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Liturgie - Page 570

  • Le Très Saint Rosaire de la Bienheureuse Vierge Marie

    Soliman II, le plus grand des sultans, avait mis à profit la dislocation de l'Occident par Luther, et rempli le XVI° siècle de la terreur de ses exploits. Il laissait à son fils, Sélim II, l'espoir fondé enfin de réaliser le programme de sa race: l'humiliation sous le Croissant de Rome et de Vienne, sièges de la papauté et de l'empire. La flotte turque, maîtresse de la Méditerranée presque entière, menaçait d'aborder bientôt l'Italie, quand, le 7 octobre 1571, eut lieu sa rencontre, au golfe de Lépante, avec les galères pontificales soutenues des forces de l'Espagne et de Venise. C'était un dimanche : par tout le monde, les confréries du Rosaire accomplissaient leur œuvre de supplication ; l'œil éclairé d'en haut, saint Pie V suivait du Vatican l'action engagée par le chef de son choix, don Juan d'Autriche, contre les trois cents vaisseaux de l'Islam. Journée mémorable, où la puissance navale des Ottomans fut anéantie! L'illustre Pontife, dont l'œuvre était achevée, ne devait point célébrer ici-bas l'anniversaire du triomphe; mais il voulut toutefois en immortaliser  le souvenir  par une commémoration annuelle de Sainte-Marie de la Victoire. Son successeur, Grégoire XIII, changea ce titre en celui de Sainte-Marie du Rosaire, et désigna le premier dimanche d'octobre pour la fête nouvelle, autorisant à la célébrer les églises qui posséderaient un autel sous la même invocation.

    Cette concession restreinte devait se généraliser un siècle et demi plus tard. Innocent XI avait, en mémoire de la délivrance de Vienne par Sobieski, étendu la fête du Très Saint Nom de Marie à toute l'Eglise. En 1716, Clément XI voulut de même reconnaître par l'inscription de la fête du Rosaire au calendrier universel la victoire que le prince Eugène venait de remporter, sous les auspices de Notre-Dame des Neiges, à Péterwardin, au cinq août de cette année ; victoire suivie de la levée du siège de Corfou, et que devait compléter, l'année d'après, la prise de Belgrade.

    (dom Guéranger)

    [Léon XIII éleva la fête au rang de deuxième classe, et lui donna son office propre. Saint Pie X, qui voulait faire primer le dimanche sur les diverses fêtes, l'assigna au 7 octobre, jour anniversaire de Lépante.]

  • Saint Bruno

    Maître Bruno, de nationalité allemande, naquit de parents nobles, dans l'illustre ville de Cologne. Très érudit dans les lettres aussi bien séculières que divines, il fut chanoine de l'Église de Reims dont l'importance ne le cède à nulle autre parmi les églises de Gaule ; puis il y fut maître de l'enseignement. Ayant quitté le monde, il fonda l'ermitage de Chartreuse et le gouverna pendant six ans. Sur l'ordre du pape Urbain II, dont il avait été jadis le précepteur, il se rendit à la curie romaine, pour aider le Pontife de son soutien et de ses conseils dans les affaires ecclésiastiques. Mais il ne pouvait supporter les tumultes et le genre de vie de la curie ; brûlant de l'amour de la solitude naguère abandonnée et du repos contemplatif, il quitta la curie, après avoir même refusé l'archevêché de l'Église de Reggio auquel il avait été élu par la volonté du pape. Il se retira dans un désert de Calabre dont le nom est La Tour. Puis là, après avoir réuni de nombreux laïcs et clercs, il s'appliqua tant qu'il vécut à la vocation de la vie solitaire. Il y mourut et y fut enseveli, onze années environ après son départ de Chartreuse.

    Ce bref texte de la Chronique Magister sur les premiers Chartreux est la seule « biographie » de saint Bruno rédigée dans les décennies qui ont suivi sa mort. Par contraste avec les hagiographies des autres fondateurs, cela est une précieuse indication sur le caractère même de l'ordre fondé par saint Bruno.

  • Splendor parternæ gloriæ

    Source ineffable de lumière,
    Verbe en qui l'Eternel contemple sa beauté,
    Astre dont le soleil n'est que l'ombre grossière,
    Sacré jour dont le jour emprunte sa clarté ;

    Lève-toi, Soleil adorable,
    Qui de l'éternité ne fais qu'un heureux jour ;
    Fais briller à nos yeux ta clarté secourable,
    Et répands dans nos cœurs le feu de ton amour.

    Prions aussi l'auguste Père,
    Le Père dont la gloire a devancé les temps,
    Le Père tout-puissant en qui le monde espère,
    Qu'il soutienne d'en haut ses fragiles enfants.

    Donne-nous un ferme courage,
    Brise la noire dent du serpent envieux ;
    Que le calme, grand Dieu ! suive de près l'orage :
    Fais-nous faire toujours ce qui plaît à tes yeux.

    Guide nos âmes dans ta route,
    Rends notre corps docile à ta divine loi ;
    Remplis-nous d'un espoir que n'ébranle aucun doute,
    Et que jamais l'erreur n'altère notre foi.

    Que le Christ soit notre paix céleste.
    Que l'eau d'une foi vive abreuve notre cœur ;
    Ivres de ton esprit, sobres pour tout le reste,
    Daigne à tes combattants inspirer ta vigueur.

    Que la pudeur chaste et vermeille
    Imite sur leur front la rougeur du matin ;
    Aux clartés du midi que leur foi soit pareille ;
    Que leur persévérance ignore le déclin.

    L'aurore luit sur l'hémisphère ;
    Que Jésus dans nos cœurs daigne luire aujourd'hui,
    Jésus, qui tout entier est dans son divin Père,
    Comme son divin Père est tout entier en lui.

    Gloire à toi, Trinité profonde,
    Père, Fils, Esprit Saint qu'on t'adore toujours,
    Tant que l'astre des temps éclairera le monde,
    Et quand les siècles même auront fini leur cours.

    (Hymne des laudes du lundi, traduction Jean Racine. Le texte latin est ici, avec la traduction de Pierre Corneille.)

  • 18e dimanche après la Pentecôte

    L'évangile de ce dimanche est celui de la guérison du paralytique, racontée par saint Matthieu. A la différence de Marc et de Luc, Matthieu omet l'épisode pittoresque du passage par le toit, pour se concentrer sur le fait que Jésus affirme sa divinité en prouvant qu'il peut remettre les péchés.

    Il y a une autre différence : Matthieu, lui seul, commence le récit en indiquant : « Il monta dans une barque, traversa, et vint dans sa ville. »

    Il est remarquable que la liturgie traditionnelle donne à lire, aux matines, le début d'un sermon de saint Pierre Chrysologue qui commente cette seule phrase. Et donc en montre l'importance.

    Nous avons ici une affirmation très appuyée de l'incarnation : celui qui va montrer sa divinité apparaît comme un homme ordinaire, qui prend une barque (alors qu'il marche sur les eaux) et a une patrie charnelle : « sa ville » : Capharnaum.

  • Saint Jérôme

    Je me suis livré à une étude particulière d'Isaïe, que j'appellerai le prince des prophètes, non à cause de sa haute naissance, mais à cause de la beauté de son génie, de l'éclat et de la force de son éloquence. Ses idées sont grandes et magnifiques, ses pensées sont fortes et élevées, ses images sont nobles et majestueuses, et son style est brillant et énergique.

    Aussi a-t-il été difficile de conserver dans la traduction toutes les beautés et toute la noblesse de ses expressions. D'un autre côté, il est bon de prévenir qu'il est tout aussi bien un évangéliste qu'un prophète ; car il nous révèle d'une manière si claire et si frappante tous les mystères de Jésus-Christ et de l'Eglise, qu'il semble plutôt raconter des choses passées que prédire des choses à venir. Et je pense que c'est ce qui a engagé les Septante, comme il sera facile de le remarquer en lisant cette traduction, à omettre plusieurs passages et à cacher aux païens les mystères de la religion judaïque, de peur de donner les « choses saintes aux chiens » et de jeter les perles devant les pourceaux.

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  • Saint Michel

    Empressée soit la louange ; que notre chœur, du fond de l'âme, chante en présence des citoyens des cieux : agréée sera-t-elle et convenable, cette louange, si la pureté des âmes qui chantent est à l'unisson de la mélodie.

    Que Michaël soit célébré par tous ; que nul ne s'excommunie de la joie de ce jour : fortuné jour, où des saints Anges est rappelée la solennelle victoire !

    L'ancien dragon est chassé, et son odieuse légion mise en fuite avec lui ; le troubleur est troublé à son tour, l'accusateur est précipité du sommet du ciel.

    Sous l'égide de Michel, paix sur la terre ,paix dans les cieux, allégresse et louange; puissant et fort, il s'est levé pour le salut de tous, il sort triomphant du combat.

    Banni des éternelles collines, le conseiller du crime parcourt les airs, dressant ses pièges, dardant ses poisons ; mais les Anges qui nous gardent réduisent à néant ses embûches.

    Leurs trois distinctes hiérarchies sans cesse contemplent Dieu et sans cesse le célèbrent en leurs chants ; ni cette contemplation, ni cette perpétuelle harmonie ne font tort à leur incessant ministère.

    O combien admirable est dans la céleste cité la charité des neuf chœurs ! Ils nous aiment et ils nous défendent, comme destinés à remplir leurs vides.

    Entre les hommes, diverse est la grâce ici-bas ; entre les justes, divers seront les ordres dans la gloire au jour de la récompense. Autre est la beauté du soleil, autre celle de la lune ; et les étoiles diffèrent en leur clarté : ainsi sera la résurrection.

    Que le vieil homme se renouvelle, que terrestre il s'adapte à la pureté des habitants des cieux : il doit leur être égal un jour ; bien que non pleinement pur encore, qu'il envisage ce qui l'attend.

    Pour mériter le secours de ces glorieux esprits, vénérons-les dévotement, multipliant envers eux nos hommages ; un culte sincère rend Dieu favorable et associe aux Anges.

    Taisons-nous des secrets du ciel, en haut cependant élevons et nos mains et nos âmes purifiées :

    Ainsi daigne l'auguste sénat voir en nous ses cohéritiers ; ainsi puisse la divine grâce être célébrée par le concert de l'angélique et de l'humaine nature.

    Au chef soit la gloire, aux membres l'harmonie ! Amen.

    Adam de Saint-Victor (traduction dans l'Année liturgique de Dom Guéranger).

  • Saint Venceslas

    Le premier duc des Tchèques mentionné dans les annales est Borjvoj. Il régna de 874 à 891 et fut baptisé par saint Méthode dans les années 80. Il construisit le premier sanctuaire chrétien de Bohême. Puis il fit élever au-dessus de la Vltava, sur le site d'un lieu de culte païen, une église dédiée à la Sainte Vierge. Sous le règne de son fils, Spytihnev, on commença à construire en cet endroit une forteresse : c'est le début de l'édification progressive du Château de Prague. À la mort de Spytihnev, son frère cadet Vratislav Ier lui succède. Ses fils sont Venceslas et Boleslav. À la mort de Vratislav (en 921), sa femme Drahomíra s'institue régente jusqu'à la majorité de Venceslas, elle fait assassiner sainte Ludmilla (la grand-mère de Venceslas, qui l'avait élevé) et mène une politique antichrétienne. Venceslas accède au trône vers 924. Il fonde au Château de Prague la cathédrale Saint-Guy pour y abriter les reliques de saint Guy qu'il avait obtenues du roi saxon Henri l'Oiseleur. Il reconnut la suzeraineté d'Henri et fit venir des missionnaires allemands, ce qui suscita la révolte des princes païens, et son propre frère Boleslas se mit dans la conjuration. Lorsque Venceslas eut un héritier, Boleslas décida de tuer son frère. Venceslas fut immédiatement vénéré comme martyr, et devint le saint patron de la Bohême.

    Bonne fête à Vaclav Klaus (car Vaclav, c'est Venceslas), actuel maître du Château de Prague, en ce jour où le pape Benoît XVI est précisément en Bohême.

  • 17e dimanche après la Pentecôte

    L'évangile de ce dimanche est constitué des deux derniers épisodes d'une longue controverse entre Jésus et, successivement, les grands-prêtres, les pharisiens, les sadducéens, et de nouveau les pharisiens, qui reviennent à la charge après que Jésus a successivement cloué le bec à tous ses interlocuteurs. Il répond en dernier lieu à leur question sur le plus grand commandement, et enfin c'est lui qui attaque, pour frapper un grand coup et les réduire définitivement au silence (le texte de saint Matthieu est ouvertement polémique).

    Il leur demande de qui le Messie est le fils, et bien entendu ils répondent : de David. Mais alors il leur cite le psaume 109, psaume messianique, et leur demande pourquoi David lui-même appelle ce fils « Seigneur ». Ils sont littéralement tétanisés. Car Jésus vient d'affirmer qu'il est le Seigneur, c'est-à-dire Dieu, conformément à l'Ecriture...

  • Samedi des Quatre Temps de septembre

    Dans son Evangile, le Seigneur, notre Rédempteur, s'adresse à nous quelquefois par des paroles, et quelquefois par des actions; et c'est tantôt des choses différentes qu'il nous dit par ses paroles et par ses actions, tantôt la même chose. Vous avez, mes frères, entendu rapporter deux faits dans cet évangile : le figuier stérile et la femme courbée. Or ces deux faits mettaient en jeu la bonté miséricordieuse [de Dieu]. Le premier l'exprimait par une comparaison, le second la rendait sensible par une action. Mais le figuier stérile signifie la même chose que la femme courbée, le figuier épargné la même chose que la femme redressée. Le maître de la vigne vint trois fois voir le figuier et n'y trouva aucun fruit; la femme redressée, elle, était courbée depuis dix-huit ans. Ces dix-huit ans représentent la même chose que les trois fois où l'on nous dit que le maître de la vigne est venu voir le figuier stérile.

    Après avoir ainsi donné rapidement l'idée générale de ce texte, expliquons-en maintenant chaque point dans l'ordre de la lecture.

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  • Vendredi des Quatre Temps de septembre

    Que figure le pharisien qui présume de sa fausse justice, sinon le peuple juif ? Et que désigne la femme pécheresse qui se jette aux pieds du Seigneur en pleurant, sinon les païens convertis? Elle est venue avec son vase d'albâtre, elle a répandu le parfum, elle s'est tenue derrière le Seigneur, à ses pieds, les a arrosés de ses larmes et essuyés de ses cheveux, et ces mêmes pieds qu'elle arrosait et essuyait, elle n'a cessé de les baiser. C'est donc bien nous que cette femme représente, pour autant que nous revenions de tout notre cœur au Seigneur après avoir péché et que nous imitions les pleurs de sa pénitence. Quant au parfum, qu'exprime-t-il, sinon l'odeur d'une bonne réputation? D'où la parole de Paul : «Nous sommes en tout lieu pour Dieu la bonne odeur du Christ.» (2 Co 2, 15). Si donc nous accomplissons de bonnes œuvres, qui imprègnent l'Eglise d'une bonne odeur en en faisant dire du bien, que faisons-nous d'autre que verser du parfum sur le corps du Seigneur?

    La femme se tient près des pieds de Jésus. Nous nous dressions contre les pieds du Seigneur quand nous nous opposions à ses voies par les péchés où nous demeurions. Mais si, après ces péchés, nous opérons une vraie conversion, nous nous tenons dès lors en arrière près de ses pieds, puisque nous suivons les traces de celui que nous avions combattu.

    La femme arrose de ses larmes les pieds de Jésus : c'est ce que nous accomplissons nous aussi en vérité si un sentiment de compassion nous incline vers tous les membres du Seigneur, quels qu'ils soient, si nous compatissons aux tribulations endurées par ses saints et si nous faisons nôtre leur tristesse.

    La femme essuie de ses cheveux les pieds qu'elle a arrosés. Or les cheveux sont pour le corps une surabondance inutile. Et quelle meilleure image trouver d'une excessive possession des choses de la terre que les cheveux, qui surabondent bien au-delà du nécessaire et qu'on coupe sans même qu'on le sente?

    Nous essuyons donc de nos cheveux les pieds du Seigneur lorsqu'à ses saints, envers qui la charité nous fait compatir, nous manifestons aussi de la pitié au moyen de notre superflu, en sorte que si notre esprit souffre pour eux de compassion, notre main aussi montre par sa générosité la souffrance que nous éprouvons. Car il arrose de ses larmes les pieds du Rédempteur, mais ne les essuie pas de ses cheveux, celui qui, tout en compatissant à la douleur de ses proches, ne leur manifeste cependant pas sa pitié au moyen de son superflu. Il pleure, mais n'essuie pas [les pieds du Seigneur], celui qui accorde [à son prochain] des paroles de compassion pour sa souffrance, mais sans diminuer en rien l'intensité de cette souffrance en subvenant à ce qui [lui] manque.

    La femme baise les pieds qu'elle essuie : c'est ce que nous accomplissons pleinement nous aussi si nous montrons de l'empressement à aimer ceux que nous soutenons de nos largesses, de crainte, sinon, que la nécessité où se trouve le prochain ne nous paraisse pesante, que l'indigence à laquelle nous subvenons ne devienne pour nous un fardeau, et qu'au moment où notre main fournit le nécessaire, notre âme ne commence à s'engourdir à l'écart de l'amour.

    (Commentaire de l'évangile du jour, par saint Grégoire le Grand)