Celui qui est l’esclave de Mammon (des richesses) devient aussi l’esclave de celui qui par sa perversité a été préposé au gouvernement des choses de la terre, et appelé par le Seigneur le prince de ce monde. Par ces paroles : « Vous ne pouvez servir Dieu et Mammon », le Seigneur nous montre quels sont les deux seigneurs, Dieu et le démon. Or il faut nécessairement que l’homme haïsse l’un et qu’il aime l’autre, qu’il se soumette à l’un et méprise l’autre. En effet celui qui est l’esclave de l’argent souffre une dure servitude, car enchaîné par sa cupidité, il subit l’esclavage du démon, mais il ne l’aime pas, de même que celui que sa passion unit à la servante d’un autre est soumis à une cruelle servitude, sans qu’il ait aucune affection pour celui dont il aime la servante. Remarquez que le Sauveur dit : « Et il méprisera l’autre », et non pas « il le haïra ». Car il n’est peut-être pas un homme qui puisse haïr Dieu dans sa conscience. Mais on peut le mépriser, c’est-à-dire ne pas le craindre lorsque sa bonté nous inspire une confiance présomptueuse.
(Saint Augustin, Explication du Sermon sur la montagne, ch. 14, dans la version donnée par saint Thomas d’Aquin dans la Catena Aurea.)
Sur Mammon, voir aussi ma note de l’an dernier.