Hymne des vêpres au temps pascal, par les moines de l'abbaye de Clervaux (traduction de Bossuet.)
Ad cenam Agni próvidi,
Et stolis albis cándidi,
Post tránsitum maris Rubri
Christo canámus Príncipi.
Après avoir passé la mer Rouge, allons, revêtus d'habits blancs, au festin de l'Agneau, et chantons les louanges de Jésus-Christ notre Roi.
Cujus corpus sanctíssimum
In ara crucis tórridum,
Cruóre ejus róseo
Gustándo vívimus Deo.
Son saint corps a été dans les souffrances; comme dans un feu, sur l'autel de la croix : en goûtant le sang qui en est sorti, nous vivons pour Dieu.
Protécti paschæ véspere
A devastánte Angelo,
Erépti de duríssimo
Pharaónis império.
Par ce sang nous avons été délivrés de l'ange exterminateur au soir de la Pâque, et nous avons été affranchis de la rigoureuse tyrannie de Pharaon.
Jam pascha nostrum Christus est,
Qui immolátus agnus est :
Sinceritátis ázyma
Caro ejus obláta est.
Ainsi Jésus-Christ est notre Pâque, c'est l'Agneau qui a été immolé pour notre salut; sa chair offerte pour nous est le vrai pain sans levain, et l'azyme de sincérité dont nous devons nous nourrir.
O vere digna hóstia,
Per quam fracta sunt tártara,
Redémpta plebs captiváta,
Réddita vitæ prǽmia.
O victime d'un prix infini, par vous les portes de l'enfer ont été brisées, les captifs ont été rachetés, et la vie a été rendue aux morts.
Consúrgit Christus túmulo,
Victor redit de bárathro,
Tyránnum trudens vínculo
Et Paradísum réserans.
Jésus-Christ ressuscite du tombeau, il revient victorieux de l'enfer : il a enchaîné le tyran, et il a ouvert le paradis.
Quǽsumus, Auctor ómnium,
In hoc pascháli gáudio,
Ab omni mortis ímpetu
Tuum defénde pópulum.
O Dieu Créateur de toutes choses, nous vous prions, dans cette joie sainte que nous donne la solennité de Pâques, de défendre votre peuple contre toutes les attaques de la mort.
Glória tibi Dómine,
Qui surrexísti a mórtuis,
cum Patre et almo Spíritu,
in sempitérna sǽcula. Amen.
Gloire vous soit rendue, ô Seigneur, qui êtes ressuscité d'entre les morts : et soyez honoré avec le Père et le Saint-Esprit dans toute l'éternité. Ainsi soit-il.
Commentaires
Hymne pascal magnifique ! Qui date du V° siècle, mais le texte a été revu par Urbain VIII. L'original employait Tartara et Inferi pour désigner "les enfers", lieux inférieurs d'où remonte le Christ.
Urbain VIII a remplacé Inferi par Barathrum.
Distinguant mieux ainsi ces lieux où il y a ennui et tristesse, mais non cris et grincements de dents comme dans l'Enfer des damnés.
Malheureusement Bossuet dans sa traduction a mis Enfer partout...