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Liturgie - Page 610

  • Fête du Cœur Immaculé de Marie

    La dévotion au Cœur Immaculé de Marie, initiée par saint Jean Eudes, s’est peu à peu répandue, et au cours du XIXe siècle les papes avaient permis sa célébration liturgique ici ou là et à différentes dates.

    Le 13 juillet 1917, la Sainte Vierge apparaissait au Portugal pour déclarer aux petits voyants de Fatima que Dieu voulait établir la dévotion à Son Cœur Immaculé pour le salut du monde.

    Le 31 octobre 1942, jour de la clôture solennelle du Jubilé des Apparitions de Fatima, le pape Pie XII consacra le monde au Cœur Immaculé de Marie. Il renouvela ce geste le 8 décembre 1942, puis le 4 mai 1944, et ce jour-là il décréta que l'Eglise entière célébrerait chaque année une fête en l'honneur du Cœur Immaculé de Marie afin d'obtenir par l'intercession de la Très Sainte Vierge « la paix des nations, la liberté de l'Eglise, la conversion des pécheurs, l'amour de la pureté et la pratique des vertus. » Il fixa la date de cette fête au 22 août, jour octave de la fête de l'Assomption.

    En 1955 Pie XII supprima l’octave de l’Assomption. La fête demeura le 22 août.

    Dans le nouveau calendrier de 1970 la fête du Cœur Immaculé a disparu, ou plus exactement elle est devenue une « mémoire facultative » le samedi de la troisième semaine après la Pentecôte, ce qui revient au même. Car on a beaucoup moins besoin, aujourd’hui, de demander à la Mère de Dieu « la paix des nations, la liberté de l'Eglise, la conversion des pécheurs, l'amour de la pureté et la pratique des vertus »…

  • Sainte Jeanne Françoise Frémyot de Chantal

    Quelques citations célèbres :

    « Si le monde connaissait la douceur d’aimer Dieu, il mourrait d’amour ! »

    « Il nous faut tout quitter pour rester à la merci de l’amour divin, afin qu’il fasse de nous ce qu’il lui plaira. »

    « Si vous cherchez Dieu, vous le trouverez partout. »

    L’an dernier j’avais cité son très bel « acte d’abandon ».

    L’oraison de sa fête (du XVIIIe siècle) est un exemple type de ces oraisons bavardes qui n’ont plus qu’un lointain rapport avec les ciselures concises et lumineuses de l’époque de saint Léon et de saint Grégoire.

  • Saint Bernard

    Jam Regina discubuit,
    Sedens post Unigenitum :
    Nardus odorem tribuit
    Bernardus, tradens spiritum.

    Dulcis Reginæ gustui
    Fructus sui suavitas :
    Dulcis ejus olfactui
    Nardi Bernardi sanctitas.

    Venit Sponsa de Libano
    Coronanda divinitus,
    Ut Bernardus de clibano
    Veniret sancti Spiritus.

    Quæ est ista progrediens
    Velut aurora rutilans ?
    Quis est iste transiliens
    Colles, Sanctis conjubilans ?

    Hæc gloria terribilis
    Sicut castrorum acies :
    Hic gratia mirabilis
    Ut Assueri facies.

    Ora pro nobis Dominum,
    Prædulcis fumi virgula :
    Inclina Patrem luminum,
    Pastor ardens ut facula.

    Sit Trinitati Gloria,
    Per quam triumphus Virginis,
    Et Bernardi felicitas
    Manent in c
    æli curia. Amen

    La reine vient de prendre place, s’asseyant après le Fils unique ; Bernard apporte le parfum de nard, en rendant l’esprit.

    Douce, au palais de la Reine, est la suavité de son fruit ; doux est à ses narines la sainteté du nard de Bernard.

    L’Epouse vient du Liban pour être divinement couronnée, de sorte que Bernard puisse venir du fournil du Saint-Esprit.

    Qui est celle-ci qui s’avance comme l’aurore rougeoyante ? Qui est celui-ci qui franchit les collines, jubilant avec les saints ?

    Celle-ci est terrible dans sa gloire, comme une armée en ordre de bataille ; celui-là est admirable de grâce, comme le visage d’Assuérus.

    Prie pour nous le Seigneur, très douce et légère fumée ; fais que s’incline vers nous le Père des lumières, pasteur ardent comme une torche.

    Gloire soit à la Trinité, par laquelle le triomphe de la Vierge, et la félicité de Bernard, demeurent à la cour céleste. Amen.

    Cette hymne des vêpres et des matines de la fête de saint Bernard a été composée peu après sa mort. C’est un admirable poème, tout tissé du Cantique des cantiques, ce qui renvoie en même temps à la liturgie de l’Assomption et au célèbre commentaire de ce livre par saint Bernard. L’hymne montre que la fête de saint Bernard est étroitement liée à l’Assomption. Elle a lieu au sixième jour de l’octave. Il est très regrettable que Pie XII ait supprimé cette octave, d’abord parce que son déploiement liturgique est somptueux et qu’il est si bon de rester un peu dans la lumière de ce mystère, ensuite parce que la fête de saint Bernard s’y inscrit et que saint Bernard a écrit une magnifique homélie pour le dimanche dans l’octave de l’Assomption (sans parler de ses quatre prodigieuses homélies pour la fête de l'Assomption), enfin parce que la fête du Cœur immaculé de Marie, que l’on doit à saint Jean Eudes (lui aussi mort et fêté dans l’octave de l’Assomption) a été placée au jour octave et non arbitrairement le « 22 août ».

  • Saint Jean Eudes

    Saint Jean Eudes (1601-1680) est la grande figure française de la deuxième génération de la Réforme catholique.

    D’abord disciple de l’Oratoire, il devient un prédicateur infatigable et organise des «missions paroissiales», en Bretagne, en Normandie, en Bourgogne et jusqu'à la cour du roi Louis XIV : près de cent quinze missions entre 1632 et 1675.

    Il fonde, à Caen, "la Congrégation de Jésus et de Marie" (les Pères eudistes), qui se voue aux missions ainsi qu'à la fondation des séminaires pour la formation d'un meilleur clergé. Il fonde un séminaire à Caen, et en créera plusieurs autres par la suite.

    Il crée également "l'Institut Notre-Dame de Charité", dont les religieuses se consacreront notamment à la réhabilitation des prostituées, ainsi que la Société du Très Saint Cœur de la Mère admirable.

    Il développe la dévotion au Saint Cœur de Marie et au Sacré Cœur de Jésus, qu’il associe étroitement car « la Mère de Jésus est le type accompli de la vie chrétienne : en son Cœur le Christ vit et règne parfaitement ». En 1648, il fait célébrer, à Autun, la première fête liturgique du Cœur de Marie. En 1672, les communautés eudistes célébreront la première fête liturgique du Cœur de Jésus.

    Parmi ses livres, le plus considérable est Le Cœur admirable de la Très sainte Mère de Dieu. C’est aussi celui où il explique de la manière la plus complète la dévotion aux Sacrés Cœurs de Jésus et de Marie, telle qu'il la voyait. Extrait de la préface :

    « La terre est pleine de saints livres, qui ont été composés à la louange de la Mère admirable, et en si grande quantité qu'un excellent auteur en rapporte plus de cinq mille... Mais je ne trouve point de livres qu'on ait faits sur son très aimable Cœur. Et cependant, c'est ce qu'il y a de plus digne, de plus noble et de plus admirable en cette divine Vierge; et même c'est la source et l'origine de toutes ses grandeurs, ainsi que nous le ferons voir clairement ci-après. C'est pourquoi j'ai cru rendre service à Notre Seigneur et à sa très sainte Mère, et obliger ceux qui font profession de l'honorer et de l'aimer comme leur Souveraine et comme leur véritable Mère, de mettre ce livre au jour, pour exciter dans les cœurs de ceux qui le liront une vénération et dévotion particulière envers son très aimable Cœur. »

  • Sainte Hélène

    En certains lieux c’est aujourd’hui la fête de l’impératrice sainte Hélène, mère de l’empereur Constantin. C’est notamment le cas à Liverpool, comme je le vois dans un ordo britannique. Mais je ne vois rien qui relie Liverpool à sainte Hélène : aucune chapelle ou église de la ville ne porte son nom…

    Voici l’un des principaux récits de la découverte de la Croix par sainte Hélène, que l’on doit à Rufin d’Aquilée (grand traducteur de pères grecs en latin et continuateur de l’Histoire ecclésiastique d’Eusèbe de Césarée).

    Elle apprit, par révélation, que la croix avait été enfouie dans un des caveaux du sépulcre de Notre Seigneur, et les anciens de la ville, qu'elle consulta avec grand soin, lui marquèrent le lieu où ils croyaient, selon la tradition de leurs pères, qu'était ce précieux monument ; elle fit creuser en ce lieu avec tant d'ardeur et de diligence, qu'elle découvrit enfin ce trésor que la divine Providence avait caché dans les entrailles de la terre durant tout le temps des persécutions, afin qu'il ne fût point brûlé par les idolâtres, et que le monde, étant devenu chrétien, lui pût rendre ses adorations.

    Dieu récompensa cette sainte impératrice beaucoup plus qu'elle n'eût osé l'espérer : car, outre la Croix, elle trouva encore les autres instruments de la Passion, à savoir les clous dont Notre Seigneur avait été attaché, et le titre qui avait été mis au-dessus de sa tête. Cependant, une chose la mit extrêmement en peine les croix des deux larrons, crucifiés avec Lui, étaient aussi avec la sienne, et l'Impératrice n'avait aucune marque pour distinguer l'une des autres. Mais saint Macaire, alors évêque de Jérusalem, qui l'assistait dans cette action, leva bientôt cette nouvelle difficulté. Ayant fait mettre tout le monde en prière, et demandé à Dieu qu'il lui plût de découvrir à son Église quel était le véritable instrument de sa Rédemption, il le reconnut par le miracle suivant une femme, prête à mourir, ayant été amenée sur le lieu, on lui fit toucher inutilement les deux croix des larrons ; mais dès qu'elle approcha de celle du Sauveur du monde, elle se sentit entièrement guérie, quoique son mal eût résisté jusqu'alors à tous les remèdes humains et qu'elle fût entièrement désespérée des médecins. Le même jour, Macaire rencontra un mort qu'une grande foule accompagnait au cimetière. Il fit arrêter ceux qui le portaient et toucha inutilement le cadavre avec deux des croix ; aussitôt qu'on eut approché celle du Sauveur, le mort ressuscita.

    Sainte Hélène, ravie d'avoir trouvé le trésor qu'elle avait tant désiré, remercia Dieu d'une grande ferveur, et fit bâtir au même lieu une église magnifique ; elle y laissa une bonne partie de la Croix, qu'elle fit richement orner ; une autre partie fut donnée à Constantinople ; enfin le reste fut envoyé à Rome, pour l'église que Constantin et sa mère avaient fondée dans le palais Sessorien (demeure de l'Impératrice) près du Latran qui a toujours depuis le nom de Sainte-Croix-de-Jérusalem.

  • La Société du Pape Paul VI

    Sur son blog « The hermeneutic of continuity », le P. Tim Finigan nous apprend qu’un de ses confrères, le P. Shaun Middleton, a écrit un bref article dans le journal catholique The Tablet pour proposer la création d’une Société du Pape Paul VI, afin de préserver les traductions anglaises de 1974, la communion dans la main, l’abolition des tables de communion, etc. Le P. Finigan a d’abord pensé que c’était une plaisanterie, car le P. Middleton est connu pour son sens de l’humour (il est connu aussi pour célébrer la messe londonienne du prétendu Caucus catholique romain du Mouvement chrétien gay et lesbien…), mais il a dû se rendre à l’évidence que le P. Middleton était sérieux, car il exprime sa préoccupation face à la « réforme dans la réforme »…

    Alors le P. Finigan ajoute son commentaire :

    « Peut-être que dans quelques années nous verrons la création d’une telle société. Je voudrais alors être magnanime. La Latin Mass Society et d’autres groupes traditionalistes se battent depuis des années dans l’opprobre et la suspicion. Au contraire, nous devons réserver un bon accueil à la Société du Pape Paul VI et lui offrir une application large et généreuse des normes permettant la messe avec toutes les innovations liturgiques en vigueur jusqu’au règne de Benoît XVI.

    « La messe pourrait être programmée une fois par mois à 4 heures de l’après-midi chaque fois dans une paroisse différente. (Il serait préférable de ne pas l’annoncer si elle risque de paraître s’écarter des réformes de Benoît XVI.) En certains endroits, il serait possible d’ériger une paroisse personnelle pour le rite des années 70, mais seulement si le conseil presbytéral est entièrement d’accord.

    « La SSPVI devra apporter ses propres calices en terre cuite, ses hosties de pizza, ses vêtements en polyester, ses guitares et ses livres de cantiques. Il lui faudra également apporter une planche à repasser ou quelque chose dans ce genre pour célébrer la messe face au peuple. Le prêtre qui doit prêcher devra, évidemment, mettre un point d’honneur à ne rien dire contre la Messe latine traditionnelle. »

    Parmi les commentaires que ce billet a suscités, il y en a un qui souligne qu’il faudra s’assurer que le prêtre soit « idoine », et il donne un exemple de prêtre non idoine : « Désolé, P. Machin, mais vous avez suivi les rubriques à la lettre. Ça ne va pas aller… »

    Un autre remarque que le P. Finigan a oublié de préciser que les membres de la SPPVI devront prouver qu’ils forment un « groupe stable » pour obtenir leur messe. Ou plutôt, dans le sens de leur liturgie, qu’ils forment un groupe instable…

    (via le Forum catholique)

  • 14e dimanche après la Pentecôte

    Celui qui est l’esclave de Mammon (des richesses) devient aussi l’esclave de celui qui par sa perversité a été préposé au gouvernement des choses de la terre, et appelé par le Seigneur le prince de ce monde. Par ces paroles : « Vous ne pouvez servir Dieu et Mammon », le Seigneur nous montre quels sont les deux seigneurs, Dieu et le démon. Or il faut nécessairement que l’homme haïsse l’un et qu’il aime l’autre, qu’il se soumette à l’un et méprise l’autre. En effet celui qui est l’esclave de l’argent souffre une dure servitude, car enchaîné par sa cupidité, il subit l’esclavage du démon, mais il ne l’aime pas, de même que celui que sa passion unit à la servante d’un autre est soumis à une cruelle servitude, sans qu’il ait aucune affection pour celui dont il aime la servante. Remarquez que le Sauveur dit : « Et il méprisera l’autre », et non pas « il le haïra ». Car il n’est peut-être pas un homme qui puisse haïr Dieu dans sa conscience. Mais on peut le mépriser, c’est-à-dire ne pas le craindre lorsque sa bonté nous inspire une confiance présomptueuse.

    (Saint Augustin, Explication du Sermon sur la montagne, ch. 14, dans la version donnée par saint Thomas d’Aquin dans la Catena Aurea.)

    Sur Mammon, voir aussi ma note de l’an dernier.

  • Benoît XVI et l’Assomption

    En attendant d’avoir la traduction de l’homélie du Saint Père sur l’Assomption, on peut en lire la synthèse sur le site Eucharistie miséricordieuse. Extraits :

    « Devant le triste spectacle de tant de fausse joie et en même temps de beaucoup de douleur angoissante qui envahit le monde, nous devons apprendre de Marie à devenir des signes d'espérance et de consolation, nous devons annoncer par notre vie la résurrection du Christ ».

    « Chaque homme veut devenir céleste, très heureux, et un jour il n'y aura plus ni pleur, ni souffrance, ni mort. Aujourd'hui un grand mystère nous est proposé : le Christ a vaincu la mort, seul l'Amour est tout-puissant. Seul l'Amour nous permet d’entrer dans le royaume de la vie. Marie y est entrée derrière son fils. »

    « Demandons à Marie aujourd'hui le don de la foi, qui nous fait vivre dans cette dimension entre l’infini et le fini, qui transforme le perception du temps : notre vie n'est pas engloutie dans le passé mais elle est attirée vers l'avenir, vers Dieu, où le Christ nous a précédés et derrière Lui, Marie. Notre vie de chaque jour, bien que marquée d'épreuves et de difficultés, s'écoule comme un fleuve vers l'océan divin, vers la plénitude de la joie et de la paix. Notre mort n'est pas la fin mais l'entrée dans la vie qui ne connaît pas la mort. Marie, conduis nous vers la patrie de la béatitude ! ».

  • Saint Joachim

    Or, à la fête de la Dédicace, Joachim alla à Jérusalem avec ceux de sa tribu, et quand il voulut présenter son offrande, il s'approcha de l’autel avec les, autres. Mais le prêtre, en le voyant, le repoussa avec une grande indignation ; il lui reprocha sa présomption de s'approcher de l’autel en ajoutant qu'il était inconvenant pour un homme, sous le coup de la malédiction de la loi, de faire des offrandes au Seigneur, qu'il ne devait pas, lui qui était stérile et qui n'avait pas augmenté le peuple de Dieu, se présenter en compagnie de ceux qui n'étaient pas infectés de cette souillure.

    Alors Joachim tout confus, fut honteux de revenir chez lui, de peur de s'entendre adresser les mêmes reproches par ceux de sa tribu qui avaient ouï les paroles du prêtre. Il se retira donc auprès de ses bergers, et après avoir passé quelque temps avec eux, un jour qu'il était seul, un ange tout resplendissant lui apparut et l’avertit de ne pas craindre (il était troublé de cette vision) : « Je suis, lui dit-il, un ange du Seigneur envoyé vers vous pour vous annoncer que vos prières ont été exaucées, et que vos aumônes sont montées jusqu'en la présence de Dieu. J'ai vu votre honte, et j'ai entendu les reproches de stérilité qui vous ont été adressés à tort. Dieu est le vengeur du péché, mais non de la nature, et s'il a fermé le sein d'une femme c'est pour le rendre fécond plus tard d'une manière qui paraisse plus merveilleuse, et pour faire connaître que l’enfant qui naît alors, loin d'être le fruit de la passion, sera un don de Dieu. (…) Eh bien ! Anne, votre femme, vous enfantera une fille et vous l’appellerez Marie. Dès son enfance, elle sera, comme vous en avez fait vœu, consacrée au Seigneur; dès le sein de sa mère, elle sera remplie du Saint-Esprit ; elle ne restera point avec le commun du peuple, mais elle demeurera toujours dans le Temple du Seigneur, afin d'éviter le moindre mauvais soupçon. Or, de même qu'elle naîtra d'une mère stérile, de même elle deviendra, par un prodige merveilleux, la mère du Fils du Très-haut, qui se nommera Jésus, et qui sera le salut de toutes les nations. Maintenant voici le signe auquel vous reconnaîtrez la vérité de mes paroles : quand vous serez arrivé à Jérusalem à la porte Dorée, vous rencontrerez Anne, votre femme; et en vous voyant elle éprouvera fine joie égale à l’inquiétude qu'elle a ressentie de votre absence prolongée. »

    Quand l’ange eut parlé ainsi il quitta Joachim. Or, Anne tout en pleurant dans l’ignorance de l’endroit où était allé son mari, vit lui apparaître le même ange qu'avait vu Joachim ; et il lui déclara les mêmes choses qu'il avait dites à celui-ci, en ajoutant que, pour marque de la vérité de sa parole, elle allât à Jérusalem, à la porte Dorée où elle rencontrerait son mari qui revenait. D'après l’ordre de l’ange, tous deux vont au-devant l’un de l’autre, enchantés de la vision qu'ils avaient eue, et assurés d'avoir l’enfant qui leur avait été promise. Après avoir adoré le Seigneur, ils revinrent chez eux, attendant joyeusement la réalisation de la promesse divine. Anne conçut donc, enfanta une fille et lui donna le nom de Marie.

    (Légende dorée, d’après saint Jérôme, d’après le Protévangile de Jacques)

  • L’Assomption de la Bienheureuse Vierge Marie

    La fête du 15 août est l’une des plus anciennes fêtes de la chrétienté. On célébrait déjà la Mère de Dieu en ce jour à Jérusalem à la fin du IVe siècle, et sans doute avant. Vers 600, l'empereur Maurice l’étendit à tout l'empire comme fête de la Dormition de Marie. Vers 700, le pape Serge Ier composa cette belle prière pour la fête :

    « Vénérable est pour nous, Seigneur, la fête qui commémore ce jour en lequel la sainte Mère de Dieu subit la mort temporelle, mais néanmoins ne put être retenue par les liens de la mort, elle qui avait engendré de sa substance votre Fils, notre Seigneur incarné. » (Traduction de Dom Capelle).

    Il existe de nombreux récits de la Dormition. Le plus célèbre est celui qui est attribué à saint Jean l’Evangéliste, et que Jacques de Voragine reprend, à ce qu’il dit, dans sa Légende dorée. En fait, le récit de Jacques de Voragine vient du texte de Méliton de Sarde (qui lui est proche).

    « Ce qui vient d’être raconté est apocryphe en tout point », ajoute Jacques de Voragine. Curieuse assertion, de la part d’un auteur qui s’embarrasse si rarement de la véracité ou de la vraisemblance de ce qu’il rapporte. En l’occurrence, il est fort peu probable que le récit soit apocryphe « en tout point ».

    D’abord il ne l’est pas en ce sens que les dialogues viennent des psaumes, du Cantique des cantiques et de l’Evangile, et que nombre de situations sont calquées sur l’Evangile. Et ce d’une façon admirable. Cela est visible au premier coup d’œil, et les auteurs ne prennent pas le soin de déguiser leur propos : leur œuvre est quasi-liturgique.

    Mais le fond du récit, une fois qu’on a retiré tout l’habillage, recèle (comme dans toute liturgie) une vérité historique : celle de la Dormition de Marie.

    On ne peut que constater que les nombreux récits de la Dormition, qui existent dans toutes les langues anciennes de la chrétienté, depuis l’éthiopien jusqu’à l’irlandais, en passant par toutes les langues du Caucase et de la Méditerranée (et l’on en a de nombreux manuscrits, ce qui atteste de l’importance de cette tradition), s’accordent sur les points essentiels alors qu’ils ne sont pas tous de même origine : les spécialistes distinguent trois groupes de manuscrits. (Voir ici, c’est passionnant, car cela nous fait entrer dans le monde des aventuriers de la foi avant les grandes définitions dogmatiques.)

    Jacques de Voragine ajoute à l’appui de ce qu’il dit un texte de saint Jérôme. Et saint Jérôme dit en effet qu’on doit regarder le récit comme « entièrement apocryphe », mais il ajoute : « à l’exception de quelques détails dignes de croyance » et « approuvés par de saints personnages ». Ces « détails », qui sont au nombre de neuf, précise-t-il, constituent en réalité tout l’essentiel : « à savoir que toute espèce de consolation a été promise et accordée à la Vierge, que les apôtres furent tous réunis, qu’elle trépassa sans douleur, qu’on disposa sa sépulture dans la vallée de Josaphat, que ses funérailles se firent avec dévotion, que Jésus-Christ et toute la cour céleste vint au devant d’elle, que les juifs l’insultèrent, qu’il éclata des miracles en toute circonstance convenable, enfin qu’elle fut enlevée en corps et en âme ».

    En dehors de l’authenticité difficilement contestable du noyau des récits de la Dormition, et en dehors des forts motifs théologiques qui attestent de sa nécessité, il y a une preuve concrète que l’Eglise (en Orient comme en Occident) a toujours cru en la Dormition, ou Assomption, de la Mère de Dieu : il n’y a jamais eu, nulle part, de vénération de reliques de la Vierge, il n’y a jamais eu de vol ni de marchandage de telles reliques (comme on le voit tout au long de l’histoire avec les reliques des saints), alors qu’elles auraient évidemment été les plus précieuses.