(Collecte du 5e dimanche après la Pentecôte)
Liturgie - Page 651
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Deus qui diligentibus te
Dieu, qui as préparé les biens invisibles à ceux qui t’aiment, verse dans nos cœurs la passion de ton amour, afin que t’aimant en toutes choses et par dessus tout, nous obtenions tes promesses, qui surpassent tout désir.
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Saints Jean et Paul
Selon la tradition, Jean et Paul furent les derniers martyrs de Rome, le 26 juin 362, sous Julien l’Apostat qui, un an jour pour jour après avoir fait décapiter ces deux chrétiens intransigeants, mourut en disant : « Tu as vaincu, Galiléen ! » Peu après, saint Hilaire de Poitiers propagea leur culte en Gaule en consacrant une église sous leurs noms, et c’est de cette église (devenue Saint-Hilaire) que Clovis, à la veille de la bataille de Vouillé, vit sortir et se diriger vers lui « la mystérieuse lumière, présage du triomphe qui devait chasser l'arianisme des Gaules et fonder l'unité monarchique ». Plus tard, « lorsque l'issue de la seconde croisade abreuvait d'amertume saint Bernard qui l'avait prêchée, ils apparurent ici-bas pour relever son courage, et lui manifester par quels secrets le Roi des cieux avait tiré sa gloire d'événements où les hommes ne voyaient que désastres et fautes ».
(D’après l’Année liturgique de Dom Guéranger)
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Saint Guillaume
Roger Ier, roi de Naples, désirait vivement s'entretenir avec saint Guillaume de Verceil; il le fit donc venir à sa cour. Sa conversation tout angélique l'édifia tellement qu'il ordonna de bâtir un couvent de son Ordre à Salerne, juste en face de son palais, afin de pouvoir jouir plus souvent de ses célestes entretiens et de ses sages avis. Saint Guillaume profita de son influence pour porter le roi à la pratique de la vertu et lui rappeler ses importants devoirs. Il exhortait les grands seigneurs de la même façon, tâchant de leur inspirer l'horreur du péché et l'amour de la piété.
Comme la dévotion trouve des ennemis partout, quelques courtisans persuadèrent le roi Roger d'éprouver la vertu du Saint, qui n'était selon eux, que pure hypocrisie. On chargea une prostituée de le solliciter au mal et de le faire tomber dans le péché. Saint Guillaume feignit d'abord d'acquiescer à ses honteuses propositions et la pria de revenir vers le soir. La prostituée se félicitait de sa réussite, mais lorsqu'elle retourna chez le Saint, elle resta fort perplexe en le voyant se coucher sur un lit de charbons ardents tout en l'invitant à faire de même.
Ce prodige bouleversa tellement cette misérable femme, que fondant en larmes, elle demanda pardon au serviteur de Dieu en se prosternant jusqu'à terre. D'infâme pécheresse, elle devint abbesse d'un couvent de religieuses fondée par saint Guillaume, à Venosa. Elle est connue sous le nom de la bienheureuse Agnès de Venosa.
(Bollandistes)
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Nativité de saint Jean-Baptiste
La fête du Précurseur prime le dimanche. Ce jour, sur l’ordo du monastère du Barroux, on peut lire : « Ad Benedictus pulsatur campana maior ». C’est-à-dire : au Benedictus, on fait sonner la grande cloche. En effet, le Benedictus est le chant par lequel Zacharie annonce, sous l’impulsion du Saint-Esprit, que son fils qui vient d’être circoncis et auquel il vient de donner le nom de Jean, sera le Précurseur du Celui qui apporte le salut. Le Benedictus est chanté tous les jours aux laudes. Mais aujourd’hui il prend une importance toute particulière. C’est donc la cloche la plus solennelle qui, accompagnant le chant du Benedictus, annonce au monde, en ce jour, la naissance de celui qui annonce la venue du Sauveur.
« Béni soit le Seigneur, le Dieu d'Israël, de ce qu'Il a visité et racheté Son peuple, et nous a suscité un puissant Sauveur dans la maison de David, Son serviteur, ainsi qu'Il a dit par la bouche de Ses saints prophètes des temps anciens, qu'Il nous délivrerait de nos ennemis et de la main de tous ceux qui nous haïssent, pour exercer Sa miséricorde envers nos pères, et Se souvenir de Son alliance sainte, selon le serment qu'Il a juré à Abraham, notre père, de nous accorder cette grâce, qu'étant délivrés de la main de nos ennemis, nous Le servions sans crainte, marchant devant Lui dans la sainteté et la justice, tous les jours de notre vie. Et toi, petit enfant, tu seras appelé le prophète du Très-Haut: car tu marcheras devant la face du Seigneur, pour préparer Ses voies, afin de donner à Son peuple la connaissance du salut, pour la rémission de leurs péchés, par les entrailles de la miséricorde de notre Dieu, grâce auxquelles le soleil levant nous a visités d'en haut, pour éclairer ceux qui sont assis dans les ténèbres et à l'ombre de la mort, pour diriger nos pas dans la voie de la paix. »
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Vigile de saint Jean-Baptiste
Un Ange du Seigneur lui apparut, se tenant debout à droit de l'autel de l'encens. Zacharie fut troublé en le voyant, et la frayeur le saisit. Mais l'Ange lui dit: Ne crains point, Zacharie, car ta prière a été exaucée, et ta femme Elisabeth t'enfantera un fils, auquel tu donneras le nom de Jean. Il sera pour toi un sujet de joie et d'allégresse, et beaucoup se réjouiront de sa naissance, car il sera grand devant le Seigneur. Il ne boira pas de vin ni de liqueur enivrante, et il sera rempli du Saint-Esprit dès le sein de sa mère; et il convertira un grand nombre des enfants d'Israël au Seigneur leur Dieu. Et il marchera devant Lui dans l'esprit et la vertu d'Elie, pour ramener les cœurs des pères vers les enfants, et les incrédules à la prudence des justes, de manière à préparer au Seigneur un peuple parfait.
(Luc 1, 11-17)
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Saint Paulin
Celui qu’on appelle saint Paulin de Nole s’appelait Meropius Pontius Anicius Paulinus. Il était le rejeton de la branche bordelaise de la gens Anicia, l’une des plus grandes familles romaines. Il était donc extrêmement riche et puissant. Son précepteur était Ausone, qui fut sans doute le premier à célébrer dans ses écrits le vin de Bordeaux (mais aussi de Moselle et d’Italie), et qui est l’un des trois grands poètes de cette époque (les deux autres étant Prudence et Paulin lui-même, mais à leur différence Ausone resta païen). A la mort de son père, Paulin devint automatiquement sénateur. Et le nouvel empereur Gratien (dont Ausone était conseiller) le fit consul en remplacement de l’empereur Valens qui venait de mourir à la guerre. Paulin fit donc comme il se doit une entrée triomphale à Rome, tandis que ses largesses tombaient sur le peuple romain... A la fin de son mandat il fut nommé gouverneur de Campanie, où il possédait de grandes propriétés, comme en Aquitaine et en Espagne. C’est alors qu’il fut touché par la grâce, au tombeau de saint Félix de Nole. Puis il repartit à Bordeaux, et se maria avec une riche Espagnole rencontrée sur ses terres de Barcelone. Ce n’est que dix ans après son séjour en Campanie qu’il se fait baptiser, en 389, par l’évêque de Bordeaux, saint Delphin. Il a alors 36 ans. La mort d'un fils en bas âge et semble-t-il d’autres épreuves font qu’il se tourne vers Dieu, au point de renoncer à ses richesses et de vivre dans une relative pauvreté, en étudiant l’Ecriture. Il entretient alors une correspondance avec saint Martin, saint Augustin (baptisé deux ans avant lui), saint Jérôme, saint Ambroise... Puis il est ordonné prêtre, finit de se débarrasser de ses richesses, et part s’installer à Nole, où il édifie un hospice, dans lequel il vit lui-même. Chaque année il écrit un poème à la gloire de saint Félix pour le jour de sa fête. Puis il finit par être sacré évêque de Nole, en 409, sans rien changer à son mode de vie. Il meurt en 431, un an après saint Augustin.
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Saint Louis de Gonzague
Entré chez les jésuites à l’âge de 16 ans, il mourut à 23 ans, victime de son dévouement auprès des malades dans les hôpitaux. Modèle de pureté, il a été désigné comme saint patron des jeunes gens par le pape Benoît XIII. Sainte Marie-Madeleine de Pazzi vit sa gloire en extase :
Oh ! combien grande est la gloire de Louis fils d'Ignace ! Je ne l'aurais jamais cru, si mon Jésus ne me l'avait montrée. Je n'aurais jamais cru qu'il y eût dans le ciel de gloire aussi grande. Qui jamais expliquera le prix et la puissance des actes intérieurs ? La gloire de Louis n'est si grande, que parce qu'il opérait ainsi au-dedans. De l'intérieur à ce qui se voit, aucune comparaison n'est possible. Louis, tant qu'il vécut sur terre, eut l'œil attentif au regard du Verbe, et c'est pourquoi il est si grand. Louis fut un martyr inconnu : quiconque vous aime, mon Dieu, vous connaît si grand, si infiniment aimable, que ce lui est un grand martyre de reconnaître qu'il ne vous aime pas autant qu'il désire aimer, et que vous n'êtes pas aimé de vos créatures, mais offensé !... Aussi lui-même fit son martyre. Oh ! combien il a aimé sur terre ! c'est pourquoi, maintenant au ciel, il possède Dieu dans une souveraine plénitude d'amour. Mortel encore, il déchargeait son arc au cœur du Verbe ; et maintenant qu'il est au ciel, ces flèches reposent dans son propre cœur. Car cette communication de la divinité qu'il méritait par les flèches de ses actes d'amour et d'union avec Dieu, maintenant, en toute vérité, il la possède et l'embrasse.
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Saint Silvère, pape
Le bréviaire romain dit ceci :
« Silvère, né en Campanie, fut le successeur d'Agapit dans le pontificat. Il fit briller sa doctrine et sa sainteté dans la poursuite des hérétiques, et sa force d'âme apparut tout entière dans la manière dont il maintint le jugement d'Agapit. Malgré les instances réitérées de l'impératrice Theodora, il se refusa à rétablir Anthime qu'Agapit avait déposé de l'évêché de Constantinople comme fauteur de l'hérésie eutychienne. Rendue furieuse, Theodora manda à Bélisaire d'envoyer Silvère en exil. L'île Pontia fut le lieu de son bannissement. On rapporte qu'il écrivait de là en ces termes à l'évêque Amator : Je vis d'un pain de tribulation et d'une eau d'angoisse ; et cependant, je n'ai point abandonné, je n'abandonne point ma charge. Bientôt, en effet, usé de chagrins et de souffrances, il s'endormit dans le Seigneur le douze des calendes de juillet. Son corps, porté à Rome et déposé dans la basilique Vaticane, a été illustré par de nombreux miracles. Il fut trois ans et plus à la tête de l'Eglise ; il créa, au mois de décembre, treize prêtres, cinq diacres et dix-neuf évêques pour divers lieux. »
On lit dans la Vie des saints de l’abbé Jaud que Silvère fut d’abord envoyé en exil à Patare, en Asie.
« L'évêque de Patare le reçut d'une manière fort honorable et prit hardiment sa défense à la cour de Constantinople; il menaça le faible empereur Justinien des jugements de Dieu, s'il ne réparait le scandale: "Il y a plusieurs rois dans le monde, lui dit-il, mais il n'y a qu'un Pape dans l'univers." Ces paroles, dans la bouche d'un évêque d'Orient, montrent bien que la suprématie du siège de Rome était reconnue partout. Justinien, trompé jusqu'alors, se rendit aux observations de l'évêque, et peu après, malgré l'impératrice, Silvère revint en Italie; mais bientôt de nouvelles intrigues le conduisirent dans l'île déserte de Pontia, où il subit un second exil plus rigoureux que le premier. »
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Saints Gervais et Protais
Ce fut sous Néron qu'ils souffrirent, vers l’an du Seigneur 57. Longtemps leurs corps restèrent cachés, mais ils furent découverts au temps de saint Ambroise de la manière suivante: Saint Ambroise était en oraison dans l’église des saints Nabor et Félix ; il n'était ni tout à fait éveillé, ni entièrement endormi, lorsque lui apparurent deux jeunes gens de la plus grande beauté, couverts de vêtements blancs composés d'une tunique et d'un manteau, chaussés de petites bottines, et priant avec lui les mains étendues. Saint Ambroise pria, afin que si c'était une illusion, elle ne se reproduisît plus, mais que si c'était une réalité, il eût une seconde révélation. Les jeunes gens lui apparurent de la même manière à l’heure du chant du coq, et prièrent encore avec lui ; mais la troisième nuit, saint Ambroise, étant tout éveillé (son corps était fatigué par les jeûnes) fut saisi de voir apparaître une troisième personne qui lui semblait être saint Paul, d'après les portraits qu'il en avait vus. Les deux jeunes gens se turent et l’apôtre dit à saint Ambroise : «Voici ceux qui, suivant mes avis, n'ont désiré rien des choses terrestres; tu trouveras leurs corps dans le lieu où tu es en ce moment ; à douze pieds de profondeur, tu rencontreras une voûte recouverte de terre, et auprès de leur tête un petit volume contenant le récit de leur naissance et de leur mort. » Saint Ambroise convoqua donc ses frères, les évêques voisins ; il se mit le premier à creuser la terre, et trouva le tout comme lui avait dit saint Paul ; et bien que plus de trois cents ans se fussent écoulés, les corps des saints furent découverts dans le même état que s'ils venaient d'être ensevelis à l’heure même. Une odeur merveilleuse et extraordinairement suave émanait du tombeau.
(Légende dorée)
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Saint Ephrem
Miroir limpide placé devant les peuples ! Ils ont acquis un œil invisible, se sont approchés et y ont plongé leurs regards. Comme ils ont vu leurs laideurs, ils se sont blâmés eux-mêmes, ils ont effacé en Lui leurs souillures, leur parure a resplendi en Lui. Bienheureux celui qui s'est fait l'accusateur de sa laideur pour ta Beauté, et qui a imprimé sur lui ton Image.
(saint Ephrem, Hymne sur la naissance de Notre Seigneur, strophe 12)