« A leurs fruits vous les reconnaîtrez : est-ce qu’on récolte du raisin sur les épines, ou des figues sur les ronces ? »
Le raisin contient en lui le mystère du Christ, car de même que la grappe par l’intermédiaire du bois de la vigne tient suspendus des grains nombreux, ainsi le Christ, par le bois de la croix tient dans une étroite union la multitude des fidèles. La figue, c’est l’Église qui tient aussi la multitude de ses enfants dans le doux embrassement de sa charité, comme la figue tient en elle une quantité considérable de graines sous une seule enveloppe. Or la figue est le signe tout à la fois de la charité par sa douceur, et de l’unité par l’union de ses graines. Le raisin est tout ensemble le symbole de la patience parce qu’il est foulé dans le pressoir ; de la joie, parce que le vin réjouit le cœur de l’homme ; de la sincérité, parce qu’il n’est pas mélangé d’eau ; et de la suavité par le plaisir qu’il donne. Les épines et les ronces sont les hérétiques. En effet, de même que l’épine et la ronce présentent des pointes de toutes parts, de même les serviteurs du diable sont pleins d’iniquités, de quelque côté qu’on les considère. Ces ronces et ces épines ne peuvent produire aucun des fruits que demande l’Église. Notre Seigneur ne se borne pas à cette comparaison particulière du figuier et de la vigne pour rendre sensible cette vérité, il la généralise par ces paroles : « C’est ainsi que tout arbre qui est bon porte de bons fruits, et tout arbre mauvais en porte de mauvais. »
(Ce texte, cité par saint Thomas d’Aquin dans la Catena Aurea, est extrait de la 19e homélie de l’Opus imperfectum in Matthaeum, traduction latine d’un texte grec attribué à saint Jean Chrysostome et dont l’auteur est inconnu.)