Maître Bruno, de nationalité allemande, naquit de parents nobles, dans l'illustre ville de Cologne. Très érudit dans les lettres aussi bien séculières que divines, il fut chanoine de l'Église de Reims dont l'importance ne le cède à nulle autre parmi les églises de Gaule ; puis il y fut maître de l'enseignement. Ayant quitté le monde, il fonda l'ermitage de Chartreuse et le gouverna pendant six ans. Sur l'ordre du pape Urbain II, dont il avait été jadis le précepteur, il se rendit à la curie romaine, pour aider le Pontife de son soutien et de ses conseils dans les affaires ecclésiastiques. Mais il ne pouvait supporter les tumultes et le genre de vie de la curie ; brûlant de l'amour de la solitude naguère abandonnée et du repos contemplatif, il quitta la curie, après avoir même refusé l'archevêché de l'Église de Reggio auquel il avait été élu par la volonté du pape. Il se retira dans un désert de Calabre dont le nom est La Tour. Puis là, après avoir réuni de nombreux laïcs et clercs, il s'appliqua tant qu'il vécut à la vocation de la vie solitaire. Il y mourut et y fut enseveli, onze années environ après son départ de Chartreuse.
Ce bref texte de la Chronique Magister sur les premiers Chartreux est la seule « biographie » de saint Bruno rédigée dans les décennies qui ont suivi sa mort. Par contraste avec les hagiographies des autres fondateurs, cela est une précieuse indication sur le caractère même de l'ordre fondé par saint Bruno.
Commentaires
Ayant quitté le monde? Vous oubliez le principal et terrible épisode de la vie de Saint Bruno, devant des centaines de témoins , à ND de Paris, au cours de sa messe d'enterrement , par trois fois le cadavre d'un docteur en théologie se relève et dit : j'ai été condamné par un juste jugement de Dieu. Ceci a tellement frappé St Bruno qu'il s'est alors tourné vers la pratique de la perfection chrétienne...Et ensuite a fondé les chartreux.
"Je" n'oublie rien. Je cite simplement le seul texte authentique sur la vie de saint Bruno.
L'épisode que vous évoquez, qui est raconté de façon très différente selon les auteurs, n'apparaît que deux siècles après la mort de saint Bruno. Il fut un temps inséré dans la légende du bréviaire, et en fut retiré sur décision de la Sacrée Congrégation des rites, sous Urbain VIII.
Je vous remercie de ces précisions et de la grande qualité de votre blog. In X°M.