Bruno Guigue, normalien, énarque, sous-préfet de Saintes depuis septembre dernier, a été limogé après avoir publié sur le site internet oumma.com une tribune intitulée Quand le lobby pro-israélien se déchaîne. Le ministère de l’Intérieur a fait savoir samedi (le 22 mars) que Michèle Alliot-Marie avait eu connaissance de ce texte « mercredi » (le 19), et avait « immédiatement décidé de mettre fin aux fonctions » du sous-préfet... La tribune date du 13 mars. Elle avait été dénoncée le 18 par Luc Rosenzweig sur RCJ (la radio de la communauté juive).
Le préfet de Charente-Maritime martèle un seul argument : Bruno Guigue a « enfreint le devoir de réserve », l’« obligation de neutralité ». « Même s’il voulait publier un ouvrage sur les vases Ming, il devrait en référer. » Quelle triste blague...
Bruno Guigue a écrit deux livres sur Israël et les Palestiniens, où il ne s’exprime pas autrement que dans sa tribune. Laquelle n’était d’ailleurs pas contre Israël, mais contre le « lobby pro-israélien » (citant nommément les intellectuels français signant une tribune du Monde). C’est cela qui ne pardonne pas.
Ses deux livres sont disponibles en librairie. Ils sont publiés sous son nom. Ces deux livres enfreignent donc quotidiennement le devoir de réserve. D’autre part, Bruno Guigue avait déjà publié sur oumma.com pas moins de sept chroniques du même acabit. Il est donc grotesque de feindre la surprise.
On n’est pas obligé d’être d’accord avec les outrances polémiques de Bruno Guigue. On n’est pas obligé non plus de juger judicieux de les publier sur un site islamiste. Il n’empêche qu’il s’agit de quelqu’un qui a longuement réfléchi à la question, et dont les arguments méritent d’être connus. Et débattus. Mais c’est précisément le débat sur cette question qui est interdit quand l’auteur appartient à un rouage de l’Etat, même s’il prend soin de ne pas indiquer sa fonction.
Commentaires
Sauf qu'il n'était pas dans la préfectorale lorsqu'il a publié ces deux livres : la situation n'était donc pas la même, en conséquence de quoi l'argument est tout à fait irrecevable.
Mais les "autorités" savaient très bien qu'il était un militant affirmé d'une cause particulière.
Il est donc faux de dire que la situation est radicalement différente. Car il est limogé sans avertissement. En réalité, comme souvent, l'administration française est traversée de divers courants qui se font la guerre et le reste est hypocrisie.
Ni les juges, ni les fonctionnaires, ni les ministres ne sont impartiaux. Ici Guigues apparaissait comme un sympathisant islamique, il a donc eu la faveur des zautorités. Il faisait partie de la minorité invisible (ce qui est très avantageux car il ne compte pas dans les quotas) quand il y a eu des protestations, les mêmes autorités ont joué les innocentes. A vomir. Pauvre MAM, elle fait pitié.
Note : Je n'ai aucune sympathie pour ce Guigues.
Merci Monsieur Daoudal pour votre lumineuse analyse, parfaitement pertinente.
Il y a vraiment une hypocrisie dans cette polémique et le devoir de réserve n'est qu'un prétexte formel pour taire une information connue et répandue.
Hypocrisie, puisque le devoir de réserve porte sur des informations non divulguées ce qui n'est pas le cas en la matière puisque les éléments mis en cause sont du domaine de l'Histoire.
Hypocrisie, encore puisque l'on tente de faire l'amalgame entre des propos qui seraient anti-sionistes (ce qui resterait encore à démontrer) avec de l'anti-sémitisme!
Hypocrisie toujours puisque la méthode gauchiste de propagande est bien rodée. Les intellectuels (qui ne peuvent être que de gauche) peuvent se permettre de dire tout et n'importe quoi puisque du moment que c'est dit dans une idéologie gauchiste, c'est parole d'"évangile".
En face , il ne se trouve donc personne pour pouvoir répondre puisque les personnes qui le feraient se verraient dénier la qualité d'"intellectuel". Il reste contre cela, la force du statut social et précisément, quand un haut fonctionnaire le fait, on lui rappelle à tord un devoir de réserve qui ne porte pas sur sa charge.
Madame le ministre à tord lorsqu'elle dit " "Même s'il voulait publier un ouvrage sur les vases Ming, il devrait en référer, c'est la seule règle" C'est un abus de pouvoir de sa part car s'il n'y a pas de relation directe entre sa charge et ses propos ou actions, il n'a pas à en référer à ces supérieurs! C'est tout aussi abusif que de vouloir contrôler sa sphère privée sous prétexte qu'il est haut fonctionnaire.
J'ai hâte de connaître la suite administrative de cette affaire!
Le système de la pensée unique, la dictature intellectuelle doit être dénoncée!
Le devoir de réserve est en France une escroquerie !!!
C'est un principe, une règle à géométrie variable.
De part son application sélective, ce principe devient injuste et condamnable.
- Aucun fonctionnaire, haut fonctionnaire n'a été sanctionné ou condamné après les multiples appels publics (émanants de membres de la Fonction publique) à manifester, à faire barrage à Jean-Marie Le Pen entre les deux tours de la présidentielle de 2002. Pour le coup s'il ne s'agissait pas là de violations du principe de neutralité...
- Les professeurs (y compris ceux des Universités) de gauche et d'extrême-gauche ne se gênent absolument pas pour mettre en cause pendant leurs cours des hommes politiques ou des politiques en application quand bien même l'objet de leur critique n'a rien à voir avec leur enseignement.
A Aslan : Entièrement d’accord avec vous. Le devoir de réserve ne sert qu’à faire taire ceux qui déplaisent au pouvoir en place. C’est donc de la pure hypocrisie de la part de ce pouvoir qui se targue de démocratie mais n’admet pas la liberté de penser.
Si on analyse bien les évenements, une vérité se dégage: Notre pays glisse vers un terrain instable. Le lobby pro-israélien très présent maintenant use de ses forces (en expoitant la démocratie !!) pour nous enfoncer dans des conflits douteux où le grand perdant c'est notre pays.