Celui qu’on appelle saint Paulin de Nole s’appelait Meropius Pontius Anicius Paulinus. Il était le rejeton de la branche bordelaise de la gens Anicia, l’une des plus grandes familles romaines. Il était donc extrêmement riche et puissant. Son précepteur était Ausone, qui fut sans doute le premier à célébrer dans ses écrits le vin de Bordeaux (mais aussi de Moselle et d’Italie), et qui est l’un des trois grands poètes de cette époque (les deux autres étant Prudence et Paulin lui-même, mais à leur différence Ausone resta païen). A la mort de son père, Paulin devint automatiquement sénateur. Et le nouvel empereur Gratien (dont Ausone était conseiller) le fit consul en remplacement de l’empereur Valens qui venait de mourir à la guerre. Paulin fit donc comme il se doit une entrée triomphale à Rome, tandis que ses largesses tombaient sur le peuple romain... A la fin de son mandat il fut nommé gouverneur de Campanie, où il possédait de grandes propriétés, comme en Aquitaine et en Espagne. C’est alors qu’il fut touché par la grâce, au tombeau de saint Félix de Nole. Puis il repartit à Bordeaux, et se maria avec une riche Espagnole rencontrée sur ses terres de Barcelone. Ce n’est que dix ans après son séjour en Campanie qu’il se fait baptiser, en 389, par l’évêque de Bordeaux, saint Delphin. Il a alors 36 ans. La mort d'un fils en bas âge et semble-t-il d’autres épreuves font qu’il se tourne vers Dieu, au point de renoncer à ses richesses et de vivre dans une relative pauvreté, en étudiant l’Ecriture. Il entretient alors une correspondance avec saint Martin, saint Augustin (baptisé deux ans avant lui), saint Jérôme, saint Ambroise... Puis il est ordonné prêtre, finit de se débarrasser de ses richesses, et part s’installer à Nole, où il édifie un hospice, dans lequel il vit lui-même. Chaque année il écrit un poème à la gloire de saint Félix pour le jour de sa fête. Puis il finit par être sacré évêque de Nole, en 409, sans rien changer à son mode de vie. Il meurt en 431, un an après saint Augustin.