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Saint Bonaventure

Si l'on en croit le nouveau calendrier et d'autres sources, saint Bonaventure est mort un 15 juillet (d'autres ont dit le 14, jour de sa fête dans l'ancien calendrier, d'autres le 16...). Une curiosité est le texte du nouveau lectionnaire pour la fête de saint Bonaventure, donc le 15. Alors que la nouvelle liturgie a été fabriquée par des intellectuels utilitaristes (comme le disait à peu près un certain cardinal Ratzinger), il s’agit d’un texte (absolument sublime) qui explique que ce n’est pas par la spéculation intellectuelle qu’on peut pénétrer le mystère du Christ...

Le Christ est le chemin et la porte, l'échelle et le véhicule ; il est le propitiatoire posé sur l'arche de Dieu et le mystère caché depuis le commencement.

Celui qui tourne résolument et pleinement ses yeux vers le Christ en le regardant suspendu à la croix, avec foi, espérance et charité, dévotion, admiration, exultation, reconnaissance, louange et jubilation, celui-là célèbre la Pâque avec lui, c'est-à-dire qu’il se met en route pour traverser la mer Rouge grâce au bâton de la croix. Quittant l'Égypte, il entre au désert pour y goûter la manne cachée et reposer avec le Christ au tombeau, comme mort extérieurement mais expérimentant dans la mesure où le permet l'état de voyageur ce qui a été dit sur la croix au larron compagnon du Christ : « Aujourd'hui avec moi tu seras dans le paradis. »

En cette traversée, si l'on veut être parfait, il importe de laisser là toute spéculation intellectuelle. Toute la pointe du désir doit être transportée et transformée en Dieu. Voilà le secret des secrets, que « personne ne connaît sauf celui qui le reçoit », que nul ne reçoit sauf celui qui le désire, et que nul ne désire, sinon celui qui au plus profond est enflammé par l'Esprit Saint que le Christ a envoyé sur la terre. Et c'est pourquoi l'Apôtre dit que cette mystérieuse sagesse est révélée par l'Esprit Saint.

Si tu cherches comment cela se produit, interroge la grâce et non le savoir, ton aspiration profonde et non pas ton intellect, le gémissement de ta prière et non ta passion pour la lecture ; interroge l'Époux et non le professeur, Dieu et non l'homme, l'obscurité et non la clarté ; non point ce qui luit mais le feu qui embrase tout l'être et le transporte en Dieu avec une onction sublime et un élan plein d'ardeur. Ce feu est en réalité Dieu lui-même dont « la fournaise est à Jérusalem. » C'est le Christ qui l'a allumé dans la ferveur brûlante de sa Passion. Et seul peut le percevoir celui qui dit avec Job : « Mon âme a choisi le gibet, et mes os, la mort. » Celui qui aime cette mort de la croix peut voir Dieu ; car elle ne laisse aucun doute, cette parole de vérité : « L'homme ne peut me voir et vivre. »

Mourons donc, entrons dans l'obscurité, imposons silence à nos soucis, à nos convoitises et à notre imagination. Passons avec le Christ crucifié de ce monde au Père. Et quand le Père se sera manifesté, disons avec Philippe : « Cela nous suffit » ; écoutons avec Paul : « Ma grâce te suffit » ; exultons en disant avec David : « Ma chair et mon cœur peuvent défaillir : le roc de mon cœur et mon héritage, c’est Dieu pour toujours. Béni soit le Seigneur pour l’éternité, et que tout le peuple réponde : Amen, amen ! »

(Saint Bonaventure, Itinéraire de l'âme à Dieu, 7) 

Commentaires

  • Merci pour ces notes sur la réforme liturgique. Cherchant comme vous des citations de Ratzinger accablant le nouveau Missel, j'ai été surpris de l'ambiguité constante dans ses jugements (ceci dit sans mauvais esprit contre Benoît XVI). Ratzinger attaque la liturgique post-conciliire mais à y voir de plus près, plus précisément les abus liturgiques que le Missel de Paul VI. Sauf exceptions, dont la pique que vous mentionnez sur son aspect professoral. Quelle est votre sentiment ? Reconnaître la validité du nouveau Missel, bien sûr, sa valeur quand il est célébré avec amour du mystère, pourquoi pas, mais en faire un égal du missel romain traditionnel, après tout ce que notre école de pensée a déversé de critiques contre lui (dont les plus convaincantes sont pour moi celles de l'abbé Houghton, ou encore, dans un autre ordre, celle de Mgr Gamber, préfacé par Ratzinger !)...

    Au lieu d'une acceptation des deux missels, ne faudrait-il pas une vraie réforme liturgique, respectueuse de la tradition, dans l'esprit de Saint Pie V ? Mais une telle révolution est-elle possible aujourd'hui ? Et la crainte d'une opposition totale (des évêques ?) ne pourrait-t-elle pas expliquer l'attitude amigüe de Ratzinger que j'évoquais plus haut ?

    Autant de questions qui mériteraient peut-être une mise en forme plus intelligible... Désolé.

  • merci pour ce texte de St Bonnaventure (aussi beau que celui proposé pour le Sacré-Coeur. C'est bien commencer le matin.

    @Fabien
    YD connait mieux ces questions et pourra y répondre avec sa grande compétence.
    Toutefois, je ne suis pas sur de partager votre analyse. Les critiques du Cal Ratzinger touchent au contraire au fond. Je ne vois pas quelle critique plus radicale faire de la réforme liturgique que de dire, qu'il s'est agit de "constructivisme" produit par des "experts" alors que la liturgie doit être le fruit d'un développement continu.
    C'est dit à la façon de Benoit XVI : une grande intelligence, allant au fond, mais de pas déclarations tapageuses ou médiatiques. Une raison, à creuser, à approfondir, simple remarque comme faite en passant, mais pour celui qui sait s'y arréter, prendre le temps d'en tirer toutes les conséquences, tout est dit.

    On peut ensuite estimer que l'affirmation d'une forme ordinaire et extraordinaire du rite romain ne tire pas toutes les conséquences des affirmations précédentes. Mais quelle force déjà par rapport à la situation antérieure, le rappel que la messe n'a jamais été interdite, dire que les responsables de l'Eglise n'ont peut être pas tout fait pour éviter les déchirures... De plus, Benoit XVI est responsable du Corps du Christ, tellement fragile, tellement mutilié, de l'unité de ce Corps. Il doit être le bon samaritain, ne pas éteindre la mèche qui fume encore, éviter les schimes. Le gouvernement - y compris de l'Eglise - est acte de prudence et de sagesse. De plus, il me semble clair que, dans l'esprit des promoteurs de la "réforme de la réforme", la coexistence des deux rites va amener à la prise de conscience de l'évolution nécessaire du rite Paul VI (et de certaines adaptations liturgie traidtionnlele : calendrier à compléter, lectures à développer, récitation du pater par le prètres et les fidèles..).

  • Quel haut niveau que celui de votre blog, Monsieur Daoudal.

    L'intérêt de vos posts rivalise avec ceux de vos commentateurs.

    Avec ce texte que vous nous proposez, on comprend pourquoi saint Bonaventure a été nommé le docteur séraphique, quelle douceur et quel médecin de l'âme !

    Je partage les arguments de Fabien sur la "politique" de notre pape. Son analyse est très fine.

    Je partage aussi la fine analyse d'Antoine sur la mentalité et la valeur du cardinal Ratzinger devenu Benoît XVI. Mais, de grâce, n'allez pas encore, cher Antoine, nous proposer un troisième missel ! La tradition c'est ce que chaque génération reçoit de la génération précédente, elle le conserve avec respect pour le transmettre à la suivante ; elle ne se permet que des modifications qui sont plutôt des développements, fruits de la méditation continue du contenu de ladite tradition. Paul VI a fabriqué, à la mode idéaliste et scientiste, un nouveau calendrier. Toute son oeuvre n'est pas à rejeter pour autant, car elle présente certains progrès, certaines idées justes.

    Laissons du temps au temps.

    Le babyboomer que je suis laisse aux générations suivantes le soin de résoudre certains problèmes surgis de la mise en application du missel de Paul VI.

  • Et que pense YD de mes questions et des réponses assez convaincantes qui y ont été apportées ? En espérant que le climat redevenu estival ne le fait pas trop souffrir.

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