Carlo Revelli (Agoravox), Thierry Crouzet (bonWeb, Le peuple des connecteurs) et le développeur Bertrand Couturier ont lancé un site de « social reading » intitulé CoZop (zone de coopération). Il s’agit d’une « sorte de club de lecture géant », une plateforme reprenant les textes publiés sur les blogs : « coZop apprend à vous connaître pour vous délivrer les articles qui vous conviennent le mieux. » « Quand vous lancez une recherche sur coZop, le résultat sous forme de magazine dépend de vous et de votre histoire de lecteur. coZop a pour mission de trier automatiquement l’information et de vous éviter le piège du trop d’info tue l’info. Pour atteindre cet objectif, coZop republie dans leur intégralité les contenus dispersés sur le web. Les auteurs sont rémunérés au prorata des revenus générés. »
Sur le blog de coZop, Thierry Crouzet a publié un texte intituté « Censure sur coZop ». Il dit que coZop ne censure aucun article, sauf ceux qui pourraient enfreindre la loi. Il ajoute aussitôt qu’« à titre personnel, de nombreux articles actuellement publiés sur coZop » lui « déplaisent, par exemple certains sites d’extrême droite » Mais il estime « que nous ne devons pas les interdire » D’abord parce que ce serait techniquement difficile (tout étant automatique). Et « par ailleurs, chacun a le droit d’exprimer ses idées. En les laissant surgir, leurs adversaires trouvent l’occasion de les combattre. C’est mieux que de voir se propager sournoisement sans la moindre opposition. »
Donc il est bon que paraissent les articles d’extrême droite, car on peut ainsi les combattre... Il ne s’agit pas de se demander si l’auteur apporte quelque chose au débat, il s’agit a priori de le lire pour le combattre.
Cela ne concerne que ce que M. Crouzet catalogue comme d’extrême droite. L’extrême gauche ne pose aucun problème. Les héritiers de Lénine, Trotski et Mao sont bienvenus. Les héritiers de saint Thomas d’Aquin ou de saint Louis, de Maurras ou de Barrès, sont des ennemis à combattre.
Etant ouvertement lepéniste, je suppose que je suis catalogué comme d’extrême droite. Ce qui est curieux est qu’on soit venu me chercher. En effet, j’ai reçu le 12 février un courriel intitulé « Le blog d’Yves Daoudal sur coZop ». « Donnez plus de poids à vos idées », me disait-on... et l’on me suggérait de cliquer sur un lien. Je pensais que c’était pour avoir plus de précisions. Mais non. A peine avais-je cliqué que j’étais inscrit comme auteur sur coZop...
Or Thierry Crouzet explique comment la plate-forme de « social reading » fonctionne de façon à ce que mes idées aient précisément le moins de poids possible :
« Les lecteurs ne sont pas obligés de supporter les textes qui les insupportent. En pied de chaque article, vous pouvez les noter positivement ou négativement. Un article déprécié aura d’autant moins de chances d’apparaître en une. Plus un auteur est censuré par les lecteurs, plus la probabilité qu’il apparaisse en une des éditions de coZop diminue. En pratique, cela revient à cacher pour tous les lecteurs les articles qui déplaisent à la majorité. Certains auteurs ont déjà été éliminés des unes par ce procédé sans que nous ayons eut besoin de les censurer nous-mêmes. »
« Plus un auteur est censuré par les lecteurs... » Non seulement la censure (Thierry Crouzet emploie bien le mot de « censure ») est plus efficace si on la fait exercer par de nombreuses personnes, mais en outre, puisque ce sont des anonymes, elle est invisible. Voilà un bel exemple de cyber-censure, discrète mais revendiquée comme telle.
On remarque aussi qu’il s’agit de censurer « les articles qui déplaisent à la majorité ». C’est merveilleux, comme conception du débat des idées...
Pour l’heure, ça ne fonctionne pas encore. Je viens de taper "Liban", "irak" et "islam" sur coZop, et le premier article qui apparaît chaque fois est la petite note que je viens de publier sur ces sujets.
Il me semble qu’on peut parfaitement renverser le raisonnement de Thierry Crouzet. Il suffit de rechercher sur coZop les articles des immondes sites d’extrême droite (le mien de préférence, évidemment...) et de leur mettre systématiquement une note positive... On verra bien...
A moins que je sois supprimé de coZop dans l’heure qui vient...
Quoi qu’il en soit, allez y voir. L’initiative n’est pas sans intérêt.