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Liturgie - Page 678

  • L’Assomption de saint Jean

    La fête de ce jour, dans le calendrier byzantin, est intitulée Assomption (metastasis) du glorieux et illustre apôtre saint Jean l’évangéliste. Cela a de quoi nous surprendre. Pourtant, un célèbre tableau de Giotto représente l’assomption de saint Jean, que l’on trouve aussi sur un bandeau de la cathédrale de Reims. Non seulement l’assomption de saint Jean ne fait pas partie du dogme catholique, mais pour nombre d’auteurs orientaux cette « assomption » n’est rien d’autre que la mort sereine de saint Jean. L’idée que saint Jean serait monté au ciel corps et âme vient d’anciens textes orientaux qui racontent comment les disciples de l’apôtre l’enterrèrent, et comment d’autres disciples, voulant voir une dernière fois le corps de leur maître, découvrirent le tombeau vide. Cette tradition est une interprétation de la parole énigmatique du Christ rapportée par… saint Jean à la fin de son évangile, en réponse à une question de saint Pierre : « Si je veux qu'il reste jusqu'à ce que je vienne, qu'est-ce que cela te fait ? » Propos que saint Jean commente ainsi : « Le bruit se répandit alors chez les frères que ce disciple ne mourrait pas. Or Jésus n’avait pas dit à Pierre “Il ne mourra pas“, mais “Si je veux qu’il demeure jusqu’à ce que je vienne“. »

    L’assomption de saint Jean se trouve également dans des textes occidentaux (ce qui explique Giotto et Reims). Voici comment la raconte Jacques de Voragine, dans la Légende dorée, d’après le livre de saint Isidore de Séville sur La naissance et la mort des Pères : « A l’âge de 98 ans et l’an 67, selon Isidore, après la passion du Seigneur, J.-C. lui apparut avec ses disciples et lui dit : « Viens avec moi, mon bien-aimé, il est temps de t'asseoir à ma table avec tes frères. » Jean se leva et voulut marcher. Le Seigneur lui dit : « Tu viendras auprès de moi dimanche. » Or le dimanche arrivé, tout le peuple se réunit à l’église qui avait été dédiée en son nom. Dès le chant des oiseaux, il se mit à prêcher, exhorta les chrétiens à être fermes dans la foi et fervents à pratiquer les commandements de Dieu. Puis il fit creuser une fosse carrée vis-à-vis l’autel et en jeter la terre hors de l’église. Il descendit dans la fosse, et les bras étendus, il dit à Dieu : « Seigneur J.-C., vous  m’avez invité à votre festin; je viens vous remercier de l’honneur que vous m’avez fait ; je sais que c'est de tout cœur que j'ai soupiré après vous. » Sa prière finie, il fut environné d'une si grande lumière que personne ne put le regarder. Quand la lumière eut disparu, on trouva la fosse pleine de manne, et jusqu'aujourd'hui il se forme de la manne en ce lieu, de telle sorte qu'au fond de la fosse, il paraît sourdre un sable fin comme on voit l’eau jaillir d'une fontaine. »

  • Note liturgique

    Vigilate, state in fide, viriliter agite, et confortamini. Omnia vestra in caritate fiant.
    Veillez, demeurez fermes dans la foi, agissez virilement, et fortifiez-vous. Que tout ce que vous faites se fasse dans la charité.

    Ceci est le capitule qui suit les douze psaumes dans les matines de chaque jour de la semaine dans le bréviaire monastique (c’est la conclusion de la première épître de saint Paul aux Corinthiens).

    Ensuite on dit ce verset :

    Beati qui habitant in domo tua, Domine ; in saecula saeculorum laudabunt te.
    Bienheureux ceux qui habitent dans ta maison, Seigneur, ils te loueront dans les siècles des siècles.

  • La dernière place

    L’évangile de ce dimanche est en deux parties. La seconde partie est le commandement de l’humilité : « Lorsque quelqu’un t’invite à un repas de noces, ne va pas te mettre à la première place, de peur qu’un plus digne que toi ne se trouve aussi invité, et que celui qui vous a invités ne vienne te dire : Cède-lui la place. Tu devrais alors, plein de confusion, aller occuper la dernière place. Mais quand tu es invité, va te mettre à la dernière place, de façon qu’à ton arrivée celui qui t’a invité te dise : Mon ami, monte plus haut. Alors tu te trouveras honoré devant tous les convives. Car quiconque s’élève sera abaissé, et quiconque s’abaisse sera élevé. »

    Nous avons ici un exemple de la façon dont le Christ reprend l’enseignement de l’Ancien Testament et lui donne une signification plus haute.

    En effet, ce qu’il dit se trouve presque mot pour mot dans le livre des Proverbes (25, 6-7) : « Ne prends pas la place des grands, car mieux vaut qu’on te dise : Monte ici ! que si l’on t’abaisse devant le prince. » Il s’agit ici d’abord d’un conseil de prudence humaine, dans laquelle on peut voir éventuellement une signification plus profonde. Mais le Christ explicite cette signification et lui donne toute son ampleur spirituelle. Et il la donne en prenant lui-même la dernière des dernières places, lui qui est Dieu, en se faisant homme et en mourant sur la Croix.

    Ce fut un aspect important de la spiritualité du bienheureux Charles de Foucauld : « J’ai une répugnance extrême pour tout ce qui tendrait à m’éloigner de cette dernière place que je suis venu chercher », disait-il en parlant de la Trappe. Ou encore : « Descendons le plus possible, comme le Verbe, comme Jésus ; établissons définitivement, sur la terre, notre place parmi les plus petits ; à la dernière place. »

  • Samedi des Quatre-Temps

    La liturgie de ce jour réunit le souvenir du jour des Expiations et de la fête des Tentes ou des « tabernacles »), en leur donnant leur sens ultime, qui est pascal.

    « En ces jours-là, le Seigneur parla à Moïse et dit : Le dixième jour de ce septième mois ­[sept-embre], c’est le jour des Expiations. Il y aura pour vous une convocation sacrée. Vous jeûnerez et vous offrirez un mets au Seigneur. » (Lévitique, 23, 26-27)

    « En ces jours-là, le Seigneur parla à Moïse et dit : Le quinzième jour du septième mois, lorsque vous aurez récolté les produits du pays, vous célébrerez la fête du Seigneur pendant sept jours. » (Lévitique, 23, 39-40)

    « Le Christ, lui, survenu comme grand prêtre des biens à venir, traversant la tente non faite de main d’homme, c’est-à-dire qui n’est pas de cette création, entra une fois pour toutes dans le sanctuaire, non pas avec du sang de boucs et de jeunes taureaux, mais avec son propre sang, nous ayant acquis une rédemption éternelle. » (Epître aux Hébreux, 9, 12)

  • Vendredi des Quatre-Temps

    « Ses péchés, ses nombreux péchés lui sont remis, parce qu’elle a montré beaucoup d’amour. » (Luc, 7, 47)

  • Saint Matthieu

    Matthieu, qui en fait s'appelait Lévi (comme tout le monde) tenait le bureau de douane et d’octroi à Capharnaum (Kfar Nahum), ville située sur le lac de Tibériade et d’où Jésus rayonnait, par terre ou par « mer », dans toute la Galilée. Auteur du premier évangile et l’un des douze apôtres, il évangélisa l’Ethiopie selon une ancienne tradition. Ses reliques sont à Salerne, sur la côte amalfitaine, l’un des plus beaux endroits du monde.

    Capharnaum est l’un des innombrables exemples des confirmations historiques et topologiques de l’Ecriture sainte par l’archéologie. La ville a complètement disparu. Ce n’est qu’en 1838 qu’on détermina le site. Et à partir de la fin du XIXe siècle eurent lieu des fouilles, qui permirent de mettre au jour une basilique octogonale du Ve siècle, enserrant une maison qui avait elle-même été transformée en lieu de culte, et sur les murs de cette maison on a trouvé des graffitis en araméen, grec, syriaque et latin, avec les mots Jésus, Seigneur, Christ et Pierre.

    Cette maison était manifestement celle de saint Pierre. D’autant que nous avons le témoignage d’une Espagnole qui, dans le récit de son pèlerinage en terre sainte effectué entre 381 et 384, explique qu’elle a vu comment la maison de saint Pierre (où logeait aussi Jésus) a été transformée en église.

  • Quatre-Temps

    Aujourd’hui c’est le mercredi des Quatre-Temps de septembre.

    Le Quatre-Temps ont été rayés du nouveau calendrier. Pourquoi ? Parce que ce sont des jours de jeûne et que l’on ne doit plus insister sur la pénitence ? « Si vous ne faites pas pénitence, vous périrez tous », a pourtant prévenu le Seigneur.  Parce que les réformateurs de la liturgie étaient des enfants de la société industrielle et que les Quatre-Temps sont liés aux travaux de la terre ? Parce qu’ils n’avaient plus aucune notion des symboles ?

    Les Quatre-Temps sont la sanctification des quatre saisons, des solstices et des équinoxes. Sanctification du cosmos. Les quatre temps de septembre sont aussi une action de grâce pour les récoltes. C’est la version chrétienne de la fête des tentes. Aujourd’hui on prétend exalter les racines juives de la liturgie chrétienne. Mais on a supprimé les Quatre-Temps qui en étaient un authentique héritage liturgique.

    L’évangile de ce jour est le passage de saint Marc où le Christ guérit un démoniaque que les apôtres n’ont pas pu guérir. Pourquoi n’avons-nous pas pu expulser ce démon ? demandent les apôtres au Seigneur. « Cette espèce-là ne peut sortir que par la prière et le jeûne », leur répond-il.

  • Prière pour le pape

    Voici la prière que je récite tous les jours pour le pape. Elle est plus que jamais d'actualité.

    Oremus pro Pontifice nostro Benedicto.

    Dominus conservet eum, et vivificet eum, et beatum faciat eum in terra, et non tradat eum in animam inimicorum ejus.

    Pater noster. Ave Maria. 

  • Saint Joseph de Cupertino

    medium_image004.gifLa vie de saint Joseph de Copertino (1603-1663) est un gag divin, qui ne le fit pas vraiment rire. Tout petit déjà, on l’appelait « bouche-bée », parce que tout lui était l’occasion de tomber en extase. De ce fait il était incapable de faire quoi que ce soit, puisque lorsqu’il tombait en extase tout lui tombait des mains, et en outre il était quasiment analphabète et avait un air parfaitement ahuri.

    Après plusieurs tentatives infructueuses, sa famille réussit à le faire admettre dans un couvent de capucins, comme simple oblat, avec pour tâche de s’occuper de la mule. Mais il voulait devenir frère franciscain, et prêtre. Et il y réussit. Il passa par miracle l’examen du sacerdoce. L’évêque commença par interroger les premiers candidats, qui étaient si forts en théologie qu’il décida d’admettre tout le groupe, dont Joseph. Du coup, saint Joseph de Copertino est le patron des étudiants qui passent des examens…

    A partir de ce moment-là, il se mit à léviter, et de façon très impressionnante. Avec décollage vertical et atterrissage, accompagné d’un cri rauque, au pied de l’image ou de la statue qui avait provoqué son extase. Un jour il se prit dans les branches d’un olivier et il fallut une échelle pour le faire redescendre. On voulut le présenter au pape, et il lévita aussitôt, ce qui fit peur au souverain pontife. Ses lévitations finirent par le faire soupçonner de diablerie ou d’imposture par l’Inquisition, qui le convoqua. Dès qu’il entra dans la salle d’audience, il se colla au plafond. On l’envoya vivre en reclus dans un couvent. On le dit saint patron des aviateurs. Je ne sais pas si cela est officiel dans l’Eglise, ou provient seulement de la blague de Blaise Cendrars (dans Le lotissement du ciel).

    Joseph de Copertino n’est pas saint parce qu’il lévitait mais parce qu’il fut d’une patience et d’une obéissance héroïques, d’une charité sans bornes et d’une piété exceptionnelle. Lors de son procès en béatification, un témoin dira qu’il en avait davantage appris dans ses quelques conversations avec Joseph que dans tous les livres de théologie.

    Néanmoins l’Eglise n’a pas laissé passer l’occasion de se servir de ce don intempestif pour en donner, cum grano salis, la signification spirituelle, dans la collecte de sa messe : « Dieu, qui avez voulu que votre Fils unique, élevé de terre, attirât tout à lui, faites, dans votre bonté, qu’à l’exemple et par les mérites de votre séraphique confesseur Joseph, nous élevant au-dessus de tous les désirs terrestres, nous méritions de parvenir jusqu’à celui qui, étant Dieu, vit et règne dans les siècles des siècles. Amen. »

  • Piétisme et contemplation

    Les textes des cantates composées par Bach pour le dimanche qui correspond au XVe dimanche après la Pentecôte (les N° 8, 27, 95 et 161, pour le 16e dimanche après la Trinité) sont assez caractéristiques de la différence fondamentale qu’il y a entre le piétisme luthérien et la spiritualité catholique.

    L’évangile de ce jour est celui de la résurrection du fils de la veuve de Naïm (Luc 7, 11-16). Les textes des cantates sont centrés sur la mort de celui qui chante, donc sur la mort de celui qui écoute et participe par son audition à ce chant. Sur ma mort. Sur ce qu’implique la mort pour mon corps et pour mon âme.

    Le commentaire que propose l’Eglise catholique, tiré de saint Augustin, est exactement en sens inverse. Il ne s’agit pas de contempler mon nombril promis au tombeau, mais le Christ et son action dans son Eglise.

    Tout miracle du Christ est un signe, une parabole en acte. Par la résurrection corporelle du fils de la veuve de Naïm, le Christ veut attirer notre attention sur la résurrection des âmes, qui est sa mission terrestre, et qui sera la mission de l’Eglise jusqu’à ce qu’il revienne et ressuscite tous les corps dans l’éternité. Les évangiles rapportent trois résurrections corporelles effectuées par le Christ. Mais dans le même temps il a ressuscité des milliers d’âmes. Nous ne devons pas être devant l’Evangile comme devant un grimoire dont nous admirons la calligraphie sans comprendre le texte, dit saint Augustin. On peut admirer le fait si étonnant de la résurrection d’un corps, mais l’important est de discerner ce que le fait signifie. C’est toujours l’annonce du Royaume, dont l’Eglise est sur terre la messagère et la porte d’entrée. La résurrection du fils de la veuve de Naïm et admirable, mais la résurrection d’innombrables âmes dans l’Eglise, par le baptême et la pénitence, est infiniment plus admirable.

    Ce n’est donc pas moi qui importe, mais le Christ qui me ressuscite dans son Eglise. Ce n’est pas ma mort que je dois regarder, mais le Christ, car il est la voie, la vérité et la vie. Dès ici-bas, le chrétien a pour vocation de dire comme saint Paul : ce n’est plus moi qui vis, mais le Christ qui vit en moi.