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Saints Nérée et Achille

Fin de l’homélie prononcée par saint Grégoire le Grand le 12 mai 592 en la basilique des saints Nérée et Achille. (Propos honteusement contraires à l’orientation de la néo-liturgie qui magnifie « les choses de ce monde » : on comprend pourquoi tant d’oraisons de la liturgie grégorienne ont dû être défigurées.)

Tenons donc pour rien ce que nous faisons de bien. Ne nous laissons pas exalter par nos travaux, ni élever par l’abondance ou la gloire. Si la profusion de toutes sortes de biens nous gonfle d’orgueil, nous sommes dignes du mépris de Dieu. Au contraire, le psalmiste déclare à propos des humbles : « Le Seigneur garde les petits enfants. » (Ps 116, 6). Et parce que ceux qu’il appelle de petits enfants sont les humbles, sitôt après avoir exprimé cette sentence, il ajoute une réflexion comme pour répondre à notre désir de savoir ce que Dieu fera pour ces humbles : « Je me suis humilié, et il m’a délivré. »

Voilà ce à quoi il vous faut bien réfléchir, mes frères, voilà ce que vous devez méditer avec toute l’attention possible. N’estimez pas dans vos proches les biens de ce monde. N’ayant que Dieu en vue dans les hommes, ne rendez honneur qu’à leur nature faite à l’image de Dieu — je ne parle pourtant ici que des hommes qui ne sont pas vos supérieurs. Vous observerez cela vis-à-vis de vos proches si vous commencez vous-mêmes par ne pas laisser vos cœurs se gonfler d’orgueil. Car celui que les choses éphémères exaltent encore ne sait pas respecter dans son prochain ce qui dure. Ne considérez donc pas en vous-mêmes ce que vous avez, mais ce que vous êtes.

Voyez comme il s’enfuit, ce monde qu’on aime ! Ces saints auprès de la tombe desquels nous sommes assemblés ont foulé aux pieds avec mépris un monde florissant. On y jouissait d’une longue vie, d’une santé continuelle, de l’abondance matérielle, de la fécondité dans les familles, de la tranquillité dans une paix bien établie. Et ce monde qui était encore si florissant en lui-même était pourtant déjà flétri dans leur cœur. Alors que tout flétri qu’il soit maintenant en lui-même, il demeure toutefois florissant dans nos cœurs. Partout la mort, partout le deuil, partout la désolation ; de tous côtés nous sommes frappés, de tous côtés nous sommes abreuvés d’amertumes ; et cependant, dans l’aveuglement de notre esprit, nous aimons jusqu’aux amertumes goûtées dans la concupiscence de la chair, nous poursuivons ce qui s’enfuit, nous nous attachons à ce qui tombe. Et comme nous ne pouvons retenir ce qui tombe, nous tombons avec ce que nous tenons embrassé dans son écroulement.

Si le monde nous a autrefois captivés par l’attrait de ses plaisirs, c’est désormais lui qui nous renvoie à Dieu, maintenant qu’il est rempli de si grands fléaux. Songez bien que ce qui court dans le temps ne compte pas. Car la fin des biens transitoires nous montre assez que ce qui peut passer n’est rien. L’écroulement des choses passagères nous fait voir qu’elles n’étaient presque rien, même quand elles nous semblaient tenir ferme. Avec quelle attention, frères très chers, nous faut-il donc considérer tout cela ! Fixez votre cœur dans l’amour de l’éternité ; et sans plus chercher à atteindre les grandeurs de la terre, efforcez-vous de parvenir à cette gloire dont votre foi vous donne l’assurance, par Jésus-Christ Notre-Seigneur, qui, étant Dieu, vit et règne avec le Père dans l’unité du Saint-Esprit, dans tous les siècles des siècles. Amen.

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