veut trouver une image qui fasse penser au Bon Pasteur, à Vézelay, il faut regarder le chapiteau de Moïse devant le Veau d’or. Etonnant chapiteau, où le diable danse sur l’idole, face à Moïse qui brandit son bâton et les tables de la Loi. Or, derrière le Veau d’or, on voit un personnage qui, dit-on habituellement, apporte une chèvre en sacrifice à l’idole. Mais ce personnage-là, oui, peut évoquer le Bon Pasteur. Or, alors que pourtant a priori il ne l’est pas, on voit tout de suite la différence entre les deux. La noblesse de celui-ci, par rapport à la mollesse de celui-là.

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    Note à l’attention des distraits.

    Jésus au Père :

    Ceux que tu m’as donnés, je les ai gardés, et aucun d'eux ne s'est perdu, si ce n'est le fils de perdition, afin que l'Ecriture fût accomplie. (Jean 17,12)

     Jésus à ses disciples :

    Quant au Fils de l'homme, il s'en va selon ce qui a été écrit de lui ; mais malheur à l'homme par qui le Fils de l'homme sera trahi ! Mieux vaudrait pour cet homme qu'il ne fût pas né. (Marc 14,21)

     Les apôtres :

    Seigneur, toi qui connais les cœurs de tous, désigne lequel de ces deux tu as choisi, afin qu'il ait part à ce ministère et à cet apostolat, que Judas a abandonné pour aller en son lieu. (Actes 1,25)

    Et si l’on avait en doute quant à ce lieu, il suffit de se reporter aux psaumes 68 et 108 que venait de citer saint Pierre. Le 108 est d’une telle violence dans la malédiction (de Judas) que la néo-liturgie l’a carrément supprimé…

    Il va de soi que personne, au moyen âge, n’aurait fait dire à ces textes autre chose que ce qu’ils disent.

  • Saint Silvère

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    Histoire des papes, tome premier, 1838, par M. Henrion (Mathieu Richard Auguste Henrion, avocat à la cour royale – fait baron -, puis conseiller à la cour d’appel d’Aix. « He belonged to the generation of fiery French Ultramontanes of the middle of the nineteenth century », dit Wikipedia en anglais… mais pas en français…)

    Ci-dessous le passage du « Breviarium causae Nestorianorum et Eutychianorum » de Libérat, archidiacre de Carthage, auteur contemporain des faits, citant l'évêque - grec - de Patare expliquant à l’empereur byzantin que s’il y a plusieurs rois dans le monde il n’y a qu’un pape dans l’Eglise.

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  • 5e dimanche après la Pentecôte

    Lu sur le site d’Una Voce :

    Le texte de l’Alléluia de cinquième dimanche après la Pentecôte est formé du premier verset du psaume 20, et on peut noter qu’à partir de ce dimanche et jusqu’à la fin du temps après la Pentecôte, tous les versets d’Alléluia, sauf de rares exceptions, ont pour texte le début d’un psaume. Celui-ci est un chant d’action de grâces de David, roi d’Israël, pour une grande victoire que Dieu lui a accordée sur ses ennemis.

    Domine, in virtute tua lætabitur rex : et super salutare tuum exsultabit vehementer.

    Seigneur le roi se réjouit de votre puissance. Il exulte avec force pour le salut que vous lui avez accordé.

    C’est donc un chant de reconnaissance et de louange à la toute puissance divine pour toutes les grâces et les bienfaits dont elle nous a comblés.

    La mélodie de cet Alléluia est assez extraordinaire et même unique dans le répertoire. Notons d’abord pour les connaisseurs que c’est le seul Alléluia du sixième mode, et encore s’agit-il ici d’un sixième mode assez particulier qui ressemble beaucoup au mode majeur moderne, et pourtant cette pièce n’est pas récente ; on la trouve dans les plus anciens manuscrits. Cette mélodie ample, solennelle et enthousiaste dont les larges vocalises balayent toute l’octave et même au delà, convient parfaitement pour exprimer les sentiments de louange et de reconnaissance du texte.

    Par les moines de Silos :