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Liturgie - Page 613

  • Saint Antoine Marie Zaccaria

    De la place d'honneur où monte ainsi vers vous l'hommage de l'Eglise, daignez bénir ceux qui comme vous poursuivent ici-bas l'œuvre apostolique, sans retour sur eux-mêmes, sans espoir qu'en Dieu, sans se lasser des perpétuels recommencements qu'imposent aux ouvriers du salut la sape et la mine de l'enfer.

    De notre temps comme de vos jours, les démolisseurs applaudissent au renversement prochain de la maison de Dieu; et tout semble, maintenant comme alors, justifier leur funeste espérance. De notre temps comme de vos jours cependant, l'enseignement des Apôtres, soutenu de l'exemple et de la prière des Saints, suffit à sauver la terre. Si plus que jamais le monde ne voit que folie dans la Croix et ceux qui la prêchent, plus que jamais elle demeure seule pourtant la vertu de Dieu. Derechef s'accomplit sous nos yeux l'oracle qui dit : Je perdrai la sagesse des sages, je condamnerai la prudence des prudents. Où sont à cette heure, en effet, les sages? où sont les doctes et les habiles qui se promettaient d'adapter aux exigences de temps nouveaux la parole du salut? La première condition du triomphe qui ne manque jamais, dit l'Apôtre, aux fidèles du Christ Jésus, est de n'altérer point le Verbe de Dieu, de l'annoncer sous l'œil de Dieu tel que Dieu nous le donne, ne prétendant point le rendre acceptable pour ceux qui s'obstinent à périr.

    Disciple de Paul et son imitateur fidèle, ce fut la science du Christ apprise à son école qui, de médecin des corps, vous fit sauveur d'âmes ; ce fut l'amour, supérieur à toute science, qui jusque par delà le tombeau rendit féconde votre vie si courte et pourtant si remplie. Puisse Dieu, comme le demande par votre intercession l'Eglise, susciter au milieu de nous cet esprit réparateur et sauveur ; puissent, les premiers, vos fils et vos filles, rangés sous la bannière apostolique, faire honneur toujours au grand nom du Docteur des nations.

    Dom Guéranger

  • Domine, quid multiplicati sunt qui tribulant me ?

    Domine, quid multiplicati sunt qui tribulant me ? Multi insurgunt adversum me ;

    Multi dicunt animæ meæ : Non est salus ipsi in Deo ejus.

    Tu autem Domine, susceptor meus es, gloria mea, et exaltans caput meum.

    Voce mea ad Dominum clamavi ; et exaudivit me de monte sancto suo.

    Ego dormivi, et soporatus sum ; et exsurrexi, quia Dominus suscepit me.

    Non timebo millia populi circumdantis me. Exsurge, Domine ; salvum me fac, Deus meus.

    Quoniam tu percussisti omnes adversantes mihi sine causa ; dentes peccatorum contrivisti.

    Domini est salus ; et super populum tuum benedictio tua.

    Seigneur, pourquoi ceux qui me persécutent se sont-ils multipliés ?  Ils sont nombreux ceux qui s'élèvent contre moi.
    Beaucoup disent à mon âme: Il n'y a pas de salut pour elle dans son Dieu.
    Mais toi, Seigneur, tu es mon protecteur, ma gloire, et tu relèves ma tête.
    De ma voix j'ai crié vers le Seigneur, et Il m'a exaucé du haut de a montagne sainte.
    Je me suis endormi, et j'ai été assoupi; et je me suis levé, parce que le Seigneur a été mon soutien.
    Je ne craindrai pas les milliers d'hommes du peuple qui m'environnent. Lève-toi, Seigneur; sauve-moi, mon Dieu.
    Car Tu as frappé tous ceux qui s'opposaient à moi sans raison; tu as brisé les dents des pécheurs.
    Le salut est du Seigneur; et ta bénédiction est sur ton peuple.

    (Psaume 3. Dans le bréviaire bénédictin, c’est chaque jour le premier psaume des matines.)

  • Saint Irénée

    Le texte qui suit est la dernière partie de la catéchèse de Benoît XVI lors de l’audience du 28 mars 2007.

    La Tradition apostolique est "publique", et non pas privée ou secrète. Pour Irénée, il ne fait aucun doute que le contenu de la foi transmise par l'Eglise est celui reçu par les Apôtres et par Jésus, par le Fils de Dieu. Il n'existe pas d'autre enseignement que celui-ci. C'est pourquoi, celui qui veut connaître la véritable doctrine doit uniquement connaître "la Tradition qui vient des Apôtres et la foi annoncée aux hommes":  tradition et foi qui "sont parvenues jusqu'à nous à travers la succession des évêques" (Adv. Haer. 3, 3, 3-4). Ainsi, succession des Evêques, principe personnel et Tradition apostolique, de même que principe doctrinal coïncident.

    La Tradition apostolique est "unique". En effet, tandis que le gnosticisme est sous-divisé en de multiples sectes, la Tradition de l'Eglise est unique dans ses contenus fondamentaux que - comme nous l'avons vu - Irénée appelle précisément regula fidei ou veritatis:  et parce qu'elle est unique, elle crée ainsi une unité à travers les peuples, à travers les diverses cultures, à travers les différents peuples; il s'agit d'un contenu commun comme la vérité, en dépit de la diversité des langues et des cultures. Il y a une phrase très précieuse de saint Irénée dans le livre Contre les hérésies:  "L'Eglise, bien que disséminée dans le monde entier, préserve avec soin [la foi des Apôtres], comme si elle n'habitait qu'une seule maison; de la même façon, elle croit dans ces vérités, comme si elle n'avait qu'une  seule âme et un même cœur; elle proclame, enseigne et transmet en plein accord ces vérités, comme si elle n'avait qu'une seule bouche. Les langues du monde sont différentes, mais la force de la tradition est unique et la même:  les Eglises fondées dans les Germanies n'ont pas reçu ni ne transmettent de foi différente, pas plus que celles fondées dans les Espagnes, ou encore parmi les Celtes ou dans les régions orientales, ou en Egypte ou en Libye ou dans le centre du monde" (1, 10, 1-2). On voit déjà à cette époque, nous sommes en l'an 200, l'universalité de l'Eglise, sa catholicité et la force unificatrice de la vérité, qui unit ces réalités si différentes, de la Germanie à l'Espagne, à l'Italie, à l'Egypte, à la Libye, dans la vérité commune qui nous a été révélée par le Christ.

    Enfin, la Tradition apostolique est, comme il le dit dans la langue grecque dans laquelle il a écrit son livre, "pneumatique", c'est-à-dire spirituelle, guidée par l'Esprit Saint:  en grec Esprit se dit pneuma. Il ne s'agit pas, en effet, d'une transmission confiée à l'habileté d'hommes plus ou moins savants, mais à l'Esprit de Dieu, qui garantit la fidélité de la transmission de la foi. Telle est la "vie" de l'Eglise, ce qui rend l'Eglise toujours fraîche et jeune, c'est-à-dire féconde de multiples charismes. Pour Irénée, Eglise et Esprit sont inséparables:  "Cette foi", lisons-nous encore dans le troisième livre Contre les hérésies, "nous l'avons reçue de l'Eglise et nous la conservons:  la foi, par l'œuvre de l'Esprit de Dieu, comme un dépôt précieux conservé dans un vase de valeur rajeunit toujours et fait rajeunir également le vase qui la contient. Là où est l'Eglise se trouve l'Esprit de Dieu; et là où est l'Esprit de Dieu, se trouve l'Eglise et toute grâce" (3, 24, 1).

    Comme on le voit, saint Irénée ne se limite pas à définir le concept de Tradition. Sa tradition, la tradition ininterrompue, n'est pas traditionalisme, car cette Tradition est toujours intérieurement vivifiée par l'Esprit Saint, qui la fait à nouveau vivre, qui la fait être interprétée et comprise dans la vitalité de l'Eglise. Selon son enseignement, la foi de l'Eglise doit être transmise de manière à apparaître telle qu'elle doit être, c'est-à-dire "publique", "unique", "pneumatique", "spirituelle". A partir de chacune de ces caractéristiques, on peut conduire un discernement fructueux à propos de l'authentique transmission de la foi dans l'aujourd'hui de l'Eglise. De manière plus générale, dans la doctrine d'Irénée la dignité de l'homme, corps et âme, est solidement ancrée dans la création divine, dans l'image du Christ et dans l'œuvre permanente de sanctification de l'Esprit. Cette doctrine est comme une "voie maîtresse" pour éclaircir avec toutes les personnes de bonne volonté l'objet et les limites du dialogue sur les valeurs, et pour donner un élan toujours nouveau à l'action missionnaire de l'Eglise, à la force de la vérité qui est la source de toutes les véritables valeurs du monde.

  • Une messe parisienne

    Faudra-t-il bientôt, en cette ère d’affirmation publique de soi et de ses pratiques les plus personnelles, que l’Eglise catholique, à l’image de la République française, légifère pour interdire aux membres de son clergé, le port, pendant la messe, de signes ostentatoires d’appartenance sexuelle ?

  • La Visitation

    « En ces jours-là, Marie, se levant, s'en alla en hâte vers les montagnes, dans une ville de Juda, et elle entra dans la maison de Zacharie, et salua Elisabeth. Et voici que, lorsque Elisabeth entendit la salutation de Marie, l'enfant tressaillit dans son sein, et Elisabeth fut remplie du Saint-Esprit. Et elle s'écria d'une voix forte: Tu es bénie entre les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni. Et comment se fait-il que la Mère de mon Seigneur vienne à moi ? Car voici, dès que ta voix a frappé mon oreille, quand tu m'as saluée, l'enfant a tressailli de joie dans mon ventre. Et tu es bienheureuse d'avoir cru; car ce qui t’a été dit de la part du Seigneur s'accomplira. Et Marie dit: Mon âme glorifie le Seigneur… »

    Ces quelques lignes de l’évangile, qui sont au cœur même de l’Incarnation, sont d’une immense richesse et peuvent donner lieu à de nombreux commentaires. Il en est un qui est particulièrement d’actualité. Il y a un grand débat, ou plutôt on essaie d’empêcher qu’il y ait un débat, sur le statut de l’embryon. Cet évangile y répond clairement et de façon définitive. Elisabeth est enceinte de six mois, et Marie vient tout juste de concevoir. Comme le fait dire tranquillement saint Ambroise à Elisabeth : « Miraculum sentio, agnosco mysterium : Mater Domini Verbo fœta, Deo plena est » : Je me rends compte du miracle, je reconnais le mystère : la Mère du Seigneur porte l’embryon du Verbe, elle est pleine de Dieu. » (l’adjectif fœtus veut dire : qui porte le fruit de la fécondation).

    Nous avons donc un embryon de quelques heures (ou d’un jour ou deux) et un fœtus de six mois. Et lorsqu’ils sont mis en présence, le second tressaille de joie parce que le premier vient à sa rencontre.

    Certes, nous sommes dans une configuration très particulière, puisque l’embryon est celui du Fils de Dieu. Mais il n’empêche qu’il est un véritable embryon humain, 100% humain. Et il nous explique que l’embryon humain est, dès la conception, une personne humaine vivante.

  • Fête du Très Précieux Sang de Notre Seigneur Jésus-Christ

    Acessistis ad Sion montem, et civitatem Dei viventis, Jerusalem cælestem, et Testamenti novi mediatorem Jesum, et sanguinis aspersionem melius loquentem quam Abel.

    Vous vous êtes approchés de la montagne de Sion, de la Cité du Dieu vivant, et de Jésus le médiateur de la Nouvelle Alliance, et de l’aspersion de son sang, qui parle mieux que celui d’Abel.

    (Antienne du Magnificat)

  • Commémoration de saint Paul

    Le pape Benoît XVI a ouvert samedi soir l’année Saint Paul, lors des vêpres en la basilique Saint Paul hors les murs. Voici ce qu’il a dit hier avant l’Angélus.

    Cette année, la fête des saints Apôtres Pierre et Paul a lieu un dimanche, de telle manière que toute l'Église, et pas seulement celle de Rome, la célèbre de manière solennelle. Cette coïncidence est propice aussi pour donner une importance particulière à un évènement extraordinaire : l'Année Paulinienne, que j'ai ouverte officiellement hier soir, auprès de la tombe de l'Apôtre des gentils, et qui durera jusqu'au 29 juin 2009. Les historiens placent en effet la naissance de Saul, devenu ensuite Paul, entre l'année 7 et 10 après le Christ. Donc, environ deux mille ans après, j'ai voulu ouvrir ce Jubilé particulier, qui naturellement aura comme centre Rome, en particulier la Basilique de Saint Paul hors les Murs et le lieu du martyre, aux Trois Fontaines. Mais il impliquera l'Église tout entière, à partir de Tarse, ville natale de Paul, et des autres lieux pauliniens, but de pèlerinages dans la Turquie actuelle, comme également en Terre Sainte, et dans l'Île de Malte, où l'Apôtre arriva après un naufrage et jeta la semence féconde de l'Évangile. En réalité, l'horizon de l'Année Paulinienne ne peut qu'être universel, parce que Saint Paul a été par excellence l'apôtre de ceux qui par rapport aux juifs étaient « les éloignés » et que « grâce au sang du Christ » sont devenus « les proches » (cf. Eph 2.13). Pour cela même aujourd'hui, dans un monde devenu plus « petit », mais où beaucoup n'ont pas encore rencontré le Seigneur Jésus, le Jubilé Saint Paul invite tous les chrétiens à être des missionnaires de l'Évangile.

    Cette dimension missionnaire a besoin d'être accompagnée toujours de la mission de l'unité, représentée par Saint Pierre, le « roc » sur lequel Jésus Christ a édifié son Église. Comme le souligne la liturgie, les charismes des deux grands Apôtres sont complémentaires pour l'édification du Peuple unique de Dieu et les chrétiens ne peuvent pas donner de témoignage valable au Christ s'ils ne sont pas unis entre eux. Le thème de l'unité aujourd'hui est mis en évidence par le rite traditionnel du Pallium, que pendant la Sainte Messe j'ai imposé aux Archevêques Métropolites nommés pendant cette dernière année. (...)

  • Saints Pierre et Paul

    Aurea luce et decore roseo,
    Lux lucis, omne perfudisti sæculum,
    Decorans cælos inclyto martyrio
    Hac sacra die, quæ dat reis veniam.

    Janitor cæli, doctor orbis pariter,
    Judices sæcli, vera mundi lumina,
    Per crucem alter, alter ense triumphans,
    Vitæ senatum laureati possident.

    O felix Roma, quæ tantorum principum
    Es purpurata pretioso sanguine,
    Non laude tua, sed ipsorum meritis
    Excellis omnem mundi pulchritudinem.

    Sit Trinitati sempiterna gloria,
    Honor, potestas atque iubilatio,
    In unitate cui manet imperium
    Ex tunc et modo per æterna saecula. Amen.

    Lumière de la lumière, inonde tout le siècle de lumière d’or et de beauté vermeille, décorant les cieux du martyre insigne, en ce jour sacré qui donne aux pécheurs le pardon.

    Le portier du ciel, et le docteur de l’univers, juges du siècle, vrais luminaires du monde, triomphant l’un par la croix, l’autre par le glaive, entrent ensemble, couronnés de lauriers, au sénat de la vie.

    O bienheureuse Rome, empourprée du précieux sang de tels princes, tu surpasses toutes les beautés du monde, non par ta propre louange, mais par leurs mérites.

    Soit à la Trinité gloire éternelle, honneur, puissance et joie, en l'Unité dans laquelle réside l’empire, dès maintenant et pour les siècles éternels. Amen.

    Cette hymne des vêpres de la fête des saints Pierre et Paul, nous apprend Dom Guéranger, a été écrite par la Sicilienne Elpis, tante de saint Placide le martyr, et femme de Boèce, « le plus illustre rejeton de la gens Anicia, si cette famille n'eût donné dans le même temps saint Benoît à l'Eglise ». La troisième strophe est tirée d'un autre poème antique attribué à saint Paulin d'Aquilée. « Ce fut l'immortel saint Pie V qui compléta, par cette heureuse addition, l'œuvre d'Elpis. »

  • Vigile des saints Pierre et Paul apôtres

    A un triple reniement répond une triple confession, afin que la langue ne soit pas moins au service de l’amour qu’elle ne le fut de la crainte, et que la mort imminente ne parût pas lui arracher plus de paroles que la vie présente. Que l’office de l’amour soit de paître le troupeau du Seigneur, si le reniement fut la preuve de la crainte !
    Ceux qui paissent les brebis du Christ, dans l’idée de vouloir en faire leurs brebis, et non celles du Christ, ceux-là apportent eux-mêmes la preuve que ce n’est pas le Christ qu’ils aiment.  Ils agissent par la cupidité qui porte à rechercher la gloire, la domination, les richesses, et non par la charité qui porte à vouloir obéir, se dévouer, plaire à Dieu.

    C’est contre ceux-là que veille cette parole insistante du Christ, et c’est tout autant contre ceux-là que l’Apôtre gémit qu’ils cherchent leur avantage, et non celui de Jésus-Christ.

    Que signifie, en effet : « M'aimes-tu ? Pais mes brebis ! », si ce n’est : Songe à ne pas te paître toi-même ? Mais pais mes brebis non pas comme étant les tiennes, mais les miennes. Cherche à travers elles ma gloire, non la tienne ; mon empire, et non le tien ; mon profit, non le tien ; afin que tu ne sois pas dans la société de ceux qui, s’aimant eux-mêmes, se livrent à ces temps périlleux, et s’attachent à ce qui se sera à l’origine de leurs maux.

    A juste titre, il dit à Pierre : As-tu de l’affection pour moi ? Et il répond : Je t’aime, et lui, en retour : Pais mes agneaux, et une deuxième fois, et trois fois. Et ici il est démontré que l’amour et l’affection sont une seule et même chose. Car à la fin le Seigneur ne dit plus : Est-ce que tu as de l’affection pour moi ? mais : M’aimes tu ? Ne nous aimons donc pas nous-mêmes, mais aimons-le, lui, et, à paître ses brebis, cherchons son avantage et non pas le nôtre.

    Je ne sais de quelle façon inexplicable il se fait que quiconque s’aime lui-même, et non Dieu, ne s’aime pas ; et quiconque aime Dieu, et non lui-même, s’aime en réalité. Car celui qui ne peut vivre en se détachant de lui-même, meurt de s’aimer lui-même. Il ne s’aime donc pas, celui qui s’aime de façon à ne pas vivre.

     

    Ces quelques extraits du 123e traité de saint Augustin sur l’évangile de saint Jean, qui forment la lecture des matines de ce jour, sont un exemple flagrant de l’extrême difficulté que l’on rencontre à traduire les pères de l’Eglise, et c’est d’autant plus frustrant quand il s’agit de saint Augustin, qui s’attache à parler le plus simplement possible, dans une langue latine aussi facile que possible. Mais aussi avec une concision et une précision qui rendent impossible une traduction littérale. La traduction que l’on trouve sur le site Jésus-Marie est une lointaine adaptation qui affaiblit ce que dit saint Augustin (ce qui est très fréquent dans ces traductions du XIXe siècle). Ici, la tâche est rendue littéralement impossible par les mots qu’emploie le Christ en parlant à Pierre : d’abord diligere, ensuite amare. En français on n’a que le verbe aimer. J’ai mis « avoir de l’affection » pour montrer qu’il y a une différence, mais ce n’est évidemment pas le terme adéquat. Diligere, c’est aimer après réflexion et par choix. Amare, c’est aimer tout court, c’est l’amour parfait. Et c’est une seule et même chose, quand il s’agit de l’amour de Dieu. Dans le texte grec originel, les deux verbes sont agapao, traiter avec affection, avoir une préférence pour, puis phileo, aimer d'amitié (cf. je ne vous appelle plus serviteurs, mais amis).

  • Quemadmodum desiderat cervus (2)

    Ad meipsum anima mea conturbata est : propterea memor ero tui de terra Jordanis et Hermoniim a monte modico.
    Abyssus abyssum invocat, in voce cataractarum tuarum ;
    Omnia excelsa tua, et fluctus tui super me transierunt.
    In die mandavit Dominus misericordiam suam, et nocte canticum ejus ;
    Apud me oratio Deo vitæ meæ. Dicam Deo : Susceptor meus es ;
    Quare oblitus es mei ? et quare contristatus incedo, dum affligit me inimicus ?
    Dum confringuntur ossa mea, exprobraverunt mihi qui tribulant me inimici mei,
    Dum dicunt mihi per singulos dies : Ubi est Deus tuus ? Quare tristis es, anima mea ? et quare conturbas me ?
    Spera in Deo, quoniam adhuc confitebor illi, salutare vultus mei, et Deus meus.

    Mon âme a été toute troublée en moi-même; c'est pourquoi je me souviendrai de Vous, du pays du Jourdain, de l'Hermon, et de la petite montagne.
    L'abîme appelle l'abîme, *au bruit de Vos cataractes.
    Toutes Vos vagues amoncelées et Vos flots ont passé sur moi.
    Pendant le jour le Seigneur a envoyé Sa miséricorde, et la nuit Son cantique.
    Au dedans de moi est une prière pour le Dieu de ma vie. Je dirai à Dieu: Vous êtes mon défenseur;
    Pourquoi m'avez-Vous oublié?  et pourquoi faut-il que je marche attristé, tandis que l'ennemi m'afflige?
    Pendant que mes os sont brisés, mes ennemis qui me persécutent m'accablent par leurs reproches,
    Me disant tous les jours: Où est son Dieu? - Pourquoi es-tu triste, mon âme? et pourquoi me troubles-tu?
    Espère en Dieu, car je Le louerai encore, Lui le salut de mon visage et mon Dieu.

    (fin du psaume 41, traduction Fillion. La première partie était .)